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pour la terre, chez les poètes : Ovide dît que
la terre fe nomme Vefta, parce qu’elle fe foii-
tiçnt par Ton propre poids, fuâ vi fiat. On repré-
fentoît cette Vefta fous la figure fe’une femme
qui tienf un tambour à la main, pour marquer
la terre qui renferme les vents dans fondein.
Voye^ C y b^LE j TERRE.
V E STA , fille de Saturne 8c de Rhéa, ou
Vefla-vierge, pour la diftinguer de Vefta-la-ferle ,
mère de Saturne, étoit la cfeefle du feu *ou le
feu même j car le nom,que ,les grecs donnaient
à cette. déeiTe , eft le même qui lignifie feu ou
foyer des mail'ons ( «ri* , d’où les latips ont fait
Vefta ). Il y. a des 'auteurs qui attri^ii|nt à un
antre motif la préfîdence des foyers "donnée à
cette deeffe. On dit que c’ëft elle qui apprit aux
hommes l’art de bâtir des mail'ons : de-la chaque
père de. famille .1,3 regarda comme protectrice de
la maifon , de, fes foyers particulier , fe
même des allions, journalières qui fe feiloientdans la
maifon. Elfe préfîdoit, par exemple , aux feftins fe
en conféquence , oniukoffroit des prémices, de
toü^. ce qui fervoit à la pourriture , fe le pr^l
ATÙer.vin qui .ferycit aux félons , lui étoi^confa-
cré. Quant aux prémicef qui luiTetoient of-f
fertes, on en donne encore une autre raifon. On
dit qu’après la défaitè *de Saturne ., Jupiter,offrit
à Vefta ce qu’elle voudroit demander. ’Elle demanda
d’abord de refier perpétuellement-viergê. s
8c en fui te que" les hommes lui offnffent les ✓ pré-*
mices de toutes leurs oblations & de tous.,le,urs fa*-'
crifices'î cè qui lui fut accordé: 8c<, d e -là vint
qu’elle ne pouvoit avoir à fon-fervicé que dës}
vierges.
Vefta z été une dès plus anciennes divinités du
paganifme j ellel éteit. honorée à Troye longtemps
avant la ruine de cette v ille, tç. l’on- croit
qu’Enée apporta en Italie fa ftâtue %c fon culte y
c’étoit un de les dieux Pénatesi Vefta devînt une
divinité fi confîdérable , que quiconque ne lui
fiacrifioit point, pafToit pour un impie. Les-grecs
çommehçoient, 8c immolent par honorer Vefta.,
6 l’invoqüpiënt la première avant tous lès autres
dieux. Sancùlte confiftoit principalement àgar-.„
der le fèu qui lui étoit cpnfacré , & à prendre,
garde qu’il-ne s’éteignît, çe qui faifoit le premier
devoir des veftales,
NumaPompilius fit bâtir à Rome un temple à
Vefta ? 8c le fit cônftruire prefqu’ en forme d’un
globe ,.n o n , dit Plutarque , pour lignifier par-là
que Vefta fût le globe de la terre j mais que ,.
par ce globe, il marqrioit tout J’ujuver^, au
milieu' duquel étoit le feu, qu’ils app.elloient Vefta.
C ’eft dans ce temple, què l’on entre tenoit le feu.
facré avec tant de fuperftitibn , qu’jl étoit çe-ft
garde comme un gage de d’empire du monde,}
que l’on prenoit pour un pronoftiC malheureux,
$’ij venbjç i $fe teindre j fe: qu’ on ëxpioft cette
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négligence avec un foin 8c des inquiéïudes infinies.
L orfqüe ce feu s’eteignoit , on ne pouvoit
pas le rallumer d’un autre feu'} il falloir, dit
Plutarque, en faire dë nouveau, en expefant
quelque matière propre à prendre feu- au centre
d’un vafe concave préfent-e au- foleil. Feftus prétend
que cé nouveau fe u fe faifoit par le f r ô le ment.
d’un bois propre à cela , en le perçant :
fans' même que. le feu 's’éteignît', on le re-
nouvçlloit tous les ans le premier jour de
.mars#
Anciennement, ni chez les -grecs, ni chez les
.romains , il n’y avoir d’autre image , ni fymbole
de Vefta , que. ce feu gardé fi réligieuferriêht}
&è fi on en fit depuis des ftatue-s , elles rep-réfiëfi-
tèrent. Vefta-]a-tèrre plutôt que Vefta-leEfeu }
mais il y a appareuee-' qu oa les confondît 'en-
fuite l’une- avèq l’autre. Une des: manières les
plus ordinaires de la repvéTenter, étoit fous les
traits d’une femme drapée , tenant de la; main
droite un flambeau ou unejampe, quelquefois
auifiun palladium oii une petite victoire. Les titres
qu’on lui voit attribués dans les médailles, Sc
fur les ancien^ monumens , font Vcfta-h-Cùm-e ,
rétertielle , l’ heur eu lé , l’ ancienne 3 Vefta-\z-
• mère-3 8cc.
