poitrine même de la viftime. Dans cet état le >
malheureux dieu; car on le fuppofe te l, appelle
1 éther, les vents, les fontaines & la mer , la
terre & le foleil, à témoin de l'injuftice quelles
dieux lui font. Il dit ( Prometh. ait. 3 .) que c'eft
pour avoir trop anime les hommes qu'il eft ainli
traite : « Jupiter vouloit abolir le genre humain,
" Pour reproduire un monde tout nouveau. La
" “ uî. célefte y confentoit : feul j'eus la har- I
” “ fuè de fauver la race humaine i voilà mon j
” crime & mes malheurs...........Hé ! que n’ai-je
” Pas„ ,fe“ encore pour les humains ? De brutes
” Su ris étoient, j'ai trouvé le fecret de les ren-
“ m 4es.hommes : aveugles & fourds , fembla-
» blés a de vains fantômes , ils enrôlent à l'aven- I
” ture^fans ordre & fans loix : ils ignoroient l'art
“ de bâtir des maifons , ils fe retiroient dans les {
” creu* des antres , comme de vils infeâes. In- I
” certains de leur conduite , ils ne difcernoient i
» m temps ni faifons. C'eft moi qui, le premier
w leur appris le cours des aftres | le mÿftère des
» nombres, la lîaifon des lettres qui leur donnoit
** la mémoire ; je leur enfeignai a foumettre au
» joug les animaux au lieu des hommes, & à
» faire fervir les courlïers domptés à leur luxe
” & a jeu r diyertiffement. Quel autre que moi
» leur donna 1 intelligence de la marine > ils m'en
” doivent tous les avantages ». En un mot. il eft
1 inventeur de tous les arts, l'auteur de tout ce
qu il y a de connoiffances utiles dans le monde,
& il n'a pas le pouvoir de fe délivrer des mains
de Jupiter, parce que le deftin l'emporte fur toutes
les puiffances. Mais il fçait lire dans l'avenir.,
, Preyoit qu'il doit venir un jour un fils de Jupiter
plus puiliant que fon père qui le délivrera
de fon tourment. Inftruit de cette prophétie
Jupiter envoie Mercure pour obliger Prométkée
j dite ce qu il fçait la-delfus : Prométkée refufe
d obéir, quand même fa délivrance feroit le prix
de fa foumiffion. Mercure l'affure que s'il réfifte
il va être précipité dans les débris du rocher*
& qu il ne reverra le jour que pour livrer fes entrailles
renaiffantes en proie à des vautours j Prométkée
demeure inflexible. Alors on entend un
bruit épouvantable dans les airs , le tonnerre
gronde, la terre tremble, les éclairs brillent^les
vents mugiflent, des monceaux de pouffière s'élèvent
, l'air & la mer font confondus ; & à l'inf-
tant ce malheureux difparoit, il eft englouti dans
le fein de la terre, ou enlevé dans un tourbillon.
( D .J . )
Diodore de Sicile ( ÿ i . I . ) dit que Prométhée
ntt un roi d Egypte , fous le règne duquel un
débordement du Nil , dont l'aigle eft l'emblème
fubmergea fes états. Prométhée en mourut dé
douleur. Hercule arrivé peu après fa mort, trouva
le moyen de faire rentrer le fleuve dans fon lit.
§ur un farcophage du Capitole on voit Prométkée
formant l'homme à qui Pallas donne la vie
en lui plaçant fur la tête un papillon , fymboîe
de lame. Plus loin ce même fymbole s'éloigne
d un corps mort fur lequel un génie renverfe fon
flambeau. Mercure-Infernal emmène enfuite aux
enfers cette ame repréfentée par une jeune fille
avec des ailes de papillon.
Prométkée paroît attaché au Caucafe, ayant fur
les genoux 1 aigle dévorant qu'Hercule s'apprête
a percer d'une flèche.
