
Mémoires pour fervir de preuves a tHifioire ecclè-
fiafiique & civile de Bretagne.
Le fécond exemple eft le fceau de Jeanne I I ,
reine de Hongrie, de Jérufalem & de Sicile,
publié par Erafme Gattola, dans la onzième
planche defes additions a Vhiftoire du Mont Ça (fin* Ce
Jceau de l’an 1414 , prend la forme d’une reine
couronnée , aflife fur fon trône 8c portant l’épée
royale d’une main 5 la figure a trois pouces de
haut fur deux de large.
féaux font plus petits que ceux des fiècles pofté-
rieurs. Les Jceaux de Conrad 8c de Henri I ne font
pas plus grands qu’un florin d’Allemagne. Ceux
des trois Ottons ont prefque trois doigts de diamètre.
Ceux de Conrad II , de Henri III •& I V ,
en ont un peu moins de quatre ; ceux de Lo-
thaire, quatre & demi, 8cc. Heineccius n’avoit
point vu de fceaux des fiècles-X 8c X I I , qui
eulfent plus de cinq doigts de diamètre ; mais,
dans les fiècles fuivans, leur volume augmenta
prodigieufëment.
II ne nous rëfte plus qu’à donner une idée des
fceaux ou fignets , que les notaires des bas-fiècles
trempoient dans l’èncre pour marquer leurs jfigna-
tures à la fin des aétes. Ce furent fur-tout les,
notaires apofioliques 8c impériaux , qui en firent
ufage. Les figures de cette efpèce de fceaux
femblent avoir été abandonnées aux caprices de
ces notaires.
Telles furent les différentes formes données aux
fceaux depuis les premiers tems jufqu’au feizième
fiècle. Les fceaux plaqués font communément or-
biculaires, au lieu que les fceaux pendans aux aétes,
font ovales & oblongs. Cette régie, dit Heineccius,
fouffre mille exceptions. En effet on a des
fceaux ovales 8c allongés , qui font appliqués fur
les chartes j 8c on en a de ronds Sc de'diverfes autres
figures, qui font fufpendus. La grandeur des uns
8c des autres n’a pas moins varié félonies tems.. Nous
avons parlé plus haut du poids 8c du volume des
fceaux, d’ or. Ceux de cire font fort petits fous la
première race de nos rois, parce qu’ils fervoient
d’anneaux à fceller. Ordinairement ils n’excèdent
pas la grandeur d’un de nos louis-â’or de vingt-
quatre livres. Les.fceaux ovales des rois 8c des empereurs
Carlovingiens deviennent infenfiblement
plus grands. Celui de. Charles - le - Chauve ,x qui
fubfifle au bas d’ un diplôme de l’an 848 , gardé
à la bibliothèque nationale, n°. 10, a deux pouces
& demi de hauteur, 8c environ deux de largeur.
Les fceaux des rois Eudes , Zuente bolde 8c de Lo-
thaire l’emportent fur les précédens pour le volume.
Il devient plus confîdérable fous la troifième ■
race , à mefure que les gros caractères des inferip-
tions 8c les images gravées fur les fceaux,' exigèrent
un plus grand efp.ee. Nos rois Capétiens, à
l’exemple des autres monarques de leur tems voulurent
fe diftinguer de leurs fujéts", par la grandeur
& la magnificence des fceaux, l’une 8c l’autre furent
portées à leur dernier période- pendant les
quatorzième 8c quinzième fiècles. Ceux de Charles
VIII , de Louis XII 8c de -François I , ont quatre
pouces de diamètre. Le fceau de Robert I I , premier
roi d’Ecoffe de'la maifon desStuarts en 1371,
eft de la même grandeur. Mais quelques uns de fes
fucceffeurs en ont eu d’environ fix pouces de diamètre.
Les obfervations que nous venons de faire fur
les figures Sc le velume des fceaux , peuvent être
d’une grande utilité, tant pour fixer leur âge , que
pour difcerner les faux des véritables. Quel eft
l’ antiquaire', par exemple, qui balancera à taxer
d’impofture la charte où l’ on fait dire à Charlemagne
qu’il y a fait mettre fon grand fceau pendant,
magni figilli appenfione munitam ?" Les grands
fceaux en cire pendans n’ étoient pas moins inconnus
au temps de ce monarque , que la'formule
qui en fait mention.
