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en petit nombre, 8c Ton n*en conhoit aucune de
bronze. La collection nationale des médailles,
ne renferme de dentelées d’o r , qu'une de la
famille Maria, une de la famille Julia , 8c
une de la famille J uni a.
On voit dans la même collection, une médaille
carthagihoife- ou ûcilienne de bronze qui éftv
crénelée à la manière des confulaires. C ’eft la .
feule de cette, forte qui foit de bronze. Je n’en J
fais mention * que pour ne rien négliger de l’objet
que je traite.
La fabrique des médailles dentelées des rois
‘de Syrie , ne reffemble en rien à celle des crénelées
confulaires. Elles-ont été moulées avec
leurs dents 3 ,8c. frappées enfuite.. On apperçoit
encore au plus grand nombre d’entr’elles , les-
traces dihjet 8c les ébarbures du moule. Les dents
reffemblent aux pointes d’une molette d’éperon |
8c elles font rondes & coniques. On ne peut
eontefter que ces médailles n’ayent été moulées .
avec les pointes , avant que d’etre frappées, . en ;
voyant leurs types , J e plus fouvent excentriques
aux flaoiis, manquer fur les dents , parce que
celles-ci font moins épailfes que Le corps de la
médaille. Un éléphant qui fert de type au revers
d’une v médaille d’Antiochus VI 3 n’a point de
tête par cette raifon.
L’épaifFeur des dentelées de Syrie, eft prefque
double de celles des crénelées romaines. Ç ’eft un
caractère qui les diltingue conftamment. Une fécondé
différence eft auffi remarquable , c’eft que
les médailles dentelées de Syrie font toutes de
bronze î on n’en connoit point encore d’or ou
4’argent.
Les dentelées fyriennes donnent encore lieu à
des obfervations particulières. Je veux parler de '
deux petits trous, dont chacun eft placé vers lé ;
milieu du champ des deux faces des médailles de ;
bronze, de Syrie, & de celles d’Egypte. Leur .
ufage n’a point encore été déterminé. On pour- ;
roit croire qu’ ils fervoient à fixer les pointes
entre lefquenes on auroit tourné ces médailles .
pour les polir. Dans ce cas les deux trous feroient ;
placés dans le centre des pièces, & ils le cor- ;
refpondroient néceffairement } mais ils n’ ont
aucune correfpondance. fur les médailles de
Syrie, & ils y font le plus fouvent excentriques 5
j’ignore absolument l’ ufage auquel ces deux trous
ont pu fervir,
Il n’en eft pas de même d’une petite éminence
qui eft fixée fur la tranche des médailles fyriennes
de bronze^ quelquefois même entre
leurs dents. Il eft évident que c’eft le jet du
moule , foit que les médailles aient été jettées
dans des moules communiquant, foit qu’elles
-aient été moulées féparément.
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Les médailles fyriennes préfentent encore fine
Angularité , qu'elles ne partagent qu’avec le s ’
égyptiennes. C ’eft un bifeau pratiqué fur une de
leurs faces, vers le bord. On ne peut rendre rai-
fori de cette pratique. Je ferai obferver feulement,
que le bifeau fe rencontre fouvent avec les
deux trous, 8c quelquefois avec le jet-
Je terminerai l'énumération des bizarreries
que l’on remarque fur la tranche des médailles
antiques, par la defcription. de quelques médailles
fyraeufaines. Ces médailles ne portent
point de nom particulièr, quoique leur forme
foit extraordinaire. Elles font fort épaiffes j
leur tranche eft arrondie 8c chargée de deux
éminences, tantôt perpendiculaires à la médaille
& tantôt obliques. L’examen de ces médailles'
fyraeufaines, m’a ’ fait voir qu’elles ont été
moulées dans une virole brifee, ou dans un
moula à deux parties- Cette virole ou ce moale
a donné à la tranche un arrondiffement très-
fsnfible 3 qui n’ eft interrompu que par les deux
jets qui fe font formés dans les points de réunion
des deux parties du moule. Que ces jets
foient perpendiculaires ou obliques aü champ
de la médaille, cela eft'étranger à mon' explication.
