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le N il.........Ce fleuve le porta à la mer par la
bouche Tanitique.-.. . Ifis ayant appris cet affas-
finat voyagea pour retrouver les reftes de Ton
époux infortuné & elle i f arrêta en Phénicie^.
Plutarque ( De Ifide. ) décrit fort ‘ au long ce
voyage extraordinaire.
Ifis ayant trouvé en Phénicie le corps d’Ofiris ,
le rapporta en Égypte. Mais ayant été découverte
par Typhon qui chaffoit pendant la huit 8c
à l’époque de la pleine-lune celui-ci reprit le
corps cfcOfîris , le déchira en 14 parties qu’ il dif-
perfa d,e tous les côtés. Ifis entreprit de nouvelles
recherches , 8c retrouva toutes les parties
du corps de fpn époux, à l’exception de celles
de la génération qui ayant été jetrées dans le Nil
par Typhon , avoient été dévorées par des poif-
fons , le lépidote , le phagre & l’oxyringue.
Après, la mort d’Ofiris, Typhon régna en Égypte
pendant un efpace dé temps fort court, ou plutôt
il parut régner. Car voyant ( Nigidius in -fph&ra
barbarica, apud feholiafien germanici. p. 120. ') les
dieux de l’Égypte ne point s’oppofèr à fes ënrre-
prifes, il crut que, frappés de confternation &
de frayeur, ils lui avoient abandonné ce royaume.
C ’eft alors que les dieux, fuivant la tradition
( Hellanieus apud Athen&um lib. X y . ) , .voyant
régner Typhon ôtèrent leurs couronnes.
Pour légitimer fon ufurpation, Typhon réfolut
défaire périr. Horus fils d’Oüris & fpn héritier
légitime. Il le chercha dans toute l’Egypte, &
même à Butos , ville de l’Égypte-lnférieure , où
Latone chargée parJfis de le nourrir avec Bubsfte,
le cacha dans une*île, 9c le fauva de la fureur du
tyran.
Quelques prêtres égyptiens racontaient ces
fables d’une autre nranière y car leurs récits|
varioient quelquefois. .Ils difoient que l’Hercule
égyptien ( Eudox. ap. Athéna. lib. IX . ) . étant
venu dans la Lybie, fut tué par Typhon, 9c
qu’ il reflufeita bientôt après.
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Le régne de Typhon fut très-court. Nigidius
cité plus haut , dit qu’au bout de j8 joufs de fon
ufurpation les dieux réfolurent dans un confeil
de le tuer ÿ c’ eft pourquoi (Diodore lib. I. ) tous,
les égyptiens célébroient ces 18 jours par des
fêtes , oc les en fans qui nalffoient pendant ce^
temps, ne vivoient pas long-temps. Horùs ayant
cris des forces, leva une a rm é e fu t inftruit &
exercé par Ofiris fon p è re , qui étoit revenu
des enfers. Il attaqua Typhon , 9c après un combat
de plufieurs jours , il le vainquit & le remit
chargé de chaînes â Ifis fa mère. Mais celfe ci
non-feulement ne tua pas leur ennemi commun ,
mais elle le déchaîna 8c lui rendit la liberté.
Horus fi indigné de cette lâche çompiaifanee
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. qu’il fît mourir Ifis fans refpeéler fa maternité.'
Il pourfiiivit encore Typhon-, 8c après-deux combats
il le vainquit. Enfuite il fit périr dans les
tourmêns Typhon avec fès complices, 9c il régna
depuis lors très-heureufement.
Les prêtres.'égyptiens ajoutaient que Typhon
! ayant été tué par Horus fut enfeveli dans le
lac Serbonis près de Pélufe & du mont Cafius
(Herodot. lib I I I j cap. j". Eufiatk. ad. Perieget.
vers 253. ). De-là vint que les égyptiens appelleront
ce lac lesexhalaifons de Typhon {Plutarch.
