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aujou rd'hu i f « jQmtto. Cette maifon 'étoit de
toute magnifice:nce , 8c dans la plus belle
fi t'uat:ion.
Vi I.L A CATUIil i . La maifon du fameux poète
Catui le , étoit fituée fur Tes bords de l'Anio ,
au tet ri toiire des.Sabins.
Vi LL A Ci e n toms. Celle de Cicéron ,. fi renomrnée
;parles; Tufct:!aues , fevoÿoit au pied
de la mont•agne éieTufc:Lilium , où eft à préfent le
ifiohiiflère ' des moines de i, Sc-Baiile , que Ton
appelle coimmunémënt Grotio F errata. Cicéron
Tavoit achetée du dictât:eurSylla.
Villa curii. La ma ifo n de ce fameux Curius
Dentatus., vainqueur desr fammites-, étoit auprès
de la métaierie du févère Caton , qui fé plaifoit à
aller fouvent en admirer la petiteffe & la firriplicite:. -
eu}us quideni viUum-ego contemplans 3 (abefienim non
longe a me. ) 3 lui fait dire Cicéron. ( DefeneÜ.
c. 16. - |
V illa Gordianorum. , fur le chemin de
Prenefte ornée de deux cents colonnes queT'cn
. avoit fait venir à grands frais de Tille d'Êubée ,
d'Egypte & d'Afrique. “■
V ill a Hadriani.. Maifon de plaifance de
l'empereur Hadrien , fur. le chemin de Tivoli-à
Frefcati. On en voit les mafures.eri“fe détournant
un peu à gauche , 8c c’ëft ce que les payfans du
quartier appellent 'Tivoli - vecchio. L'empereur
Hadrien avoit bâti cette maifomde campagne fur
un plan des pîus-vaftes , ayant' imité en divers
endroits le lycée ’, le prytannée , lè portique , le
canope d'Egypte 3 8cc. il y avoit aufii bâti une
muraille 3 où Ton avoit toujours. le foleil d'un
côté 3 8c de l'ombre de l'autré , c'efi-à-dire qu’il
Tavôit difpofée du fud au nord. Il y avoit encore
dans ce lieu deux ou trois temples > tojj-t cela-eft
détruit. Les ftatue^s d'ifis de marbre noir , qu'on
voit au palais de Maximis à Rome 3 ont été tirées
- de ce lieu. ' _ .
Villa L vcullî , à Bayès , près de Naples ,
d'une fomptuofité qui fit donner à ce célèbre
romain le nom de Xerxes Togatus 3 parce que
voulant fatisfaire fon amour effréné pour le luxe,
il renouvella les chofes extraordinaires 3 que la
nécelïîté fit faire à Xerçès 3 rpTdes perfes, quand
il ouvrit, un paffage-à fa flotte par le mont
Athos. Lucuîlus fit ‘donc percer dans le roc, y un
chemin’ en forme de grotte, au travers de la
montagne de Paufilippe , qui eft, dit-on, le même-
par où Ton pàlfea&tfellément, pour aller de Naples
à Pouzol.
V illa Moecxkatis » fur le penchant de la
colline de Tivoli , fe reffentoit du goût 8c de'
T'elégance de ce voluptueux romain.
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Deux rangs de colonnes, l ’un dorique & Tauti'.ffi
Ionien , ouroient deux -portiques. , d'où T oeil
s'egaroit avec délices fur la campagne la plus
.riante. Cette maifon de Mécène avoir deux
étages 8c la diftribution des appartemens an-'
nonçoit tous les talents du maître .qui avoit fu
réunir l'agréable & futile. Augufte. y àlloit fou-
vent fe délafler des fatigues de l'empire , 8c loa
favori ën mourant , la luilégùâpar feftament.
Villa P ublic a 3 étoit une vafte maifon hors
la ville au champ de Mars , dans laquelle on
recevoit les ambaliadéurs ennemis , que. l'on ne
croyoit pas pouvoir prudemment introduire dans
la ville : Macedones deduüi extra urbem in v ilium
publicam3 ïbiqut illis locus & lautia prsbita. ( Liv- Hb.
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V illa S enlcæ. 'Là maifon de Senèque étoit
! fur Vlà voie Nomentanç. Ce philofophe en parle
..comme d'un lieu agréable , qu'il appelle MeÛni
Nom.entan.um. Columelle loue aufix la bonté du
territoire.
