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çaffent , on les couvroit avec des coquilles ou des
écailles. Leurs cachets étoient gravés. Voye£
A nnçau.
SIGILLÉE j eft une épithète qu’on donne à I
une forte de marne ou de craie 3 qu’on droit autrefois
de l’île de Lemnos, qui fervoit en peinture
8c en médecine. Elle eft graiffeufe, argilleufe 3
sèche , blanche , rougeâtre 3 friable. On la trour,,
voit dans une montagne aux environs d'une ville
appellée Heph&JHa, Les facrificateurs de Diane
Paljoient prendre en grande cérémonie dans une
caverne fituée près de certains marais ; ils la pré- '
par oient, en faiioient des trochifques 3 & les lcel-
îoient du .fceau de Diane , ou de l’image d’une
chèvre, d’où vient que les grecs l’ appelloient
rQpxyts f figilkt* sa.pr&3 c’eftrà-dire, fiçel de
(h'evre,
Oq voit dans l’ île de Stalimène cette montagne
célèbre par la chute de Vulcain, au bas de laquelle
étoit bâtie Hephtfiia 3 que les habitans du pays
appellent Cochino , & d?oû_fon droit autrefois ,
comme pn fait encore aujourd’hui , la térve figillée
avec beaucoup de cérémonie. Galien rapporte
qu’une prêtrefle, avant que d’enlever 'la terre,
répandoit de l’orge & du froment 3 8c la mêloit *
après avec le lang des boucs qu’cn avoit facrifiés,
à Vénus, pour en faire de petits tourteaux qu elle
fçelloit d’une image de chèvre,
SIGLES. f. f. ( Article extrait de la nouvelle di-~
plomatique des bénédictins),
Le terme de figles eft peu connu dans notre langue.
Il défigne les lettres uniques, ifolées, ou fîn-
gulières , deftinées a exprimer un mot, ou du
ynoins une fÿllabe , fans le feçours des autres élé-r
mens, A proprement parler, les figles, figla ou
figU , font les lettres initiales des mots entiers, par
exemple , N, P. jsfobilij/tmus Puer, A 3VL N. B. M.
Amiçits no fier bon#, meme fl a . S. P. D. Salirent plu-
rimaw dicft, S, V. B. E . E . Q, V . Si v.ales3 berieeft 3
ego quoque valeox Ces figles font nommées ftnguls
fttterA par Cicéron, &zjingulari& par quelques anciens
auteurs. S. Jérôme les appelle figna verbprum.
Valerius Probus $c Pierre Diacre Jeur donnent le
nom général de notA ; parce que ces lettres initiales
désignent des mots ou feulement des fyllabes. G’eft
conformément à çette idée que les plus, favans
etymologiftes & lexicographes croyent que figla
eft dit pour figillq diminutif de figna ; ce qui re-
• vient au terme de notes, donné aux figles de l'antiquité
.-Cette dénomination générique les a fait confondre
avec les notes tironiennes, Il eft vrai que
pelles-ci, quand elles ne font point compofees, pe
diffèrent guère des fig les que par la forme extérieure,
Mais pour l’ordinaire elles admettent multiplicité
de lignes pour exprimer un mot, & ces
jfgnes font des lettres grecques & latines, tantôt
qiaj^fifulç§. tantôt çurfiyes, conjointes , tropr
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uées, mifés en divers fens, & mêlées de marques
’abréviations antiques.-
L’écriture en figles eft plus fimple, mais auffi plus
énigmatique ; fes lettres font communément capi-
pitales ; 8c une fuffit pour exprimer un mot ou une
fÿllabe. Si quelquefois on fe fert de deux ou trois
lettres poux un fêul terme, comme SP, pour fipu~
rius, c o l . pour coloni ; la différence de ces figles
compofees d’avec les notes, n’en eft pas moins fen-
fible, quand on fait attention à la figure & à la dif-
pofition des lignes ou cara&ères. A la vérité parmi
les figles recueillies par Valerius Probus,par Magnon
archevêque de Sens, 8c par Pierre Diacre du Mont-v
Caffm > il fe trouve-un nombre de lettres conjointes
8c monogrammatiques : mais ne feroient-
eîles.pas autant de notes tironiennes, que f es auteurs
auroiënt fait- entrer dans leurs çoîleéiiôns ?■ Au
refte les mots exprimés d’une même manière dans
les notes & dans les figles ne font pas fort nom-
breux. Ainfî la diftinétion de ces deux genres d’é«^
çrire par abréviations, eft aufli réelle que facile
découvrir.
