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d’examiner la qualité de la cire. Celle des anciens
eft devenue dure* féc-he 8c aride par la progref-
fion des tems. Les fceaux dont la cire eft ondtueufe ,
& un peu dudtile, décelent des fiècles plus ré- i
cens. Si Ton appercevoit une pareille cire mife au !
dos d'un ancien fceau plaqué , néceffairement fec !
& aride, ce feroit une marque qu’on l’âuroit:!
frauduleufement détachée d’ un diplôme, pour le
faire fervir à un autre. Souvent la cire des fceaux
antiques eft compofée ; telle eft par exemple, celle
des fceaux gris-blancs appliqués au bas de quelques •
chartes authentiques de Louis le débonnaire? La
charte de Pépin, roi d’Aquitaine, gardée à la bibliothèque
nationale, n°. 6 , offre un fceau de cire
blanche , mêlée de poil a fiez roide. Le fceau bru-
hâtre de Charle-le-fimple, attaché au diplôme 23 •
déjà même -bibliothèque , paroît plutôt un maftic
qu’une véritable cire. Nous avons fouven't rencontré
des fceaux de pareille matière.
Quant à la cire'd’ efpagne, elle eft depuis cent
vingt ans d’ un grand ufage pour fceller, 8c fur-tout
pour cacheter les lettres. C ’eft un compofé de
gomme laque, diverfement colorée, de poix-
refine, de craie j 8c de cinabre qu’on broyé Quand
on veut lui donner la couleur rouge.
S’il eft inutile d’examiner la couleur des fceaux
de métal, de verre, de ciment, de maftic, de terre ■
cuite } cet examen eic indifpeniable relativement
aux fceaux de cire. Leurs couleurs ont varié fe-:
Ion les tems, la qualité des perfonnes 8e la nature
«les affaires. Ces variations ■ fournirent fouvent les i
moyens de difGernt r les faux a êtes. Un diplôme
de'là première, de la fec onde, & des commencements
de la troifième race de nos rois, fcellé en
cire verte, ..porterôit une marque évidente de
fau(Teté. La cire des fceaux eft de fix couleurs, ;
blanche, jaune, rouge, verte, mixte:ou compofée
, bleue & noire. Mais une longue fuite de ;
fiècles n’a guère manqué d’altérer quelques-unes 1
de ces couleurs. Les Jceaux de cire des romains ,
en forme de médailles, -étoient de couleur blanche
, cendrée , brune, noire , roulfe , 8cç. Mais
la couleur de la cire fur. laquelle ils imprimoient
leurs cachets , nous eft inconnue.
La plupart^ des fceaux de nos rois Mérovin-i
giens, Carlovlngiens, & des premiers Capétiens
font en erre blanche. A force de vieillir, la fur-
face en eft ordinairement brune ; mais fi l’on pénètre
dans l’intérieur, on apperçoit la couleur de
blanc cendrée. On fait par expérience que l’humidité
de l’air 8c la pouiliere bruniflent la cire la plus
blanche. C ’eft peut-être à quoi n’ont pas fait aüez
d’ attentionnés auteurs qui veulent que la couleur
jaune, lut eus fi-Oe flavus, foit la première qu’on
ait donnée aux fceaux de cire. La blanche n’a pas
4të tellement propre à nos anciens rois, que Tes
Empereurs d’Allemagne n’en aient fait un ufage
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très Fréquent, depuis Othon I jufqu'à Frédéric
IV. Cette couleur fut aufli la plus ordinaire des
fceaux des ducs , prélats 8c comtes de l’empire ,
jufqu au treizième fiècle. Depuis cette époque,
l’ufage en fut a fiez rareg fur-tout hors de l’Allemagne.
Frédéric IV ayant créé un duc de Modene
& de Regio, lui accorda le privilège de fceller
en cire blanche , comme faifoienr depuis long-
temsles princes .de l’empire. Prefque toujours les
rois de la grande Bretagne jufqu’à Charles I ont
donné à cette couleur la préférence.
En France, fous la troifième race , nos rois,
les abbés & les comtes, imprimèrent affez fou-
vent leuvs fceaux fur la cire blanche. Louis le Gros ,
Mathieu, évêque_d’Albane, & Guillaume, ar-
chevêquè de Rheims, au douzième fiècle furent
du nombre.