On remarque cette fabrique fingulière aux
médailles de Syracufe feules , 8c aux feules
médaillés d’argent 8c de bronze fabriquées dans
cette ville. On la trouve, à la vérité, fur deux
médaillés phéniciennes oii carthag'inoifes } ce
qui ne doit pas faire une exception, parce que
les phéniciens, 8c depuis eux les carthaginois,
ont eu des établifîè mens en Sicile. Les plus
anciennes médailles fyraeufaines d’argent, font
fabriquées de cette manière } 8c l’ on pourroit
les appeler médailles à deux pointes bu à deux
dents., ce qui les feroit ranger paraii les médailles
dentelées, nummi ferratu
Les médailles,dentelées 8c crénelées, n’onfétë
fabriquées que pendant-un efoace de temps a fiez
court. Les romaines 8c les fyriennes font de la
même époque , quoique d’une fabrique très-
différente. Les crénelées ne fe trouvent que parmi
les confulaires} c’eft-à-dire, pendant les trois
derniers fièdes de la république, temps où les
confulaires ont été frappées. De même on ne
trouve de dentelées fyriennes que depuis jes
premiers Àntiochus jufqu’ à Alexandre II -ou à
Démétrius III Evergetè-Callinique.. il y en a
une dans la colle&ion des médailles nationales ,
qui appartint à un Seleucus dont on ne peu*
défigner le furnom pi le rang. Si ce prince eft
Séleucus-Nicanor , ou le premier des Séleucides,
les fyriennes dateroient du même temps que les
romaines, c’ eft-à-dire, d’environ 300 ans avant
l’ère vulgaire, 8c elfes finiroient avec le royaume
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de Syrie. Àinfî les crénelées de Rome 8c les
denteîees de Syrie, ont été fabriquées pendant
le même efpace de temps.
Quel motif a pu faire fabriquer les nummi
ferrati ? Quant aux crénelées «romaines qui font
coûtes d’argent, fi l’on en excepte un petit
nombre d’or } je crois que l’on n’en a point
eu d’autres3 que de mettre à nud l’intérieur
des pièces, de montrer par-là quelles n’ étoient
pas rourëes, c’eft-à-dire, compofées d’un métal
commun, recouvert d’ une feuille de métal riche,
8c qu’elles n’avoiènt pas été rognées fur la tranehe.
L’infpedion de. ces médailles fuffit pour fonder
cette affertion, qui acquiert une grande probabilité.
d’après la préférence que les. germains
donnoient, félon Tacite (De mori}>us germanorum,
cap. j . ) , auxmédailles romaines crénelées, fur toutes
les autres des' temps pofterîeurs. C e t écrivain
dit des germains voifîns des frontières de l’empire
romain : Proximi ob ujum commerciorum aurum &
argentum in pretio kabent3 formafque quaflam noftra
j>ecuni& agnôfcunt , atque eligunt : interiores fim-
plicius & antiquîus permutatione mercium utuntur.
Pecuniam probant veterem & dih notam, Serratos,
Bigatofque. Argentum. quoque magis quam aurum
Jequuntur, nulla ajfecîione animi, fed quia numéros
argenteorum fàcilior ufui eft promifeua ac -
vilia mrercandbus.
Les germains,, que des romains avides 8c criminels
regardoien't comme des barbares faciles -
à tromper, avoient été la dupe des marchands
qui venoient leur acheter l’ambre , l’ivoire foffile,
les bois d’ élan 8c quelques autres objets fembla-
bles, produit de la*nature, 8c non du travail.
