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Denys d Hallcamaffe -, je fais- quë les athéniens
avoient une fête fort reffeiîiblante à'celle iesfiir
ttirnales , & qu’ils nommoient xpèviu. Enfin , on i
célébroit en Thc-llâlie une- fête fort ancienne , &
qui avoir trop de rapport avec les J'aturnalcs,
pour en palier fous fflence l'origine & la def-
cription.
Les pélafges, nouveaux habitans de l’Hémonie,
faifant un façrifice folemnel à Jupiter , un étranger
no mm é'Polorus leur annonça qu'un tremblement
de terre venoit dé fairé entr’ouvrir les
montagnes voifihes ; que les eaux d’un marais
nommé Taupe s-etoient écoulées dans le fleuve
Peqee, & ayoient découvert une .grande & belle
plaine. Au récit d’une fi agréable nouvelle , ils in» j
vitent l’étranger à manger avec eux, s empreflent
a le fervir, & permettent à leucseXdaves.xlè
prendre part a la réjouiiïance. Cette plaine , dont
ils le jïiirent aufli-tot'en pofieffion , étant devenue ■
la déncieufe vallée de Tempe, ils offrirent tous
f e ans le même facrifice à Jupiter , furnommé .
Pelorien , enrenouvellant la cérémonie de donner
a manger à des .étrangers St à des,efclaves^.auxquels
ils .accordoient toutes fortes de liberté, i
^ > f e >pélafges ayant été chaïfès: de :
.1 Hemonie, vinrent s’établir en Italie par ordre
de 1 oracle de Dodpne , qui leur commanda d’of-
inr des Sacrifices à 'Saturne & à Pluton. Les ter- j
mes ambigus de .f oracle les engagèrent à immoler ■
des victimes humaines à çes deux; Jpmbres idîyi- :
mtes j ils fuivirent l’ufage reçu parmi les car- •
thaginms ,-les tyriens & d’autres nations qui prati- j
quoient de tels facrifices.
On-dit qu’HercuIe abolit Cette coutume barbare
desj pelafges. payant par l’Italie , à fon retour
d Efpagne , iL demanda la raifon de ces fàcri-
ijces dont il etoit.iodigné > & comme on lui cita ,
.1 oracle de Dodone , il leur dit que le,mot Ki<pttxas
defignoit des tèus .ou figures & que .celui de-
♦ **?» quiils avoipnt pris pour des hommes, lignifiait
des lumiires y. il leur apprit donc quai!
falloir, offrir à Pluton desjfepjréfeuthtions:d.'hom- ■
mes & des bougies à Saturne.. Voilà- :du moins;
1 origine qu on apporte de la coutume qui s’obfer- '
voit pendant ■ Xa^faumala.d'allumer des. bou- i
gies d’en faire des préfeus.
Ce qu'il y avoir encore de fingulibr dans, lest
facrihces de Saturne, cfeft q'u'ils fe faifoient la
tête découverte,Plutarque en donne pour raifon, !
que le culte qu'on rendoit à ce dieu ,droit plus!
ancien que I'ulàge de fè couvrir la tête .en E d ifiant,
qu'il attribue à Enée. Mais ce qui .paroît*
plus vraifemblable, c’eft .qu'onne. fé cotmoisdai
tête que pour les dieux céleftes que Saturne! ,
étoit mis au nombre des dieux infernaux.
Tertulhen, dans fon traité.de. Idol, cag.. xiv
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Te plaint qu’entr’autres fêtes payennes, les chrétiens
folemnifoient les jSaturnales. Cette coutume
leur fut effeétivenieny défendue par le canon xxxix
. ^ Laodicée. Cependant ils eurent
tant de peine a quitter leur habitade de célébrer
les fetes de plaifirs. & de réjouiflances, qu’ils .s’a*
visèrent d en fubftituer de. nouvelles; à celles qui
etoient abolies* j & c’eft peut-être-là l’origine de
la fête des fous. ( D. J. )
SATUPxNE fut inconnu aux égyptiens. Les
grecs voulant retrouver dans les divinités égyptiennes
toute leur propre-mythologie-, appelloient
Saturne tantôt Sérapis , tantôt Anubis , ik tantôt
le Vukain des égyptiens.
Saturne étoit' fils du Ciel ou Codas , que les
grecs appellent Uranus, & de la déefle Tellus\
autrement nommée. Vefiat Prifca ou Thitée. Saturne
autrement nommé le Temps, avoit un frère
appelé Titan. Celui-ci étant l’aîné , devoir fuccé-
der à fon père ; mais , par condefcendance pour
fa mere, il céda fon droit à Saturne 3 a condition
qu’il neléveroit aucun enfant mâle; de-là-vint
que Saturne les dévoroit auflirtot qu’ils étoient
nés. D’autres; ont dit que cétte cruauté avoit pour
fondement un oracle _qui.lui avoir annoncé, qu’il
auroit un fils qui lui ôteroit Pempire. Il avoft
donné l’exemple de. ce crime , puifqu’il avoit détrôné
lui-même , & mutilé Uranus, fon père È auquel
il avoit fuccédé.