Il y avoit à Corinthe un temple de Vefta | mais
fans aucune flatue : on voyqit feulement au milieu
de ce ■ temple fe ùn autel pour lçs fa cri fie es q u ffe
faifoifent à la déeife. Elle avpit de même des au-/
tels dans plufiëurs temples de la Grèce , contactés
aux autres dieux,comme à Delphes, à Athènes,
à TénMos,- A Argos, à Milet , Jî Epjhèfe &c_.
. Le temple de Vefta a Rom.j3'feéipit ouvert à tout
le monde pendant le jour 5 mais il n!étoit permis
à aucun homme d’y pafiet .la nuit} le jour mêhqe
les hommes ne pouvoienç entrer dans l’intérieur
du temple. Ce n’étqit pas4 feulement dans les
temples qu’on confervoit le, feu; facré de Vefta ,
mais encore à Ja porte de chaque" majfon particulière
, d’où vient len.orude véflibùle. Voyez
Feu, ' - ..-1* ^ HP
Vefta eft repréféntée ordinairement, fur les médailles
^ affife, ou debout, tenant d’ une main le
paîtàdium, St de l’autïe uné'patère^ ou*la capeduk-
cyla 5 ofl, trouve mênie- dkns le livre dé-Vaillant ,
( Num. pr&ft. t. ) urle médaille de. 'Ju.Ha
Pia-i où au iieu'dtjme^aterè 'Vefta^nyuhe cqU-
forihe d’abond aftee. D’àutres fois elle tient unè ha fie,
ou droite, ou traverfale, On là Voit affife, ail revers
d’une médaille dé Vitellius, tenaiif'd’ime^main
la patère^ de,l’autr%un flambeau* allumé^ elle
eft debout avec. lès.mêgi,es fÿmboles fur une médaille
de Sâlonine } l’ une & l’autrè 'fe troiufedans
lé favant ouvrage de Spanheivh de Vefta & iJry-
tanïbus (p . 3 f j . ) ; & on verra darîS ’fe, même
livre ies différents types d êjçe tte dée ffetau*
fur'fes m4dàilles-grecques que fur lçs latiuçs^
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Ôn mit 4s tête de Vefia fur piufîears médailles
de familles.^ '
' VESTALES, prêtreSTes confacrées au fervice de
Vefta; Leur origine eft plus ancienne que Romef,
puifque la mère de lEomulus de Rémus , étoit
Veftale. Mais Nurna, en bâtiffant un temple^ à
Vefta, établit quatre Veftales pour le delfervir.
Tarquin /l’ancien, én ajouta deux autres} &
c ’gfl a ce nombre qü’elies furent toujours fixées
depuis.- On les choifîfibit depuis fix ans , jiifqu’à"
dix : lçur miiTance îievoit être fans tache, '&
leurs corps ■ fans défauts : elles dévoient être,
d’honnête famille-’romaine } car les filles de toutes :
les autres villes de l’Empire , en étoiènt excliiës.
C ’étoit le fouverain pontife qui les recevoir} &
quand on ne-fe préfentoit pas volontairement pour
remplir la place vacante, il chôififfoit vingt jeunes
filless^de l’age requis, qu’on faifoit tirer au fort,
& Celle fur laquelle il tomboit, étoit reçue.
Augufte. voyant que peu de gens de naift'ance
s’empreflbienï ,de préfentêr leurs filles pour être
veftales, permit aux filles d’affranchis d’y; être
admifes.
On les obîigeoit de garder la virginité perçdapt
trente ans, après lefquels il leur étoit libre* de?
fe marier 5 mais, elles quitteient alors jê fervice
de la déeffe;.- Les: dix premières -années* étoient
ëmployéeS 'à apprendre^lés . d e v o i r s l e s ; cérémonies
de leur mioiftère : lesf dix fui van tes à les
exercer} 8^'les dix dernièrésa les enfeigner aux
novices., Auflitôt qu’ une fille-étoit reçue .veftale ,
©qlui^rafoit dés chè^eüx ,,' pour marau^de toirt
affranchinemcnt, comme on faifêit à l’égard des
efclavès a que leur maître, mettoit en liberté},
c“ar , ''^s'îiûrs , , elle ja’étojt plus fous la puifiinçé
paternelle} &r toiite jeune qu’elle étoit , ëfie'î
,ayoi;t -le pouvoir de t:fiér , & de donner fon
bien i qui.'ëlle -voùlch ; mais1 fî^éllè''mbiiiôitc
veftale, ;|ps. â’voir fàlt de' teftamenr, loràf#-é:n,
heritqit.
