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de chaux, ainfi nommé de la ville àeSigniq 3 où
fe faifoient les meilleures tuiles; ce pavé étoit
recommaudable , fur-tout par fa durée : Fraclis
enim tefiis utendo 3 dit Pline ( 2J. 13-. ) , fie ut firmius
durent, tufis calce additâ, quu votant fignina , quo
généré ttiam pavimenta excogitavit.
SIL, nom donné par les anciens, à une efpèce
d'ocre rouge 3 ils en diftinguoient trois efpèces ;
le f i l atticum étoit d'un ronge pourpre 3 le fil fiyri-
eum3 venoit de Syrie, & étoit d'un rouge vit 5 le
fi! marmorofum ou marbré , qui. avait, la dureté
d'une pierre. Ils avoient auffi ïe fil achdicum, dont
nous n'avons point de defeription. Hill croit que le
fil atticum romanorum dont ileft parlé dans Vitruve
étoit un fable rouge & brillant préparé, qu'il ne
faut pas confondre avec l'ochre attiquedont on a
parlé.
SILANDUS, en Lydie, cl AA NAEimsr.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Leur type ordinaire eft un lion.pajfant.
Cette ville a fait frapper quelques médailles
impériales grecques en 1 nonneur de Commode,
de Domitien, de Domitia, de Caracalla.
S1LÂN U S , furnom des familles Cæcilia 3
J vnia.
S IL A TUM , fe prend pour jentaculum , le
déj euné, & on fous-entend vinum ; ce qui défigne
un vin préparé avec de l'ochre (plante) boiffon
que les romains prenoient le matin : Silatumantiqui
pro eo , ditFeftus, quod'nunc jentaculum dicimus 3
quia jejuni vinum fili conditum ante meridiem abforbe-
bant. On ignore fi c'eft par raifon de fenfualité,
ou de fanté, que les romains faifoient ufage d'un
pareil breuvage.
SILENCE, Les anciens avoient des dieux du
filence, comme ils en avoient pour la parole. Am-
mien Marcellin dit qu'on adoroit la divinité du
filence. Silentii Numen colitur. Les égyptiens l'appel-
loient Harpocrate ; les grecs Sigalion ; & les
romains Angerona. On repréfentoit ces divinités
ayant le doigt fur la bouche. Voye% Ta c ita 3
Ha r po c r a t e , A n g e r o n a 3 Sig a leon .
Silence. Les orateurs & ceux qui vouloient
parler au peuple romain, faifoient faire filence en
avançant la main, comme le dit Lucain : Dex-
irâque filentia jujfit ( I. 25)0. ).
SILENCIAIRE, filentiarius ; office parmi les
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éfclàves des romains. Ce nom & cet office n’ont
été établis que versle temps, de Salvien, comme
l'a prouvé Pignorius. Mais les filenciaires , dans
la cour des empereurs, étoient des gens attachés
au fervice de leur maifon , & qui avoient un dé*
curien à leur tête. Enfin le nom de filenciaire fut
donné dans le bas empire, au fecrétaire du cabinet
de l'empereur. Charlemagne avoir un filenciairer.
( D . J . j >
SILENES T ' ^ es P^us confidérables & les plus
âgés d'entre les fatyres, étoient nommés Silènes
au rapport des anciens hiftoriens , qui les nomment
au pluriel 5 mais il y en a un principal, appellé
Silène fort renommé dans la fable, & a qui les mythologues
donnent plufieurs fon6rions.ll était né de
Mercure ou de Pan, & d'une nymphe : Nonnus ,
dans fes Dionyfiaques le fait fils de la terre 5 c'eft-
à-dire, qu'on ne connoiffoit pas fon origine.
Diodore, fuivant une ancienne tradition, dit que
le premier Silène régnoit dans une ifle' que forme
le fleuve Triton, en Lybie; que ce S Haie a voit
une queue, & que toute fa poftérité l'eut de même.
D'anciens monumens nous repréfentent en effet
les Silènes avec des queues.
