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à remarquer qu'ils. confervoient encore fur leurs
tables des relies de leur première frugalité > &
leur bonne-chère tenoit encore de leur ancienne
cuifine. Cicéron fe plaint dans la lettre 1 6 du V I I
livre à fes amis , d’ une dyffenterie caufée par l’excès
des ragoûts qu’ il avoit mangés. Quels étoient
ces ragoutS ? Des légumes 8c toutes fortes d’herbes
: Herbus omnes ha condiuru- ut nikii pojfit ejfe
fuayius. Ces herbes fi délicatement apprêtées
étoient des cardes de poirée 8c des mauves ; car ,
ajoute le conful de Rome , moi qui favois bien
m’abftenir des murènes & des huitres , je n’ ai pas
fu me défendre des cardes de poirée ni des mauves
: Ita ego qui me facile ofireis & murenis abfilma
am a betâ & a nialvâ deceptus fum. ( D. J. )
patata , efpèce de chauffure formée de plu-
fieurs entrelas ; c’eft la defeription qu’ en fait
Pollux. ( Liv. VII. Segm. 13. ) ; ncXt/eXiaro» «Vo-
. RAIE V poiflon. On voit une raie fur les médailles
de l’ile Corcyra 3 aujourd’hui Corfou.
RAISIN ( On voit un ) fur les médailles de
Brzantium ,-.de Cala&a, de Chios, de Cydonia,
d’Eretrn , d’Eubée, d’Yftiaea , de Maronée , de
Myconus, de Naxus, des Opuntiens, de ScotulTa,
de Sicinus, de Tauromenmm , de Tenos , de
Teos 3 d’Erefus , des locriens-épicnemidiens 3 de
Minya _> de Soli en Chypre. ■
RALLA v e s t i s 3 étoffe à poil ras y oppofée à
fpijfa veffiis.
RAMEAU d’ or , que la fÿbille de Oumes fît
prendre à Enée , pour lui fervir de; fauvê-gârde
aux Enfers ( EneicL liv. V I .) ; ce. Au milieu d’une
33 épailïe fo rê t, dans le fond d’une ténébreufe
» vallée , eft un arbre touffu qui portéeuii rameau
f? a or, confacré à la reine des Enfers. Il faut
» qu’ un mortel qui veut pénétrer dans letnpire'de
» Pluton.,. foit muni de ce rameau pour lè prêt
» fenter à la déeffe. A-peine eft-il arraché de’
» l ’arbre , qu’il en renaît un autre de même mé-
« tal.i... Si le deftia vous permet de defeendre fur
» les fombres bords, il fe laifferâ cueillir fans
» peine ; mais fi votre entreprife eft contraire à
» là volonté de Jupiter , le rameau vous réfiftèrà >
>? vous y emploierez des forces inutiles-, le fer
» même ne pourra le féparer de l’arbre »>t.Enée ,
à l’ aide de deux colombes envoyées par Vénus,,
trouva cet heureux rameau, l’ arracha deTârbre ,
fans y trouver la moindre réfiftance , & le porta à
la fybille. Quand ils furent arrivés au palais de
Pluton , Enee attacha le rameau d’or à la porte.
RAMEUTA. Voye% Poudre à cheveux.
RÀMEUP» 3 celui qui tire à la rame. Les ro -
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mains employoient à cette fonction les cfclavôô
qui avoient été mis en liberté, 6c ils les enrô-
loient comme les foldats. Socios navales libertini
. ordinls , dit Tite-Live ( 41. ’27. ) , in viginti 6*
quinque naves, ex civibus romanis , C. Licinius ,
pr&tor3 feribere juffît. Ils prêtoient le ferment entre
les mains des confuls, comme les foldats ordinaires.
Dans les temps fâcheux où le tréfor étoit
épuifé, & où il y avoit difette d’hommes, on
forçoit les particuliers à donner leurs efclaves ,
pour les mettre à la rame , & cet ufage fut fuivi
fous les empereurs, où l’on ne voit guères que des
efclaves employés à ce travail.