On leur avoit donné en échange d’abord les
premières médailles confulaires, ou les monnoies
de la république, remarquables par le type du
çnar a deux chevaux , nummi bigati ,8c des
médailles crénelées , nummi ferrati. Enfuite la
cupidité 8c la Fraude, abufèrent de la crédulité
8c de 1Jignorance des germains 3 en leur donnant
des médailles confulaires fourées, 8c des médailles
impériale s. L’ intérêt ne peut être long-temps
aveugle. Les barbares reconnurent la fraudé en
découvrant lès médailles fourrées , 8c en comparant
les premières médailles conjfulaires, avec
les impériales plus légères qu’ elles. Ces obfervations
les rendirent méfiants, 8c on ne les vit
plus accepter dans les échanges que les médailles
crénelées 8c les plus anciennes médailles confulaires.....
. Pecuniam probant veterem & diu no-±
tam , ferratos , bigatosque.
. \ Cet affoibliffement des monnoies romaines ,
que les germains reconnurent après en avoir
été long-temps les victimes, fe trouve eonfigné
dans le Prologue de la caftna de Plaute. Il
dit : . *..
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■ Nam nunc nov* qu* prodeunt comèdu,
Multo font nequiores quam nummi nùvi.
Le comique mo’urut 184 ans avant l’èrë vulgaire
,- l’an de Rome 57Ô, c’eft»-à-dire, 8 j ans
après l’époque où les romains frappèrent leurs
premières monnoies d’argent} car Pline a fixe
cette époque à l’an 485. Dans ce court efpace
de temps, moins d’un fièclé, les monnoies romaines'
furent diminuées de poids } 8c fous les
empereurs , lés deniers pelerent moins d’un,
huitième environ que les deniers confulaires
ou nummi bigati. Le changement de valeur qui
aflfeéla graduellement les monnoies confulaires,
n’étant point annoncé par des empreintes différentes
, les germains furent trompés pendant
quelque temps. Mais ils ouvrirent les yeux, 8c
ne voulurent plus recevoir en payement que
les plus anciennes médailles confulaires 8c les
médailles crénelées.
Telle eft l’explication naturelle de ce paflage
curieux, d e . Tacite , dans lequel je découvre le
but des' monétaires qui n’ont crénelé les confulaires
, qu’afin de montrer qu'elles n’étoient:
pas fourrées. Cette pratique n’étoit pas néeeffairê
pour les médailles de bronze , ni pour celles
d’or. La petite valeur des premières n’excitoit
pas la cupidité des faux monnoyeurs. Quant
aux fécondés, la grande difproportion qui fë
trouve entre le poids de l’o r , 8c celui des autres
métaux, ne permet pas de Fourrer les pièces
qui doivent être a o r , fans que l’on ne s’apper-
çoive aifément de cette tromperie. C ’eft'pourquoi
les romains jie fabriqüoient point dg médailles
crénelées d’o r , fi l’on en excepte un très-petit
nombre.
Le motif qui a fait créneler les 'monnoies
romaines,, .ne peut s’appliquer aux* dentelées
fyriennes. En effet, celles-ci n’étant que de
bronze , . n’ont pu: être . confondues avec des
médailles fourrées.: Aufli La fabrique de leur
dentelure diffère-t-elle totalement de celle' des
crénelées. Elle r.e met point à découvert leur
intérieur , puisqu’elle confîfte en-* des pointes
faillantes. Mais fi l’on peut a durer hardiment
que le: motif de cette fabrique diffère de l’autre,
c’eft tout ce qu’il eft ràifonnable d’en dire. On
ignore entièrement quel a pu être ce m o tif,
à moins qu on rte le cherche dans la mode*
Les époques de ces deux fortes de médailles
qui font les mêmes à Rome 8c en Syrie, comme
je l’ai dit plus hgut, font naître cette conjecture
que je fuis bien éloigné de croire plus que vrai-
fèmblable.
Il ne me refte plus qu’à découvrir l’origine
du mot ferrati, p^r lequel- on défigne les médailles
dentelées 8c les crénelées, Fulvio Orfini, plv*