Silène y dit Orphée, ét’oit fort agréable aux-
dieux, à l'affemblée defquels il fe trouvoit fort
fouvent. Il fut chargé de l’çnfance de Bacchus ;
& accompagna enfuite ce dieu dans fes voyages.
Ovide raconte ( Métam. liv. IL J qu'un jour Silène-
n'ayant pu fuivre Bacchus, quelques! payfans le
rencontrèrent ivre & chancelant, autant par fon
grand âge, que par le vin , & qu'après l'avoir
paré de guirlandes & de fleurs, ils le conduifirent
devant Midas. Dès que ce prince eut reconnu qu'il
avoit en fa puiffance un miniftre fidèle du culte
de Bacchus,-.il le reçut magnifiquement, & 1®
retint pendant dix jours, qui furent employés en
réjouiffançfs & en feftins > enfuite il le renvoya
à ce dieu.
Mais c'eft principalement dans Virgile ( églog,..
fixième ) , qu'il faut voir le portrait de Silène.
33 Deux bergers le trouvèrent pn jour endormi au
33 fond d’une grotte. Il avoit félon fa coutume ,
33 les veines enflées du vin qu'il avoit bu la veille.
>3 Sa couronne.de fleurs , tombée de fa tête, étoit
33 auprès de lui, & un vafe pefant, dont l'anfe
33 étoit ufée, & pendoit à fa ceinture. Ces bergers
33 le jettent fur lui, & le lient avec des guirlandes.
33 Eglé, la plus jolie de toutes les nymphes, fe
>3 joignant à eux, encourage les deux bergers
33 timides } & au moment qu'il commence à ouvrir
>3 les yeux, elle lui barbouille tout le vifage de
33 jus de mûres. Lebon Silène 3 riant de ce badi-
33 nage, leur dit : Pourquoi, mes enfans, me liez-
39 vous ? laiffez-moi libre, je vais yous fatisfaire.
33 II fe met à chanter, yous eùffiez vu .auflhtôt
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» les Faunes & les bêtes farouches accourir &
« danfer autour de lui, 8e les chênes même agiter
33 leurs cimes en cadence. La lyre d'Apollon
33 ne fit jamais tant de plaifir fur le fommet du
33 Parnaffe ; jamais Orphée, fur les monts Rhodope
9» 8e lfmare, ne fe fit tant admirer. 33
Le poète lui fait débiter ici, au milieii- de fon
ivreffe, les principes de la philofophie d Epicuré,
fur la formation au monde inconnu, dont Platon,
& quelques autres pliilofbpb.es ont tant parlé. Ce
qui fait voir qu'il ne faut pas toujours regarder
Silène , comme un vieux dépauché , prefque toujours
ivre} puifqu'on le peint fouvent comme un
philofophej & même comme un grand capitaine.
C'eft en effet le portrait qu’en fait Lucien, lorsqu'il
dit que des deux lieutenans de Bacchus, l'un
etoit un petit vieillard camus, tout tremblant,
vêtu de jaune avec de grandes oreilles droites,
& un gros ventrë..... Mais aurefte grand capitaine.
L’autre c’eft-à-dire, Pan, fatyre cornu , &c......
Euripide, dans fon Cyclope, fait raconter à Silène
fes exploits. 3^ Dans la guerre des géans, Silène
33 étoit à tes côtés, ô Bacchusj je figrialai ma valeur,
33 & je perçai de ma lance Encelade, malgré fon
s» énorme bouclier. 33 Le poète fuppofé Silène
avec fes fils, étant à chercher fur mer Bacchus,
qu'il avoit perdu , fut jette fur le rocher d'Etna ,
où le cyclope Polyphêmè le fit fon efclave, juf-
qu’à ce que Uliffe vint l'en tirer.
