
fatyriques, comme nous l’apprennent AriftopHane
& Athénée.
SPHINX j monftre fabuleux , auquel les anciens
donnoient ordinairement un vifage de fenime ,
avec un corps de lion couché. Rien de plus com:
mun que le Jphinx , dans les monumens égyptiens.
Les uns font rep ré fentes avec des ailes , d autres
fans ailes , mais avec de longues trefles de
chèveux. Plutarque dit , qu’on mettoit • des fphinx^
devant les temples dés égyptiens , pour marquer
que la religion égyptienne , étoit toute énigmatique.
Le fphinx 3 le plus famèui dans la fable , eft
celui de Thébes, qu’Héfiode fait naître d’Echidhé
& de Typhon1: ces tnortftrés que l’on faifoit toujours
père 8f mère de ce qu’il f avoir de plüsmonf-
trueux. Junon, irritée contre les thébains, envoya
ce monftre dans le' territoire dé Thébes ,
our le défoler. On repréfente le fphinx de Thé-
es , différemment de ceux d’Egypte. Il _ayo.it
la tête 8c le fejn d’ une jeune fille, les grjffes
d’un Jion , le corps d'un chien, la quéuev d’un
dragon , 8c les ailes des oifeaux. Il exerçoît fes
ravagés fur le mont Phicee , d ou fë jèttant
fur les paffàns , il leïfr propofoit des énigmes difficiles
, 8c mettoît en pièces ceux qui ne pou-
voient les expliquer. Voici l’énigmè qu’il pro- :
pofoit ordinairement : quel eft d'animal qui a quatre
pieds le matin 3 deux" a midi 3 & trois le foir. ^ Sa
deftinée p orta it, qu’il perdroit la vie dès qu’on
auroit deviné Ton énigme. Déjà plufieurs perforine
s a voientété victimes du monftre $ & Thébes
fe trouyoit dans de grandes allâmes , lorfque
OEdipe fe préfenta pour expliquer l’énigme , 8c
fut aflez heureux pour la deviner: difant que
cet animal étoit l’homme q u i, dans fon enfance 3
qu’ on devoit regarder comme .le matin de fa v ie,
fe trainoit fouvent fur les mains 8c fur lès pieds r
vers le midi , c’èft-à-dire , dans la force de fon
|ge , il n’avoit befoin que de fès deux jambes y
mais le fo ir , c’eft-à-dire, dânsTa viéilleflè, il
Te fervoit d’ un bâton, comme d’ uflé troifiëme
jambe , pour fe foutenir. Le fphinx, outré de dépit
de fe-voir deviné, fe brifa la tête contre un
rocher.-Voyez C r.é o n , Lélape.
Il y en a, dit Paufanias, qui prétendent quefpkiux
étoit une fille naturelle de Laïus , & que , comme
fon père l’aimoit fo r t , il lui avoit donné con-
noifiance de l’oracle, que Cadmus avoit apporté
de Delphes. Après la mort de Laïus, fes enfans
s’enttedifputèrent le royaume } car , outre fes
fils légitimes , il en avoit laifle plufieurs de divers
eomcubines. Mais le royaume, fuivant l’oracle
de Delphes , ne devoit appartenir qu’ à un des
enfans de Jocaftes. Tous s’en rapportèrent à
fphinx, qui, pour éprouver celui de fes frères,
qui avoit le fecret de Laïus , leur faifoit à tous
des queftions captieufes, 8c ceux qui n'avoient
point connoiflance de l’oracle , elle le s condamnait
à mort, comme n’étant pas habiles à fuc-
céder. OEdipe, inftruit de l’oracle par un fonge,
s’étant préfenté à fphinx, fut déclaré fuccefleur
de Laïus. D’autres ont dit que fphinx, fille de
Laïus, peu contente de n’avoir aucune part au
gouvernement ,s ’étoit mife à la tête d’une^ troupe
de bandits, qui- commettaient mille défordres
aux environs de Thébes, ce qui la fit regarder
comme un monftre.
