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tortue pour le chapeau de Mercure , rejette de la
tête fur les épaules , comme le porte Zethus qui
conduit fa mère Antiope avec fon frère Amphion ,
fur un bas-relief de la villa Borghèfe, où font
marqués les noms des figures, & dans un autre
bas-relief de la vigne du cardinal Alexandre Àl-
bani , qui lui eft femblable ; mais une tête de
Mercure en marbre, dont le pétafe eft formé par
récaiile d’une tortue , me fait balancer. On y ap-
perçoit les traces des aîles qui fe font perdues. De
même je crois voir dans notre pierre la forme
d’une véritable tortue, dont on voit même la
queue au lieu d’une aile de pétafe. La tête de
marbre que je cite & qu’on peut dire unique , eft
dans le cabinet de Mengs , premier peintre du roi
de Pologne à Rome ».
La tortue , comme attribut de Mercure , eft
moins rare. Sur une améthyfte de la comteffe Ché-
roffini à Rome , ce dieu eft appuyé contre une colonne
j tenant de la main gauche une tortue , & à
fes pieds il y a un bélier & un coq. Mercure fit la
lyre de l’ écaille de cet animal, & l’on voit une
lyre faite ainfi aux pieds d’une ( Conf. Spence’ s
Tolymetis dialog. V 1IÎ. p. 107.) ftatue de Mercure
de grandeur naturelle de la villa Négroni, autrefois
Montalto j qui a fa bâfe antique.
Dans la coileétion des pierres gravées de
Stofch , on voit fur une calcédoine Jupiter
debout tenant une tortue dans la main droite ,
& fon fceptre de la gauche, avec l’aigle à fes
pieds. Vénus avoit une tortue à fes pieds à
Élis. Cet animal étoit auffi un fÿmbole de
Mercure ; mais perfonne n’en fait mention
aû fujet de Jupiter. Peut-être que comme la
tortue fervoit encore de fym'bole au Péloponèfe,
il y eut dans ce pays-là un Jupiter particulier,
à qui l’on donnoit cet attribut.
Sur une agate-onyx, Efculape avant à fes pieds
une tortue. La tortue eft, comme nous avons v u ,
un des attributs de Mercure ( Conf. gori muf
fol. 2 tom. II. pag. 14J. ) & la Vénus célèfte
de ( Paufan. I. VI. pag. j i j . ) Phidias avoit
un pied fur une tortue j on a pu l’ attribuer a
Efculape à caufe des remèdes qu’on en faifoit
& dont les anciens fe fervoient beaucoup/
ainfi que ( Hifi. natur. lift. X X X I I . cah. 14.
pag. 577. ) le rapporte Pline.
Dans la colîeftion des pierres gravées de Stofch,
on voit, fur une pâte antique, Efchyle tué par
la chute d’une ( Suidas V . Atç%vXtc. ) tortue,
qu’ un aigle lai (Ta tomber fur fa tête. Les auteurs
anciens ne font pas d’accord fur ce genre
de mort, mais perfonne ne dit que cela lui arriva
pendant qu’il buvoit 5 cependant il eft repré:-
fenté ici portant une coupe à la bouche. Peut-
être le graveur a-t-il voulu repréfenter en même-
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temps, & le genre de fa mort, Zc fa paffioft
dominante.
T ortue fur les médailles des habitans du
Péloponèfe ( Platane. ) , 8c d’Ægium en
Achaïe.
T ortue , teftudo. On appelloit ainfi chex les
anciens une efpèce de galerie couverte , dont
on fe fervoit pour approcher à couvert de la
muraille des places qu’on vouloit ruiner , ou
pour le comblement du fo£Té.
On appelle tortues-béliers, celles qui fervoient
à couvrir les hommes qui faifoient agir le bélier.
Voye^ BELIER.
Vitruve nous a donné la defeription & la
ftruchire de la tortue qui fervoit à combler le.
foffé. On la pouffoit fur le comblement , à
mefure que l’ouvrage avançoit, jufqu au pied
du rempart ou des tours qu’ on fappoit à couvert
de cette machine. Elle étoit compofée
d’ iine grofle charpente très-folide & très-forte.
C’étoit un alfemblage de groffes poutres j les
fabliers , les poteaux, & tout ce qui la com-
pofoit dévoient être à l’ épreuve des machines
: & de toutes fortes d’ efforts > mais fa plus
grande force devoir être portée au comble^ &
dans les poutres qui la foutenoient, pour n’être
point écrafée par les corps jettés d’en haut.
On l’appelloit tortue, parce qu’elle fervoit de
couverture & de défenfe très-forte & très-
puiffante contre les corps énormes qu’ on jettoit
par deffus 5 & ceux qui étoient deffous, s’y
trouvoient en fureté , de même que la tortue
; l’eft dans fon écaille. Elle fervoit également
pour le comblement du foffé & pour la fappe
de la muraille ( Folard , attâq. des places des
anciens.').' Cet auteur prétend que la tortue
n’étoit autre chofe que le mufcule.
Les romains avoient encore d’autres efpèces
de tortues 3 pour les efcalades & pour les
combats.
La tortue pour l ’efcalade confiftoit à faire
avancer les foldats par pelotons près des murs,
en s’élevant & en fe couvrant la tête de leurs
boucliers 5 en forte que les premiers rangs fe
tenant droits & les derniers à genoux , leurs
boucliers arrangés enfemble les uns fur les autres
comme des tuiles, formoient tous enfemble
une " efpèce de to it , fur lequel tout ce
u’ on jettoit du haut des murs gliflçit fans faire
e. mal aux troupes qui étoient deffous. C ’étoit
dans ces opérations que les boucliers creux
dont fe fervoient les légionnaires, dévenoient
plus utiles & plus commodes que les autres.
