
Le diadème plus ancien que la couronne eft '
l ’ ornement propre des rois. Néanmoins cet ornement
royal ne devint commun ordinaire que
fous Conftantin. On le voit fur plulïeurs fceaux
de la fécondé race de nos rois , 8c fur les mon-
noies de la première.
La pique ou hafie dans les fceaux , eft la marque
du commandement ; elle prend quelquefois la forme
de javelot & de lance. Les empereurs romains la
portent fouvent dans leurs médailles. Lorfque
Gontran déclara Childebert fon fuccefteur , il lui
mit la pique ou hallebarde à la main. C e fymbole
de l’empire fe montre fur Vanneau de Childeric,
fur les fceaux de Charles-le-Gros , de Conrad I. , dé
Richard II duc de Normandie , &c. pour figurer,
l’autorité fouveraine 8c. le commandement des
gmjes.
Il n’eft pas inutile d’obferver devance que
Philippe Augufte eft le premier de nos rois qui
s’eft fervi d’une fleur-de-lis feule au contrefcel
de fe s-chartes. Louis VIII 8c S. Louis fuivirent
ion exemple! enfuite les fieurs-de-lis fans nombre
vinrent à la mode. Cependant on donnera
dans la'fuite des preuves certaines que l’écu de
France fut quelquefois réduit à trois fieurs-de-
lis long-temps avant Charles VI. Raoul de Prefle
dédiant à Charles V fa traduction des livres de la
Cité de Dieu 3 lui dit: Et fi vous porte^ Us_ armes
de trois fleurs-de-lis enfeigne de, là benoîte Trinité.
Les fieurs-de-lis fans nombre , félon l’opinion de
Du tille t. j de Favin & d e la Roque , font les plus'
nobles. C ’eft peut-être fur cette idée que quelques
écrivains n’ont pas fait difficulté cîe donner
pour véritables des fceaux de Dagobert , de
Thierry & de Pepin-le-Bref , où paroît I’écu de
France femé de fléurs-de-lis. Aujourd’ hui tous
les fa vans conviennent unanimement de la fauffeté I
de ces fceaux ; nos rois n’ ont jamais eu de fem-
blables fceaux avant Louis VII , ni d’armoiries :
avant le douzième fiècle.
Au onzième fiècle s’introduifît parmi les princes
fouverains l’ufage de fe faire repréfenter fur leurs j
fceaux 3 aflis .dans des trônes à la manière des '
empereurs de Conftantinople. S. Edouard le'con-
fefieur, roi d’Angleterre, Henri l ï , empereur
-d’Allemagne & Henri I , roi de France , font
les premiers en Occident ainfî figurés fur les i
fceaux. Les tropes de-Loüis-le-^Gros & de fes
fuCcefleurs, reffemblent affez à des plians, dont »
les appuis font terminés en haut par des têtes de ?
■ monftres, de lions & d’autres animaux. Edgar ,
roi d’Ecoffe, fit faire, à l’exemple dês rois d’Angleterre
fes voifins , un fe a u 3 où il eft repréfenté
fur un trône avec les attributs de la royauté. Au
-quinzième fiècle , les ducs de Bretagne voulurent
imiter en cela les rois & les empereurs. Les plus:
■ anciens trônes que Fon Voit fur les f c e a u x ne
différent guère de$ lrèges ordinaires.
Les romains avoient une prédilection pour left
ftatues équeftres. Cq goût pafla aux princes 8c
aux grands feigneurs du onzième fiècle. Ils fe
firent repréfenter à cheval fur leurs fceaux 3 pour
mieux exprimer leurs dignités. Leurs chevaux
n’eurent d abord ni felles, ni brides , ni étriers. Le
cheval de L o u isV I, n’a qu’un fimple frein, &'çe
prince eft monté à nud. Les plus anciennes felles
ne different pas d’un fimple couffin , fi ce n’eft
quand elles font ornées de bandes ou lanières pendantes
des deux côtés. Les fangles qui fixent la
fellé, fans.paffer fous le ventre du cneval, font
attachées au poitrail, quelquefois décoré de petites
boules, de fonnettts 8c d’autres ornemens. Au
douzième fiècle l’ufage des étriers n’étoit pas
encore général. Au treizième les chevaux parurent
fuperbement enharnachés & totalement couverts
de riches caparaçons, ornés dé figures d’animaux ,
de fleurs 8c d’armoiries. Dès le douzième fiècle ,
les dames font repréfentées à cheval, tantôt à
la manière des hommes, tantôt à la manière des-
femmes, portant un oifeau, une fleur, un lis.
