
liberté de voir leurs parens , leurs amis , comme
il paroît par Phiftoire de Socrate. Quelquefois ,
& félon la qualité des crimes , ils etoient renfermés
dans des fouterrains obfcurs 3 & dans des
balles-foffes humides 8c infe&es * témoin celle
ou 1 on fit defcendre Jugurtha 3 au rapport de
Sallufte. La plupart des exécutions fe faifoient dans
\z pnfon3 fur-tout pour ceux qui étoient condamnes
a etre étranglés , ou à boire la ciguë.
Eu trope attribue l’établiflement des prifons à
Rome j à Tartpiin le Superbe > tous les auteurs
le rapportent a Ancus Martius ,. & difent que
Tullus y ajouta un cachot qu’on appeïla longtemps
tullianum. Au refte, Juvénal témoigne qu’il
n y eut fous les rois & les tribuns 3 qu’une prifort
a Rome. Sous Tibère on en conftruifît une nou-
y ^ e 3 qu on nomma la prifon de Mamertin. Les
actes des apôtres , ceux des martyrs , & toute
1 nitloire ecclefiaftique des premiers fiècles 3 font
foi qu’il n’y avoit. prefque point de ville de l’empire
qui n’ eut dans fon enceinte une prifon ,* 8c
les jurifconfultes en parlent fouvent dans leurs
interprétations des loix. On croit pourtant que par
mala mar.fio 3 qui fe trouvé dans Ulpien , on ne
doit pas entendre la prifon -, mais la préparation
a la queftion ou quelque autre fupplice de ce
genre j ufite pour tirer des accules l’aveu de leur
crime, ou de leurs complicés.
Les lieux connus fous le non? de latumit 3 8c
de lapidicina 3 que quelques-uns ont pris pour les
mines auxquelles on condamnoit certains criminels
, n’étoient rien moins que des mines, mais
de véritables prifons 3 ou fouterrains creufés dans
le ro c ,' ou de vaftes carrières dont on bouchoit
exactement toutes les ifliies. On met pourtant
cette différence entre ces deux efpèces de prifons,
que ceux qui étoient renfermés aans les premières
n’étoient point attachés , 8c pouvoient y aller
& venir j au lieu que dans les autres on étoit
enchaîné 8c chargé de fer.
On trouve dans les .loix romaines différens officiers
commis , foit à la garde., foit à l’inlpec-
tion des prifons 8c des. prifonniers. Ceux qu’on
appelloit comment a tii avoient foin de tenir re-
giftre des dépenfes faites pour la prifon dont on
leur commettoit le foin ; de l’âge, du nombre de
Jeurs prifonniersj de la qualité du crime dont
ils étoient accufés , du rang qu’ils tenoient dans
la prifon. Il y avoit des prifons qu’on appelloit
libres, parce que lés prifonniers n’étoient point
enfermes , mais feulement commis à la garde d’un
magiflrat, d un fenateur, 8cc. ou arrêtés dans !
une maifon particulière, ou laifïes à leur propre
garde dans leur maifon, avec défenfe d’en for tir.
Quoique par les loix de Trajan 8c des Antonins, |
les prifons domeftiques, ou ce que nous appelions j
.Chartres privées, fuffent défendues, il étoit ce- i
pendant permis ,, en certains cas, à un père dé
tenir en prifon chez lm un fils incorrigible, à un
mari d infliger la même peine à fa femme, à plus
forte raifon un maître avoit - il le droit fur fes
efclaves : le lieu où l’ on mettoit ceux-ci s’appelloit
ergafiulum.
’ PRISONNIER DE GUERRE.
C étoit un ufage aflez unîverfellement établi autrefois
, que tous ceux qui étoient pris dans une
guerre folemnelle, foit qu’ ils fè fuflent rendus
eux-memes , ou qu’ils euflent été enlevés de vive
force, devenaient efclaves du moment qu’ils
etoient conduits dans quelques lieux de la dépendance
du vainqueur, ou dont il étoit le maître.
Cet ufage s’étendoit même à tous cèux qui fe
trouvoient pris malheureufement fur les terres de
1 ennemi, dans le temps que la guerre s’étôit allumée.
