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Les romains lui bâtirent un premier temple"pen-
dant la guerre des famnites, foiis le confulat de
L. fofthumius, & de Attilius Regulus. Ils lui
dédièrent encore, félon Tite-Lîve,, un temple
)de Jupiter très-bon, après la déroute de Cannes,
pour le la rendre propice. Enfin dans les fuccès
de leurs armes contré lès carthaginois & les autres
peuples, ils multiplièrent dans Rome & dans
toute lTtaliè le nombre des autels de la vittoire.
Svlla victorieux établit* des jeux publics en
1 nonnèur de cette divinité,;Les égyptiens la repré-
fentoient fotis l'émblême d'ün aigle , oifeau toujours
victorieux dans les combats qu'il livre aux
autres joifeaux.
Les anciens placèrent- fouvent de petites ftatues
de là victoire, d'or ou - d’ivoire j^dans tla;main de
quelques ftatues ' de divinités. Il y en avoit en-
tr’aütres une fort belle j que Verrès avoit détachée
à Enna d'une grande ftatue de Gérés. Il en
avoit* ôté plufiéurs autres d'un ancien temple de
Junon, fur le promontoire de Malte. Denys l'ancien
ne fe faifoit point auffi de fcrupule d'enlever
de petites victakes frov , que les dieux tenoiént
à la main , & qu'à l'entendre ils lui préfëhtoient
eux-mêmes» Je ne les prends pas', difôi’t - i l ,
je les accepte. *>
Lz vicioire eû quelquefois repréfentée fans ailes $
mais ces exemples fontaffez rares. En effet c'eft ayec
cet attribut quéTavittoire pafpîtfur la plus grande
partie des monumens ou elle eft repréfentée tantôt
planant dans les airs, tantôt marchant, rapidement ,.
d'autres fois ayant lé2 pied pofé fur un gloire
ainfi que la Fortuné , parte qu elle gouverne^
le monde comme- cette déefte Sc qu'elle en à
I'inconüance : pu pîïïtôt pour défigner la domination
de Rome fur le monde: entier. On la
voit encore'ï érigeant un trophée , quelquefois
elle'en'porte un fur l'épaule , & fouvent elle
écrit-fur.un bouclier;l'époque d’une viCt.oire ,
ou le nomtf du peuple vaincu. Telles font les
attitudes qué le s ' poètes * & lès artiftes ont
communément données à la vittoire.
Son vêtement Sc fa eoeffure font três-remar-
quables. La victoire eft ordinairement T vêtue
d'une5 longue* robé par deffus. laquelle eft une
tunique qui lui defcend^jufqué vers le milieu
des cuiffes & qui ,eft fixée fous la gorge par
une ceinture. ;
bur les médailles , & particulièrement fur
celles de l’empire,romain, on voit les' plis du
bas de fa robe , agités comme par un grand
vent , fè relever également des deux côtés ,
& prendre à-peu-près 'la forme d'un éventail
déployé. Cette fmgularité eft jnftifiéé par l’ attitude
de la figuré ƒ préfque toujours repréfentée
marchant avec la plus grandet célérité. ; Mais
ces plis nef font ni lourdement accumulés , ni
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bizarrement difperfés j la convenance eft toujours
ôbfervée , Sc la capacité de la matière
nullement forcée : on doit remarquer encore
que le jet’ des plis Ions la ceinture eft prefque
perpendiculaire comme dans les ouvrages de
la plus -haute antiquité.
Quant, a la eoeffure de la vittoire s elle eft
affez uniforme fur les monumens , c ’eft-à-dire
que fes cheveux font relevés, comme dans toutes
les figures de vierges , ainfi que nous Lavons
remarqué en parlant de Diane. Néanmoins dans
la ftatue de la victoire confervée à Florence *
& fur quelques médailles où cette déeffe eft
repréfentée 3 on voit flotter fur fes épaules une
partie de fa chevelure. On en a un autre exemple
dans les pierres gravées du Palais,royal.’’^Vinc-
kelmann s'énonce donc d'unë manière trop générale,
lorsqu'il jiyance que fur toutes les médailles
grecques & romaines la victoire eft toujours
coëffée comme Diane, Sc cela, pour
exprimer fa virginité. On pourroit trouver de
femblables exceptions quant à la eoeffure de
Diane'? elle-même ; cependant^ ces exceptions
ne doivent être attribuées qu’au caprice ou à
l'ignorance de quelques artiftes.
Baüdelot a remarqué ; avec raifon que lés
types*, où la victoire paroît fur un biëfe, font
bien moins relatifs à dés "triomphes fur 1 ennemi
qu'à" des victoires remportées dans les
'jeux.
Pour indiquer une'victoire navale, on pofoit
la ftatue de cette divinité fi£r une proue de
vaiffeau. C’eft ainfi qu’ elle- paroît fur des médailles.
p h én ic ie n n e s fu r quelques médailles
d’Antoine , d’Augufte Sc Fur Ses pierres-gravées.
Harpocration reconnoît la victoire dans une
figure de femme fans ailes , portant une' grenade
d'une main Sc un cafque de l'autre.
Sur le revers d'une médaille d'argent consulaire
de L. Hoftilius , là' victoire eft repréfentée
, portant d'une main le caducée , qui
eft la verge de paix de Mercure, & de l'autre
Un trophée; ' ;
Domitien lg fit repréfenter avec une corne
d’abondance.
On a rapporté , dit Winckelmann , aux temps
les plus réciiiés deux victoires de grandeur naturelle
, confervées à Sans-Souci, maifoh de campagne
du roi de Pruffe, parce qu’ elles pofent
fur fes doigts des pieds qui font .jçints^ on leur
a affigrié cette antiquité par rapport à la pofiticn
qui a para forcée à ceux qui n’en ont pas^péné-
tréjija fignificàtion._ Mais ce qui nous prouve le
contraire, c’eft le nom romain qu’on voit gravé
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fur une bande, qui paffe en croix fur la poitrine ’
& fur le dos. On prétend que ces bandeHervoient
à attacher lès ailes qui ëtoient de bronze.