\ Les empreintes des fceaux en manifeftent l’ancienneté
, 8c fervent à en faire le difeernement.
Elles ne confiftent qu’en images , fymboles Sc inA
criptions, ou légendes. Celles-ci ont varié félon
les temps, tant pour les caractères que pour les
expreflîons. En' général, les' lettres majuscules en
font plus claires que celles des médailles contemporaines.
Le fceau de plomb de Galla Placidia ,
fille de l’empereur Théodofe-le-Grand, déclarée
Augufte en 424, en eft une preuve. 11 offre au
premier côté cette infeription en lettres capitales
romaines : DN. GALLA-PLACIDIA, P. F. AUG.
c’ eft-à-dire , Domina Galla Placidia , pi à , felix ,
J u g u f ta 8c au revers , on voit une longue croix ,
avec une Victoire accompagnée des deux fîgles
R. V . qui. lignifient plutôt R o m a victrix que
regin a VISIG.0TH0RUM ( Ficoroni. I piombi an-1
ticki. ^
L’écriture latine capitale s’eft maintenue fur
■ les, fceaux jufqu’au douzième fiècle , où elle
commença à dégénérer eiî gothique. Il n’eft pas
rare d’y voir les caractères grecs. Nous n’en
donnerons ici pour exemple que la bulle -de
plomb du pape Sergius , publiée par Heineccius
d’après Ralatio. "
L’infcription porte boh©h cE nrior. II faut
lire BOH©Er x e it io y , 8c fous-entendre o ©EQS j
ce qui lignifie Deus , protégé Sergium.
Si les fceaux de métal montrent des inferiptions
des dëüx côtés , fouvent elles n’ offrent que des
monogrammes. En voici un exemple tiré de Ft-
çoroni.
En Allemagne, comme ailleurs, les anciens L’union de l’alpha 8c de l’omega avec Je mo*
pogramme x ? , qui fignifie Ch r i s t ü s , marque
que J. C. eft le principe 8c la fin de toutes choies. ,
Le revers ne porte que le nom de 'Gerimnus, mis
au génitif. On voit par ces bulles de plomb que
les inferiptions des plus anciens fceaux étoient
très-fimples.
Avant l’invention des contre-fcels, au onzième
fiècle, les fceaux de cire ou de matières femblablcs
n’ont d:s légendes que d’un côté. Les mêmes rois
ont quelquefois leurs noms gravés autour de l’empreinte
, 8c quelquefois ne l’ont pas ; parce qu’ils
ayoient plusieurs anneaux ou cachets. Les Mérovingiens
ajoutent à leur nom le titre de roi des
franfois. Prefque to.utes les inferiptions des fceaux
du rnoyeïiage commencent par une croix. On voit
d.s croix de différentes formes au commencement
des légendes gravées fur les fceaux, depuis les j
fuemiers temps jufqu’ au quatorzième fiècle. Vers
e commencement du quinzième, on négligea cette ;
pieufe pratique ,' 8c l’ on fubftirua aux croix , des
rofettts, des étoiles 8c d’autres figures femblables.
Les croix par Lfqud'les commencent les légendes .
des plus anciens Jceaux. font ordinairement fûmes
des _ noms ,8c des dignités de ceux auxquels les
fceaux appartiennent.
On commença, dès le onzième fiècle, à faire \
précéder figillum , écrit tout au long ou en abrégé,
jpardes fîgles : i. si-, s ig . s i g i l l u m . Si l’on en croit .
Heineccius, ce mot ne fe montra fur les fceaux que
vers la fin du douzième fiècle. Il paroit cependant
fur celui de Roricon, évêque de Laon, en 5)72,
lur ceux, de Guillaume-le-Conquérant 8c de Raymond
de S. Gilk-s , comte de Touloufe. Jl eft
commun fur ceux des évêques 8c des grands fei-
gneurs, dès le milieu du douzième fiècle. Au lieu
de s ig r l l g m , on trouve s ig n um , im p r e s s j o 8c
s u r s c r i p t io s ig i l l i , fur quelques fceaux des
comtes 8c des églifes. C ’eft qu’alc-rs les fceaux té-
noient lieu de fignatùre.