AnionA).*
Les égyptiens regardant Typhon comme un
r'génie malfaifant, • hàïffoient tout" ce qui avoit
quelque rapport avec lu i, tel qu’un des cinq
jours qui terminoient l ’année, parce qu’ on le
croyoit l’anniverfaire de Typhon , ' les animaux
dont les mauvai fes qualités : étaient lès , plus -
odieufes, le crocodile en particulier qui étoit
fon image parce qu’il en avoit pris la forme lorfqu’il
fuyoit HorUs. On lui confacroit encore l’hippopotame
comme le plus vorace & le plus féroce
; des^nimaux ; 9c dans les hiéroglyphes, cet ani-
[ ma) défignoit l’impudence, parce qu'mon l’ a.ccufoit
•de tuer fon père 9c de s’ allier à fa mère. L’âne
? étoit aufi] un des fymboles de Typhon , parce
qu’il eft pareffeux, lafcîf } 9c les égyptiens l’a-
voient en horreur. Les prêtres difoient que cet
animal étoit agréable à Typhon, auquel il reffem.-
bloit par la forme, parla couleur, 8c qu’il lui
avoit fervi de monture dans fa fuite. •
La crainte que les égyptiens avoient S dç
Typhon lui fit offrir des facrifices, & fit honorer
dans quelques provinces' les animaux qui lu-i
étoient confacrés. De-Jà -vint l’efpèce de culte
rendu à ces animaux. Dansvlë‘s témples où l’orv
honoroit Typhon, il y avoit des endroits particuliers
deftinés à ce culte, & appellés Typhonîa
( Strab. lib. XV II. ). Mais quand Typhon n’exau-
çoit pas les demandes de fes Tacrificateurs 9c que
l ’événement ne répondoit pas à leurs demandes,
alors ils laifïbient un libre cours à- la haine &
au mépris qu’ils n’avoient ceffé d’avoir pour lui ,
8c qu’ ils avoient feulement déguifés, C’eft arnfî
que dans certaines fêtes ( Plutarch. de 'Ifide p.
362.) ils Tinjarioient, ils couvroient d’opprô-
bres les hommes roux, 8c ils jèttoient un âne dans
un précipice: Lorfque la chaleur étoit exceffive,
lorfque l’Égypte étoit affligée de maladies con-
tâgfeufes , les prêtres, renfermoieht dans des lieux
retirés1'les animaux confacrés ‘à Typhon , les
.menaçoiént de toutes . fortes de maux, 9c ;'ks
tuoient lorfque le mal empiroit. Il paroit qu’ils
frappôiest le s . ftatues mêmes de Typhon 5 car
Herôdote ( Lib. II. c.'132. ) dit qu’ils accabloient
de coups un certain dieu qu’ii n’ ofe nommer.
~ Diodore ( Lib, I.) dit auffi que les prêtres d’Ofiris
ftappoient de verges, dans leurs temples ceux (jue
les grecs appelloient géants' 9c qui avoient vécu
en Égypte du temps d I f i s c ’ eft- à - dire, Typhon >
car les arecs lui avoient fubftitué dans leur mytho- ,
logi'e , le s Titans 9c les géants. Le^ .égyptiens
employaient encore le < bruit dés fiftrês pour-
chaffer Typhon, de même que les .grecs croyoient
chaffer par le bruit de l’airain les démons 9c les
mauvaisl génies.-
Cherchons à rsconnoître ce que lès anciens
égyptiens avoient voulu défigner par; Typhon:
C ’étoit le-mauvais principe dgs Orientaux , leur
Arimam (\\ie les grecs ■ defignérent par les geins
&• les ' Titans vennemis de Jupiter & ;des'‘dieux.
Le bon principe des égyptiens étoit jcknuphi3
ou Cnuvhi, le même que Phtka. En-langue cophte
Typhon , ou Theu-ph-kon, veut dire mauvais :
efprit ; c’étoit le Typhée des grecs. Plutarque
( De Ifide & Ofiride. ) dit expreffément que les’
égyptiens regardoient Typhon, comme un mauvais
génie, xax.àv Aalfcovei, . . . . .q u ’ils appelloient *
contre Ifis, combats dont il. fortoit tantôt vainqueur
Typhon, tout cé. qu’il y avoit de corrompu dans
la nature.. . . . . . que tout ce qu’il y avoit de
corrompu de mauvais dans la nature étoit un
membre, ou une p a r tie , ou le produit de.,
Typhon. ,
Mais quand la mythologie des égyptiens descendit
des êtres intellectuels aux êtres fenfibles,
Typhon devint lé fymbole de l’hyver| ou de
l’hémifphère auftral, & Ofiris celui du foleil? Nous
avons vu l’hippopotamè & le crocodile confacrés
à Typhon ,\ or Phyppopotame ( Eufeb. pr&par. 3.
cap. i l . ) étoit le fymbole du pôle, ou de l’autre '
hémifphère dans- lequel defeend le foleil à fon
coucher, 9c le crocodile ( Horap. Hierogly. I. 1 ,
cap. 69. ).. couché 8c accroupi défignoit le coucher
'du foleil, c’eft-à-dire, fon paffage dans
l ’hémifphère inférieur.