Qn faifoit encore monter fut ce toit de bou-
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eliefs d’autres foldats qui , fe couvrant de
meme, tachoient d’écarter avec des javelines
ceux qui paroiffoient fur les murs, & d’y monter
en fe foule va nt les uns fur les autres.
Cette tortue ne pouvoit avoir lieu que lorsque
les murs étoient peu élevés.
L’autre tortue pour le combat, fe formoit
en rafe campagne avec les boucliers, pour fe
garantir des traits & des flèches. Selon Plutarque,
Marc-Antoine s’en fervit contre les
parthes pour fe mettre à couvert de la pro-
digieufe quantité de flèches qu’ils tiroient fur
fes troupes. Cette tortue fe faifoit ainfi :
Les légionnaires enfermoient au milieu d’eux
les troupes légèrement armées 5 ceux du pre- j
mier rang avoient un genou en terre, tenant
leur bouclier droit devant eux, & ceux du
fécond rangmettoient le leur deffus la tête de ceux
du premier rang} ceux dix troifième couvroient
ceux du fécond , & ainfi des autres , en obfer-
Tant que, leurs boucliers aotieipaffent un peu
les uns fur les autres, de même qu’on arrange
les tuiles, en; forte qu’ils formoient une manière
de toît avec leurs boucliers, qui, étant
un peu creux , fe joignoient facilement les uns
aux autres, & les mettoient ainfi à l’abri des ,
flèches, principalement de celles qu’on tiroit ;
en l ’air cofnme le faifoient les parthes.
TORULUS 3 pan du manteau des prêtres ,
dont ils fe couvroient la tête ; il étoit quelquefois
couleur de flamme. Ammien ( 29. 1. )
dépeint un de ces prêtres : Hic linteis quidam
indumentis amiftus , calceatufque itidem linteis
foccis, torulo xapite czrcumfexo, verbenas felicis
arboris gefians, libato eonceptis carminibus nu-
mine prsfcitionum autore , ceremoniali feientia
fuperfiitit , & ( lé. 12. ) Chonodômarius quidem
nefarius be-lli totius intenter, cujus véniel flam-
meus torulus aptabatur.
T O R U S 3 lit, ainfi appelle, dit Servius
( Æneid. 2. 2. ) ab herbis tords , parce qu’il fut
fait dans les premiers temps, de feuilles entortillées.
Voye£ L it .
TOSCAN ( ordre ). De l’ancien ordre tof-
ean3 il se s’eft confervé qu’une feule colonne
à ÏEmiJfario du lac Fucino 3 & nous,n’ en fa-
vons que ce que Vitruve en a dit. On voit des
colonnes tofc'anes avec des bâfes fur l’ancienne
patère Etrufoue ( Dempfi. Etrur. t. I tab. 7 .)
d’ un ouvrage cifelé , repréfentant Méléagre
aflis enfre Caftor èc Pollux, avec le bercer
Paris.
T oscan s. V o y e iEtrusques. ' *
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TOSORTHRUS. Manéthon ( Synccll. duo-
nogr. p. 56.) cité par Africain & par Eusèbe,
place dans la dynaftie des rois de Memphis
Toforthrus, qui fut l’Efculape des égyptiens à
caufe de fa fcience dans l’art de guérir. Il inventa,
ajoute-t-il, l’art de bâtir avec des pierres
taillées, & il propagea l’art d’écrire en Cophte,
ou ancien langage égyptien. Toforthrus fignifie
celui qui guérit toute la terre. Les grecs crurent
y reconnoître leur Efculape, 8c ils lui en donnèrent
le nom.
TOUCHE ( Pierre de) Voyc% Ba sa l te .
Les anciens ont donné le nom de bafalte à
la pierre de touche. Ce mot vient du grec „
f examine , ou fuivant d’autres , de bifaltia,
provinçe de Macédoine. Dans cette fuppofitiori
de bifaltes on aura fait bafaltes. On dit que le
mot éthiopien bafal, fignifioit du fer; ce qui a
fait croire que le nom de bafalte avoit été
donné à cette pierre, parce qu’elle étoit de la
couleur du fer. On l’appelloit auffi lapis lydius,
pierre de Lydie, apparemment parce qu’il s’en
trouvoit en Lydie. Suivant Pline cette pierre fe
trouvoit en Éthiopie.
TOUJOURS Augufte. Voye% Sempxr A u-
gufius.
TOULOUSE. On lui avoit donné l’épithète
de Palladia, foit à caufe du culte que fes habitans
rendoient à Pallas, foit à caufe des oli-
, viers qui font confacrés à cette déeflfe, & qui
croiflent en quantité dans le territoire de cette
ville j foit enfin à caufe du goiit que fes habitans
avoient pour les fciences, félon ce di Clique
de Martial ( L . IX. épigram. 101. ) 'r
Marcus palladia non infieianda T0lofs,
Gloria , quem\gehuit pâtis alumna quies.
Le premier vers de cette épigrasnme fait
voir que Martial entend parler de l’étude des
belles-lettres.
Marcus dmat nofiras Antonius , Attice , mufas.
Touloufe etoit encore confidétable par fa magnificence
; car il avoit un capitole. On y
voyoit auffi dans le voifinage un temple , fameux
par fes richeffes auxquelles perfonne
n’ofoit toucher. Juftin & quelques autres hif-
toriens ont dit que les teclofages pillèrent le
tréfor du temple de Delphes , Sc que pour
appaifer la colère d’Apollon qui les défoloit
par une cruelle pefte, ils jettèrent ce tréfor dans
le l*ac. de Touloufe.
Cette ville f i t prife fur les mêmes tedofiges
par Servilius Coepion, l’an 648 de la fonda