
un homme dans la vue du mariage. Alors elle étôit
au pouvoir de l'homme , parce que cette pofief-
fion annuelle fuppléoit aux fortnalites obferyees
dans l=s mariages ordinaires. Cette fille différoit de
la concubine en ce que celle-ci n'étoit gardée
que pour le commerce qu'on »voit avec elle j ce
qui dépendoit de l ’inclination de celui qui la •
Yoyoit.
USUCAPIO, prefcription , droit de propriété
qu'on acquiert après avoir pofiédé un bien durant •
le temps & avec les autres conditions marquées
par la loi : Ufucapio dit Ulpien , efi adoptio do- f.
minit per contïnuationempojf:fiords anni , vel biennii,
're.ru.rn m obi Hum anni , immobilium biennii. Ce droit
établi par les loix des Douzé-Tables ne regardait
que les citoyens romains , & les étrangers n'y.
avoieiK aucune part , c'eft-à-dire , qu'ils ne pou-
voient acquérir par l'ufage ce droit de propriété.,
La même loi des Douze-Tables exceptoit du droit
de propriété par l'ufage les chofes qu'ôn avoit dérobées
, pour lefquelles la prefcription n avoit- pas
lieu , & elle exigeoit de plus que la poffëffion n'eût
pas été interrompue.
USURA j ufage d'une chofe quelconque, d'où
- eft venue la coutume d’appeller üfure ■ le profit
que l'on tire d'une chofe : U fur a efi incrementum
foenoris 3 dit Ifidore ( J. 35. ) , ab ufu aris crediti
nuncupata. Ainfî , en s'en tenant à l'étymologie du
terme, Yufure eft accroiffement de la fomme prêtée
, que le créancier exige du débiteur pour Tu-
fage que celubci fait du principal 5 ce qui doit
s'entendre aufl.1 du prêt de toute -autre ehofé. Les
grecs entendoient parfaitement l'art de mettre
leur argent à profit 5 ils étoient ufuriers au dernier
point. La fomme principale qu’ils prêtoient leur
produifoit un gros intérêt par jour, & lorfque le
.débiteur n'étoit pas exaét à les payer, les arrérages
s'accumuloient & groffifloient chaque jour
le capital, en forte qu'ils tiroient fans fcrupule
l'intérêt de l'intérêt. Les dettes fe payoient ■ le
premier jour du mois , qu'ils appelloiêftt Nôémé-
nie , c'eft-à-dire , nouvelle lune , de même que les
romains exigeoient le paiement le même jour, ap-?
pellé les Kalendes : Néque Kalendarum- 3 „dit Plutarque
( De vitand. ar. alieni.') , 6? Novilunii ad-
monebant 3 qüam diem facratijfimam fceneratores
atram & abominandam faciunt. Cet auteur ’marque
l’époque où les dettes fe payoient chez ces deux
peuples , & file débiteur ne payoit point, os lui
fixoït un délai} mais , le délai pané -, il n'y avoit
plus de reffource pour lui-, & la loi l'abandonnoit
à fes créanciers , qui pouvoient le tenir en prifon
pu lui mettre les fers aux pieds.
USURE,- ou prêt a intérêt che^ les grecs & che^
us romains. Cet article eft extrait du mémoire
que Dupuy a écrit fur l'état de la monnoie ro=
rpaine. (Mcm, de l ’acad, des Infcript.)
Avant la renaoilïance des , lettres , on igfio-
roit jlifqü'àùx termes & aux exprefilons dont les
grecs & les'romains avoient fait ufage en "cette
matière. On ne fàvoit quelle idée- ' fe former de
Yufure centième , ni de* Tes parties. ; Hermolaiis
Barbarus fut le premier q u i, guide par Colu-
melle, découvrit l'erreur des jurifçonfultes, qui
l'avoient précédé.
Budée fit enfuite briller à nos yeux une lumière
plus vive. Depuis’ lui', piufieurs auteurs h'ont
pas laifie de. s’égarer/ Saumaife lui-même , qui
avoir fort étudié ce fu jë t, eft tombé dans quelques
méprifes , & aujourThui nous voyons enéore
des écrivains qui n'ont pas, fur cette matière, dès
idées bien juftes, ni bien nettes.