: V illa Veri. La maifo?. de jTempereur Vérus ,
bâtie par lui naêhie , fur la voÿe~ Claudîenne ,
fervif de théâtre aux débauches de t e prince^'
ainfi que nous l'apprend Capitolin | villam ex-
truxit in via Clodiâ funeftijjimam , in quâ per muites
dies 3 & : ipfe luxuriâ debacckeitus eft eum lïbertis
fuis & amicis panbus. ( Capitol, c. 8. )
VILLES. Les anciens avoiént foin de cacher Te
véritable nom de leurs villes pdans la crainte que
Tes ennemis ne forçaient par'desTacrifices évocatoires
les génies tutélaires à abandonner les villes
.qui étaient fous leur ' protection. Voyez evo-
- c a tio n .- ••
Le nom fecret de Rome étoit V alentiai f
Lorfque les grecs bâtifibient de nouvelles villes3
ils les# mettoie-nt toujours fous la protection de
! quelque divinité •. ainfi Athènes étoit fous la
I protection de Minerve; Sparte , Samos , My-
cène 8c Argos , fous celle de Junon ; Crète ,
îous celle de Jupiter 8c de Diane; Chypre, Paphos,
fous celle de Vénus ; ThèbesA fous celle de
Bacchus d’Hercule^ Lemnes fe glorifiait de la
. proteétion de Vulcain ; llion & Cyzique de celle
de Pallas & de Neméfis ; Ténare 3 de la protection
de Neptune ; Naxos , de celle de Bacchus.}
Delphes , Délos & Rhodes> de celle, d'Apolton.
V illes (fondation des'). Denis d Halycarnafle
ohferve que les anciens mettoïentt plus d'attention:
à choifir des fituations avantageufes que d.e
grands terreins pour fonder Leurs, villes.. Elles,
ne furent pas même d'abord.entourées de murailles.
Ils élevoient des tours à une diftance
réglée; les intervalles^ qui fe trouvoient de
; l'une à l'autre tour, étoient appellés fttn7tv^6»
&
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®u (.liTtLnvpyôi ; & cet intervalle étoit retranché
& .défendu par des chariots, par des troncs
d'arbres, & par de petites loges , pour établir
les corps de gardes.
Feftus remarque que les étrurians poffédoient
des livres qui eontenoient les cérémonies que •
Ton pratiquoit à la fondation des villes des
autels, des temples, des muraille? & des portes
; de Plutarque dit que Romulus, voulant
jetter les fondemens de la ville de Ptome, fit .
venir de TEtrurie des hommes-qui lui enfei-
gnèrent de point en point toutes les cérémonies
qu'il' devbit ob'ferver félon lés formulaires -,
qu’ils gardoiënt auffi religiéufement que .ceux
qu’ils avofent pour les myftères 8c pour les
facrifices. : - ;
’ Denis d'Halycarnafle rapporte encore, qu'au
têmps de Roraulus, avant que de rien commencer
qui eut rapport à la fondation d’une
ville , on faifoït un facrifice', après lequel on
allumoit dès feux au - devant des tentes , &
que pour, fe purifier ,. les hommes" qui dévoient
remplir quelque fonction dans la cérémonie ,
fautoient par deflus ces feux ; ne 'croyant- pas
que s’il leur reftoit quelque fouiilure , ils puf-
fent être employés à une opération à laquelle
on devoit apporter des fentîmens fi refoeCtueux.
Après cè-facrifice -on creufoit une fofie ronde ,
dans laquelle on jettoit erifuite quelques poignées
de la terre du pays d’où étoit venu chacun
de ceux qui afliftoient à la cé rémonie à de fie in
de s'établir dans la nouvelle ville 3 8c on mêioit
le tout enfemble.
La foflé qui fe faifoit du côté, de là campagne,
à l'endroit meme où Ton commehçoit à tracer
l'enceinte s'appelloit chez Tes grecs oXtpncs à
caufe de fa figure ronde, 8c chez les latins,
mundus pour la même raifoh. Les prémices 8c les
différeates efpèces de terre que Ton jettoit dans
cette foffe , apprenoient quel étoit le devoir de
- ceux qui dévoient avoir le . commandement dans
- la ville. Ils étoient engagés à donner toute- leur
attention à procurer aux citoyens les befoins de
la v ie , à les maintenir en paix avec toutes les
nations dont on avoit raffemblé la terre dans
cette folfe , ou à n'en faire qu'un feul peuple.
