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fymbole de l’abondance que cette déeffe avoit
répandue fur la terre ( Atken. Deipn. I. X. ).
P O TES TAS 3 puiffance, qu’il faut bien distinguer
du commandement, imperium. On appel-
- loit avoir la puiffance , lorfqu’on étoit nommé par
le peuple pour préfider à quelqu’affaire, & pour
quelque departement j mais celui-là feul avoit le
commandement, ou ce qu’on appelloit imperium ,
qui tenoit nommément du même peuple, l’autorité
fur les armées & le pouvoir de conduire la
guerre. Le çommandement concernoit donc les
affaires de la guerre j la puiffance donnoit la jurif-
diétion & le droit de connoître de toutes les affaires
civiles. Tel étoit le pouvoir dont on invef-
tiffoip ceux qu’on appelloit pr&fdes dans les provinces
3 & c’ eft pour l’exercer avec plus de facilité
, que peu de temps après leur arrivée dans la
province, ils avoient coutume d’ indiquer une af-
femblée de ceux du pays dans quelque ville , ou
bien ils parcouroient eux-mêmes les villes de la
province 3 pour y rendre la juftice y & ils appela
ien t cela proprement forum agere. Voyez Con-
VENTUS.
POTHOS. Voye^ Im érôs.
PO T IN A , divinité tutélaire des enfans, celle !
qui avoit foin de leur boiffon ( Du verbe po-
tare, boire. ). Varron ( Apud Nonnium. ) en fait
mention.
POTIN y alliage dont font faites plufieürs médailles.
« Le potin , dit Savot ( Dijc. fur les Med.
part. II. c. 17. ) y eft une efpèce de cuivre jaune ,
qui ne fe peut dorer à caufe du plomb qui y entre
, comme je l’ ai remarqué ci-devant. Il eft corn-
pofé de cuivre de laiton, & dé plomb 3 & poffible
un peu d’étain. On lui donne le nom de potin , à
caufe qu’on fait ordinairement les pots de cuivre
de cette matière Mais outre les métaux dont
Savot fait mention, il entroit auffi dans la compo-
fition du pptin 3 dont on fe fervoit pour frapper
des médailles, environ un cinquième d’argent,■
comme on l’a reconnu, en en faifant fondre quel-
ques-unes. Au refte, on commence à trouyer des
médailles de potin , dès le temps d’Augufte ou de
Tibère. Il y avoit une médaille d’or de Tibère,
au revers d’Augufte, en potin , dans le cabinet de
M. l’abbé de Rothelin, qui avoit une fuite pref-
que complette en ce métal. Cette fuite peut palfer
pour unjque .eu Ion genre,
POTIO . Vqye%_ Boisson,
' POTITIENS, Pptitii. Les Potitiens & les Pina-
rîens etoient deux familles qui defcendoient de
deux vieillards arcadiens , qui vivoient du temps
du roi Evandre. Ce prince les ayant tous invités
P façrifiçe qu’ il vouloit faire | Hercule, les Por
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titiens s’y rendirent de bonne heure y mais les Pi-
nariens.ne vinrent qu’après que les entrailles de
la viétime eurent été prefque toutes mangées y ce
qui donna occafion de faire une loi , qui portoit
qu’ à l’avenir, dans les facrifices, aucun des def-
cendans de Pinarius n auroit part aux viéfcimes.
Pifandre apprit à Potitius & à fes-enfans la maniéré
dont Hercule vouloit être honoré , &: ils
devinrent prêtres de ce dieu. Mais leurs defcen-
dans ayant eu l’imprudence de révéler fes myftères
a des efclaves , ils périrent tous en une année,
fous le confulat de M. Valerius & de P. Decius
Mus ( Liv. I 3 c. 7. 6* l. IX. c. 25). ).
PO TITUS y furnom de la famille V a l e r ia .
