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la foibleffe du fouverain & la corruption de la
cour. On étoit à chaque inftant menace.de quelque
révolté, & à chaque inftant on craignoit que Je
premier rebelle qui paroîtroit en public avec un
habit de pourpre & ùn> diadème, ne fût; reconnu
pour empereur. Cette appréhenfîon diéta les édits
par l_efquels la- teinture des étoffes de pourpre hors
de l'enceinte du palais, eft traitée de crime de
lèze-majefté au premier chef, dèsle règne-d'Ho-
norius. On fent bien qu'il, n'y a qu'une foibleffe ,
& une grande foiblefle, qui puiffé imaginer dè
tels expédiens pour arrêter des üfurpateurs ; car
quand ils ont en main la force , ils favent fe piffer
dôs lignes de la puifiancé ,.ç>u,fayent les trouver.
Cependant il eft effçntiel d'cbfèryer q u e , dans
les pays de la fervitude,^ les hommes, font plus
frappés qu'ailleurs par ufre certaine couleur & par
certaine décoration qtïi -y fait les-princes. Que
feroit un empereur de la Chine fans une;robe
jaune » ?
Sans parler de la cfiftinétion ,de: la pourpre en
marine & en végétale , il y avoit plulieuçs fortes
de pourpre 3 qui tiroient leurs,-,, noms , ou de
leur qualité particulière , ou des attefiers où on les
travailloit.
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ges-pourpres , afin- que- le " fang coulant dès bléf-
: fures, ne frappât point les yeux des' ennemis
[ne rechauffât pas leur courage : Iidem ad dijfimu-
i îanduin & pccultandum vulnerum .fuorum. cruorem ,
poeniceis in prs.Uo tunicis ' utebantur ; non , ne ipfiis
àfpèclus ejus terrorem , fed.ne hoflibus fiducie aliquid
àdferret.
cc Il n’eft peut-être pas généralement connü, dit
Winckelmann, que la pourpre des anciens avoit la
couleur dè; la feuille de vigne , quand elle com-
mènee à fe faner & à devenir rougeâtre ( Voye£
la lettre de M. Huet fur la pourpre, dans les :dif-
fertations de Tilladet, tom. III. p. 169. ) ».
Winckelmann d it. -ailleurs : « Il y. avoit deux
fortes dè pourpre. La première étoit violette, vav-
6ivoï ( Tacit. Annal, 2. c. 33. Corn. Nep. frag. p.
158. in uf. Delp. Colomn. de purp. p. 6. ) , couleur
que les grecs défignoient par un mot qui fignifie
proprement couleur de mer*( Excerpt. Polyb.. L
XXXÎ. p. 177. H ad. jun. animadv. I. IL c. 2. Bo-
chart. Hie'ror. 1.1. p. 730I ) , & qui nous indique
la pourpre de Tarente. La fécondé étoit cette
couleur prëcieufe nommée la pourpre de Tyr , &
elle reffembloit à notre laque ».
P u r p u r a D i b a p h a étoit là pourpre teinte deux
fois , bis tincta, dit Pline , que Martial appellé
vellus bis inq'uinatum mitricè ; d'où vient que Cicéron
appelle dibaphum un magiftrat : Curius ■ vefier
dibaphum cogitât. . ,
P u r p u r a G ir b i t a u a , ainfi nommée de l'île
Girbé dans l’Océan méridional, où il y en avoit
une fameufe manufacture. ,
P urpura P lebeia , que Cicéron appelle perte
fufeam 3 étojt une cpuleur çramoifie,, à. i'ufage des
moins riches de Rome , qui ne i'achetoient que
cent deniers la livre , au üeu que la pourpre tv-
rienne en valoit mille.
Les enfeignes romaines étoient faites de la
meme pourpr equi étoit réfervée aux feuls empereurs.