De plus , non-feulement ceux qui étoient
faits prifonniers de guerre , mais encore leurs def-
cendans qui naifloient dans cet efclavage, étoient
réduits à la même condition.
Il y a quelque apparence que la raifon pour
raqpellê les nations avoient établi cètte pratique
de faire des efclaves dans la guerre , étoit principalement
de porter les troupes à s’abftenir du
carnage 3 par le profit qu’ on retiroit de la poflef-
fîon des efclaves 5 auffi les hiftoriens remarquent
que les guerres civiles étoient beaucoup plus
cruelles que les autres, en ce que le plus fou-
vent on tuoit les prifonniers 3 parce qu’on n’en
pouvoit pas faire des efclaves.
Les anciens romains ne fe portoient pas aîfé-
ment a racheter les prifonniers de guerre ,* ils exa-
minoient, i° . fi ceux qui avoient été pris par les
ennemis , avoient gardé les-loix de la difcipline
militaire 5 i° . s’ ils méritoient d’être rachetés : & 7
le parti de la rigueur prévaloit ordinairement,
comme le plus avantageux à la République.
Les romains depofoient leurs prifonniers auprès
des drapeaux : Arèle cuftodiendum apud figna com-
mifit dit Ammien, en parlant de Vadomère que
Ion ht jpnfonnier. Us coup oient les cheveux aux
rois & aux principaux officiers , & les envoyoient
a, “ ° me Pouy fervir d’ornement aux triomphes 5
c elt ce que dit Ovide :
Nunc tibi captivos mitteï'germania crines ,
Culta triumphats. munere gentis eris.
La loi Cornéiia avoit pourvu à ce que les tef-
tamens des prifonniers euflent leur entière exécution
, comme fi ceux qui les avoient faits n’euf-
fent jamais perdu leur liberté. Ils fuivoient leur
vainqueur dans fon triomphe, chargés de chaînes ;
c’eft ainfi que la fameufe Zénobie honora Le triomphe
de fon vainqueur Aurelièn : VinSti erant pedes
auro , manus etiam catenis aureis , nec collo aureum
v'mcutum deerat. Si la mort ne leur pesmettôit pas
d’ jflifter à la cérémonie du triomphe, oh y por-
toit le plus fouvent leurs images ; c’eft ce que fit
Augufte par rapport à Cléopâtre, qui s’étoit tuée
pour ne pas être expofée à cette ignominie : Si
quidem in triumpho ejus3 dit Plutarque, imago trahf-
latd eft ipfius Cleopatrs, 3 & afpidis mordicus brachio
affixa.On les vendoit enfuite à l’encan : Ad fep-
tem millia fub corona vcniere.
P R IS T IS , poiflon de mer dont la tête eft armée
d’une longue fcie qui lui fert d’arme offen-
five ; on l’appelle la fcie. Priftis étoit auffi chez les
romains une forte de navire long, dont la forme
'reflembloit aflez à celle de la fcie : Quinque priâtes
, navigium ea forma a marina bellua dictum eft.
( Nonius 13 , 13. ) ,
PRITANÉE. Voye^Pr y t a n é e .
P RI VILE GIUMi Ce mot répond à peu près
à notre décret perfonnel. Le privilegium étok fouvent
compris fous le mot général de lo i, & n’ en
différoit que parce qu’il ne regardoit qu’une feule
perfonne , comme l’indique l’étymologieau lieu
que la loi étoit énoncée en termes généraux, fans
application à aucun particulier. Les décrets nom- !
mes privilégia , étoient défendus par les loix des
Douze Tables, & ne pouvoient s’ordonner contre
un citoyen que dans une àflemblée par centuries.
Celui du banniflement de Cicéron étoit,
par cette raifon, contre les loix ; mais le parti
de l’abrogation lui parut plus fur que de faire in- j
tervenir en fa faveur un décret du fenat (.Mongaüt).
