
que retranchement , tant pour affurer les convois,
que pour prévenir quelqu attaque fubite de la part
des ennemis.
ST A T IO N E S étoient des lieux d'étapes, fur
les grandes routes, où Ton défrayoit les envoyés
des empereurs. On les appelloit aufli manpones 8c
mutationcs.
S t a t IONss défignoient encore des endroits où
les oififs des villes fe rendoient pour s'entretenir.
Juvenal ( Sat. II. 4. ) en fait mention :
Convictus, therm« , fiationes , omne tkeatrum.
De Rutila............................... ..
S tatioicss navium , rades ou baies.
STATION AIRES. Dans le Bas-Empire, ce nom
a été donné à . des foldats ou à des officiers , que
Ton mettoit en certains lieux 8c en certains pof-
res, d'où ils avertiflfoient les^ gouverneurs & les
magiftrats de ce qui fe palïbit. Les ftatianüaires
étoient en quelque forte les mêmes que ceux
qu'on appelloit curiofi, curieux > & frumentarii
frumentaires.
On difoit dans le même fens, foldats, officiers ,
fiationnaires.
Les ftationaires étoient encore dans les mai-
fons des poftes , ceux qui avoient foin des chevaux
deftinés à l'ufage du public , les commis
des poftes.
S T A T IV A c a s t r a : , campement de peu de
jours. Les romains avoient des camps d'hiver 8c
d'été. Ceux-ci étoient quelquefois pour une feule
nuit , & s'appelleient logemens , au moins dans
les derniers temps : lorfqu’ils étoient pour plü-
fieurs nuits , on les nommoit ftativa. Les camps
d'hiver ctoient bien mieux munis que ceux d'été j
auffî Tite-Live , en parlant de leur conftra&îon ,
fe fert de cette expreffion , edifteare hiberna. Sous
les empereurs , les romains eurent toujours des
armées fur les frontières de l'Empire , en paix
comme en guerre , avec cette feule différence,
quelles étoknt moins nombreufes en temps de
paix > elles campoient toute l'année , l'hiver comme
l'été. On obfervoit que les camps, pendant
l'h iv e r , fuffent bien fortifiés, & .fournis de
toutes fortes de munitions ; car ils trouvaient
que les villes fortifiées , n'étaient pas fuffifantes
pour garantir les provinces frontières, des courfes
des barbares, & que les corps d'armée, toujours
prêts à leur être oppofés, & en état d’agir, pou-
voient mieux les tenir en refpeét, & empêcher leurs
Irruptions. Peu à peu , les camps fortifiés- devîn-
jent des châteaux , même des villes , qui retin-
ent les noms des légions qui y avoient campé.
S T A T IU S , prénom chez les romains, qui fut
d’abord un nom général d'efclaves , comme te
remarque Aulugelle ( 4. 20. ) & que porta le fameux
Gæcilius, poète comique, qui étoit efclave
d'origine : Statius nomen fervile fu it, p Urique apud
veteres fervi eo nomine fuerunt. C&cilius quoque ille
comaediarum poeta mclytus, fervus fuit , & proptereà,
nomen habuit Statius.
S T A T O R j furnom de Jupiter. Romulus voyant
les foldats plier dans un combat, contre les fam-
nites, & commencer à prendre la fuite, pria
Jupiter , de rendre le courage aux romains ,& de
les arrêter dans leur fuite. Sa prière fut exaucée :
8c en mémoire de cet événement, Romulus bâtit
un temple à Jupiter , au pied du mont Palatin ,
fous le titre ae ftator 3 le dieu qui arrête. La
ftatue qu’on lui confacra, repréfentoit Jupiter
debout, tenant la pique de la main droite , &
la foudre de la gauche. Cicéron rapporte, que
le conful Flaminius, marchant contre Annibal,
tomba tout d'un coup , lui & fon cheval devant
la ftatue de Jupiter ftator, fans qu’il en parût,
aucune caufe , ce qui fut pris par fes troupes
, pour un mauvais augure , ou plutôt pour
un avis, que le dieu lui donnoit dé s'arrêter, &
de ne pas aller combattre : mais le conful mé-
prifa l'avis ou l'augure, & fut battu à la journée
de Tralîmène.
