
PROFANE (En grec EroiiAïr ; en latinprofanus,
'qui vient de fanum, comme qui diroit procul à
fano. ) , mot oppofé. à initié. km àVsÀss-«
« t iS , dit Ælian ( Far. hift. lib. VIII. cap. g . ) :
“ 9 'eft “ n profane qui n’eft pas initié aux myftères
” de Ia divinité ». Dans les facrifices & dans les
cultes publics qu'on rendoit aux dieux, les grecs
avoient coutume de crier : F.*«,-Uns ssi Ss&Aai
y f tp ù - i ; & les latins : Procul efto profané, favcte
hnguis : ~ Eloignez-vous , profanes , & vous, ini-
» tiés , foyez attentifs , ou ne prononcez que des
» paroles convenables au jour & à la ceremonie
» que 1 on célèbre ». Profane eft donc celui qui
n eft pas initie aux chofes faintes.
PROFIL. « Dans la configuration du vifage . dit
Winckelmann ( Hift. de l'An. ) , le profil grec eft
le principal caraélère d’une haute beauté. Ce profil
eft une ligne prefque droite, ou marquée par une
douce inflexion ; cette ligne lie le front avec le
nez dans les têtes de jeuneffe , particulièrement
clam celles des femmes. La natûre eft plus avare à
le former fous un ciel âpre que dans un climat
doux, ainfi que nous l’avons dit ; mais quelqu»
part qu'elle le forme, dès-lors l'enfemble du
vifage nous offre la beaute. Les forme* droites &
pleines conftituentle grand, & les contours cou-
lans & légers le délicat. Ce qui prouve que ce
profil renferme la beauté, c'eft le caraftere du
profil contraire. Plus l’ inflexion du nez eft forte ,
plus le profil s'écarte de la belle forme. Lorfqu'on
regarde un vifage de cote , & qu'on y remarque
un mauvais profil, on peut s’épargner la peine Ae
chercher la beauté de la phyiionomie. Mais ce qui
prouve encore dans les ouvrages antiques que ce
profil n’eft pas une forme qui foit reftée fans raifon
des lignes droites de l’ ancien ftyle de l’art, c'eft
la profonde inflexion du nez qu’on remarque aux
figures égyptiennes, dont d’ailleurs les contours
font droits. 11 eft probable qui le nez carré des
anciens {Philoft. heroic. p. 673.1. X XII.p. 7 iy. /.
X X V I I . ) n’étoit pas ce nez que Junius nous explique
par un nez ample {D e Pi3 . vet. I. III. c. 9 .
P- IJ7 - ) > ce qui ne nous donne aucune idée. Ce
mot doit s’entendre fans doute du profil grec , foi-
blement interrompu. L’on pourroit expliquer autrement
le mot carré, & entendre fous cette
dénomination un nez dont la furface offrirait des
travaux larges & des angles failians , comme font
TralA^fS }es ^ t ues de Pallas & de la prérendue
veltale du palais GiuftmiaBi. Mais cette forme ne
fe trouve abfolument que dans les ftatues du ftyle
le plus ancien , telles que ces deux-là ». 1
PROGNÉ , fille de Pandion, roi d’Athènes
fut mariée à Té ré e , roi de Thrace. La fable dit
quelle fut changée en hirondelle. Cet oifeau porte
des taches rouges fur la poitrine ; ce qui peut
avoir fait imaginer la métamorphofe. Voyez Phi-
lOMÈlE , T eRÉE. , 1
Progné , île que Pline dit (y . 31.) être placée
auprès de Rhodes. Ce nom lui avoit été donné à
caufe de la quantité d'hirondelles que l’on y
voyoit. 1
nrorïMNAïMATA, exercices préparatoires que
de voient faire tous ceux qui fe prgfentoieôt pour
dilputer les prix aux jeux olympiques.