L’écriture abrégée par des figles a été en ufage
dès les temps les plus reculés. On a des preuves
certaines que les hébreux $’én font fervis. Leurs
anciens livre« nous en ont çonfervé beaucoup
d’exemples. Mais les figles en lettres initiales y
font quelquefois jointes les unes avec les autres,
8c forment des mots qui fouvent ne lignifient rien,
C ’eft de ce genre d’abréviations hébraïques qu’ on
entend ordinairement ces paroles de David : Ma
langue fera comme la plume d‘un écrivain qui écrit:
avec rapidité. Les grecs ayant reçu leur écriture
des phéniciens, on ne peut douter qu’ils n’en aient
auffj tiré leurs abréviations par figles. On en ap*
perçoit l’origine dans les chiffre? attiques. Les
lettres numérales ont pu faire naître aux romains
l’idée d’abréger leur écriture de la même manière.
Ils n’ avoiènt pas encore l’ufage des notes, lorfqu’ils
convinrent entr’eux d'écrire certains mots & cer-,
tains noms feulement par les lettres initiales, afin
que ceux qui écrivoient dans le fénat puffent Je
faire promptement. Cette manière d’abréger , Ja
plus rapide de toutes, devint bientôt à la mode,
& malgré les incônvéniens qui en réfultoiçnt , les
empereurs mêmes s’en fervirent,
Les figles font de diverfes efpècçs : il y en a
de fimples, ç’eft-rà-dire , que chaque lettre IL
gnifie un mot. Par exemple, il y q autant de mots
que de lettres À. A. A, F, F, Aere3 auro, a’rgenr
to 3flarido , feriunda. Q. S. S. S, Qu& fiupra fcripta
fun(. B. O, Bene 3 optime, B. L. Bonà Itx, B. M. P,
Bene merenti pofuit, H. R. J. F. Hic rcqulefcit' in
pace, &c, Cette écriture en figles n’a lieu ordinairement
que dans les mots de.fomnuies , ou qui
font très-familiers; mais dans les infcriptiohs, oïl
\z$,figle$ font prpdiguçes ^yec plu§ profufion ^
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©n rend les mots par des figles compofees, c’eft-
à-dire, par les deux, trois ou quatre premières
lettres, comme No b . c . Nobilîs C&fiar. N on. a p .
Nonis aprilis. Pour éviter l’équivoque 8z la con-
fufion, on infère quelquefois des mots entiers
dans les figles, comme dans cette légende : Ti.
Cæ s a r . d iv i Av a. F. Au g. Tiberms C<tjar divi
Augufii filius Auguftus. Il y à àes figles répétées,
dont !’ ufage eft d’indiquer le pluriel & le nombre
des perfonnes r par exemple, A n n . annis; Cæ s .
A ug. Csfar Augufius. Cæss. A ugg, Cstfiares Augufii
duo, Cæ s s s . A üggg. C&fares Augufii très. Àinli à'
mefure qu'e le nombre augmenté, on ne fait qu’ajouter
la dernière figle. On s’eft fervi de cette
méthode, dans le plus ancien code Theodofien: de
la bibliothèque nationale , & dans un fragment des
aétes publics de Ravenne. Le manufcrit cité
défigne trois Auguftes par a a a , & trois empereurs
par ïmpp'p. Dans le fragment de Ravenne,
on écrit V V . SS. pour marquer Viri facerdotes,
deux prêtres 3 & vvv. ddd. , pour ÛQmüet viri de-
voti, trois hommes confacrés à Dieu. Mais au
treizième fiècle une même lettre répétée ne figuir
fie qu’une perfonne. On écrlvoit deux xx pour
fignifier Chrifius. Dans le bas âge Je double cc.
veut dire deux églifes. Dans le grand coutumier
de France, ces deux figles c e font rendues, par
écrit ù figné. Vraifemblablement ces deux cc de
différentes formes font originairement deux SS.
qui lignifient feriptuni & fubfcriptum. Mais les figles
les plus fingulières, font celles qui font renver-
fées & contournées. En voici quelques exemples:
. DL. ConUbertus. gyj. Caia liberta. g)L^* ConlibertA
cariffimA. Ces lettres renverfées ou à rebours marquent
le plus ‘ fouvent des noms de femmes,
comme jA[. Marca , &c. Il feroit fuperflu & même
impolfibîe d’expliquer ici en détail ces fortes d’abréviations
, doat le nombre eft prodigieux. Ser-
torio Orfati publia à Padoue en .1672 un volume
m-folio , intttulé : De notis romariorum commznta-
rius 3 où ces figles font recueillies par ordre alphabétique
, & fuivies de leurs lignifications. Les critiques
donnent des règles pour les expliquer : la
plus générale & la plus sûre eft, de ne point leur
afftgner d’autre lignification que celle qu’on leur
donnoit anciennement, & d’en fixer le fens par
des exemples certains. Vaye^ A b r é v ia t io n s .