STATORES j foldats de la garde des empereurs
, qui dans le camp faifoient fentinelle à la
porte du prétoire, ce qui les fit appeller ftatores
pretorii. On appella aufli de ce nom certains ofti-
; ciers des magiftrats y du temps de la république >
comme on en voit un exemple dans les lettres
, de Cicéron. Enteras tuas a te mihi ftator tuus
; reddidit. ( Fourni/, epii. II. 17.}-
On lit dans une înfcription, recueillie par Mu*
ratori, Stator cîvitatis Vienne. Ces mots défi-
gnent un officier public de la ville de Vienne.
STATUES. Après les dieux , l’honneur des
ftatues fut communiqué aux demi-dieux êc aux
héros , que leur valeur élevoit au-defiiis des autres
hommes, èc qui par des fervices éclatans y
s'étoient rendus vénérables à leur fiècle.
Quelques-uns ont reçu ces honneurs pendant
leur v ie , & d’autres les ayant refufés, les ont
» mérités après leur mort, par un motif de recon-
noiffance encore moins équivoque. Tel fut Scipion,
à qui Rome ne rendit cet éclatant témoignage
de fon eftime , que qviand il ne fut plus en état
de s'y oppofex» lui-même. Etant cenfeur , il ayoit
fait abattre toutes les ftatues , que les particuliers
s’étoient érigées dans la place publique, à moins
qu'ils n'euflent été autorifés à le faire par un
décret du fénat ; 8c Caton , aima mieux que l'on
demandât pourquoi on ne lui en avoit point
élevé , que fi on eût pu demander à quél titre
on lui avoit fait cet honneur.
Suétone dit qu’Augûfté déclara , par un édit,
ue les ftatues- qu'il avoit fait élever en l'honneur
es grands hommes de toutes les nations, ne
l’avoient été que pour lui fervir d'exemple , de
même qu’aux princes fes fucceffeurs , 8c afin que
les citoyens en défiraffent de femblables. Mais
on fait affez que la plupart de fes fucceffeurs en
furent plus redevables à la crainte de leurs fujets
qu’à leur propre mérite i auffi fentant bien qu'ils
n'avoient rien de femblable à efpérer après leur
mort, ils fe hâtoient de fe faire rendre par force
ou par complaifance , un hommage qui n'étoit dû
qu'a la vertu.
Les ftatues3 commeles temples, faifoient une
partie effentielle des apothéofes , dont il eft l i .
fouvent parlé dans les auteurs de l'hiftoire d’Au-
gufte ; on y trouve un grand détail des cérémonies
qui fe pratiquoient en ces oecafîons. 8c de tout
ce que la., flatterie y ajouta , pour plaire davantage
aux vivans dans des honneurs fi légèrement
décernés aux défunts. Les romains étoient fi feru-
puleux dans ces dédicaces de temples ou de ftatues
, qu'ils les auroient recommencées, s'ils' s'étoient
apperçus qii'un feul mot, ou même une feule
fyllabe y éût été omife ; & Pline obferve que
le pontife Métellus , qui étoit bègue, fe prépara
pendant ftx mois à prononcer le nom de la deeffe
Opfopifèra3 à' laquelle on devoit dédier une ftatue.
Les légiflateurs ont été honorés de ftatues dans
prefque tous les états j quèlques hommes illuftres
ont partagé avec eux cet honneur j mais d’autres
fe défiant de la reconnoiffance & de l’eftime publique
, n’attendirent pas qu’on le leur accordât}
iis s'élevèrent à eux-naêmes des ftatues à leurs
£rajs î & c'eft peut-être , à cette liberté qu'on
doit les réglemens , qui défendirent à Rome
d'en ériger, fans l'aveu des cepfeurs. Mais ces
ordonnances ne s'étendoient pas fur les ftatues ,
quelles pèrfonnes de quelques confidérations,
faifoient, pofer pour l'ornement de leur maifon
<de campagne., & où quelquefois à côté des leurs,,
ils en elevoient pour des efclaves, dont les fer-
vices leur avoient été agréables, ce qui n’étoit
pas permis à la ville , du moins pour les efclaves.