Dans lacolleétion des pierres gravées de Stofch,
on voit fur un jafpe gris, Prométkée faifant le
lquelette d'un homme , tel qu'il eft fur une
a^tr® ( Cfiifei Gem. Tab. i i 8. ) pierre gravée. Il
elt afiis &-nud , fa draperie rejettée fur les jambes,
comme il eft repréfenté fur un ( Bartoli Ad-
mirand. Tab. 66. ) farcophage du Capitole. Sur
les fix pierres feivantes, il eft debout & nud
excepte un drap qui lui pend fur l'épaule gauche ;
fur trois bas-reliefs difficiles à expliquer, dont
C *«<$ Tab. 22. Conf. fpencer Polymétis 3 Dial. VII.
P' 7p \) deux fe trouvent aux palais Mattéi & le
troifieme à la Villa Medici, il eft habillé comme
les rois barbares, & avec un large manteau.
Sur une cornaline, P-rométkée fait un homme ,
dont il reunit les différentes parties j on y remarque
qu'il n'a encore achevé que le butte. & les
deux bras, qu'il étend pour prendre la longueur
de la figure j & il a encore a achever les membres
inferieurs , dont une partie fe voit à fes
pieds j c'eft-à-dire, la hanche, la cuiffe & la jambe.
Cette pierre, dont la gravure eft de la première
manière de l 'a r t , eft femblable a une
agathe (Recueil d’Antiq. Tom. I. Plane. X X V II.
n\ 3\) de Caylus, excepté la cuiffe & la jambe,
placées aux pieds de Prométkée , qui ne font què
fur notre pierre. . *
Sur une fardoine , Prométkée ayant les mêmes
parties du corps devant lui fur un pivot, les bras
eIe,Y,e s ,en haut , apparemment pour la facilité
qu'il cherche, voulant achever les parties inférieures.
La gravure eft auffi de la première maniéré.
Sur une pâte de verre, dont l'original eft dans
le cabinet de M. le duc Carajfa-Noyà, à Naples-,
Prométkée tenant le même ouvrage pofé fur deux
pivots, après y avoir joint la tê te , place dans
I homme les propriétés de chaque animal} ce qui
eft exprimé par les figures d'un bélier & d'un
cheval, qui font à fes côtés _•
Fertur Prometheus addere principi
Limo conclus particulam undique
Defcctam, If infani leonis
Vim ftomacko appofuijfe nofiro.
( H o r a t . li1 . Od. 14. v. Sf|| ) ‘
fur
' Sur tme pâte antique, Prométkée qui dégroffit
fëîi homme déjà tout compofé.
Sur une cornaline, Prométkée qui mefure les
proportions de fa figure, avec un plomb attaché
a ten fil. 11 ne faut donc pas prendre à la lettre ce
que ( Ad. fin. iib. I. ) Diodore de Sicile dit, que
les feuîpteurs égyptiens ne travailloient que la
mefure a la main ; mais que les-feuîpteurs grecs
avoient la mefure dans les yeux. Cette pierre a
une particularité, c'eft que Prométkée forme ici
une femme & non un homme. Le reproche que
( Dial. Prometh. & jov. PI. 204 . ) Lucien lui fait
faire par Jupiter, regarde précisément la production
des femmes.
• Sur une pâte antique , Prométkée met la dernière
main à fon ouvrage. Sur une (Bellori Lu-
certu Ant. PL Lfig. 1. ) lampe, & fur une ( Bartoli
^ Admir. Ant. Tab. 66. ) urne du Capitole ,
citee plus haut, on le voit avec Minerve qui
t'affilie dans cette fonction.
Sur une cornaline, Prométkée debout attaché
au rocher avec le vautour qui vient lui mange’r
\è fo ie , comme il eft repréfenté fur une ( Bellori
Lucent. Ant. PI. I. Tab. III. j lampe antique. On
fe voit en bas-relief à la Villa Borgkefe, dans le
même fupplice, mais couché.
Sur une jfâte antique , Hercule délivrant Prométkée.
; Prométhée , pîabte fabuleufe, mais trop cé-
febre chez les anciens pour la paflèr fous filence.
Voici ce qu'ils racontoient de. les vertus, de Ton
lieu natal, de fa Seut 8c de là racine.
