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reils à celui du numéros précédent, mais dont
l'un eft un peu plus long que l'autre, defcend.une
bande d'étoffe affez. large, fans pli, galonnée ou
travaillée fur un de fes côtés, & qui tombant au-
deffousdes gilets, ne couvre qu'une épaule, &
ne laiffe voir que la poignée d'une épée placée fur
: l'eftomac, & portée par un baudrier a la mode des
g te es. Une main de la figure eft élevée en ligne
de paix, & l'autre foutient l'extrémité d'un bâton
courbé, pareil à ceux que nos marchands de
vinaigre nomment une courge, & dont ils font
ufage pour porter leurs barils plats fur l'épaule
Avec fureté, & facilité. L'extrémité courba de-
ce bâton, paroît ici formée par la tête d'un lapin ,
du moins les oreilles féparees achèvent de donner
une idée de cet animal. Ce bâton porte un
fac quarré, qui pend à une corde ; ce fac. eft pareil
à celui que portent nos foldàts, & que nous
nommons avrcfai j ce meuble eft d'un meilleur
travail que le,refte de la figure. 11 préfènte même
beaucoup d'imitations de la nature, & renferme
deux autres animaux, que les mêmes raifons
m'engagent encore à prendre pour des lapins,
- & dont les ■ tètes fortent fymmétriquement de
chaque extrémité du fac; mais.elles font arrêtées
chacune par une corde paffée dans le fac, &
qui tient les animaux en état ; car il eft vraifem-
blable qu'ils étoient vivans. Du relie, le cou &
, les jambes de cette figure font abfclument nuds.
Le bonnet, ou la toque ronde, de la forme la plus ■
fimple, qui couvre très-peu le haut de fa tete,
eft attaché à chacune de fes oreilles par des cordons
doubles. Cette précaution eft d'autant plus
nécelfaire , pour arrêter cette coëffure , que la
tête eft abfalument rafée. La forme quarrée fur
laquelle les pieds de ce foldat, de ce chalfeur , ou
de ce marchand de lapins , font pofés , reffemble
plus à des échaffes, que celle du numéro précédent,
qui eft arrondie -, mais l'une & l'autre ef-
pece de focles, ont le même objet de retenue
& de folidité, ils font également faits pour être
en vue, c'eft-à-dire, placés au-deflus du plan
du piedelhli l'élévation fous les pieds de l'une
Sc de l'autre de ces figures, mérite aufli quelque
confidération. La hauteur dé cette ftatue eft de
fix pouces moins une ligne ».
Sard e s . Ce qui contribua le plus dans tous
les temps à.la richeffe de Sardes, ce fut la fertilité
de fon territoire. Les coteaux du Tmole étoient
-.plantés de vignobles, dont le vin étoit fort eft
timé-j aufli avoit-on imaginé que Bacchus avoit
été nourri i Sardes, & que cette ville avait inventé
l'art de faire le vin. Ce dieu eft repréfenté
avec fes attributs, le ‘canthare, le thyrfe & la
pinthère, fur plufieurs de fes médailles. Une
plaine fpacieufe s'étend de la montagne jufqu’au
<b-là du fleuve Hermus, nommée par excellence
lu plaine de Surdés. Xapéice» Ts-zéley. Elis eft
rofée par an grand nombre de ruifieaux, &
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l Par le Hémus qui fertilife fes terres. On voit
le fleuve repréfenté fur une médaille de Sabine,
Xufétxvaiv ifftds, La plaine outre les pâturages |
produifoit en abondance des bleds 5c des grains
de toutes efpèces j Cérès 8c Triptblème qui
préfidoie'rtt à l’agriculture , font repréfentés fur
plufieurs de fes médailles.
Antonin-Pie dans un de fes refcrits,met Sardes
au nombre des villes qu’il qualifie de métropoles
de peuples. Elle étoit métropole de la Lydie :
Lydià ce leb ratur maxime Sardihus , dit Pline ( Lié.
r . cap. 29. ). Aufli prenoit - elle le titre 4e
Métropole 3 comme l’a prouvé Afkew ƒ favant an-
glois, par une infeription qu’il a copiée fur les
lieux en 1748. On îrf fur un médaillon de Septime
Severe , iav $~ts vzax.opco v (AiTfö-zroAztiS Artete.
Enfin, dans Ja divifion que les romains firent de la
province d’Afie en plufieurs préfectures ou jurifÜïc-
tions j qu’ils nommoient iuridici con-ventus 3 celle
de Sardes à laquelle reflortifloient plufieurs grandes
villes 3 étoit une des plus étendues.
