
l’équinoxe en'Egypte y on célébrait une fê te , fuir
vant Saint-Epiphane , en mémoire du fameux em-
brâfement de 1’univers que nous allons expliquer j
voici le paflage de ce père : Quin & ovicuU in
Ægyptiorum regione maftatA adhuc apud Ægyptios
traditio celebratur 3 etiam apud idololatras. In tem-
pore enim , quandà pafcha iltic fiebat ( Eft autem
tum principium veris 3 cùm primum fit Aquinoftium. ).
Omnes Ægyptii rubricam accipiunt per ignorantiam 3
& illinunt oves , illinunt ficus & arbores reliquas 3 prA-
dic antes quôd ignis in hâc die combujfit aliquandà
orbem terrarum ,* figura autem fanguinis ignicolor 3
( Adversus hArefes 3 lib. I. c. 18. ). Le fang
doi>t on marquoit le$ arbres 8c les troupeaux ,
étoit donc le lymbole du feu célefte qui fécondoit
la nature , au retour du foleil à l’equinoxe , au
lever héliaque du bélier. Cette tradition 8c cette
fête fe confervèrent jufques chez les romains ; ces
peuples célébroient une fête paftorale fous le
nom de Faillies, au lever du bélier, & à l’entrée
du foleil au taureau ( Faft. lib. IV . v. 71 y. &c. ) ,
dans laquelle l’eau 8c le feu étoient honorés d’un
culte particulier. On purifioit le berger & fes
brebis par le feu :
. . . . . . . . . Ignis ciun duce purgat oves.
(Faft. lib. IV. v. 786.)
& pour cela on le faifoit pafîer à travers les
flammes :
Moxque per ardentes fiipuU crepitantis dcervos '
Trajicias celeri firenua membra pede.
Parmi les différentes raifons qu’on donnoit de
cette fête 3 il en eft une qui eft la même que celle
qu’ en donnoientles égyptiens ( Verf. 794. ) :
......................Sunt qui Phaetonta refezri
Credant 3 nimias Deucalionis aquas.
Cette double tradition rentre dans notre fyf-
tême, qui les concilie toutes deux , puifque l’équinoxe
de printemps étoit le terme des déluges,
& le commencement du règne du feu } ainfi par
cet incenfus orbis 3 dont parlent les anciens , on a
toujours entendu la chute de Phaëton. Lorlque
l’équinoxe étoit au taureau , l’entrée du foleil
dans cette conftellation , ou fon arrivée au point
équinoxial, fut annoncée par le lever du bélier,
de la chèvre 8c du cocher. C ’étoit le paflage des
ténèbres à la lumière k du règne des eaux à celui
du fe u , 8c conféquemment une époque trop intê-
reflante dans la religion'de la nature, pour que le
lever du génie ne fut pas obfervé de célébré dans
les hymnes facrés 8c les allégories poétiques fur
les confie Hâtions. L’aftre bienfaifant qui annonçoit
ce retour, étoit en quelque forte le génie créateur
de la nature , le aieu de la lumière 5 on l’ap-
pslla Phaëton 3 c’eft-à-dire , brillant , nom que le
cacher célefte retient encore dans quelques livres
d’aftronomie. Non-feulement on célébra le génie
condu&eur du char du foleil dans fon retour vers
. nos régions > mais on chanta aufli le ligne équinoxial
, ou le taureau célefte , d’ où le foleil étoit
cenfé commencer fa courfe. C ’étoit ce même taureau
dans lequel Io avoir été placée après fa mé-
tamorphofe } aufli la fable de Phaëton fuit-elle
immédiatement celle d’Io dans Ovide ; 8c le taureau
célefte conferve encore le nom d’ Io :
N une dea Niligenâ colitur celeberrima turbd.
( Ovidii Metamorph. lib. I. fab. 19. v. 39.)
Et ailleurs, en parlant du taureau célefte :
Hoc alii Jignum pkariam dixêre juvencam 3
Qua bos ex homine eft , ex bove faft a dea.
( Faft. lib. V . v. 619.)