Les philofophes grecs voyant les prêtres égyptiens
avoir horreur du fel marin, qu’ils appelloient
l’écume de Typhon , de la mer 'Sc de ceux qui
la fréquentoient,, crurent que Typhon défignoit
la mer qui. engloutit le iMil. Queiques-uns d’eux
crûrent , aufli que Typhon étoit l’emblème d’une
chaleur 9c d’une féchereffe extrême qui confumoit
le N i l, &c.
L’ ancienne mythologie égyptienne avoit défigné
par Typhon un vent mal-fain , malfaifant, comme
nous l’avons dit plus haut, ou un génie malin 9c
nuifible, Dë cette opinion découloit comme d’une
Source tous les ,dét ails de fon hiftôire fabuleufe.
P n croyoit que Typhon étoit la caufe des chaleurs
pc des féchereffes exceflîves. Qn les attrfbuoit
particulièrement à (certaihs vents qui fouftloier.t
réguliérëment en Égypte.. C ’étoient-là les .com-
la.ats de Typhon contré Ofiris, contre Ho jus , 9c
tantôt vaincs, jufqu’ à fon entière défaite
par Horus. De-là vendit encore que-le régne de
Typhon .étoit agité , violent, 9c tyrannique. L E-
gypte maritime & fur-tout la partie orientale,
oû'fë trouvoit ïè lac Sirbon, voilln de la Phénicie
étoient tourmentées 9c fubmergées par la mer que
les vents fouffloient 8c pouffoient avec impe-
tùôfité 5 ç’étoit donc l’habitation naturelle de
Typhon.
De tout ce que nous venons de rapporter
il eft facile de conclure que Typhon étoit non-
feulement un vent brûlant 9c déffechant , mais
encore un vent qui fouffloit de l’Orient & qui
après ■ avoir pafle fur îes déferts embrafes de
l’Arabie,, des bords de l’Euphrate , &c. verfoit
lur l’Égypte des torrens de feu.
Typhon portoît en Égypte plufieurs furnoms,
tels que ceux d’Apopis, de Babys ou Bebon, de
Seth 9c de Smy. Pour le premier, Voye^ A pho-
i phi s , qui eft le même furnèm. Boby en langue
cophte lignifie, qui- eft renfermé dans une caverne}
de-là Babys défignoit bien Typhon, vent
brûlant que l’on croyoit fortir des cavernes qui
bordoient le lac Sirbon, de même que le T y -
; phée des grecs étoit renfermé dans-les antres de
• la Cilicie.
| Plutarque dit ( De lfid. 6f Ofiri. ) que les
| égyptiens appelloient Typhon, S e th , nom qui
; fignifie., celui qui fubjugue avec violence. Mais
cette explication ne trouve aucun fondement,
dans la langue cophte. Ses, mal rendu par Seth,
dansr les écrivains grecs, fignifie un ânon ; 9c.
St. Épiphane ( Lib. I I I adv. h&refes.) dit que
1. « les prêtres grecs facrifioient à un âne fous le
nom de Seth , ou de Typhon. **
Smy en langue cophte fignifie, léger , fubtil ;
épithètes qui conviennent parfaitement à un vent
qui charrie un fable qui pénétré dans?.les plus petits
plis des habillements..
L’empire de Typhon ou le mauvais génie
! étoit placé, félon Dupuis, dans le ligne du feor-
; pion, ligne desgéans 9c des vents, qui ramènent
les pluies de l’hiver & le s déluges, comme celui
d’Ofiris ou du bon génie, étoit placé dans le
taureau, qui porte encore en aftronomie le nam
d’Ofiris. Hérodote , parlant d’ un temple bâti
par Ramfinit, le Perfée de nos fphères, le Saturne
père d’Ofiris chez les égyptiens, nous dit qu’Sn
y avoit placé la ftatue de deux génies, dont l’un
s’appelloitl’Été 9c l’afutre l’Hiver j cpie l’un regard
doit le Nord , ou l’hémifphère fuperieur , l’autre
le Midi , ou l’hémifphere inférieur ( Euterpe.
ch . 121. ) j on honoroit le premier du culte le
plus religieux, 9c l’autre était traité d’une ho»