PRIX. L habitude de la pauvreté que les premiers
romains avoient contractée, & la fimpli-
cité de leurs moeurs, fit que d’abord ils n’attachèrent
que de l’honneur, & rarement une ré-
compenfe réelle, à certaines aérions de valeur
auxquelles^ ils donnoient des couronnes de différentes
efpèces. Quand un général avoit mérité le
triomphe , on lui en donnoit une de fimple lau-
ner , ^ dont il fe paroit le jour de fon triomphe $
mais a mefure que cette première fimplicité diminua
, & que les richefles de la république aug-
mentant, la magnificence fe fit fentir ; car dans
la fuite les couronnes des triomphateurs étoient
bien encore de laurier, mais enrichies de fil d’or
& entremêlées de feuilles de ce même métal"
Les récompenfes des foldats étoient de plufieurs
lortes, dont on peut lire le détail au mot Récompense.
Ceux qui étoient vainqueurs aux jeux du cirque,
avoient auffi leurs récompenfes, qui étoient
pour l’ordinaire un cheval, une couronne , ou de
1 argent.
_ 8r^cs n’avoient pas manqué de décerner
auiü des honneurs & des récompenfes à ceux qui
je diftinguoient dans les combats} afin d’animer
le courage des foldats , on leur érigeoit des fta-
tues. On mettoit fur leurs tombeaux des inferip-
tions pompeufes & honorables } les terres con-
quifes fe partageoient au fort, & fe diftribuoient
pour 1 ordinaire aux colons que l’on prenoit parmi
les foldats qui avoient le mieux fervi. L’on ex-
pofoit pendant trois jours , à la vénération du
peuple, les oflemens de ceux qui avoient été tués
dans le combat, & chacun s’empreffoit à leur
venir jetter des fleurs & leur faire brûler de l’encens
& du parfum } on les ènfevelifïbit enfuite
avec une pompe, & avec un concours infini du
peuple. Enfin,^ quelques jours après , un des plus
qualifiés d’Athènes, prononçoit publiquement léur
°.^^on bmèbre. Outre cela, la république nour-
nfloit les veuves de -ces illuftres morts-, lorf-
qu’elles en avoient befoin , & faifoit élever leurs
ènfans jufqu’ à ce qu’ils ruflent parvenus à l’ado-
lefcence. Alors ôn les renvoyoit chez eux au nom
du peuple, avec une formule prononcée par un
héraut pendant les fêtes de Bacchus, fur le théa-
tre où ces orphelins paroiffoient couverts d’une
armure complette.
Pr ix . Les grecs établirent des prix de mufique
8c de poéfiê dans leurs quatre grands, jeux publics}
lëÿjêux Olympiques ^ les Pythiques 3 les Ifthmi-
ques & les Neméens.
Cléomène le Rapfode, félon Athénée , chanta
aux jeux Olympiques le poème d’EmpédocIe ,
intitule les Expiations, & le chanta de mémoire.
Néron y difputa le prix de mufique & de poéfie , &
fut déclaré vainqueur, comme le témoignent Phi-
Ioftrate & ■ Suetone, lequel ‘s’en explique en ces
termes : Olympio quoque prêter confuetudinèm mufi-
cum agona commifit. Cet hiftorien obfervé, comme
l’ on -vciit , que ce fut contre la coutume } mais
le paflage d’Athénée fait foi que ce n’eft pas la
feule occafion où l’on y ait dérogé : outre que
fuivant la remarque de Paufanias, il y avoit près
d’Olympie un gymnafe , appellé Lalichmiôn, ouvert
a tous ceux qui vouloient s’exercer à l’envi
dans les combats a’efprit ou littéraires de toute
efpèce , & d’où apparemment ceux de la poéfie
muficale n’étoient point exclus. Il y a même
beaucoup d’apparence que le prêter confuetudinèm
de Suetone ( contre la coutume, par extraordinaire
) ne tombe que fur la faifon, ou fur le tems
où ces jeux furent célébrés exprès pour Néron.
Solon , Elien , Xénoclès & Euripide difputèrent
le prix de la poéfie dramatique dans ces mêmes
jeux dès la quatre-vingt-unième Olympiade. Dans
la quatre-vingt-fezième , il y eut a Olympie un
prix propofe pour les joueurs de trompettes, &
ce fut Timée l’Elien qui le gagna.
Autant que les combats de mufique femblent
avoir été rares aux jeux Olympiques, autant