Ce n’eft donc pas fans fujet que l’hiftoire d’ Io eft
liée avec celle de Phaëton, 8c qu’Epaphus, fon
fils, figure dam cette fable.. Cet Epaphus, en
effet, fuivant Hérodote , étoit le même qu’Apis $
& Apis lui-même , fuivant Lucien , étoit le fym-
• bole du taureau célefte. Voilà pourquoi on a fup-
pofé que le génie folaire du taureau avoit été déterminé
à conduire le char du foleil, par une fuite
des railleries d’Epaphus , fils d’ Io. Les égyptiens y
peignoient aufli leur Horus précipité dans le Nil en
Egypte, 8c Typhon étoit le génie du feorpion célefte
, où étoit placé fon empire : Intra Apidis
regnum Agyptii Horum ponebant3 a Typkone in Nilum
fubmerfum ( <Mdip. Kirk.'tom. II. part. 1. p. 201.)..
La filiation de Phaëton a également un fondement
dans l’allégorie. C*étoit l’aftre du printemps ; on
lui donna pour mère Rhodé ou la Rofe > il pa-
roifloit le matin à l’Orient® 8e précédoit le enar
du foleil j on put donc aufli le faire fils de
l’Aurore ».
» Le plus grand nombre lui donnoit pour mère
Clymène , nom allégorique tiré du grec xXvrfttvtj ,
inondée. Nonnus , dans fes Dyonifiaques ( Lib.
X X X V I II . verf. 90. ) , confacre prefqu’un chant
entier à raconter le mariage de Clymene avec le
Soleil, 8e l’aventure malheureufe de Phaëton. Il dit
( Verf. 145. & fuiv. ) , que l’Æ the r , d’où il def-
cendoit, célébra fa naiflance, que les nymphes de
l’Océan en prirent foin, & que toutes les étoiles
faifoient la garde autour de fon berceau 5, que
l’Océaft, pour amufer.ee jeune enfant, le iettoit
.en l’air, & le recevoit enfuite dans fon fein j 8c
que devenu plus grand, il fe faifoit un petit char,,
auquel il atteloit des béliers $ 8e qu’ au bout du
timon, il y avoit mis une efpèee d’étoile, qui
reflèmbloit à l’étoile du matin, dont il étoit lui-
même l’image. Il eft bien difficile de mécon-
noître ici l’ aftre du matin, qui, au lever héliaque
du bélier , précédoit le char du (9-
leil ».
» On fit de Clymène une nymphe des eaux ; on
voulut fans doute faire allufion aux pluies.de l’hiver
, auquel fon lever fuccédoit, 8e dont ce lever
annonçoit la fin. Cette conje&ure eft d’autant plus
vraifemblable, que cette fable, dans les méta-
morphofes , fuit prefqu’immédiatement le déluge
, 8c que Plutarque, dans la vie de Pyrrhus,
nous afliire que Phaëton étoit le premier roi qui
eût régné fur les moloffes après le déluge > o r , par
le déluge, on entend dans ces fables allégoriques
les pluies de l’hiver, qui commencent en automne
8e finiflent au printemps. Nous verrons la même
allégorie répétée dans la fable de Perfée, qui,
avant d’ allumer le feu facré, arrête le débordement
des fleuves , 8c les fait rentrer dans leur lit.
Or Perfée, qui eft à côté du cocher, le remplaça
peu de fiècles après dans la fonétion du génie , 8e
les idées phyfiques appliquées au cocher durent
l’être aufli à Perfée. On ne doit point s’étonner
que l’on ait appellé des pluies violentes 8c des dé-
bordemens du nom de déluge, chez les peuples
où l’hiftoire du déluge révélée dans l ’ecriture
fainte, n’étoit pas connue. Le même génie poétique
qui fit appeller l’été l’embrâfement dé la nature
& l’incendie de l ’univers, put bien faire appeller
déluge la faifon des eaux. Les limites de ces
deux règnes étoient aux équinoxes ».
» Ces exagérations font fi familières aux poètes,
que Manilius , dans fon poème aftronomique,
nous peint l’été fous des traits aufli forts que ceux
des anciens qui décrivoient la même faifon fous le
nom d’embrafement de l’univers par Phaëton. Il
fuffit de ces vers , pour juger du ton hyperbolique
qui règne dans cette defeription ( Lib. V. verf
208.) :
Dimicat in cineres <frbis, fatumque fupremum
Sortitur3 languetque fuis Neptunus in undis, &c.
» L’imagination hardie 8c fougueufe des orientaux
dut enchérir de beaucoup fur cette peinture.
