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grecs, ceux - ci peu-à-peu s’accoutumèrent a
défigner tous les tofcans fous le .même nom. Ils
les regardèrent comme des tyrrhéniens , & par
c.onféquent comme des pélafges; parce que ne
les connoilfant pas eux-mêmes, il étoit naturel
qu'il les confonaiffent avec des peuples enclaves
dans leur territoire , & qui ne ceffoient d'entretenir
quelque relation avec la Grèce. Mais ni les
tofcans ni même les romains n'ont jamais connu
ces dénominations. Si quelques poètes latins s'en
fervent ce n'eft que pour imiter les grecs, & par
la même licence qui rend les termes à’ Aufonie
& d’Hefperie communs dans nos poètes françois.
Les argy liens font fouvent appelles tyrrhenes
par les écrivains grecs. Hérodote leur donne
indifféremment ces deux noms. Pindare, en parlant
des pirates qui- troubloient le commerce :
d'Italie & de la Sicile , défigne auffi fous le nom
tyrrhenes les argyliens qu'il aiïocie aux cartha-1
ginois. L'auteur des hymnes attribués à Homère ;
dit la même chofe', & Thucydide parle du fécours :
u'ils-envoyèrent aux athéniens dans la guerre •
e' Sicile, la dix-neuVième année de celle du
Péloponèfe, un peu avant la ruine de Veïes par :
les romains.
Dans la colle&ion de Stofch , on voit fur une
cornaline, un dauphin avec une tête d'homme
ayant de la barbe. Ce fujet repréfente peut-être
des ( Apollod. bïbl. I. III. c. $. ) matelots tyrrhéniens
qui furent transformés par Bacchus en
dauphins. La fable rapporte d'autres métamor-
phofes de cette forte ( Athen. lib. VII. p. 183. D.
& lib. VIII.). Pompilius fut transformé en poiffon
par Apollon qui en étoit, amoureux. La metamor-
phofe des tyrrhéniens en dauphins fe trouve- exprimée
avec d'autres fables profanes parmi les or-
jqçiuçps du bord de la grande porte ep bronze de
T Z A
Saint-Pierre de Borne, qui fut faite du temps de
Sixte IY.
TYRRHENICI calcei. La défcription qu'en fait
Pollux les peint au naturel....... Les tyrrhéniens
portoient une femelle.( ou fandale ) de bois haute
de quatre doigts , liée fur le pietkayec des liens
dores. Phidias chauffa fa Minerve avec ces fandales,
TYRRHÉNUS , fils d'Atys , nomma de fon
nom une contrée de l'Italie, où il s'étoit établi
avec une colonie de lydiens.
T yrrhénus , fils d’Hercule, vint habiter l'Ç-$
trurie , & fut l'inventeur de la trompette:
TYRRHUS, gardien des troupeaux du roi La-
tinus. Afcagne tua malheureufement- un cerf que
ce Tyrrhus avoit apptivoifé : 8c de-là la guerre
entre les troyens & les latins, qui fait le fujet dès,
lix derniers livres de TÉnéide.
TYRSIS, palais de Saturne dans l'île de Ba^
léare ( Homerus ^ Pindarus,.)*
TZANGÆ y chauffure des empereurs grecs*
Elle étoit pourpre & ornée de petites figures d'ai-*
gles d'or ( JSiceph. Gregor. lib. IV . ). George
Phranzès ( Chron. I. III. c. 18.) dit que cette
chauffure fit reconnoître à la prife de Conftanti^
nople le corps du dernier Conftantin.
T Z A U L E , nom d’office à la cour des empe*
reurs de Conftantinople. Le grand t^aule étois
l’officier que l'on appelloit auparavant le grand
courrier , le premier courrier, parce qu'il poitoit les
ordres de l'empereur dans les provinces, & qu'il
rempliffoit alors quelquefois la charge de çomnaif^
fâiçe impérial.
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u.
-L^es latins diftinguoîent un Y confbnnè,
un U voyelle, & même un V , qui n'ayant ni
Tune ni l'autre qualité, n’étoit rien, félon quelques
uns de- leurs auteurs. Le digamma éoliqmé
ra'avoit de rapport qu'avec l'V confonne, & non
pas avec l'U voyelle. »
33 Nous né penfions pas ,> difent les bénédictins
auteurs de la nouvelle diplomatique , qu'on
pût révoquer en doute que les romains anciens
fans avoir détérminé des figures différentes, pour
repréfènter leur v conlonne 8c leur u voyelle,
ne laiffoient pas de les dhlinguêr,- du côté de
la valeur. Mais un habile académicien nous ayant
fait fur cela des difficultés, nous met dans la néceffité
de ne pas l'avancer fans preuves. Vvocales M%fovo?'j
dit Diomède, que. geminata digamma accipit : & pre-
pofita fibi aut alteri yocalï trahfit in confonantium
potefiatem , ut yulgus , valens ,. vixit, velox , vox.