À remonter aux te'mps les plus reculés, on ne
voit pas que les loix aient ordinairement permis ,
une ufure plus forte que la centéfime , c’eft-à-dire
d'un pour cent par mois, ou de douze par an.
Car quoiqu'au rapport de Démofthenes , la femme
répudiée fût autoriféè par la loi de Solon, a’ r.e^
tirer la centième & demie de fa dot, fi le mari
différoit à la lui. rendre j ce cas particulier ne doit
: être, regardé que comme une peine, qui prouvé
■ que cette- efpece à'ufure ri'étoit pas ordinaire.
G’eft à cette centéfime que les romains reduifi-
rent tout leur calcul en, ce genre : ils la regarde-,
rent comme un* as ou un tout, & la^ fournirent
ainfi à toutes les divifions reçues de l’as. ufure
étoit-elle plus forte PTexprefïiomquila défignoir
fe rapportoit toujours à la centéfime. On difoit
■ donc la fefqui-centéfime 3 ou Yufure par mois d un
: & demi pour cent, ou dé dix-huit par an. La double
centéfime {bina, centefimaj , ou celle de deux
pour cent par mois , ce qui fait vingt-quatre par
! an j ainfi des autres,. Etoit-elle plus foible ? les
' parties- de l’as, appliqués a la centéfime, en ca*
. raéférifdient l’éfpece j d’ où Ton voit que Yufure
: oncierè ( fie nus unciarum ) eft l’once, ou le dou-»
■ zlème de la centième, c’ eft-à-dire^Te douzième
1 d’un par mois.
; On lit- également dans les anciens écrivains ces
■ autres exprefiions 3 femunciariumfténus 3 foenus trient*-.
> rium 3 ufura fextantes , quadrant es , trientes.3 quin-
! cunces 3 femijfes , feptunces , bejfes, dodrantes , dex-
; tantes, deunces. Les grecs s expriment fouvent
d’une manière femblable. 3Tp!m, Terâprn , M t -
\kû t v9 & c . Uctroçfe : & cette analogie fe remar-.
que dans les autres efpèçes à’ufure.
Pour n’avoir pas bien.compris le principe fur
• lequel étoit fondé le calcul des romains à cet
égard, je ne fais combien d’auteurs ont confondu
Yufure oncière avec la centéfime. Un écrivain
célèbre -, Montefquieu., a bien vu que depuis le
temps où les loix romaines mirentun fr-in a L’avis
dite des créanciers, Yufure onciere ne pouvoir
jfiis lignifier un pour cent par mois, .parce qu’au-
drement les empereurs qui permirent Yufurè quarte 3
tierce 3 fémijfe, l'auroient fixée à trois, quatre,'
& fix pour cent par mois ; ce qui fans doute
eût été abfurde, comme il le dit : car les loix
faites pour réprimer Yufure auroient été plus cruèl-
les que les ufuriers. Mais il.s’eft perfuadé que
dans les commencemens Yufure oncière étoit dJun
pour cent par mois, & qu’ellé ne défigna un
pour cent par an què long-temps après.
Examinons & tâchons d’approfondir cette théorie
de Yufure chez le s . romains , en fuivant la
route der celui qui n’en ayant encore aueimè idée
chercheroit à en pénétrer le myftère. On voit
bien en général que ufura uheiaria déclare un intérêt
d’une once 5 que ufura femijfes indique une-
ufure de fix onces," que ufura deunces fignifie une
ufure de onze onces ; mais nous ne voyons pas encore
clair dans ce fyftême numérique. En effet,
payer onze onces d’intérêt fur un as, ou les onze
parties,d’un tou t, foit par mois, foit par an,
cela n’eft pas admiftible. Ufura centefima paroît
annoncer un intérêt d’un pour cent, mais eft-
ce par an? eft-ce-par mois ? par an, ua pour cent
feroit peu j par mois, un pour cent^ ce feroit
douze pour-cent par an. L’intérêt paroît for t,
mais il peut avoir eu lieu en certaines circonüan-
cès. Suppofant, donc que ufura centefima énonce
des intérêts à douze pour cent par an, .on eft
porté à croire que les romains auroient bien pu
tirer généralement les intérêts d’une fomme à
tant pour cent par an , , ou par mois en prenant
pour bâfe 'de tout leur calcul un centième ou la.