Jofephe, confondant, comme les autres, la vérité
hiftorique avec les fables orientales , fait commencer
le déluge au mois Marefchevan, qui fuivoit
l’équinoxe d’automne. Ce mois répondoit au feorpion
, que les anciens confacroient à Mars. Voilà
pourquoi Avenar ( Kirker. (Edip. tom. II. part. 2.
P‘ 234- ) dit : Martialis Angeli dominium incidijfe in
tempus diluvii. Ce mois s’appelloit auparavant Bul,
qui fignifie pluie , d’ où vient Mabul ou grande
pluie, dit Court de Gébelîn ( T07n.IV.pag. 94.).
Il fuivoit le mois des géans , ou Fortium , appellé
Ethanim, 8c qui fournit les attributs du ferpent
aux géans. C ’étoit le dix-fept de ce mois Marefchevan
, ou d’Athôr. chez les égyptiens , que le
géant Typhon mit en pièces Ofiris , 8c l’ enferma
dans une arche. Tous ces traits rapprochés nous
font voir que fi l’incendie de l’univers commen-
çoit à l’équinoxe de printemps 3 les déluges allégoriques
ou les pluies réelles de l’hiver étoient cen-
fés commencer après l’autre équinoxe ; 8c c’eft-là
l’origine de ces traditions anciennes fur la deftruc-
tion fucceflive 8c périodique de l’univers par le
feu 8c par l’eau, imaginée par les poètes aftro-
nomes. Aufli les grecs firent-ils dans le tropique
même d’hiver, alors auverfeau, le fiège de leur
Dèucalion ; 8c les chinois, celui d’un prince fous
lequel arriva le déluge i 8c Ariftote appelle cet incendie
8c ce.déluge, l’ été.8c l’hiver de l’univers.
De-là cette tradition des chaldéens", confervée par
Bérofe, leur plus ancien aftronome, que l’incendie
général arriverait, quand les planètes fe troùve-
roient en conjondtion dans le cancer, 8c le déluge
quand elles feroient au capricorne, plaçant l’incendie
au folftice d’été , 8c le règne des eaux dans
le ligne folfticial d’hiver ; ce qui n’étoit qu’une
tradition altérée des anciennes théogonies, qui
appelloient les ardeurs' de l’été incendie de l’univers
, 8c le déluge les grandes pluies de l’hiver,
8c qui plaçoient le règne du feu dans les fix lignes
fupérieurs, 8c celui de l’eau dans les lignes d’hiver.
Chez les chinois, le feu délignoit l’été , 8c
l’eau l’hiver ( Souciet, tom. III. pag. 27. ) ».
» Le maximum de ces deux règnes étoit aux fol-
ftices. On appelloit grande année ou magna axo*«,-
r écrans 3 cette année ou cette révolution, dans
laquelle arrivoit fucceflivement l’incendie 8c le
déluge ; 8c l’on a cru que c’étoit celle qui rame-
noit les fixes 8c les planètes au même point. Je
crois que c’eft une erreur de ceux qui ont mal entendu
1 allégorie ancienne. Cette grande année eft
la même que celle dont parle Virgile :
Interea magnum fo l circumvolvitur annum.
( Æneid. lib. III. verf. 284. )
c’eft-à-dire , l’année folaire par oppolition à l’année
lunaire. On la faifoit de ans , nombre
qui n’ eft autre chofe que l’expofition en décimales
de l’année de 3 6y jours ou 365 , , qui marquoit
le retour du bélier, où çommençoit le départ
de toutes les fphères, 8c où on rapportoit
leur mouvement. Mais les anciens donnoient un
air de myftère à tout , 8c enveloppoient leurs
connoiflances fous le voile de l’allégorie. Ce font
les 36525 rouleaux de Mercure ou de Perfée ,
génie équinoxial du printemps. On plaçoit ce nombre
décimal à côté de fa ftatue , comme on met-
toit le nombre 365 dans les mains-de Janus ».
PRISCUS 3 furnom de la famille M ussidia.
PRISON. Il én eft fréquemment parlé dans les
écrits des grecs 8c des romains. II paroît par les
uns 8c les autres que les prifons étoient corapo-
fees de pièces ou d’appartemens plus ou moins
affreux, les prifonniers n’étant quelquefois gardés
que dans un fimple yeftibule, où ils avoient la Q «