POTNIADES , déeffes qui 11’étoient propres
qu a infpirer la fureur y on croit que c’eft un fur-
nom de bacchantes. Elles avoient pris leur nom de
la ville de Potnia, en Béotie, où elles avoient
des ftatues dans un bois confacré à Cérès à
Proferpine. On leur offroit des facrifices en certain
temps de l’année j & , après ces facrifices, on
laiffoit aller en quelques endroits du bois des
cochons de lait, qui, fuivant les gens du pays , fe
retrouvoient 3 l’année fuivante, à pareil temps,
paiffant dans la forêt de Dodone.. On difoit encore
que, dans le temple de ces déeffes à .Potnie ,
il y avoit un puits, dont l ’eau rendoit furieux les
, chevaux qui en buvoient.
POTNIES ou POTNIADES. Voye^ ce mot.
POTRIMPOS , nom d’une idole des anciens
pruffiens, qu’ils adoroient fous des chênes, comme
le Perculos & le Picolos , & auxquels ils offroient
en facrifice ‘leurs ennemis ( Mém. de P Acad. de
Berlin , t. II. p. 4^8. ).
P O TUA , déeffé qui préfîdoit aux boiffons
( Arnob. 2. )
PQTU S. Voye1 Boisson.
POUCE de la main. Les anciens tournoient les
pouces en arrière , quand ils vouloient marquer
qu’ ils n’étoient pas favorables à quelqu’un, & au
contraire ils les fermoient contre l’index , quand
ils lui étoient favorables. Ainfi, lorfque le peuple
vouloit fauver un gladiateur , il baiffoit le poucey
ce qui s’ appelloit premere pollicem y s’ il vouloit
qu’il fût mis à mort, il le tournoit, vertebat pollicem
? & le malheureux gladiateur fe foumettoit
à l’arrêt, ainfi que le dit Juvénal ( Sat. III. v.
36.!),: ;
Munera nunc edunt, & verfo pollice yulgt
Quemlibet occidunt populariter.
Quelques auteurs expliquant d’une autre manière
ce
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ce ligne de faveur ou de condamnation ; Ils prétendent
que premere pollicem confiftôit à éleverles
deux mains à poings fermés, & à ferrer étroite-
tement les pouces , & que* vertere pollicem. étoit
lever une main en l’air , en faifant fortir; le
pouce du poing. Au refte , ce ligne ri*étoit ufité
que dans l’amphithéatre & pour le combat des
gladiateurs y car il y avoit'd’autres manières d’applaudir
dans les jeux fcéniques.
Ceux qui craigpoient de porter les armes, fe
coupoient le pouce , U de-là vient le mot poltron
dans la hngue françoife. Ncc eorum aliquando quif-
quam , dit Ammien , munus martium pertimefcens
pollicem fibi pr&cidit , quos jocaliter Mürcos àppel-
lant. On les appelle Murcos ÿ par allufiori'à la déeffé
des lâches , Murcia. .
PpHDRE a cheveux. Elle étoit inconnùé à nos
ancêtres. Le premier dé nos écrivains qui-en ait
Parlé » eft l'Etoile , dans fon journal fous l’an
U ?3 * où il rapporte qu’ on vit dans Paris des ré-
ligieufes fe promener | frifées & poudrées. Depuis
ce temps-là la poudre fe mit peu-à-peu à la mode -
parmi nous. Louis XIV në la pouvoit fouffrir , &
il ne s’ en fervit qu’à la fin de fon règne. De
notre nation, h poudre z paffé chez, tous les peuples
de l’Europe, excepté les turcs, à caufe de
leur turban.
Marguerite de Valois, au rapport de Branto-
me , étoit fachee d’avoir les cheveux très-noirs y
elle recouroit a toutes, fortes, d’artifices pour en
.adoucir la couleur. Si Iz poudre eût été en ufâgë 3
elle fe feroit épargné ces. foins.
Les anciens le teignoient les cheveux en blond,
parce que cette couleur ieur plaifoit} quelquefois^
ils les couyroient de poudre d’o r , pour les
rendre plus brillans ; les bourguignons les oi-
gnoient de beurre,
POUDREUX. Jupiter avoit un temple à Mé-
gare, dans l’Attique,.fous le nom de Jupiter-le-
Poudréux y apparemment parce que ce temple étant
fans couverture , la ftatue du dieu devoir être fort
poudreufe.
ue ivumiaie.,r oyeç rlNTADE.