Valère-Maxime dit qu'une ftatue de Sémira-
mis la repréfentoit au même état où elle fe
trouvoit, lorfqu'on vint lui dire que les habitans
de Babylone _s étoient révoltés $ elle étoit à fa
toilette, n'ayant qu'un côté de fes cheveux relevés
> 6c s'étant préfentée en cet état à fon peuple
, il rentra aufli-tôt dan* le devoir,
Cornélius-Népos , dans b vie de Chabrîas,
rapporte que les athéniens, qui honoraient d’une
ftatue les athlètes victorieux , a quelquesjjeux que
ce fû t , le fjrent repréfenter, appuyé fur un
genou , couvert de fon bouclier, la lance en
arrêt , parce que Chabrias avoit ordonné à fes
foldats de fe mettre dans cette attitude, pour
recevoir l’attaque des foldats d'Agéfilaiis , qui
furent défaits. Ces mêmes athéniens élevèrent à
Bérofe, qui a vécu du temps d'Alexandre, 8c
non au temps de Moyfe, ainfique l’établit Eufebe,
une ftatue, dont la langue étoit dorée, te qui fut
pofée dans le lieu des exercices publics , par eftime
pour fes écrits, 8c pour fes obfervations aftro-
nomiques.
Pline dit que Lucius - Minucius - Augurinus ,
qui s’oppofa aux deffeins ambitieux de Mélius ,
& qui de l'état de fénateur où il étpit né , paffa
à celui de plébéien, pour pouvoir être tribun du
peuple , ayant rétabli l'abondance à Rome , fut ,
honoré d'une ftatue à la porte Trigémina j & Patin
cite la médaille, qui le repréfente comme il étoit
dans cette ftatue, tenant eu ia main deux épis, fym-
bole*de l'abondance.
Les femmes mêmes , qui avoient rendu quelque
fervice à la république , furent affociées à la prérogative
d’avoir aes ftatues. On ordonna une
ftatue équeftre à Clélie, échappée des mains de
Porfenna, qui la gardoit en otage. La veftaie
Suffétia e u t , par un décret du fénat, la per-
miffion de choifîr le lieu qui lui plairait pour
pofer la ftatue qui lui fut décernée, en recon- •
noiffance de quelques terres, dont elle fit préfent
à la ville de Rome i 8c Denis d'Halycarnaflë , en
allègue quelques autres exemples.
Quand le fénat ordpnnoit une ftatue , il char-
geoit les entrepreneurs des ouvrages publics-, de
prendre au trefor de l’état, de quoi fournir à la
dépenfe. Il y avoit un terme fixé pour l'exéeütion
de cet ordre, & des officiers prépofés pour
y tenir la main.
En accordant la permiflion, ou le droit d'élever
des ftatues s le fénat en decerminoit le lieu,
avec un terrein de cinq pieds d'étendue, autonr
de labafe , afin que la famille de ceux à qui il avoit
fait cette faveur, eût plus de commodité pour
aflifter aux fpeétacles, qui fe donnoient dans les
places publiques , avant qu'on eût bâti les amphithéâtres
8c les cirques. La conceflion du lieu
étoit proportionnée à fa dignité de celui que l'on
vouloit nonorer, à l'a&ion qui lui procu*
roit l'avantage d'avoir une ftatue par autorité
publique.
Quefques-unes étoient placées dans des temples
ou dans les curies., ou le fénaç s'affemblôitj
d'autres dans la place de la tribune aux harangues
, dans les lieux les plus éminens de la ville
dans les carrefours , dans les bains publics, fous
les portiques deftinés à la promenaae, à l'entré®
des aqueducs, fur Jes ponts 5 & avec le temps,
il s'en trouva un il grand nombre, que e'étoic