Miraumont veut qu’ elle foit devenue propre des
fceaux du roi 4e France. Par un ftatut de Flenri III
les fceaux de cire blanche font affadies à l’ordre dû
.St. Efprit. Les lettres royaux, qui contiennent
des conceflions qui ne doivent durer qu’un tems ,
doivent être fcellées en cire blanche,.. ;....... Ea
. Angleterre elle eft encore aujourd’hui réfervée
. pour les lettres de rémiflion.
C Parce que le jaune eft naturel à la cire, Wil-
; themius, Ruddiman, JLeyfer 8c quelques autres
; célèbres diplomatiftes ont cru que cette couleur à
; été celle des fceaux les plus antiques. Mais Mabil-
: Ion n’en fait pas remonter l’ufage au-delà du douzième
fiècle. La cire jaune ou blonde' fut alors
employée par le roi Louis V I I , par Henri II roi
d’Angleterre, par les grands feigneurs, les prélats
8c les communautés. Les .fceaux de Pierré,
archevêque de Tarentaife, de Bouchard de Montmorency
au douzième fiècle, de,Béatrice, com-
teffe de Guines, 8c de-plufieurs autres, font d’un
jaune parfait, au jugement du favant bënédidtin:
au lieu que celui de Wermond evêque de Noyori,
au treiziéme fiècle , eft de couleur blonde. Nous
avons vu des fceaux de la même couleur 8c du
même tems dans les archives de l’abbaye de Mo-
lefme. Ménage, après avoir dit que Guiflaume-des-
Roches, feigneur de Sablé 8c Sénéchal héréditaire
d’Anjou , de Touraine 8c du Maine en 1212 ,
fcelloit de cire jaune, ajoute que fon fceau dans Ja
fondation de Éonlieü eft de cire verte ; ce qui
montre que les mêmes perfonnes fe fervoient de
différentes couleurs. La Thaumaffière,fait mention
d’une charte donnée en 1219'par Louis, comte de
Sancerré, à laquelle eft attaché un fceau de cire
jaune, pendant à un lac de cuir, 8c fur lequel eft
repréfenté un cavalier tenant une épée d’une main ,
& un écu aux armes de Champagne, avec cette
infeription 5 figillum Ludovici comitis faeri-c&faris ,
Au revers on voit un contre-feel portant les mêmes
. ‘armes.- En 1269, Pierre de Lautr.ec fils de Sichard
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V I , vicomte de Lautrec, fcelloit les adfces en cire
jaune. Parmi les fceaux d’Angleterre, Madoxn’oublie
pas ceux qui ont eu cette couleur. En Allemagne
aux quatorzième 8c quinziéme fiècles, à
peine trouve-t-on un feul peau de monaftère ou
de particulier , qui ne foit de cire jaune. L’empereur
Sigifmond, les ducs, les duchefles 8c les
évêques àllemans de ces tems-là s’en fervirent fréquemment.
D. Màbillon aVoit peine à croire que les rois de
F rance en euffent fait ufage avant le treizième fiècle. ^ !
Dans la fuite les français attachèrent à la cire
jaune , je ne feais quelle idée de grandeur , qui
en fit regarder l’ ufage dans les fceaux comme une
prérogativè. fingulière , que du Tillet prétend
avoir été réfervée à nos monarques; ce qui eft confirmé
dans les articles de l’anemblée de S. Germain
de l’an 1583. Louis XI crut accorder un
grand privilège à fon oncle René d’Anjou, roi
deSicilé, lorfqu’ il lui. permit à lui 8c à fes enfans
en droité ligne de fceller en cire jaune, tant en
France qu’en Sicile. Le diplôme, de cette concef-
fion fingulière ,- daté du 28 janvier 14 6 8 ,8c du
mois de mai -1469, fe trouve dans les regiftres du
parlement. Mais aujourd’h u i, dit D. Màbillon ,
les chancelleries de France fcellent tous lés adtés
en cire jaune ; ce qu’ il fâllbit reftreindre à la 'petite
chancellerie. Néanmoins l’une 8c l’autre fcelloient
de la forte les lettres de juftice. Les déclarations
du roi qui n’étoient autre chofe que l’ interprétation
des édits s, 8c qui commençoient par ces
mots , A tous •cèusi^ qui ces pré fentes lettres verront,
étoient fcellées de cire jaune , fur une queue
de parchemin , 8c datées Hu jour , du mois 8c
de l’année courante. En général la cire jaune
fervoit pour les lettres royaux 8c les expéditions
les plus ordinaires.