centième partie de cent. Dans cé .cas , il feroit
très-probable qu’ils auroient confidéré comme un .
as ou une.unité, cette centième partie, centefima
- ufura 3 c’eft-à-dire ,'que fur cent ils auroient pris
un , l’auroient-appelle as, 8c qu'ils auroient idivifë
•cet as en douze onces, comme la livre & leurs au--
tres entiers , de manière que centefima ufura , fi- ,
gnifiant un ou f f pour cent, deunces ufura fignf
fieroient pour cent, femiffes ufura pour cent,
undaria .ufura ~ pour Cent, ufura femunciaria
pour cen t, le tout à rai fou de l’efpace d’un mois.
Ge:,fyftême paroit affez plaufible j çar û-centefima
ufura fenablent une ufure un peu forte dans cett®
hypothèle ; d’un autre coté , ufura undaria paroif->
fent un intérêt trop modique. Mais eft-ce-la yéri-^
tablement la théorie de Yufure chez les romains ?
& fi cela eft, èft-il certain que c’étoit à raifon du
mois qu'elle étoit due ? Columelle {Lib. III. cap<
3 .) , par le calcul qu'il en. fait-, va nous l'apprendre.
Cet: écrivain , traitant de la culture de la
vigne j après avoir ajouté enfemble les prix d’un
efclâye vigneron, de fept jugères de terre, de
marcottes neceflaires pour le plan de ce terrein ,
des échalas &'des ofiers , fait monter cette fomme
à vingt-neuf mille fefterces , dont i l tire les ufura
femijfes, qu'il évalue à trois mille, quatre cents
quatre-vingt fefterces pour deux années : f it tum
in sjfem confummatum pretium fefiertiorum xxix.
pii Ilium. Hue accedunt femijfes ufurarum fefiertia tria
milita & quadringentl octoginta nummi biennii tem-
poris , quo yelut infantia vinearum Cejfat a fruciu. Fit
in affem fumma fortis & ufurarum xxxij millium
quadringeittorum Ixxx nummorum. Prenant donc la
moitié de 3480 , nous aurons 1740 fefterces pour
les femijfes ufurarutn d'un an fur un capital de
. iqooo fefterces ; faifant cette proportion : 29000
fefterces donnent par an 1740 fefterces d’intérêt,
comme 100 fefterces donnent un quatrième terme,
c’ëft 6 ÿ donc ufura femijfes exprime un intérêt à
fix pour cent par an, c’eft-à-dire , ou fix onces
de l ’as centéfime par mois. Voilà le développement
du fyftême numérique de Yufure chez les romains
5 & je ferois furpris que l’auteur d'un livre
intitulé : Recherches fur la valeur des monnoics &
fur le prix des grains avant f i apres le concile de
Francfort, en eût imaginé un tout différent, fi dans
le refte de fon ouvrage , il m'eût paru plus judicieux,
& plus inftruit des ufagès de l'antiquité.
Voici à préfent une table dès différentes fortes d'ufures ou d'intérêts des romains.
U sure fémonciale. . . . . . . . . . .
— —— fextantale.............
—— trientale.
1 ■ quinconciale . . .. ............
— — fémiffale. . . . . . . . . . . . .
..... ...... feptonciale.. ..................
«— — beffale.... * • ; • . . . . .
— —— do draiitale............... ..
— dextantale. . . ; ...........
— —— dépnciale.......................
centéfirrie. . . . . . . . . . . .
— —— fefqui-centéfime.. . . . . .
— — double centéfime.. . . . .
Antiquités, Tome V.
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i 2
Par mois.
pour cent.. . . .
pour cent.. . . >
- pour cent........
p o u r c e n t .....
pour cent. . . . i
> pour. cent.. .
pour c e n t .....
pour cent.. . . .
.pour cent.. . . .
pour c en t... .
pour cent.. . . .
pour cent.. . . .
pour cent?. . . .
| pour cent,
pour cent. . . . ;
Par an.
I pour ceat.
1 pourcent.
2 pour cent.
3 pour cent..
4 pour cent.
$ pour cent.
6 pour cent.
7 pour cënt.
8 .pour cent.
9 pour cent.
10 pour cënt.
1 1 pour cent.
■ 12 pour cent.
18 pour cent.
24 peur cent.
P d d. d d