Souvent il n'y avoit pas dans le camp
aaütres morceaux de pourpre ; de forte que les
foldats, voulant déclarer un de leurs chefs empereur
, lui jettoit autour du col & fur les épaules
, en guife de p'aludamentuni, la pourpre des èn-
feignes. Capitolin le dit expreffémènt ( Gordian.
fi 8. ) ; Sublatâ de v exillis purpura impera tores eos
die émus. . On emplpyoit au même ufage les manteaux
de pourpre dont étoient couvertes les ftatues
des dieux. Vopifque ( Cap. 3. ) nous l'apprend de
Saturnin : Depofitâ purpura ex fimulacro V^eneris ,
cyclade uxoriâ militibus circumfiantibus amicïus , &
adoratus eft.
P u r pu r a P r o b ia n a ,- dont parle Lampride ,
étoit une Couleur fupéiieure, imaginée par un
certain Aurelius Probus, directeur d'une teinturerie
»
PùbpURA T yrja étoit la véritable pourpre marine
j faite avec le poiffon nommé murex, fans
aucun mélange. La fable raconte que cette couleur
fut trouvée par le chien d'Hereule, qui,
ayant apperçu ce poiffon-, le mangea , & revint.la
gueule teinte de cette belle liqueur, dont l'éclat
plut tant à la maitreflè du- héros , qu'elle le menaça
de le quitter, s'il ne lui apportoit une robe
de la blême couleur.
Les lacédémoniens*porteient dans-les.combats,
dit Valère-Maxime ( u 6. .2.»} > des tuniques rou-
POUSS1ERE. Quand les anciens rencontroient
un cadavre , ils fe faifoient un devoir de jetter fur
lui de hipoujfiere, & c'étoit une manière de fepul-
tuçe, dont ils ne croyoient pas pouvpir fe dif-
penfer à l'égard d'un corps inhumé. Celui qui avoit
manqué à cette cérémonie r.eligieufe, étoit obligé
d'immoler à Cérès ce que l'on appelloit porc a pu-
cidanea. Les romains avoient reçu cette coutume
des grecs : Lex attica fuit 3 dit Eliea, ut qui in ca-
daver infepulium hominis incident 3faltem ei terram
injiceret ,* & un fcholiafte de Sophocle nous apprend
que l'on regardoit comme maudits ceux qui
avoient paffé devant un cadavre fans lui rendre ce
dernier devoir : Qui monuum cernerent infepukum ,
.neque pulyerem fpargerent , videbantur ejfe exccra-
biles. \\ falloir jetter la pouffièrepzv trois fois , manu
plenâ-, ter jacia Terra ; il ne failois pas que la «terre
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fût en motte : Non glebs jaciuntur mortuis ,fed terra
fblùta.
La poujfi'ere fervoit aux athlètes pour fe frotter
le corps, quand ils étoient oints d'huile, & on
l'appertoit à Rome du pays le plus éloigné ,
comme d'Alexandrie. La raifon qu'apporte Galien
de cet ufage , c'eft que la poujfi'ere a une propriété
emplaftique, c'eft-à-dire, de boucher les pores
& lès paffages de la fueur ; qu'elle a de plus une
vertii: ràfraîchiffante qu'elle communiqucit aux
membres.-
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bîe qui a la propriété de faire avec la chaux un
ciment très-dur , propre à bâtir dans l'eau- 5 les
parties minérales, brûlées & vitrifiées, que les
volcans ont mêlées avec ce fable, font fans doute
la dureté du ciment.
PRÆBIBERE , srçoîrm/y, boire le premier. Le
maître du feftin ^ chez, les anciens , buvoit avant
tous les convives.^
PRÆjC AN T A T R IX , magicienne, forcière.
POUZOL où POUZZOLE, Puteoli, en Italien
Po^uoli y ville de dix mille âmes , à deux lieues
& demi de Naples, fondée 522 ans ayant l'ère
vulgaire, ainfi appellée dù grand nombre de puits
ou de fources minérales qui y font. Cicéron l'appelle
ville municipale; mais elle rut aufli colonie. Une
înfcription du temps de Vefpafîen l'appelle Colo-
nia Flavia. Lorfque les romains eurent établi fur
ce parage le centre de leurs délices & du luxe
de leurs campagnes, Pou^ol fut une ville conlï-
dérable.