On fit ufage de cette écriture abrégée, tant
dans les affaires publiques que particulières , dans,
les inferiptions & les manuferits , dans les loix
& les décrets , les difcours^& les lettres. On s’en
fervoit pour marquer les termes ou bornes des
terres & des héritages d’Italie. Les magiftrats &
les jurifconfultes s’approprièrent un grand nombre
de figles 3 qu’on appelle juridiques. Magnon, ar-
chêvêque de Sens, en fit un recueil qu’il offrit
à Charlemagne. Cet auteur les appelle juris rypuu.
Au raoyon de ces figles ou lettres initiales, on
dcrivoit les mots avec la plus grançle célérité.
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Uu ancien poète en relève ainfi les avantages.
Hic& crit felix feriptor, cui littera verbum eft,
Quique notis linguam fuperet, curfutnque loquentis
Excipiat longas nova per compendia voces.
Ma isoles incônvéniens qui naiffent de l’ufage des
figles, furpaffent de beaucoup leur utilité. Dans
cette écriture tout eft énigme , à caufe de la di-
verfitd des lignifications qu’on peut donner à une
même lettre. Ces deux caractères A. D. fignifiant
_ante dicm dans les épitres des anciens ; on en a fait
tout Amplement la prépofition a d , & on a
lu ab iv . kalend. a d v i . idïis. De deux favans ,
•l’un explique ces figles tt. par tefiis, & l’autre par
, titulus. Tantôt TM font rendus par tamen. & par
leftamentum ; tantôt par t’efiimonium, quoique lès
■ figlcy de teftamentum foient T T M , dans quelques
‘ interprétations manuferites. On n"eft pas moins
partagé fur la fignification des deux figles j f , conjoints
, dont les jurifconfultes fe fervent, quand ils
citent le digefte ou les pandectes , qui compofenc
la première partie du droit romain &. du corps
du droit civil. Les uns lés ont pris pour deux n -x
joints enfemble , qui marquent pandecles au pluriel
, & que les copiftes mal habiles ont pris pour
deux / / Les autres y voyent le «• grec , qui eft la
lettré initiale de pandectes y ou le qui lignifie
digefia. Les allemans croyent que ces deux figles
défignent les deux empereurs Frédérics qui ont
remis en vogue & autorifé le nouveau droit de
luftinien. Qui pourvoit deviner la fignification de
ces lettres initiales qqt & pp, 3 fi Mafféî n’avoit découvert
dans un ade de l’an 292 , écrit fur une
pierre , qu’elles veulent dire , Quâ quemque tangit
& populum ? Avant cette découverte, on fe feroit
applaudi, en iifant, quoquo tempore & perpetuo 9
parce que ces figles peuvent avoir la lignification
de ces mots dans d’autres anciens monumens. Le
même auteur obferve qu’un habile antiquaire a lu fur
deux inferiptions-, deis confiervatoribus pro fialute
anima fiuA , ou il falloit lire , Deis confiervatoribus
pro fialute Arria fus. Vigénere fait fignifier à ces
figles Q. R. C . F. Quando rex comitio fiugit, ou fi
l’on veut, Quando rex comitiavîtfias. A laquelle
de ces deux explications faudra-1-il s’en tenir?
Inutilement accumulerions-nous ici exemples
fur exemples pour montrer l’incertitude &■ l’équivoque
de l ’écriture en figles. Les anciens s’en ap-
péiçurent bientôt, & l’empereur Juftinien porta
une lo i , qui bannit des livres du droitl#s figles,
comme étant ob feu res,énigmatiques & trop fujettes
à caution. Par la loi Tanta nos3 ce iégiilateur décerne
la peine de crime de Faux contre tous ceux
qui oferonts’ en fervir, en copiant les loix de l ’empire.
L’empereur Bafile défendit auffi de les employer
en pareil cas.
Cependant malgré l’obfcurité & le danges de