. ÇybèlêouRhéa. fa femme, voulant faiivéï Jupiter
, donna à Saturneau lien de' l’éhfant, une
pierre qu’il dévora. Thëtis, fille dè l'Océan , lui
donna un breuvagë qui lui fit vomir cette pierre.
Paufanias ( Phocic. ) raconte que l’on gardolt dans
1 enceinte du temple d’Apollon à Delphes un
petit rocher que l’on relpe'êtoit beaucoup, à
caufe qif on crôyoit le réconnoître pour la pierre
ayalëè' par Saturne. Voyez A baDIR , Bétyle. Ju-
piter devenu grJnd', le détrôna > & après l’àvoîr
traité comme Uranus avoit été traité par fdn'fils ,
il le.précipita au fond.du Tartare, avec ceux,des
Titans qui l’a voient aflifté dans cette guerre.
Voye^ Jupiter. Les chaînes dont on difoit qu’il
etoit chargé dans'le Tartare , n’étoient pas lourdes
Veiks h’étbieht que de-lâihé. On lui donnât
tous les anst-quelques jours ; de liberté. Virgile &
Oyide lui donnent une autre deftinée.
. ce Saturne, détrôné par fon fils Jupiter, dit
» Virgile ( Æneid. lib. VIII. pour fe dérober
» à fa pourfuite , fuit de l’Olympe , & vint fe rè-
» fugier en : Italie.-. 11 y iraifembla les-hommes fé-
■P3 roces y épars-fur les- montagnes ; il leur donna
» des loix , & voulut c^u’un pays où il s^étoat
p caché , & qui avoit été pour lui fon feul afyle,
portât Je nom de Latium. On dit que fon règne
» fut
S A T
fut l’âge d’or , fes paifibles fujets ayant -.été
■ M. gouvernés aÿeç douceur,«. . . . ."
r Ovide donne la même étymologie àû nom de
Latium.
IXbctà fuit Latium t'errà. , laterite-deo.
Le de 'Saturnÿ, fut lé .ténip^i de l’âgé d’efr.
..Voye^ A.ge d’ o r ; ' C ë tq it‘ pour! yèBQiiÿéllér la
mémoire Uë cet liéureux temps'^ dt pour honorer
le féjoiir que Saturne avoit fait en Italie , que les
Saturnales-Turent inftituées. - Ge fiède- d’or ne fut.
cependant pas exempt de tout crime , puifque.
Saturne lui-même .commit \ plufieurs. adultères , i
dont. 4 eut^plufieurs; encans,. .Quant à tes. éhfaiis .
Jegitiines , on, én .compte ordinaireînent quatre.:
J.upite^ Neptune , , Pîqton , & , junon , auxquels i
plufîeüryjâûteurs'joignènt Cérès Vefta.J , '
Diodore de Sicile.( Lav. V....de\Jo.n Ilijl. uriiv. ) , •
rapportant la tradition des Cretois, fur lés titans^ i
fait de Saturne le même éloge que 'les poètes.'Sa-
■ turne. l ’ainé, ,des.fTitan^ , - .dit-^p.,. devint^ roi,« &
après a,voir dqôqé des m^urs^ & 'd e lipàlitèflè à ’
Tes fujetsv,_ qui menoient aiiparavarit. une vie fau- !
. vage, il porta.fa 'réputation fâ;.gîo,iré. en<$£pr \
..reris lieux de la terre. Il établit par-çput.la juftice
& l’équité ;J k les hommes qui ont yééu ipus fou .
.erripire, pafîpient pour avoir-été doux , biènfai-
.Tans, & par -, çonféquèat. très-héurèux^ Il a régné
Tur-tout dans-. lés pay§ ^occidentaux.! ;;où Ta,.mémoire
,eft ençôrè; en yénératiori. En effet les rp- :
mains, les;.Carthaginois,. ïorfque^ieùir yîHé fubfis-
. roit, & .tous, les, peuples de tes* gantons', orit.inf- i
titué des fêtes et des facrific^s ' ën Ton ‘honneur ; !