, PROLÉTAIRES , proletarii, à proie creanda,
c eft-a-dire , faifèur d’enfans > c’étoit chez les
romains lès citoyens qui n*avoient que 1500 fef-
terces , & qui ne pouvoient aider la république
qu4en lui donnant des enfans. Ceux-là compos
e n t la dernière clafle avec 1 es capite cenfi 3 qui
n’avoient aucun bien , &r ne fervoient qu’ à augmenter
le nombre des .fujets. Dans les cas pref-
fans , on enrôlait les prolétaires pour en faire des
foldats , ainfi que le dit Aulugelle ( 16. ro. ) :
Ajperis reipublics. tempcpibus 3 cum juventutis inopia.
€Jfet> proletarii in militiam tumultuariam legebantur.
A caufe de la fignification attachée au mot proletarius
3 on a dit proletarius ferma 3 pour défigner
un difcours bas } proletarius auclor 3 pour défigner
un mauvais auteur.
PROLOG IES. On donnoit ce nom aux fêtes
que Ton célébrait chez les romains , avant-de
cueillir les fruits 3 comme fon nom le porte ( De
legere 3 cueillir. ) .
PROLOGUE. Ce mot vient du grec irpoxoyos,
prtloquium 3 difcours qui précède quelque chofe ,
& il eft formé de •*70’ 3 devant t & de teyos 3
difcours.
L'objet du prologue chez les anciens & originairement
étoit d'apprendre aux fpeéhteurs le
fujet de la pièce qu’ on alloit repréfenter , & de
les préparer à entrer plus aifément dans l’a&ion ,
& à en fuivre le fil ; & quelquefois auflî il con-
tenoit l’apologie du poète & une réponfe aux
critiques qu’on avoit faites de, fes pièces précédentes.
On peut s’en convaincre par l’inïpeélion
des prologues des tragédies grecques & des comédies
de Térence.
Chez les anciens , on appelloit prologue l’aéleur
qui récitoitie prologue ; cet aéleur étoit regardé
comme un des perfonnages de la pièce / où il ne
paroiffoit pourtant qu’avec ce caraélère. Ainfi,’
dans l’Amphitrion de Plaute , Mercure fait le
prologue ; mais comme il fait aufli dans la comédie
un des principaux rôles, les critiques ont penfé
que c’étoit une exception de la règle générale,
Les anciens diftinguoicnt trois fortes de prologues
3 1 un qu ils nommoient. vttoôstixos, dans lesquel
le poète expofoit le fujet de la-.pièçe 5 l’autre
appelle wrtcT/xos 3 où la poète implorait l’indulgence
du public ou pour fon ouvrage ou pour lui-
même; enfin , le troifième 3 où il répondoit
aux objections. Donat ajoute une qua- ‘
même efpèce dans laquelle entroit quelque chofe
de toutes les trois autres, & qu’il appelle par cette
raifon prologue mixte 3 fuxTos.
On diftinguoit encore les prologues en deux ef-
psees ; l’une où l’on n’introduifoit qu’ un feul
personnage, ^»«jrpöfreïr«? j l’autre où deux aéteurs
di-doguoient, S'ivfomros. On trouve des exemples
de l’ unè & de l’autre efpèce dans Plaute.
Dans la Tragédie, le prologue faifoit partie
de I’aélion- ; dans la comédie 3 il étoit fouvent
détaché.
dies 3 jour où l’on faifoit la
répétition des jeux du cirque.
PROMACHIES ( Athen. i j . ) , fêtes dans lef-
quelles les lacédémoniens fe couronnoient de ro-
leaux. C ’eft tout ce que l’on fait de cette fête.
PROMACHUS ( tv p otcco&cç 3 celui qui combat pour I
quelqu’un 3 de 3 je combats. ) 5 c’eft-à-dire ,
le défenfeur : fous ce nom, Hercule avoit un
temple à Thèbes , & Mercure à Tanamre en
Béotie.
PROMAGIS TER libcllorum , celui qui rem-
plaçoit le maître des requêtes.
PROMAL ACHTYRION, irçopxXet%Tvçtav3 premier
appartement des bains des anciens. C ’étoit-
là qu’on préparoit le corps par des friétions, des
onguents pour faire tomber le poil, des parfums
& d’autres drogues convenables, avant que d’entrer
dans les bains ( D. J.).
PROMALANGES ( Athen. ) Voye^ Anactes.