Il eft échappé au même auteur une autre mé-
prife de" confequence, au fa jet de la formule D e i
g r a t ia , qu’ on vo it, dit-il, fur les plus anciens
fceaux des Mérovingiens : In antiauijjhnis Mero-
vingorum figillis confpicitur. Ce qui furprend davantage
, c’eft qu’il cite cette infeription du roi Dagobert
: D e i g r a t ia D agobert us kex. Il eft
néanmoins confiant que cette formule fut inconnue
aux rois Mérovingiens. Le premier de
jous les fceaux où elle paroit incontettablement,
eft celui de Charles-L-Chauve, appofé à une
charte de 839. Quoique Pépin, élève fur le trône
par une voie extraordinaire, ait laiffé à fes fucceffeurs
l’exemple de rapporter à Dieu Leur élévation
, en fe fervant le premier de la. formule
g r a t ia D ei : on ne la trouve point fur fes fceaux.
Quint à celui du roi Dagobert, où,cette formule
fe montre en grands caja&ères, Heineccius en a
démontré lui-même la fauffeté par fept moyens,
dont le dernier confifte à dire qu£ jamais les rois
Mérovingiens n’ont employé la formule par la
grâce de Dieu , ni dans leurs diplômes , ni fur
leurs anneaux* C ’eft donc par inadvertance qu’ il
prétend prouver l’antiquité de D e i gratia par
les légendes des fceaux mérovingiens.
Les premiers rois Carlovingiens n’ont point
d-’infeription fur un de leurs fceaux , pendant
qu’ils en ont fur un autre. Leurs noms , qui doivent
nëceffairement varier , mis à part, fouvent Ils
ont des légende s différentes , fur - tout depuis
qu’ils font devenus empereurs. Le fceau de Pépin-
le-Bref, publié par Schannat, laiffe voir des veftiges
de cette infeription : x p e ( Chrijle) p r o t é g é P i p -
p in ü m r e g em t r a n c o r u m , Formule imitée des
empêreurs grecs, 8c que Pépin tranfmit à fes fuc-
ceüeurs. Un autre fceau qui repré fente ce prince-
fans barbe, eft des plus finguuers par cette infeription
: P ip p t n ü s im p e r a t o r . MioDtfaucon l’a
tiré de la défenfe de l ’églife de S. Maximin de
Trêves, par Zyllefius.
L ’abbé de Camps 8c Juftel ont eu entre les
mains ce. fceau extraordinaire , ou du moins un
femblâble. Si le titre d’Empereur a porté plufieurs
favans à s’en défier, c’eft peut-être qu’ils n!ont
pas confidéréque les noms de rois 8c d’empereurs
ont été employés l’un pour l’autre dans le moyen
âge. On a des monumens , où Dioclétien, Conf-
tantin 8c Charlemagne étant empereurs, n’ont
que le titre de rois. Souvent on a donné celui
d’Augufte ou d’empereur à Clovis , à Pépin, à
plufieurs autres rois de la fécondé race, Sc même
de la troifième.- Dans une charte de Betton, évêque
de Langres, datée de la trente-troifième année
du règne de Charlemagne,,c’eft-à-dire, de
l’an 7 9 1 , ce monarque eft appelle Empereur. O r ,
on fait qu’ il ne parvînt à la dignité impériale que
huit ou neuf ans après. Il n’eft donc pas furpre-
nant de voir Pépin porter le titre d’empereur fur
fon fceau.
Eckhart èri a produit un très-aufbentique de
Charlemagne déjà empereur depuis fept, ans,
dont l’infcription ne lui donne que le titre de roi
des français : (K p e pp. o t e g e Ca r o l u m r e g em
tr a n co r vm . Le diplôme fcellé dé ce fceau , 8c
accordé l’an 807 à Egilv/ard , évêque de Wirtz-
bourg, n’ eft nullement fufpeét. Le même auteur
a publié un autre fceau de Charlemagne devenu
empereur _, dont la légende porte : X p e p r o t é g é
K a r o l u m im p e r a t o r e m . O n admettra fans
peine ces différens fceaux ou anneaux ; fi I’oq
fait attention i p. que' les mêmes princes^ en
à voient plufieurs; 20. que les titres de roi 8c
d’empereur dans le, ftyle du moyen âge font trèsr
fouvent fynonymes ; 30. que les légendes des