Les fceaux équeftres indiquèrent toujours la plus
haute noblefle. Selon Gudenus, les comtés & les
feigneurs ceffèrent de s’en fervir .au quinzième
fiècle : mais les rois & les ducs, fur-tout hors
de l’empire, en ont continue l’ufagé. Le roi S.
Louis eft repréfenté dans les vitres de Notre-Dame
de Chartres monté für uh cheval blanc, parce
qu’on le regardoit comme une marque de la fou-
verainété.
Froifiard dit que fi Charles V I prit le cerf-volant
en fa devife, c’eft parce qu’il eut un fonge ,
où il lui fembloit qu’il étoit monté fur un cerf.
Delà les deux cerfs-volants 'pris pour fupport de
fes armes, §ë qu’on peut regarder comme le fymbole
de la chaffe. Les chiens, l’épervier & les
faucons dans les fceaux , indiquent le même exercice
, dont les .princes & la nobleffe ont toujours
été très-jaloux. Anciennement les dames de condition
ne paroiflbient giières en public fans uh
oifeau fur le poing, pour marquer leur dignité.
Plufieurs anciens fceaux 8c ftatues les repréfentent
de la forte. La reine Jeanne de Bourbon eft ainfî
peinte dans fon tableau confervé à la chambre des
comptes de Paris;
De même que les palmés marquent la fainteté ^
la confiance 8c la victoire j les fleurs, les rofés^
les lis dans la main des,évêques, des abbés , dès
abbeffes 8c des dames , expriment l’intégrité des
moeurs. Rien de plus ordinaire que ces fymboles
dans les fceaux des églifes 8c des anciens monaftères.
L’ufagé de repréfenter des tours, des châteaux
8c de s portes fur les fceaux des princes, des grands
feigneurs &■ des villes', devint affez commun au
douzième fiècle.-Ce font autant de fymboles de
jurifdîétion 8c dè fouVeraineïé j quand' ils ne
défigpent
ffgnentpes fimplemenj^l’origine de certaines grandes
maifons.
Nos premiers rois , pour donner l’authenticité
8c la validité à leurs -diplômes & à leurs
édits, fuivirent l’ufage des empereurs romains,
d’y a'ppofer leur fieau gravé fur un anneau qu’ils
portoient ordinairement au doigt.
En général, les images des Carlovingiens imprimées
au fond de la cire, font plus grandes
8c mieux- fartés que celles des Mérovingiens.
Les féaux de la fécondé race repréfentent les
princes de profil 8c tournés vers la droite,. excepté
Carloman , Louis. d’Outremer, Louis II , Louis
IJl, rois de Germanie, & Arnould, qui regardent
vers la gauche. Ge ne font plus feulement des
têtes, mais des.. buftes de profil, à la réferve
de celui de Lothaire, fils de Louis d’Outremer,
qui eft repréfenté .de face. Pépin , Charlemagne
&. leurs fucceifeurs jufqu’à Charles-le-fimple indu
fivement, portent le manteau royal ou la
çlilamyde attachée fur l’épaule droite. Mabiilon
après, avoir dit que le .même Lothaire k porte
attachée-' fur la poitrine , ajoute que ce fut l’ u-
fàge des rois Capétiens. Cependant leurs fceaux,
excepté celui de Hugues Capet, repréfentent l’a-
grafte fur l’épaule droite.
Les images gravées fur les fceaux de nos rois
de la troisième race, font plus grandes 8c moins
délicates que celles des princes de la fécondé.
Ge rie -font plus de fimples buftes , qui ne repré-
fèntent que la tête 8c les épaules. A commencer
par Lothaire fils-de Louis d’Outremer , tous nos
rois font repréfentés de front ; mais le- même
Lothaire, Hugues Capet 8c fon fils Robert, ne
font-figurés qu’à mi-corps fur leurs fceaux. Depuis
Henri I. inclufîvement, tous font repréfentés en
entier. ,
Les fceaux de Louis V I I , dit le Jeune, méritent
une attention particulière > Mabiilon en a publié
un, dont les deux faces portent des empreintes
d’égale grandeur, comme celui de Guillaume-lë-
Gonquérant. Sur lé premier côté on voit Louis le
Jeune aflis fur un trône oufiège, formé de deux
monftréT, portant dans fa main droite un feeptre
fort court, terminé par une fleur de lys , &dans
la gauche un autre feeptre ou bâton royal, dont
le haut finit par une lëmblablé fleur renfermée
dans une lofange boutonnée. ' .