On confultoit en même temps lés dieux, afin
de favôir fi Tentreprife leur feroit agréable , 8s
s'iils approuvoient le-jour que Ton choififfoit pour
la mettra a exécution. Après toutes ces précautions,
on traçoit l'enceinte de la nouvelle ville
par une traînée de terre blanche, qu'ils hono-
■ roient du nom de terre pure. Nous lifons dans Stra-
bbn, qu'au-défaut de cette efpèce de terre, Âlexan-
dre-le-Grand traça avec de la' farine l'enceinte
de la ville de ce nom , qu'il fit bâtir en Egypte.
.Cette première opération a'chevée, les étru-
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riens faifoient ouvrir un fillon aufli profond cu'il
étoit polfible avec une charrue dont le foc étoit
d'airain. On atteloit à cette charrue un taure, b
blanc' 8c: mis génifîe du même poil. La gemlle
étoit fous la main du laboureur, qui étoit lui-'
mêfne-du côté de la ville, afin -de renverler
de ce même coté les mottes de terre que le foc
delà charrue tournoit du côté'de la campagne;
tout Tefpace que la charrue avoit ouvert étoit
inviolable-, fanüum. On élevoit de terre la charrue
aux endroits qui étoient deftinés à placer les
portes de h . ville3 peur n’en point ouvrir le
terrein.
Voici ce que ces cérémonies avoient de myfté-
rieux. La profondeur du fillon marquoit avec
quelle folidité on. devoit travailler à la fondation
des murs pour en alfurer la Habilité & là durée.
Le foc de la charrue étoit d’airain, pour indiquer
l’abondance & la .fertilité que Ton deflroit procurer
à la neuve lié habitation. On atteloit 'à la
charrué une génilfe 8c un taureau ; la géniffe'
étoit du coté de la ville, pour, fignific r qûe les
foins, dir ménage étoient dévolus -aux fimmes,
dônt la fécondité contribue à l'aggrandiflement
dé la république ; 8c le taureau , fymbole du travail
8c de l'abondance , qui étoit tourné du coté
de la campagne apprenoit aux hommes que c'é-
toit à eux à cultiver les terres , 8c à procurer
la furète publique.par leur application à. ce cjui fe
pouvoit paiTer au-dehors. L'un 8c l'autre ne ces
animaux devait être blanc, pour engager les
citoyens à vivre dans l'innocence & dans la fim-
plicité'des moeurs , dont cette couleur a toujours
•été-Je fymbole. Tout le terrein où le fillon étoit
çreu'é palfoitpour être inviolable les citoyens
étoient dans l'obligation dé combattre pfqu'àTa
mort pour défendre ce que .nous appt lions fes
murailles; 8c il n'étoit permis à perfonne de fe
faire un paflage par cet endroit. Le prétendre
c'étoit un a61e d'noftilité ; & ce fut peut-être fous
le fpéçieux prétexte de cette profanation, que
Romulus fe défit de fon frère, qu'il ne croyoit
pas homme a lui pardonner la rule dont il s'étoit
fervû lorfqu'ils confult.èrent Tes dieux l'un 8c
T'autre pour fàvoir fous les aufpices duquel des
deux la ville feroit fondée.
Les facrifices fe-renouvelaient encore en dif-
férens endroits, & Ton marquoit les lieux oùilss’é-
tpient faits, par des pierres, cippi, qu'on y élevoit.
Il y a apparence que c'étoit à ces endroits mêmes
que Ton bâtiffoit enfuite les tours. On y iavoquoit
les dieux fous la prote&ion defquels on mettoit
la nouvelle ville, 8c les dieux du pays , Patrii,
Ir,digetes -3 , connus chez les grecs fous le nom da
%6oviot , èKiyiÏQi , Éy%a>poi , 7ioilpaei,}.8cc. Le nom
particulier de ces dieux tutélaires devoit être
inconnu au vulgaire.
Ovide nous a rranfmis en termes magnifiques
' N n n n n ij .