Diodore afiïire qu’on trouve dans l’Ethiopie,
& dans le pays des Troglodytes , de vrais fphinx ,
qui font d’ une figure femblable à ceux que. léu.r
uonrient les peintres , excepté qu’ils font plus
velus. Ces animaux font très-doux 8c très-dbciléi
de leur nature & ils' : apprennent aifémenc tout
ce qü’on leur môlitre. ( Sphinx vient de rÇiyyw ,
embar rafler ).- *•
« On ne peut nier ., dit Caylus ( Rec. £ ant. tom-
3. p l 60 no. 3. ) que l’original de ce fphinx de
bîrohze,- n’ait été,’grec. Il a été- trouvé à Rome,
8c dans un fi grand défordre, qu’on a eu beau-,
coup de peine à le reftaurer. L’ affemblage des morceaux
, nous mét en état de jugera combien les
grées aYoient altéré la première forme de ces
animaux. Il eft vrai qu’ ils f ÿ attachoient pas les
mêmes idées , 8c qu’ils étoient éloignés de 1 allégorie
des lignes céleftes , qui aY oient donne
naiftancê à cet objet fantaftiqiie. Le fphinx n’é-
toit ien quelque façon connu dans la Grèce 3 que
par l’hiftoire d’OEdipe 5 on Je voit'même fur qnel-
qùes piérrës gravées, repréfenté de la même manière
qu’ il paroît fous ce numéro , lorfqu’ il prô-
pofa à ce prince unef énigme, qui ne mérite gue-
rès d’êtrë fi célébrée. Le Jphinx eft encore traité
! de la même façon fur le revers des médailles
des Antiochus , 8c fur un poids de plomb, trouvé
dans l’ile de Chio. Ces diftérens emplois du même
objet, méritent d’être préfentés , capables de piquer
la curiofité, 8c font naître l’envie de chercher
pourquoi les grecs ont adopté le fphinx , pourquoi
ils ne l’ont point repréfente accroupi > enfinpour-
quoi ils lui ont donné desaîles, fur l’arrondiflement
defquelles j’ai déjà témoigné ma furprife. »
« Les fphinx des égyptiens ont les deux fexes,
dit Winkelmann ( hift. de l-art. 2. 1. ) , c’êft-à-
dire , qu’ils font femelles par devant, ayant une
tête de femme, 8c mâles par derrière, où les tefti-
cules font apparents. C ’eft une remarque que
perfonne n’avoit encore faite : je 1 ai nazardes
d’ après une pierre gravée du cabinet de Stofchjklef-
cription des pier. gt. du cab. de Stofch , préface
p. x v i i . ) Par là j'ai expliqué un paflage, juf-
qu’ici inintelligible du poëtePhilémon {mon. ant.
ined. n°. 79 / , qui parle de fphinx males. Il réfuite
de unfpeuion de quelques monumens, que
quelques artiftes grecs donnoient auflî des natures
compofées à ces êtres mixtes, 8c qu’ils faifoient
même des fphinx barbus, comme le L. _>uve un
bas-relief en terre cuite, confêrvé à la Farnéfîna.
Lorfqu’Hérodote nomme les fphinx A ndros-
p h inge s , il a voulu défigner par,cette expref-
fion,la duplicité de leurfeXe (L . ÏË p. 100.ƒ 17. ).
Les fphinx , qui font aux quatre faces de la
pointe de l’obélifque du foleil, au champ de
Mars, font remarquables par leurs mains d’nom-
me§| armées d’ongles crochus, comme les griffes
des bêtes féroces. »
M. Paw , dit que les \ fphinx , compofés du
corps d’une- vierge i enté fur celui d’un lion ,
font des images de la divinité , que l’on repré-
fentoit hermaphrodite. Cette opinion ne paroît
pas hèureufe à M- Savarv ( Lettres furx l'Egypte
p. 248). C ’eft fous le ligne du lion 8c delà vierge
que le Nil croît, fe déborde, 8c féconde l’Egypte.
Le fphinx étoit un hiéroglyphe , qui apprenoit
au peuple, le temps où devoit arriver l’événement
le plus important dé l’année. Auflî l’ avoit-011 multiplié
à l’infini. On le voit devant tous les temp
le s , devant, tous les monumens remarquables.
Il étoit l’équivalent de cette phrafe : Peuples,
fous tel ftgne, dans tel temps., le fleuve fe débordera
Jür vos campagnes, & y portera la fé condité.