La cire rouge approche trop de la pourpre 8c
du c inabred ont les anciens empereurs ont fait
tant d’ufa-ge 3 pour que les autres fouverains n’en ■
aient pas fait la matière .de leurs fceaux. Ceux de
nos rois de la première 8c de la fécondé race ,
offrent fréquemment une cire roüge tantôt pâle ,
-tantôt rembrunie. Sous la troifième race , on
a ufé d’abord de cire rouge ordinaire. Frédéric
BarberoulTe eft le premier des empereurs d’Allemagne
qui ait fcellé en cire rouge , à l’exemple des
empereurs deConftaütiuople. Plus de-cinquante a ris
avant lui,Guillaume le Roux,roi d’ Angleterre, fcelloit
en cette couleur. Les rois , les évêques, les abbés,
les chapitres , les monaftères , les clercs 8c les.
feigneurs s’en font fervis , fur-tout dans les juge--
mens. Parmi nos rois Capétiens, Màbillon n’ en cite
pas de plus anciens que Louis le Jeune. Au quatorzième
8c quinzième fiècles, leslettres, les quittances',
les montres, 8c autres adks fembiables font
Î| »ourla plupart fcellés en rouge. Nous avons entre
es mains une lettre clofe de Bertrand du Guefclin
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au duc d'Anjou, écrite fur du papier de chiffes ,
8c cachetee-en ciré de cette couleur. Les univer-
fités 8c les communautés l’ont adoptée. A la
cour, onréfervoit la cire rouge pour les affaires
qui concernoient la Provence , le Dauphiné -, ÔC
les autres pays non réunis à la couronne. ,
Les anciens dauphins fcelloient effedlivement
en rouge, comme il paroît par un fceau, dont
Secouée a donné une defeription. Un privilège
accordé par Marguerite , reine de Sicile , com-
tefîe deTonnerre en 12 9 1 , eft muni d’ un fceau de
cire rouge,- long 8c"cornu. Le diplôme accordé
l’an 1137 - à la chartreufe du Mont-Dieu , par
Eudes, abbé de S. Remi de Reims, offre un
fcèaude cire rouge, fur lequel on voit un bufte
avec cette infeription Scs Remigius Francorum
A pls , ( Apofiolus ) c’eft-à-dire , S. Remi Apôtre
des François. Dix - fept cardinaux affemblés à
Viterbeen 1270, pendant la vacance,du S. Siège,
drefierent un adiré, qu’ils fcelîèrent chacun de
\pwx fceau en cire rouge. Les papes s’en fervent
depuis plufieurs fiècles , pour imprimer l’anneau
du pêcheur fur les brefs.
Si les empereurs d’Orient affeftèrentd’employer
la cire verte, pour fe montrer égaux aux patriarches,
ils fe fervirent aufli de la cire rouge. -,
pour relever la dignité impériale., Dans les bas
temps , quand les defpotes ufurpèrçnt les marques
de l’autorité fuprême , leurs fceaux prirent la couleur
rouge. De-là on conjedtiire que la cire rouge
fervit à fcëller la lettre que le defpote Démétrius
Paléologue écrivit à.Charles VI , roi de; France.
Cette couleur ne plut guères moins aux empereurs
d’Allemagne. Cependant un de leurs plus anr
ciens fceaux en cire rouge ordinaire, eft celui
ue Frédéric I , fit attacher au célébré diplôme ,
ont la ville de Spire a fait graver une' copie en
lettres d’o r , fur une table de bronze. L ’ufage
devint beaucoup plus fréquent après l’interrègne,
qui finit à l’éledtion de Rodolphe de Hapbsbourg.
Le fceau de cire ', dont cet empereur fit fceller
un de fes privilèges 3 eft d’un rouge auffi éclatant
que la pourpre la plus brillante. On a des fceaux
prèfque fembiables des empereurs Adolphe 8c
Sigifmond. On voit par la réponfe de la ville de
Paris à l'a lettre que le duc d’Autriche lui écrivit
en i486 , qiie.ee prince fe fervoit de cire rouge.
Au quatorzième & quinzième . fiècles, elle fut
employée par les archevêques, les évêques, les
abbés, 8c les abbeffes d’Allemagne. Enfin, les
princes 3 les comtes, 8c les villes de l ’Empire
ambitionnèrent la prérogative d’ufer de cire rouge.
Voilà l’origine . de tant de diplômes impériaux
, qui accordent aux uns 8c aux autres le droit
de fceller'en cette, couleur.^ Aujourd’hui ce droit
appartient en jiroprîété à tous Es grands, qui
poflédent dans l’Empire des: fouverainetés territoriales
: au lieu que les communautés 11 en jouif