**8 R E S
partie d’ un artifte moderne, & ne font meme,
exécutés qu'en plâtre. On fe formeroit d'après
eux une Fauflè idée des anciens édifices. Un
écrivain éclairé de notre fiècle a été induit en
erreur par ces gravures. De plus l'endroit du
bas-relief qui repréfente le taureau conduit au
facrifice par deux figures, n'a rien d'antique
que les jambes des figures & une partie du toît.
L'endroit où fe fait le facrifice au taureau n'a
de l'ancien travail qu'une partie de la figure
agenouillée qui tient ce taureau , & une autre
figure du fond j tout le refte eft reftauré.
La tête du vieillard , vêtu en barbare , qui eft
avec les ftatues de la famille de Niobé eft une
reftauration moderne.
La tête de la prétendue Cléopâtre eft moderne.
V ill a Negroni.
Le violon que tient un Apollon antique eft
une reftauration évidente.
Une des cornes de taureau qui forment la lyre
lacée aux pieds de Mercure eft reftaurée. Spence
a prife pour antique. ( Polymétis, dial. VIII. p.
io7.y
V il l a Pamphili.
Le prétendu Clodius déguifé en femme n’a
de moderne que lé bras gauche*
FLORENCE.
Hercule & Antée du palais Pitti 5 ce groupe
eft plus d'à moitié reftauré.
Au bout du Pont-Vieux à Florence le groupe
d'Ajax enlevant le corps d'Achille , n'offre
d'antique que le tronc des deux figures.
Flo renc e, muséum.
La tête du Ganÿmède eft moderne.
La tête d’un Apollon eft moderne, & ce-,
pendant Gori (muf. ftér. tab. *io. 71. 80. 88. ) a
cite fa couronne de laurier comme quelque chofe
de remarquable.
Le Narciffe, le prêtre Phrygien , la matrone
a/fife , la Vénusgenitrix ,-une Diane, un Bacchus,
(qui a un fatyre à fes pieds ,.un autre Bacchus)
oui tient une grappe de raifin en l'a ir , ont,
des têtes modernes.
La pomme d'une petite Vénus prétendue
étrufque , eft une addition moderne.
Les mains de la Vénus de Médicis font modernes.
Addiffon n'auroit pas du héfiter fur l'antiqüité
du violon que tient un des petits Apollons
R E S
de bronze du Muféum, puifque cette addition eft
•évidemment moderne.
NAPLES.
A Galerte la Vénus viclrix a des bras modernes.
Le cabinet-royal-Farnèfe , renferme plufieurs
petites ftatues de bronze qui ont été reftaurées
pour la plupart.
VÉRONE.
Au cabinet Bevilaqua, l'épaule gauche du
bufte d'Antinoüs , eft moderne.
VENISE.
On voit à la bibliothèque de S. MarcunBacchus
dontles jambes font modernes. 11 eftfoutenuparun
fatyre.
VERSAILLES, galerie.
. Le prétendu Germanicus & la prétendue
Veftale font les feules ftatues de cette Galèrie
qui n'aient point de reftauration remarquable j
toutes les autrès ont des têtes modernes, ou
rapportées.
Il eft évident que les étoiles dont eft couronnée
une ftatue de femme , font modernes , & que la
tête eft rapportée.
La tête & ' les bras de la ftatue dés Vénus
Callipyge font modernes.
Le prétendu Quintius Cincinnatus dufalon qui
précède la galerie, eft Jafon mettant fa chauffure."
Sa jambe droite eft reftaurée.
ESPAGNE, S .Ildefonse.
La plupart des ftatues de la reine Chriftine ,
ont des têtes modernes. Les huit mufes de la
même collection, ont des bras reftaurés.
Une ftatue d'albâtre n'a que le torfe antique j
la tête , les bras & les jambes' de bronze doré
font modernes.
ANGLETERRE.
Une diane antique que M. C ook miniftre de
la Grande-Bretagnë à Florence emporta de Rome,
il y a environ 70 ans , eft d’ un travail admirable.
Il n'y manquoit que la tê te , qui a été reftaurée à
Florence.
DRESDE
Dans la galerie de Chigi , réunie maintenant à
celle de Drefde, il y a une tête de Caligula fur
un bufte antique de porphire. Cette tête eft
moderne.
R E S
PRUSSE.
On voit à Charlottenbourg onze ftatues de
marbre que le cardinal de Polignac appelle la
famille de Lycomède,& Achille deguifé parmi les
filles du roi. Toutes les têtes & les principales
parties de ces ftatues ont été faites à Rome par
les élèves de l'académie de France. La tête du
prétèndu Lycomède eft. même le portrait du
célèbre Baron de Stofch.
R E S T IO , furnom delà famille A n t ia .