Contentons-nous d'ajouter*à l'autorité de Diomède
celle de Prifeien. Voici fes paroles : I &
V vocales, quandp me die funt , alternas inter fe
fonds videntur confuridère , te fie Donato ƒ I , ut vir $
v j ut o p t u m u s . Et I qùidenï, quando pofi V
confonantem , loco digamma F- functam ceolici
ponitur, brevis. Un peu" après dans fon.chapitré
fur le nombre des lettres chez les anciens : Nun-
quam autem potefi ante I litteram , loco pofitam
Consolantzs , afpiratio inveniri, ficut nec ante V
CONS ON AN T SM.........V VÇ rÙ , loCO CONS O NA N TI S
p à f i t a , eamdem prorfus in omnibus vimhabuit apud
latines, quam apud GE oie s digamma P. JJ.nde a
pierifque ci homen hoc datur 3 quod apud (Soles habuit
olim digamma, id efl , vau. Il feroit aifé d'accumuler
ici une foule de textes des anciens auffi
formels.. »
33 Interdum efl nihil V ......... fine dubio nihil efl 3
dit Ifidore dé Séville, d'après quelques gram-
/nairiens du temps de l'empire romain. 11 s'agit
de l'a précédé d'une confonne, 8c fuivi d'une
voyelle : comme dans qui 3 que quods 8cc. Ce qui
prouve, que ces anciens •'prononçoient leur qui
comme nous le faifons en françois. L'V n'auroit
furement pas manqué de fe faire fentir 5 fi la
prononciation que nous donnons à ces mots latins
avoit été la leur. Ils écrivoient même qui fans' u.
Beaucoup d'inferiptions ! antiques 8c des manuf-
crits antérieurs a Charlemagne 3 quoique pas
toujours conftans dans cette orthographe, fuffi-
fent pour faire- fo i, que Vu à la fuite- du q ne
fe pronosçoit pas toujours. Cependant le .raa-
ftufcrit 75 30 de là bibliothèque- {taûonale naujf
Antiquité^ Tome V.
montre un grammairien, qui après avoir infift®
comme S. Ifidore fur le néant de l’a en certain*
cas, conclut qu'il fait partie du q. Cela paroîtra-*
t-il fuffifant, pour juftifier notre prononciation ?
Quoi qu'il en fo it , c'efl un'indice de la plus haut©
antiquité, dans les aéles publics 8c les-manuf-
crits d’y voir fouvent l'U rejette au-deffus du q.
On en trouve néanmoins encore des exemples
trèsLfréquens, fur- tout en Italie, aux huitième 8c neuvième fiècles. On remarqua auffi pour
lors d'autres v qu'on ne doit pas certainement
compter pour rien quelquefois renvoyés exprès
au-deffus des mots où ils auroient dû entrer.'
Il n’eft pas rare que des exceptions fondées e»
.raifon s'étendent avec, le temps , au-delà de
leurs bornes légitimes par l'habitude ou l'inat-'
tention des copiftes. Dans les manufcrits anglo-
faxons il eft d'un grand ufage de porter Vv au-
deffus de la ligne. 11 eft même pafte en coutume
dans quelques-unes de leurs écritures. Telle elB
uneN minufcule du manufcrit de Saint-Germain-
d&s-Prés n°. m . » ‘
33 On fe fervoit encore au douzième fiècle ( i ï
indifféremment dç l'V aigu 8c de l'U quarre.'
L'U rond n'avoit pas plus d'application déterminée
à l’a voyelle ou confonne, que les deux,
précédens ».
33 II ne faut pas remonter cent ans, pour
découvrir le commencement de I'ufage où nous
fommes en France de diftinguer l'V confonne d©
l’U voyelle par ces deux caractères. Avant c&
temps le premier a voyelle ou confonne, fe retrou*
voit conftamment à la tête des mots. Tout©
autre place étoit dévolue au fécond, fans égard
à fa qualité de confonne ou de voyelle. Cherchons
dans les manufcrits l'origine de cette' der«*
nière pratique 5 avant que de nous occupper d®
l'autre, à laquelle on n'a penfé tout de bon>
que depuis cent cinquante ou deux cents ans
tout au plus : fi l'on met en ligae de compte fesr
plus foibles commencemens 3».
»3 Au douzième fiècle on croit découvrir le*
( 1) Que ce fût affcdation ou faus dcffcin, dès lé
commencement du dixième fiècle , les diplômes aile“
mands cmployoieot quelquefois l!V pour lettre ioidale
des mots. On en faifoit encore plus fréquemment
le même ufage dans les chiffres des dates , quoiqu’il ne-,
fût p,as le plus commun. Ailleurs toutes les plaoç*
k'Ccoie0c iüdiffetenuneae accordée* à l'v on à l’a*
R h b b b.