Apollonius de Rhodes { Liv. I I I , de l’expédition
des argonautes, v. 843 & fuiv. ) dit qu'elle
rendoit invulnérable. Plutarque, ou l'Auteur du
Livre %if\ znrafidy, qu'on lui attribue, rapporte,
d'après Cléante, que Médêe la mettoit fou-
vent'en ufage. Valérius Flaçcus ajoute que dette
plante étoit toujouçs verte, immortale virens, &
qu'elle foutenoit la violence du feu fans en être
endommagée 1
..................................... Seat flumina contra
Sanguis, & in mediis florefeunt ignibus herbu.
Si l'on en croit Properçe, elle guérifloit de l'a-
niour. ( Liv. I. Elég. 12. )
•ir • r . miuici 411c cette neroe
fer la montagne où Prométkée fiit attaché j
ceft-à-dire, fur le Mont-Caucafe.. Sa fleur , fui-
V3n j “^P0honius de Rhodes, étoit longue d'une
coudee, portée fur deux tiges , & reifembloit au
crocus de Colchos, fi vanté dans l'antiquité.’ Sa
racine , continue-t-il, r o u g e â t r e& jette un
Antiquités , Tome V.
fuc noir, tel que celui du hêtre fàuvage. Enfin,
Sénèque & les Auteurs que j'ai cités , nous font
entendre que cette plante naifToit du fang qui
couloit des morceaux du foie de Prométhée , que
le vautour emportoit. Nous ignorons d'autant
plus le fondement de tous ces récits fabuleux ,
qu'il n'eft parlé dans les naturaliftés d'aucune
herbe-du Caucafe, & que la fable de Prométhée
ne conduit point à la fi&xon poétique d'une plante
merveilleufe de fon nom.
PROMÉTHÉES ( Les ) , oo^Uta} fête qu’ on
célébroit à Athènes, en courfes avec des flambeaux
ardens en l'honneur de Prométhée, & en
mémoire de ce qu’il avoir le premier enfeigné aux
hommes l’ufage du feu. (Potteri Archsol. grec. T.
I. pag. 427. )
PROMONTOIRES. Les anciens qui perlcnni-
fièrent les écueils, dit M. Rabaud de St-Etienne,
en firent de même des promontoires : nous les appelions
encore aujourd'hui du nom de Üap , qui
lignifie tête j expreffion qui nous eft reliée du
temps où on les dépeignoit comme des géans,
où l'on parloir avec emphafe de leur maffe & du
bruit que faifoient les eaux en. fe brifant. contre,
e lle, où l'on difoit du Cap de Capharée.
. • .................... Juxtaque Capkarenus
.........Latratum pelago tollens Capot.
( Stat. Achill. I , v. 4/1. \
De celui de Malée,
. . . . . Rauat circumtonat ira Malea.
( Stat. Thebaïd VIL )
» Le promontoire de la Tortue dans Lille de Cos,'
s'appeiloit autrefois Polybotés. On raconte que.
dans la guerre des dieux contre les géans j c'eft-
à-dire , dans de grandes éruptions volcaniques ,
Neptune prit lé quartier d'une ilîé, & le lui lança
en guife de dard : c'eft cette portion d'iflé qui
a formé, ajoute-t-cn, celle de Nifyros j en effet,
elle paroît en avoir été arrachée de force ».
» Le promontoire de Minos, près de Mégare ,.
dominoit fur la^ville de Nifée, on en fit une histoire
de Nifiis., affiégé par Minos j & la fablç
y fit venir le roi de Crète ».
» Polybôtès eft un nom de volcan, comme
celui de Polyphême. Polu-bor.o & Polu-premi figni-
fiént tous les deux, je crie beaucoup. Il feroit trop
long de prouver que Polyphême n’eft autre chofe
que l'Etna ». Voyeç Port.
PROMULSIS, entrée du repas, le« mets que
l’on commencoit à manger pour fe mettre en appétit
, & qiie l'on appeftoic ainli a parce que I'or
S '