*3 Les vieux latyres dit Winckelmann ( Hifi. de
l ’Art. 4. 1. ) appellés auffi Silènes, & particulièrement
le Silène père nourricier de Bacchus,
n'ont pas la phyfionomie tournée au rire dans les
compofitions férieufes 3 ce font de beaux corps dans
toute la maturité de l’âge, telle que nous fes préfente
la ftatue d'un Silène tenant le jeune Bacchus
dans fes bras, de la villa Borghefe, ftatue parfaitement
femblable à deux autres du palais Rufpoli,
dont pourtant, il n'ÿ en a qu'une avec une tête,
antique. Dans quelques figures la phyfionomie de
Silène annonce un air de gaîté, & porte une barbe,
frifée, Comme les ftatues dont nous venons de
faire mention 3 dans d'autres , ce dieu inftituteur
de Bacchus, paroît fous la forme d'un philofophe
avec une barbe vénérable, qui defeend en ferpen-
tant jufque fur fà poitrine. C'eft ainfi que nous
voyons repréfenté Silène fur des bas-reliefs fouvent
répétés & connus fous la très-fauffe dénomination
de Banquet de Trimalcion (Jàartol. admir. ant. ).
J'ai reftreint cette idée de Silène aux compofitions
férieufes, pour parer l'objeérion qu'on pourroit
me faire par rapport au Silène repréfenté fur plufieurs
bas-reliefs avec un corps d’une groffeur
démefurée & monté fur un âne d'un air chancelant.
33
Les poètes donnoient indifféremment aux fatyres,
aux faunes §£ à Silène des cornes & des
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pieds de chèvre, & en cela les artiftes s’étoient
écartés de la-marche des poètes. En effet les pein-
très &: les fculpteurs ont conftamment reprefente
Silène fans cornes & fans pieds de chèvre, comme
o r peut s'en convaincre en jettant les yeux fur
-trois peintures à’Herculanum} & fur plufie.urs médaillés
de la Troade ( Vaillant. Colon.). On voit
encore aujourd'hui à Rome , une très-belle ftatue
de Silène repréfenté debout avec des oreilles
pointues , une couronne de lierre, une grande
barbe, s'appuyant de la main droite fur un baril, &
n’ayant ni cornes ni pieds de chèvre.
On voit au palais Gentili à Rome un Silène
couvert d'une draperie de laine travaillée à maille,
comme un filet, & appellé par Pollux.
Favorin ajoute que Yayçfivov étoit un tiflu de laine
de différentes couleurs à maille , & que portoient
les bacchantes. Les aéleurs tragiques portoient auffi
cet habillement, de même que Tiréfias & les
devins. 11 eft probable que les acteurs quÿrepré-
fentoient Silène, s'en côuvroient pour exprimer
la rudeffe & l'embonpoint lâche des membres du
•nourricier de Bacchus.
Dans la colleétion des deffins antiques du commandeur
del Pofôo qui fe trouvoit chez le cardinal
Albani, on voyoit Silène appuyé fur un génie
ailé, celui de Bacchus.
Dans la colleétion- des pierres gravées de Stofch
on voit}
. Sur une Améthifte, Silène debout appuyé fur
fon thyrfe, une grappe de raifin à la main, à
côté d'un vafe placé fur fon piédeftal, d'où Portent
des farments chargés de raifins. Le vafe eft
orné d'une panthère de relief qui porte un thyrfe.
La gravure de cette pierre, eft des meilleures de
ce cabinet.
- Sur une pâte antique, Silène couronné de lierre-,
habillé à la manière des philofophes, marchant
appuyé fur un bâton, & portant en main un vafe.
Il eft reffemblant à celui qu'on voit, plus ivre
encore, fur une ' ( Lucern. ant. p. II. fi'g. 21. )
lampe antique de Bellori. Il convient de remarquer
à ce fujet, que le Pan en marbre du capitole 8e:
deux autres Pans de la même forme & grandeur de
la villa Albani font enveloppés d'une draperie ou
manteau qui les couvre jufqu'aux cuiffes.
Sur une pâte antique Silène debout à côté d'un
vafe , ayant à fes pieds une panthère.
Sur une améthyfte, Silène ivre , monté fur un
âne qu'il tient par la queue.
Sur une cornaline, Silène ivre, le thyrfe fur
l'épaule monté fur .un âne.
Sur une pâte de verre, Silène ivre, monté fur
un âne, fiwvi par un faune qui le pouffe pour le
faiçe marcher, avec l’infcription L u c i h a f i s tu .