On a tire , en 1750, des fouilles du templé de
Ju'piter-Sérapis , des ftatues & des vafes d'un
beau travail ; il étoit environné de.42 chambres
quarrées, dont il en fubfifte encore plufieurs, mais
prefque ruinées.
Près du port de Pou^ol eft le ponte di Caligula,
dont il refte treize piliers & deux arches. Cet empereur
infenfé, voulant aller en triomphe fur la
mer de-baies à Pouçol, fit conftruire un pont de
•5(30 pas. On fixa les vaiffeaux du milieu par des
ancrés , & on les affèmbla par des chaînes. On y
forma avec de la terre, un grand chemin , des pavés
& des parapets. Ce fut par cette nouvelle
route que Caligula célébra fon triomphe ; le premier
jour , a cheval, avec- une couronne de
chêne 5 le deuxième , dans un char de triomphe ,
iîiiyi de Darius , que les parthes lui avoient donné
en otage.
Le port endommagé parla mer, fut réparé par
Antonin , auquel les habitans élevèrent un arc de
triomphe ', avec une infeription rapportée par
JulcS-Capitolin, dans la Vie de cet empereur.
I/amphithéatre de Pou^ol, appellé le Colojfeo,
aufli grand que le Colifée de Rome, eft le morceau
le mieux confervé de toutes les antiquités
.ce cette, ville , quoique ruine. Suétone nous ap-
prend qu'on y célébra des jeux auxquels Augufte
amfta.
» qu il appella Academia , où il con
-pofa fes livres intitulés Qusfiiones academies..
POUZZOLANE ( La ) eft une efpèce de fa;
PRÆCENNOR , le maître des choeurs, ou le
mufîcièn qui les conduilbit.
PRÆCENTIO, l'aérien de commencer à chanter
, intonation. C'étoit la fonction du grand-pontife
dans la pompe du cirque 3 comme dans
toutes les cérémonies publiques , ainfi que le
croit Gruter , qui s’appuie d'un partage de Cicéron
( De Arufp. refp. c. 10. ). Mais il n'a pas
pris garde que ce partage même détruit fon opi-
j pion y puifque le Lentulus dont parlé l’orateur
( Te appello , Lentule , tui facerdotii funt prs.een-
tio. ) , étoit augure & non grand-pontife. Ainfi
l'intonation appartenoit à celui qui préfidoit à la
folemnité, quel qu'il fût.
PRÆCENTORÏBNNE. Solin nous apprend
. j Polyhiftor. cap. 2. de Sic ilia, ) que la flûte pr&cen-
torienne fervoit pour jouer dans les temples, devant
; les couffins fur lefquels repofoient les ftatues des
dieux. Peut-être aufli Solin ne veut-il dire autre
ehofe , linon que la flûte puceniorienne fervoit
dans les temples 5 car il dit ad pulyinafia. Voyez
PüLVINAR y SPONDAIQUE.
PRÆCIÆ ou PRÆ CL AM I T ORES étoient des
officiers qui précédoient le flamine Diale, marchant
dans les rues de Rome, pour avertir les ouvriers
de ceffer leur travail, parce que fi ce prêtre
avoit vu quelqu'un travaillant, le fervice ne pou-
veit fe faire : Ut denunciarent opificibus , dit Fef-
tus , manus abfiinerent ab opéré 3 ne f i vidijfet fa-
, cerdos facientem opus, faerd polluerentur.
PRÆCIDANÉES ( Viétimes ). C'étoient celles
que l'on immoloit la veille des folemnités. On
nommoit pucidanea porca la truie que l'on immoloit
à Cérès avant les moiffons. Le mot prs.cid.a-
nées étpit formé d.e p u , devant & de csdo ,
j'immole.
PRÆCINCTI i gens expéditifs en affaires ,
toujours retrouffés, toujours prêts à partir.
PRÆCINCTIONES, gradins plus larges que
' . les autres , qui régnoient tout autour de i'amphithéâtre
5 ce qui les fit appeller ainfi de prscingere,