Il arrivoit même quelquefois que, comme aujourd’hui
, on y côhdamnoit les malfaiteurs.
Les corinthiens furent les premiers qui intro-
duifirent l’ufage de plufieurs rangs de rames.
On diftinguoit les rameurs par degrés ; ceux qui
étoient au plus bas , s’appelloient tkalamites,
• ceux du milieu \agites 3 oc ceux du haut thra-'
nites.
RAMNES ou RAMNENSES, efpèce de tribu
formée de chevaliers romains/ Àcron- le dit formellement,
& préfère ce fentiment à l’ opinion de
ceux qui crôyoïent feulement que c’étoit une des
tribus romaines : Ramnes , Luceres , Tatienfes 3
tribus erant, vel ut venus équités. Cornélius Nepos-,
plus croyable encore que lefcholiafte, réunit ces
deux fentimens, & les applique aux chevaliers:
C ’eft dans la vie de Romulus où il eft dit : Très
: equitum çepturias infiitu.it, quas ■ d-fuo nomme Ram-
nenfes3 a Tito Tatio Tatienfes, a Lucumone Luceres
appellavit. C ’étoit donc une centurie ou une ef- '
pèce de tribu de’chevaliers romains.
Un ancien poète , mais dont on ignore lé nom ,
dans une pièce aufli élégante que' modéfte Tur les
’ fêtes de Vénus, a.ramafle -eh quatre 'pétits vers
! toutes les parties de la république, Çay'oir le peuple
, quirites ,* lés chevaliers, ramnes 3 le fén a f,
patres ; 8c les empereurs , Cafares :
Romuleas ipfa fecit
Cura fabinis ' nuptias ƒ.
Unie ramnes & quintes ,
P roque proie pôfierâ-
Romidi.y patres creavi.t,
> Et nepotes Csfares.
Enfin , Horace a donné à- ramnes une épithète
qui convient particulièrement aux chevaliers ro-r
mains j fl les nommoit celfti Or celfusyîent du grec
/qui lignifié également un ckèvai & un caya-
lier 3 comme nous l’apprenons de Feftus Pompeius*
R A P
I RMnâmSMUsi} Les l'omains
un raifort raphanus 3 & le fupplice qu’ils faifoïent
fouffrir aux adultères avec ce fruit, raphanifmus.
On le choififtoit d’ une groffeur monftrueufe, &
on l’enfonçoit avec, violence dans le fondement
<ie l’homme furpris en adultère.
RAPILLO. V o y e ç Pierre s.
RAPPORT. V o y e fR E L A T io .
RAPSODES , nom que xlonnoient les anciens à
ceux dont l’occupation ordinaire étoit de chanter
en public des morceaux des poèmes d’Homère.,
ou Amplement de les réciter.
Cuper nous apprend que les rapfodes étoient
habillés de rouge quand ils chantoient l’Iliade , &
de bleu quand ris thantoient l’Odyffée. Ils chantoient
furdes théâtres, & difputoieftt quelquefois
pour des prix.
Lorfque deux antagoniftes avoient fini leurs
parties, les deux pièces ou papiers fur: lefqueJs
elles étoient écrites , étoient joints & reunis
fenfemble , d’où eft venu le nom de' rapfodes,
formé du grée pesîrr« t j e cous , & o<hj, ode ou
ekant.
Mais il y a eu d’autres rapfodes plus anciens
ue ceux-ci ; c’étoient des gens qui compofoient
, es chants héroïques ou des poèmes en l’honneur
des hommes illuftres , & qui alloient chanter leurs
ouvrages.de villè en ville pour gagner leur vie.
C ’étoit-là, dit-on , le métier qu’Homère. faifoit
lui-même.