plufieurs lui font'' confacres par leur nom j
même. La fageffe de.fon gouvernement avoit en
quelque forte bannHés 'crimes;, St fatfo'it goûter j
un empire d’inbdcence,;dèddhteuf & dé félicite. I
La montagne, ’qu’on appella depuis 'lé' Mont Ça- ,
pitoim, 'étoit anciennement àppellée ie Mont Sa- 1
turnzn j fi rions - ën Croyons Denys d ’Halicârnaffe ,
iTtalie entière avoit ’ porté auparavant le nom dé ;
Saturnie,
Plufîéûrs auteurs oint eu recours. à Tallégorie
périr expliquer la fahle de Saturne.; ce'Toute l à ,
» Grèce ëft imbue dé -cette vMjle ■ crdyànc'é ; Tit
« Cicéron ( Liv. II. de la ?>Tat. des die.ux) , que ;
;<>» CélusTut mutilé par fon fils Sâturnelp 8t Saturne
°» lui même enchaîné par fon fils -’Jiipiçe:r.:Sous èès ■
» fables impies fe cache un fèris phyfiqrie aflèz,
» .beau. On a voulu marquer, que l’Ether, parce
«e> qu’i l engendre- tout par lui-même',,m’a point
« ce qu’il faut à des animlux poùr engendrer par
•» laJ voie commune. On a entendu par Saturne
« celui qui préfide au temps, & qui en, règle lés
»» dimenfîons : ce poiq lui vient de. ce qudl dé-
n yo-re les années’- '( Saturnus qiiod Saturetur an- <
m .nii ) ; & c’ eft pour çela qu’on a feint qu’il
Antiquitéje , Tome Y\
S A T 305.
» mangeoic fes eh-fans : car le temps infatiabl©
99 d’années corifume toùtes celles qui s’écoulent.
» Mais de peur qù’il n’ allât trop vite \ Jupiter l ’a
« enchaîné, c’eft-à-dire, l’â fournis au cours des
99 aftres. ,q u i font comme fes liens j».
I . Jean le Clerc dit que la double,' fignification du
i moC phénicien eben, pierre- St fils, a fait naître la
fable de Saturne ^ dévorant une pierre, à la place
de Jupiter. D’autres phjl'ofophes n’ont eu egard
qu’à la planète qui porte le nom de Saturne, &
qui eft fa plus grande "fk la'plus élevée de toutes;
•Selon eux, ce'-quedes poètes d?fent de la prifon
de S&mfne'-etiemîüê par- Jlpitèr , -fignifié Teulé-
menrique lèsrinflifenéefe malignes envoyées, difoit-
i-ori'j farda plânèt^ ‘ d&Saturne3 étoient corrigée?
paï des influences plus doupes qui émànoient de
•tèllè dè Jiipïtêrv Les platoniciens même au rap-
Tort -de Lucien', 's’imagirloient que Saturne r
comme - !© ■ plus jJVôehe du c iel, c’eft-à-dire, le
phis éloigne de nous, préfidoit à la content-»'
pktien;'-
’A Saturhey quoique pèrë des trois pririeipaux
dieux , n’â peint êu le titre- de père des. dieux
'cÿiez'-- les- -poètès-, peut-être à caufe de la cniaucé
qu il ' exerça contré fés enfans ; tandis que fa
•femme.Rhéa-étoit appellééTamère dés dieux, la
grandê-mère, & étoit honoréë fous cê titré., C ’eÆ
pesuÉ-etrë 'aufti l’ idée de cëttè même érüarité ' qui
'â ( porté 'piüfîeurs peuples à rendre à ce dieu un
culte horrible'fquilié-par l’ efùfîbn du fang humain.
Les 'carthaginois l ’hOnorèrent plus pàrticulière-*-
Tîient-r eft ce culte impiê St barbarie qui a tou-
jours fondé le plus grand reproche que la poftérité
a faip . à- , çette nation. Diodore ( Liv. X X . ) rapporte
que les carthaginois ayant été', vaincus par
AggthpclqT. attribuèrent.leur défaite! à ce quils
^Vrité, 'Saturne, , en fubftituant d’autres
ënfaps a la place! des, leurs, qui dévoient!être
immolés ;^ & pour répairér cette, faute-, félon. PIav
tarqiié, ils choifirerit parmi la noblefîe , ideux
cens jeunes garçons pour être immolés. IL y en.
.esit...encore..plus de .trois.cens autres, q u i , fe
fentapt coupables s’offrirent d’eux-m(êmes pour
êtrëTfàcü^es i ;,ce façriiïïçe,, dit Plutarque;;Le jeu
ffûtçs St dés. , tâmbprirs! fâifoit un fi grand
hruit ^que lés. cris de. l’enfant immolé ne pouvaient
etre entepdus.
Les carthaginois ne j&irent pas les feuïs coupables
de cette odieufe fuperftition; nps anciens
gaulois, 8c plufiéurs peuples d’ Italie, avant les
romains, iinmoloient aufli à Saturne des viétimes
humaines.- Denys d’HalicarnâfTë, raconte (Liv.
I. ) qu’HercuIe voulant abolir en Italie ces fa cri-
fices1,-‘éleva un autel fur la coifirîe faturnienne 3 &
qu’il y fit immoler des vi&imes fans taches, pour
être confuraées par le feu facré. Mais pour ménager
e. meuje tçms la. religion des peuples qui