Le revers de céfie au pendant, reptéfênte le roi
Louis V I I , monte fur un cheval fcelle & bridé,
avec des étriers, le cafque entête fûrmonté d’une
aigrette, en habit militaire court, armé de fon écu-
011 bouclier ovale,& tenant- l’ épée nue & haute de
la main droite. On lit au premier côté : L u-do vr- J
eus D ei g r a t t a F r a n c o r u m r e x > & au feebnd- I
Antiquités , Tome F".
i tout-de-fuite j et d u x aquitaxoRum. Mabiilon
j obfêrve que Louis le Jeune eft le premier de nos
I rois qui ait fait -iifage d’un fieau de cire à double
! empreinte. Il appelle celle du revers sigillum
a v e r s u m , pour la diftxnguer du contre-fcel, dont
! l’image eft plus petite que celle du premier, côté.
| Ce favant ajoute que Louis V I I , après la diffolu-
tion de fon mariage-avec Eléonore, ducheffe d’A quitaine
, fe-fervoit d’un fieau dont le revers étoit
' fans aucune empreinte.
Plufieurs favants citent des fceaux de ce prince ,
fur lefquels paroît un écu femé de fleurs de lys > ce
qui ne peut s’entendre que d’ une empreinte mar-
• quée fur la même cire au revers du grand fieau.
«C e fut, à ce que eroyent tous les bons écrivains,
•» Louis;V II dit le Jeune, qui chargea l’ écu de
» France de fleurs de. lys fans nombre ». Il y a
aufti des fceaux de lu i, fur lefquels eft un éeunorr
femé de fleurs de ly s, difeht les auteurs de l'état
de la France. Nous n’en avons point encore rencontré
de femblables ; mais nous avons vu dans
les archives de l’archevêché de Sens, un fieau du-
même roi avec un contre-fcel. Ce fieau eft pendant'
à une charte donnée, vacante cancellaria3 l’an 117p.
; Au premier coté L oujs paroît aflis fur un trône j
au revers il eft repréfenté tenant un arc avec l ’inf-
cription : L u.u o v t.g u s r e x . Cette image plus petite
que celle du premier côté paroït avoir été
imprimée avec un cachet de pierre précieufe donc
la gravure étoit fine. On ne peut donc plus douter
que Louis le Jeune ne foit le premier des rois de-
France qui ait fait ufage du contre-fcel, quoique
Mabiilon en fafle honneur à-Philippe - Augufte,
; Philippus Augufius e regibus Francorum primus contra-
■ flgillo ufirS e fl. _
i - Eckhart dans fon traité hîftorique fur la Fran-
: ce orientale, pretend* que fous la dynaftie Mérovin-
j gienne, les maires du palais appofoient leur propre
\ fieau aux a êtes & non celui du roi. S’il faut auflï
[ s’en raoporter au célèbre abréviareur de notre hif-
| toi re , dans la première & 1a feco-nde ra ce , le
roi n’étoit majeur qu’ à vingt - deux ans, & pen-
- dant fa minorité tous les .actes étoient fiellcs du fieau
. du régent. Cependant un antiquaire du premier orv
dre a reconnu le fieau de Childeric I I I , dans celui
dont Pépin, maire du palais, s’eft fervi pour fcelle?
le plaid-ou jugement rendu en faveur de Fuira
de , abbé de St. Denis, l’an 751. Nous ne con-
noiffons pas de régent du royaume fous la fécondé^
race qui ait eu un fieau particulier. Mabiilon s’eft
contenté de dire que lés fils des rois Carlovingiens
n’avoient point de fceau du vivant de leurs pères y
ce qu’ il prouve par le diplôme de Gifèle, foeur de
Charlemagne, où fes fils Pépin, Charles 8c Louis
fouferivent fans que les princes ni-Gifèle elle-même'
appofênt aucun fceau. U n’en fut pas de même fous
la- troifième race. T es fils des roîs eurent des fceaux-
propres a vant & après avoir été. déclarés rois du vir