Le gouvernement de cette ville étoit démocratique
j l’autorité publique s’exerçoit au nom
du peuple par un confeil public , comme, on le
voit fur un monument érigé en l'honneur dJAntonin
Pie : H BouAq »est o Ayfto$ tùiv ^upéiciyay.
Outre le confeil commun de la ville3Boua>j3 com-
pofé des archontes 8c d’autres confeillers, la ville
de Sardes aveit un fénat ou confeil des anciens *
Yzpvnetj dont il eft fait mention dans une belle inf-
cription de cette ville, rapportée par Spon (Miß.
Pag- 3 *7 * .)-* ^ BooAj? x-tti 0 fyuos ttett t) yttpovrtd ,
&c. Ceconfeil s’aiferabloit dans le palais de Cré-
fus yqueles fardiens avoient deftiné pour le Id-
• geme-nt^ & la retraite des citoyens pendant leur
vieillefle. Vitruvè ( Lié. IV . c. VIII.) parle de
ce palais qu’il appelé Gerußa.
Le confeil gerußa étoit établi dans plufieurs
villes de l’Afie, fuivantles infèriptions Scies médailles.
Le premier magiftrat de Sardes étoit nomme
Archonte , 8c quelquefois sTçartyos , préteur.
On fait que le nom d* Archonte venoit d’Athènes-.
Les colonies grecques le portèrent en Afîe, d’où
ils etendit a plufieurs villes de ce continent. Dans
le grand nombre des médailles de Sardes 3 il n'y
en a que deux frappées fous Tibère , & une fous
Trajxn, qui portent le nom du proconful j mais
on y trouve les archontes fous prefque tous les
règnes 3 depuis Augufte jufqu’à V alerien le jeune.
Sardes avoit aufli un premier magiftrat, srçartjyos,
firatègus- ou préteur, qu’on trouve fur quelques-
unes de fes médailles, 8c un y} upip»Tz»s 3 greffier
en chef de la ville $ y lace de confiance, qui
demandoit une exatte probité dans celui quiTa v
remplifloit.
‘ Les monumens nous inftiru/fent non-feulement
du
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du gouvernement de la ville de Sardes } mais ils nous
ont tranfmis les différera traités d'union & d’aflb-
ciation quelle conclut avec d’autres villes3
comme avec celles de Pergame, d’Ephèfè, .de Lao-
dicée & d’Hiérapolis de Phrygie. Ces traités font
défignés fur des médailles par le mot opovotu 3
que les latins ont rendu par celui de> concordia.
Les villes d’Ephèfe 3 & ae Sardes, firent entre
elles un traité d’union fous les Antonins 3 pour
s’aflbeier réciproquement au culte de leurs divinités.
En conféquence de cette aflbciation, le
culte de Diane Éphéfîenne fut établi à Sardes.
Gette déefle y paroît fur une médaillé frappée
fous le règne de Caracaila. Par une médaillé
d’Hiérapolis de Phrygie ^ qui a d’un coté la tête
de Philippe le jeune, on voit que cette ville
«flocia Sardes à la célébration des jeux fac-rés? au
revers font .répréfentées deux urnes, avec des
branches de palmier 3 on lit autour : \z^od>oAurm
Kftt retpéietvuv optovotu.
. Chaque pays. & même chaque ville, adoroit
des divinités particul ères. Tels étoient l’Apollon
de Milet, l’Êfculape d’Epidaure,.. la Miaervé
d’Athènes, la Diane d’Ephèfe, la Vénus de Pa-
hos, & d’autres divinités. La ville de Sardes
onoroit aufli des divinités tutélaires auxquelles
elle rendoit un culte particulier. Dans les premiers
temps, elle honoroit .Gybèle , dont le temple
fut brûlé par les Ioniens fous la conduite d’Arifta-
gpras. Soit que fon culte eût été aboli ou né^-
gligé, les-monumens de Sardes ne les repréfentent
plus que fur une médaille de; Salonine femme de
Gdien. Les habitans de la ville rendirent un culte
particulier à Diane. Elle avoit un temple.célèbre
iur les bords du lac de Gygès ou de Coloé, à 40
ftades de la ville, d’ou elle étoit nommée Ka-
Aotivt) À'pripis. Ge lieu facré* étoit trèsrrefpeété, il
avoit même un droit i ’afyle, que les fardiens-. pré-
tendoient avoir obtenu d’Alexandre - le - Grand.