La plus ancienne des* veftales , prenoit la qualité,
ce très-grande, ïriaxim'à■ , comme le pfemier
.pontife prenoit le tjtrë de-.Tnaximus Elle a voie
ifee fupéfiorité abfôiue* ferries aiiw%ss. La- fonction'
dés veftales éto'it d% faife des /véqux , ' des
prièrèf fe: fâcrifîces' pour la profpérité &:
pour, le falj.it -l’état 5. d’enti^tenir le feu facré ,
^ ile .'.g^ d é r leoàjiadiuni. Celles qui^p^r né-
gfi|chce oîrautrement /AaiiToi.erit. éteindre j è ’feu
de Vefta , '’qui devoit : être étemel , étoient
punies du fouet, par le feuvergin pbntife, qui;
leul^. a^dit .vie- droit, $e lês> châtrer &; qui
étoit 4?nr juge, ^naturel , avec le college des
pontifësjt <w,
Cuè|^un| ëîpit qbhvàlncaë de n’avoir
pas gardé le Vcçu de. yirginité , elle étoit punie
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d’un genre de mort particulier, de même que
le complice de fon crimes On le»faifoit fouetter,
jufqu’ à ce qu’il . expirât fous les coups 5 &
pour e l le , .on creufoit tin caveau dans un endroit
de la ville , près la porte Colline } où ,
après y avoir rriîs un petit l i t , une lampe allumée
, un peu de pain 8e d’eau, du lait 8c de
l’huile, on la faifoit defeendre > enfuite on fer-
moit l’entrée de ce caveau , qui lui fervoit de
fépulture. C^toit alors’ que la c'onfternation.e.toit
générale j to'ute la ville étoit ce jour là en
deuil, les boutiques étoient ferm§|s.: il y fé-
•gnoit un morne lilence -, qui marqùoit une 'profonde
trjftêffe’ , 8c l’on 'croyoit l’état menacé
de quelque grand malheur. On remarque que.
dans refbàce d’environ mille ans , que cet ordre
fubfifta depuis Numa jufqu’à Tiréodofe-le-Grand
*qui l’ abolit | il n’y en eut que-dix-hui t quiiftirent
convaincues, 8cf.punies d’adultères,'
Si la punition des' fautes, éfoit rigôiireufe dans
cet ordre, les honneurs dont ''"elles jouiffoient",
^toiènt auffi très-diftin'gués 8c-leurs prérofa--'
? tîves très-Conndérabfes." Le refpeét qu’ on -avoit
pour une Veftale, étojt fi-grand , que Iqrfqpe les
premiers ^magifiräts, les confuls inêmés les reii-
controient, ils' leur cédoknt le pas , & ils fai-
folent baiffer L urs Taifcéaùx 'devant elles. D’es
.liéleurs mai choient'dçyâqt "elles’, pour leur faim
; faire* placé f ” 8c poxir ies>.;;g.2rder , depuis ' ql?li'
, arriva qu’on avoit'^ait ; viofence à uriè- Veftale',
; qui fevenoit de ’ feuper:; IQuiconqtïe >auroit. ofé
faire iniultç'à une VèftalV'^ êtoit puni de mort.
; Quand l’-ordre r fe f u t ‘ ëürichi par les ^piéufès
libéralités ‘dés-romains , lés Veftales ne parurent
îen public, qu’accompargRées d’qà'. Gortégg Nombreux
de dômifiiqnes, de î ’am ^-oc de l’autre 'fexe.
lElltSravoieht béaucoup-de.liberté :• car elles poü-
^voient’recevoir chef feiles lps 'hdmni^s, pendant
le jqur , ce l‘&sÂFemmé^;éiî . tout teçfpsfe elles
: poay oient aller ^ouper echèz leurs par eus &
leurs amis : elles ^étbfent ' -libres d’aftiffer. aux
yfpëââclésjl; où elles a voient' des plaoes di§ing ées.
1 Entre -lès. prlviiégl;s qu’on;Jeur avoit accordes. ,
^ elles fen .avôient fin qui - leur etôic pàrtfcuüer :
car, fi elîds trouveient en leur'chemin quelque
Çoupabfeqti’én menât qu fupyike , il avoit aulfi-
tôt fa grâce.., potrvU que la Vkftàle afiurât que
c’étpk. le pur Ifazard qui avoitrffait naître cette
rencontré.; Llur" teifeofgnage^tQk prÿeîîihuent
' reçu en juffice, fe l ’opinidn-qu’dihavbit de leur
probité^^e^fee'ùdok tfes-refpcdfe-ble. Quand, il
fUrvénoi-t quelque ..vdiftertni enfre ces péïfennès
Ä premier "rang g ofe fe fervoit dfeHes peur les
' pacijiêfl depofoiljfehöre fe.ui«''%iajns les tefta-
mens .^commé.danscui afyle façr,é'6_ inviolable.
. On'^Ièur avoit^àccordé , par'feerineür, , : le droit*
^dè fépulture.c^is- la ville, ce- qu’on.ne permet-
toicque tfèiS-fer.emént,, mèide à ceux qui tvoient
fendu de'’ grands fei-Vices' à^Tefet. Elles pos