C’eft probablement pour cette raifon que quel-
ues critiques ont fait venir le mot rapfodes , non
e 'pce■xtu & de othj, mais de & de oehiv 3
chanter avec une branche de laurier a la'main , parce
ue lés premiers rapfodes portoient cette marque .
iftinélivé:' '
, Philocorus fait aufli venir le nom de rapfodes d e \
pceffTdv tas od'as , Compofcr des chants où p o èm es ,
fuppofant que,les poèmes étoient chantés par .
leurs auteurs mêmes. Suivant cette opinion , doilt j
Scaifger ne s’éloigne pas , les rapfodes auroient été
réduits à ceux de la fécondé efpèce-dont nous venons
de parler. '
Cependant il eft plus vrailemblable' que tous
les rapfodes étoient dé la.même cla-jfe , quelque '
différence que les auteurs aient imaginée entr’eux,
& que leur occupation étoit-de chanter ou de réciter
des poèmes .y foit de leur compoiïtion, foit
•de celle des autres,, félon qu’ils, y. trouvoient
■ mieux leur compte 8c plus de gain affaire; Aufli
ne pouvons-nous mieux ,les comparer qu’à; nos
anciens trpuveurs & jongleurs j ou encore à nos
chanteurs de chanfons', parmi lefquelsyquel-.
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ques-uns font auteurs des pièces avec lefquelles
ils amufent la populace dans le§ carrefours.
' Depuis? Homère , il n’eft pas furprenant que les
' rapfàdes de l’antiquité fe foient bornés à chanter
le.s vers de ce poète , pour quf le peuple avoir la
plus grande vénération , ni qu’ils aient élevé des
thé atres .dans les foires & les places publiques ,
pour difputer à qui réciteroit mieux ces vers,
beaucoup plus parfaits. & plus intéreflans pour les
grecs , que tout ce qui avoit paru jufqu’alors.
, On prétend, dit madame Dacièr dans la .vie
d’Homère , que ces rapfodes étojent ainfi"appelles
pour les raifons qu’on a vues cfdëftus , 8c encore
parce qü’après avoir chanté, par exemple, la partie
appellée la colère d’Achille, dont on a fait le premier
livre de l’Iliade, ils chantoient celle qu’on
appelloit le .combat de Paris & de Ménélas, dont
on a fait le troifième livre, ou tel autre qu’on leur
demandeit, paipail'oi 3 pu7rqovTts tus o\Sas. Cette
dernière étymologie/eft la plus vraifemblable, ou
plutôt la-feule vraie. C ’eft, ahifi que. Sophocle,
dans fen ftEdipe , appelle lé'Sphinx pa-^aèoy ,
- parce qu’il rendoit différens oracles , félon qu’ on
rinterrogeoit^ ’
RAPSODOMiANTIE, divinafion qui fe faifoit
en tirant au fort dans un poëtè ^' & prenant l’endroit
fui lequel on tomboit p'dur Une prédidtion
de-ce.qu’on vouloit favoir. C ’étoit ordinairement
Homère, ou Virgile que T o n pfenoit pour cela.
Tantôt on écrivoit des-féntences ou quelquês vers
détachés du poète, lefquels on écrivoit fur de
petits morceaux de bois , que l’on jetoit dans une
urne au hazard, d’où on en tiroit une qui étoit le
fort.
Tantôt on jetoit des dëz fur une planche , fur
laquelle il y avoit des vers écrits ; & ceux fur le fquels.
s’ arrêtoiént les d e z , paffoient pour contenir
la prédidlion.
. - Ce mot éih. formé'de pecei/reea , divination , & de
paZd'os , baguette.
R A PT IM ludere 3 terme du jeu de. la paume
chez lesianciens j c ’étoit lorfque la balle frappoit
la terre , & que les jouéurs la recevaient au bond ;
c’ eft ce que Lucain appelle pilam revocare.
RA SDI, idole des anciens ^hongrois (Bomün.
hifi. Hungar. îib XII. )
RASER la barbe. Voye% Barbe.
■ Raser la maifon. C ’étoit chez les romains
une des peines que l’on infligeoït à celui qui af-
piroit à la tyrannie. Valère - Maxime ( Liv. VI.
ch.' 3. ) rapporte que Sp. Caflius , convaincu d’ a-
yoir tente de, fe, rendre maître de la république ,