On regardé ordinaiçément comme': la tête de
la poule de Numidiê,' celle de I'animat que l'on
voit fur le milieu du front dé plufieurs fleures
égyptiennes ; & c'eft avec raifon , à 1 \ W des
reprefentations d'Iiîs.' Je ctoirois même que la
tete de cet bifeau , plicêe fut eelfe de la deèffe
pourrait avoir été le principe & la fource de cé
ddaannsf il ad cfu Pit“e (/ 1C? ad®j lvuesïiut. pg.é'CnSé.r a)l. o• u: plus éte' ndu
POULETS fFour # } , où l ’on fait éclore les
Amiquites , Tome Jr.
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oeufs. Cette manière qu’ont les égyptiens de
multiplier à leur gré des oifeaux domeftiques,
•dont on fait une fi grande confommation , eft de
la plus haute antiquité, quoiqu’elle n’ ait été imitée
'dans aucun autre pays. Dioclore dê Sicile & quefe-
qüès autres anciens nous ont d it , mais fe font con-
tëntés-de- nous dite 3 que les égyptiens faifoient
depuis long-temps éclore des poulets dans les
fotzrs. Pline avoit probablement ces fours d’Egypte
en v u e , lorfqu’il a écrit : Sed inventum ut
■ ova in callido loco impojita palets , igné tnodico fè ve
rentur homine verfante pariter die. ac nocle ., &
fiatuto die illinc erumpere foetus.
' Poulets faciès, que les prêtres élevoient du
temps; ;des romains, & qui fer voient à rendre les
augures. On n’entreprenoit rien de confidérable
dans le fénat, ni dans les armées , qu’ on n’èût
auparavant-pris les aufpices des poulets facrés.
La manière la pins ordinaire de prendre c,es aufpices
, confiftoit à examiner de quelle, façon ces
poulets ufoiënt dù grain qu’on leur préfentoit. S’ils
le mângeoient avec avidité , en trépignant & en
l’écartant ça & là j l’augure étoit favorable ; s’ils
refufoient de manger & de b; ire , l’aufpice étoit-
mauvais , & on lenonçoit à l’entreprrfe pour laquelle
on confultoit. Lorfqu’on avoit befoin de
de rendre cette farte de divination favorable , on
Liffoit les poulets un certain temps dans une cage,
fans mahger y après cela , les prêtres ouvroient la
cage , & leur jettoiênt leur mangeaille. On’ faifoit
venir ces poulets de File de Négrepont.
On fut fort exa& chëz les romains à ne point
donner de faux aufpices tirés des poulets facrés,
depuis la' funefte aventure de celui qui s’en avifa
fous L. Papirius Curfor, conful, l'an dê Rome
•482. Il faiîbit la guerre aux Sâmnites , dit Tite-
Live ( L. X. ) r & dans les conjonélures où Fon
é to it, l’armée romaine fouhaitoit avec une extrême
ardeur que l’on en vînt à un combat. Il
fallut auparavant confulter les poulets. facrés y &
l’envie de combattre- étoit -fi générale , que quoique
les poulets né mangëaffent point, quand on
les mit hors de la cage , ceux qui avôient foin
d’obferver Faufpice, ne laifsèrent pas de rapporter
au conful qu’ils avoient fort bien mange. Sur
cela le conful promit en même temps à fes foldats
Sc la bataille & la viétoire. Cependant il y eut
conteftation entre les gardes des. poulets fur cet
âufpice , qu’on avoit rapporté à faux. Le bruit en
vint jufqu a Papirfûs , qui dit qu’on lui avoit rapporte
un aufpice'favorable, & qu’il s’en tenoit-la ;
que fi on ne lui avoit pas dit la vérité, c’étoic
l'affaire de ceux qui prenoient les aufpices , &
que tout le ma! devoir tomber fur mur tête.
Auffi-tôt il ordonna de placer ces malheureux aux
-premiers rangs. Avant que Fon eût donné le fignal
de la bataille , un trait partit, fans qu’on fçût de
quel c ô té , & alla percer.le garde des poulets, qui