On voit des fphinx avec des barbes fur plufieurs
monumens, fur une pierre gravée de Stosch , fur
un bas-relief defliné dans la collection du cardinal
Albani. Ce dernier ouvrage eft du temps des
empereurs. Au refte , l’on ne doit.pas confondre *
une barbe bien exprimée, avec la plante perfea que
l’ on a attachée quelquefois aux mentons des fphinx,
ainfi qu’à ceux des divinités, & des cercueils de
momie. ,
*11 exifte xm fphinx , qui a les jambes de derrière
8c la queue de cheval : les jambes font étendues
en arrière, comme celles, d’un courfier qui ga-
loppe. Ce fingulier fphinx, fert d’ornement au
calque d’ une Minerve , dont la tête eft placée fur
une médaille d’ argent de Vélia , en Lucanie, rapportée
par Goltzius. Ce fphinx, eft peut-être
line conception des étrufques , qui donnoient à
leurs faunes des pieds, 8c de longues queues de
cheval. On en voit plufieurs de cette efpèce en
bronze , dans la galerie de.S. Ignace à Rome.
Les plus beaux fphinx, qui font confervés à
Rome font 4 celui de ' bafalte de la villa de
Borghèfe, le fphinx de granit rouge au Vatican,
d’environ fix pieds de hauteur , 8c celui de
la"Villa Giulia, de même matière 8c de même
hauteur 5 vis-à-vis la fécondé pyramide de Gifa ,
& un peu- en avant du rocher, on voit encore
ce, fameux fphinx , beaucoup plus célébré qu’il
Antiquités, Tome K.
ne mérite de l’être. ( Baron d eT o tt. 4-p. 84. ) .
Ce n’eft en effet qu’une mafte de rocher , pro-
. longée en dos d’âne , jufqu’au grand banc dans la
direction du centre de cette pyramide. On lui a
donné la forme d’un fphinx , 8c l’on a ouvert fur
fon dos , deux puits quarrés, pour fervir d’entrée
à la catacombe , ce qui fait attribuer à ce monftre
la garde des tombeaux.
Il faut obferver que la figure du fphinx , a été
fouvent employée pour orner les pieds des fiéges.
Cette manière de décoration , étoit fort à la mode
chez, les anciens'. Sur le camée de la Sainte-Cha*
pelle , on voit un fiége fait dans le même goût.
Dans la magnifique fête, donnée à Alexandrie,
par le roi Ptolemée-Philadelphe, il -y avoit cent
lits d’o r , avec des pieds de fphinx.
Dans laeolle&ion des pierres gravées de Stoch,
on voit fur une fxrdoine un fphinx couché ayant
fur la tête le fruitfde lotus fuivant la defeription que
( hift. plant. I. IV. c. io .p . 87. ) Théophrafte nous
donne de cette plante, dont le fruit reftembloit à
une tête de pavot.
Sur une cornaline, un Jphinx mâle voilé , de
gravure égyptienne.
Sur une fardoine, en forme de fearabée, un
fphinx couché, un fiftre entre les deux pattes ,
la tête voilée , 8c chargée d’une fleur de lotus.
Sur mne cornaline, un fphinx voilé 8c mitré
debout devant un autel allumé.
Sur une pâte de verre-, un fphinx voilé, couché
tenant à la bouche une fouris par la queue 5
au-deflus eft un dauphin. Or , comme le Nil
étoit repréfenté foüs la figure du fphinx, il fe pour-
1 roit que la fouris lignifiât ici la grande quantité
de ces animaux ( Diod. fie. p. 8. D. ) qui s’en-
gendroient dans le limon de ce fleuvé , 8c dont
félon le rapport fabuleux des anciens , il s’en
trouvoit qui n’étoient formés qu’à moitié.
Sur une pâté de verre , un fphinx, qui fe gratte
la tête avec le pied de, derrière , 8c à côté le
nom du (Stosch. pier. grav. p l : è f . ) graveur, 0AMY-
popr. L’original eft dans le cabinet de l’empereur
à Vienne.
Sur une pâte de verre, un fphinx , avec un fer-
pent devant lui,
1 Sur une cornaline , un fpkinx , avec un boifleau
fur la tête , 8c un caducée devant lui ( Conf. Muf..
Flor. t. I I . tab. XC IV. n. 6. ) fur les médailles,
de l’ ïle de Chios , il y a des fphinx ( Gol%. Grec,
in f tab. X V I . ) avec la proue d’un navire ( Beger.
Tkef Brand. 1 .1. p. 419. ) , avec une lyre , 8cc.
Sur une pâte de verre, un fphinx , avec *un pied
de devant fur une tête de mort. L’original de
P p p