RESTITUTION d'une médaille, fe dit de la
médaillé même reftituée. On appelle médailles
reftituées les- médailles- foit confulaires, Toit
impériales , fur lefquélles, outre le type & la
légende qu'elles ;ont eus dans leur première fabrication
, on voit le nom de l'empereur qui
les a fait frapper, une fécondé fois , fuivi du
mot abrégé r e s t . Telles font la médaille de moyen
bronze , où autour de la têted'Augufte rayonnée,
on lit d iv u s a u g v s t v s PATER i & au revers eft
un globe avec un gouvernail ; pour légende : im p .
t . v e s p . a v g . r,e s t . & cette médaillé d'argent
de la famille Rubria , qui repréfente d’un cpté-,
la tête de la Concorde voilée avec le . mot abrégé
d o s. C'eft-à-dire nosfenus , & au revers un
quadrige fur lequel eft une victoire qui tient une
couronne, & au-deffus x. r v s r i . & autour i m p .
CARS. TRAJAN. A VG. DAC. P P . REST.
II y a d’autres . médailles à qui on donne improprement
le nom de reftituées, quoiqu’ elles
ne portent pas lé nom r e s t . qui femble en être«,
le caraCtère diftinCtif j telles font les médailles.,-
frappées fous Gallien pour renouveller la mémoire
de la confécration de plufieurs de fes prédécef-
feurs. Nous en parlerons plus bas.
Jobert fait, commencer les reftitutions à Claude
& à Néron ,• mais les médailles fur lefquelles il
s'eft fondé font fauffes & de coin moderne.
Labaftie , de qui nous empruntons tout cet
article, dit que c'eft fous Titus qu'on a commencé
à voir des médailles reftituees, & on en
connoît de frappées fous ce prince pour Augufte,
Agrippa, L ivie, Drufus , Tibère, Drufus fils de
Tibère , Germanicus , Agrippine, Claude, Galba ,
Othon. Domitien & Trajan en firent autant j &
ce dernier non feulement pour les empereurs
qui l'avoient précédé , mais encore pour très-
grand nombre de familles romaines , dont il
renouvella les médailles confulaires $ telles que les
familles JE m i l e a , C<e c i l ia , Cl a u d ia , h o r a t ia ,
J U LIA , J UNI A , MARTI A , RÜBRIA , & plufieurs
autres dont on a les médailles primitives.
La plupart des antiquaires ont cru que le mot
r e s t . qui fe lit fur toutes les médailles, lignifie
feulement que Titus, Domitien , Nerva, Trajan
R E S 229
ont fait refaire des coins de la monnoie de
leurs prédéceflèurs ; qu'ils ont fait frapper ces
médailles avec ces meme coins & qu'ils ont
permis qu'elles euffent, cours dans le commerce,
ainfi que leurs propres monnoies.
Hardouin s'eft moqué de cette explication,
prétendant que Ce feroit à peu près la même
«chofe , que fi Louis XIV avoir voulu faire
battre monnoie au coin de Charlemagne, de
Philippe Augufte , ou dé Henri IV. Il ajoute que
le mot r e s t . (iirtout furies médailles reftituées
par Tite & fes fuccefleurs, ne veut dire autre
chofe, fi non que ces derniers princes redonnoient
au monde l'exemple des vertus qui brilloient dans
leurs prédécelfeurs & dans les célèbres perfon-
nage.s dont le nom fe lit fur ces fortes de médailles.
Mais cette explication n'eft pas, à
beaucoup près, aufti folide qu'elle paroït ingé-
nieufe.
Car , comme le remarque Labaftie , fous
prétexte d'appuyer un paradoxe, il n'eft jamais
permis aux antiquaires de faire une nouvelle langue
ni d'attribuer aux mots grecs ou latins qu'ils
rencontrent fur les médailles des lignifications que
ces termes n'ont jamais eues. Or outre que
reftituere aliquem n'a jamais voulu dire représenter
quelqu'un , ou le rendre à l'état par limage de
fes vertus, c'eft que ce verbe, dans là conf-
tru&ion latine, régiffant l'accufatif, ne tomberoit
fur rien dans les médailles reftituées, où. tous
les noms des empereurs & des héros font au nominatif.
Alors il faudra fuppofer que les romains
ignoroient leur langue, pour faire des fautes fi
.groffières , ou il faudra fuppléer des pronoms
entiers, & par cette méthode on trouvera
tout ce qu’ on voudra fur les médailles.
Enfin eft il vraifemblable que T ite , les délices
du genre humain, & Trajan, fi cher aux romains,
aient voulu faire penfer qu'ils retraçqient en
leur perfonne & la diffimulation de Tibère &
la moîleflè d'Othon ? Les découvertes d'Hardouin
ne tiennent pas contre une critique aufti judi-
cieufe.
Il y a bien plus de probabilité dans le fentiment
de Vaillant 5 fa v o ir , que Trajan, afin de fe
concilier les efprits du fénat & du peuple.,
voulut donner des marques de fa vénération pour
fes prédécelfeurs, & de fa bienveillance envers
les premières maifons de la république } dans ce
defiein, il fit reftituer les monnoies des empereurs
qui avoient régné avant lu i, & celles fur lefquelles
étoient gravés les noms des familles
romaines.
Quant aux médailles reftituées par Gallien , ce
font celles que cet empereur fit frapper pour
renouveller la mémoire de la comecration de