-Comme-'ces privilèges, étoient l’occafion de plu-
fieurs abus dans les villes de l’Afie , le fénat les ■
reftreignit fous l’empire de Tibère: ainfi le culte-
de la déefle ne fut plus aufli célèbre. Askew à
copié dans fon voyage, une infeription qui fait
mention d’une prêtrefle de Diane de Sardes.
• Proferpine tint le premier rang entre les divinités.
de Sardes j elle eft repréfentée fur les médailles
frappées à Sardes en l'honneur de Trajan,.
deMarc-Aurèle,-de Lucius;Vérus, ,de Commode,-
de Septime Sévèrè, de Juliâ Domina, de Gara-
calla, de Txanquilline,-de Galiien & de,Salo-
nine } ,8s quelquefois avec fon temple. Comme
cette déefle étoit la divinité tutélaire de Sardes,,
cette vilie céiébroit des jéûx eiï. fon honneur.
- La Vénus de Paphos étoit aufli adorée à Sardes.
Elle y âvoit un temple qui eit repréfenté fur les-
médailles d’Hadrien, de Sévère Alexandre, de
Antiquités , Tome V.
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Maximin & de Gordien Pie, avec l’infeription
Uct<pw Zctpéictveûv. Hérodote nous apprend à quel
f>oint les moeurs de cette ville opulente étojent
ûiflolues dès les premiers temps. If n’eft donc pas
étonnant que les Sardiens aient adopté une divinité
de l’ifle de Cyprès. Nous avons obfervé plus
d une fois dans cet'ouvrage, que des pays en-
core plus éloignés l’un de l’autre, fe font com-
müniq.ués réciproquement leurs cultes & leurs
cérémonies religieufes. On voit la tête de Vénus
fans légende , fur urie médaille du cabinet de
M. Pelîerin y 8s au revers une maflue dans une
couronne de laurier, avec le mot », 8c
un monogramme.
Le dieu Luiius , appellé Mijv par les grecs ,
paroît fur plufieurs médaillés de Sardes. Il eft repréfenté
avec un bonnet phrygien fur la tête, &
une pomme de. pin à la main} il porte quelquefois
un croiflant fur les épaules. Sur deux médaillés
décrites par Haym, on voit d’un côté Ta tête du
dieu Lunus, avec le bonnet phrygien & le croif-
fiint * on lit autour ftyv } de l’autre
cote , un fleuve couché & appuyé fur fon urne,
tient delà droite un rofeau, &dela gauche une
corne d’abondânfcè , ^ayec la légende ’Lapétuvay
B. nu-Aopav, & à I’éjcergue hjkf. L’autre mé-i
daille a la même tête avec la même légende , 8c
au revers un gouvernail & une corne d’abon*
dance, pofés l’un fur l’autrè en fautoir, avec la
légende b . vzax.opav. Ces deux médailles
ont été frappées fous le règne de Septime Sèvère 3
a caufe dii titre de neocorés pour la fécondé fois \
que prennent les habitans de Sardes fur ces mon-
noies.
Nous avons déjà obfervé que le territoire dé
Sardes étoit très-fertile en bled, 8s qu’il pro*-
duifoit des vins excellent : les fardiens honoroieht
fpécialement Cérès & Bacchus, 8c les ont fouvertt
repréfentés fur leurs monumens. Le cabinet de
-Pelîerin ^conférant un beau médaillon d’argent
qui a été frappé à Sardes. C ’eft une de ces anciennes
monnoies qu’on appelloit cifiophores
arce-qu’elks portoient la cille faefée, ou la cor-
eille qui renfermoit lés myftères de Bacchus.
Jupiter eft fouvent repréfenté fur les médailles-
de Sardes , 8c même fut une de ces médailles on
y a gravé la tête 8c le nom de Jupiter } il avoit
dans cette ville un temple , avec des prêtres, 8c
les fardiens célébroient en fon honneur des jeux
publics.
Le culte d’Hercule étoit aufli établi à Sardes.
Les anciennes traditions du pays avoient confervé
la mémoire des amours dé ce néros 8c d’Omphale
reine de Lydie. Les lydiens fe glorifioient d’avoir
été gouvernés par Hercule 8c par fes defeendaris.
Ils le confacrèrent au nombre ae leurs principales
divinités ,- la villè dé Sardes- l'a repréfenté^ fur
PP