PROMÉTHÉE. On lui donné différentes origines,
Les uns ont dit qu’il étoit fils de Japet &
|a belle Climène, une des Océanides, ou dè
Thémis ; c eft la tradition la plus commune.
D’autres racontent qu’il fut le fruit dés amours
de Junon avec le géant Eurymédon , & qu’il fut
conçu avant le mariage de Jupiter avec cette
deefle. V ~oye% Ju n o n . D’autres enfin lui donnent
pour mère une certaine Pandore, qui n’eft pas
celle qui- fut fi funefte au genre humain.
Prométhée fut le premier, dit la fable, qui
ferma l’homme du limon, de la terre. Minerve
ai ima fon ouvrage , & lui donna la crainte du
lit v re , la finelfe du renard, l’ambition du paon,
la férocité du tigre, & la force du lion. On raconte
encore ce fait différemment. Minerve admirant,
dit-on, la beauté de l’ouvrage de Promêikée
, lui offrit de la région eélefte tout ce
qui pourroit contribuer à la perfeécion de fon
ouvrage. Prométhée répondit qu’il falioit qu’il vît
lui-même ces régions, pour choifir ce qui con-
viendroit mieux à l’homme qu’il avoit formé.
Minerve l’enleva au c ie l, où il vit que c’étoit
le feù qui animoit tous les corps eélefte s -, & il
emporta dè ce feu fur la terre/Jupiter irrité du
vol de Prométhée 3 ou de la témérité de ce nouveau
créateur, lui envoya Pandore, accompagnée
ée tous les maux. Prométhée ne donna pas dans
le piège, il renvoya la femme avec fon préfent,
& voulut à /fon tour chercher à tromper Jupiter.
Pour fe convaincre par lui-même, difoit-il, fi le
fils de Saturne méritort véritablement d’êtrè au
nombre des dieux , il fit tuer deux boeufs , remplit
une des dëux peaux de la chair, & l’autre
des os de ces viéhmes. Jupiter fut la dupe de
Prométhée y & choifît la dernièré. ( Voye\ H olocauste.
) Outré de ce nouvel affront , ilréfolut
de fe venger d’une manière éclatante : il ordonna
a Mercure de conduire Prométhée fur le mont
Caucafe, & de l’y attacher à un rocher, où un
vautour devoit lui dévorer éternellement le foie ;
& comme il en croiflbit autant la nuit que l’oi-
feau en dévoroit le jour , fon tourment ne finiftoit
point.
Hercule le délivra quelques années après ; ou ,
félon d autres, Jupiter lui-même, en recompenfe
de ce qu il lui avoit révélé l’oracle des Parques,
Thétis. Mais comme il avoit juré de
laifier Prométhée toujours attaché au Caucafe, pour
ne pas violer fon ferment, il ordonna qu’il porteront
toujours au doigt un anneau de f e r , où
feroit attaché un petit fragment de la roche du
Caucafe ; & voilà, difent les poètes, l’origine des
premières bagues. Ceux qui ont fait naître Pro-
méthée de Junon & d’Eurymédon, ont dit que fes
crimes n’étoient qu’un prétexte, dont Jupiter colora
la punition qu’il vouloit impofer à la naif-
fance du fils de fa femme.
Il avoit un autel dans l’académie même d’A thènes
, & on inftitua en fon honneur des jeux
qui confiftoient à courir, depuis cet autel jufqu’à
la ville, avec des flambeaux qu’il falioit empê-^
cher de s eteindre. Voyeç L am pad^ phories .
Lampes.
Efchyle avoit compofé trois tragédies fur Pro-
methée ,* fon v o l , fes liens & fa délivrance. Il ne
nous relie que la fécondé pièce , dont le. fujet
eit le fupplice de Prométhée, mais un peu diffé-
rent de celui que les autres poètes noiis ont re-
prefente. Jupiter ordonne à Vuicain d’enchaîner
Promethee fur un rocher, pour le punir d’avoir
vole le feu celefte, & d’en avoir fait part aux
hommes. Vulçain obéit à regret : il enchaîne
Prométhée , dont il cloue les fers au rocher ; mais
de plus il perce avec de gros clous de diamant, la