Les victoires défîgnent fur les médailles par les
g ou tonnes qu’elles tiennent, des batailles gagnées,
Sc parle fouet qu’elles portent quelquefois
, des courfes de char ou de cheval faites
dans des jeux célébrés.
Un attribut diftinCiif des empereurs romains,
etoit d’avoir une victoire d'or 3 placée dans leiir
chambre à coucher, près du lit.
On portoit dans les armées romaines une victoire
tenant une couronne de laurier, Sc placée debout
fur un globe. Elle fuivoit les autres enfeignes,
Sc fervoit à encourager les foldats. On la y oit
fur les bas-reliefs de Trajan, encaftrée dans l'arc
de Cotiftantin.
Dans la colle&ion des pierres gravées de
.Stofch, on voit fur une pâte antique, un bufte
de la victoire, qui a toujours des aîles , de même
$ue.fa figure, excepté fur une ( Trif an.comment,
Infor.) médaille ,• où Ton bufte eft fans aîles ,
tomme elle étoit repréfentée à ( Paufan. L I. p.
j2 . /. 4. /. III. p. 24.j . /. 1 7 .) Athènes'.’ Un
ancien ( Athen. deipnos, L XIII. pag. zé'f, c. ).
poète (Ariftophon ) dit en plaifantant, que l'amour
ayant été condamné par lés douze dieux
Supérieurs à perdre fes aîles, on les donna à la
.victoire. Une petite victoire en bronze de la galerie
dé S.-Ignace à Rome, a les aîles liées fur le
dos , avec des bandes qui viennent fe croifer fur
la poitrine. Il eft encore à remarquer que la
'victoire eft toujours coefféa comme Diane, pour
marquer fa virginité , Sc pour exprimer que
perfonne n'a eu avantage fur elle : c'eft ainfi
qu'elle fe voit fur toutes les médailles grecques
.& romaines. Iljy a des empreintes dans la même
colleâion où la victoire a l'air Sc la reifemblance
de filles de Niobéj Winckelmann penfoit que
c'eft par la même raifon, c ’eft-à-diré pour lui
donner un air de vierge.
Sur une agathe-onyx , la viàoire qui court,
tenant de la main droite une palme Sc de la
gauche une couronne de laurier.
Sur une emeraude, la victoire debout avec
les mêmes attributs fur un globe pour marquer
fon inconftance : on y li; les deux lettres numérales
VI.
me--m--e-s5 aPttorliebeu tlsu r. deux ma?ns jointes
f. entre lefquelles fort un épi de bled : autour c
lit le mot Nie a s.
Sur une cornaline, la viSoin debout fur la
proue d un vaiffeau, tenant d'une maia le cadu-
ÂHtnnuu , Terne V.
cêe avec une couronne d’olivier, 8è dé l’autre
une palme. Vis-à-vis de la victoire 3 il y a deux1
mains qui fe tiennent. Sur un vafe ( Rec. d’ antiq.
t. I I . pi. X X ^ . ) antique du comté de Cavlus4
il y a une victoire portant pareillement le caducée
comme pour annoncer là paix.
Sur une fardoine, la victoire debout fur le figue
du capricorne.
Sur une fardoine, la victoire debout avec fes
attributs ordinaires : à fes pieds il y a une corne
d’abondance/ ' * .
Sur une émeraude-, la victoire faifant une libation.
Cette figure eft une des plus belles pierres-
du cabinet de Stofch. On ne peut lui comparer
que la viSloire qui eft fur les pins beaux médaillons
de Syracufe, & une autre qui eft dans la
même aClion, fur quatre des- plus beaux bas-
reliefs qui fe foient confervés dans la villa dix
cardinal Alexandre Albaai. La gravure de cette
émeraude eft de la dernière fineffe , Sz le defiin
d’une élégance admirable.^ La draperie flottante
de la déeffe eft: dégagée avec gracé, variée Sc
riche en plis fans couvrir le beau nud ; enfin elle
eft dans le god't des Heures de la villa Eor-
ghèfe.
Sur une cornaline , 1a victoire tenant de la maia
droite un vafe, Sc paroiffant vouloir prendre
de l’autre main un ferpent qui eft entortilla
autour d’un arbre élevé devant elle.
Sur une cornaline, la victoire précédée de
Mars Gradivus.
Sur une cornaline , la victoire debout vis-à-vis
; de la fortune.
Sur une Sardoine de trois couleurs , la victoire
eonduifantun cheval aîlé par la bride.
Sur une pâté antique, la victoire qui court
rapidement, coaduifaiit quatre chevaux fougueux ;
elle 5 eft alors communément appeliée Victoria
' Circenfis.,
Sur une pâte antique, la victoire montée fur
unbige , avec un guerrier armé de toutes pièces
qu’elle regarde Sc qui eft dans l’attitude de def-
cendre du char.
Sur un jafpe rouge, autre victoire fur un char
tiré par deux chevaux qui portent des palme«
fur la tête en guifè de panaches.
Sur une pâte de verre-, la victoire fur un char
tiré de deux chevaux qui courent à bride abattue
avec le- nom (Stofch. piçrr.. grav. pl. X L f ) du
graveur Ae y k io y . L’ original de cette pâte eft
paffé du cabinet de-Vander Mark dans celui du
comte Waffenaèr.
. Sur une agathe-onyx, la vittoire fur un char
I tiré par deux chevaux aîles. On la voit fur queh-
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