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THERSANDRE, fils de Polynice , monta fur
le trône de Thèbes , & marcha à la tête des thé-'
bains au liège de Troy e, avec les grecs j mais il
fut tué en Myfiej par Téléphus, après s’être
diliingué dans le combat. Les grecs, pour honorer
fa valeur, lui élevèrent un monument dans la
ville d’Élée , fur les rives du Caïque, où les
habitans alloient tous les ans lui rendre les honneurs
héroïques. Thtrfandre avoit époufé Demo-
nafie, fille d’Amphiaraüs, dont il eut Tifamène,
qui lui fuçceda au royaume de Thèbes. Voyei
E r iphy lÉ.
THERS1LO Q U E , fils d’Anténor, fut tué au
fiège de Troye. Pour exprimer fa bravoure, i
Homère dit qu’il avoit toujours les armes à la :
main.
THERS1TE , etoit un miferable bouffon de
l’armée des grecs, au fiège de T ro y e , qui ne'
«s’occiipoit qu’à faire rire, 8c à invectiver contre
les généraux. Çet homme -, dit Homère, parlant
fans bornes & fans mefures ,faifoit un bruir horrible ;
il ne fçavoit dire que des injures, & toutes fortes
de groiTièretés : il parloit d’Àgamemnon 8c des
autres rois, avec une infolence to u t-à - fa it
înfigne. Avec cela c’ étoit le plus laid de tous les
hommes, il étoit louche 8c boiteux^ il avoit les
. épaules courbées 8c rama fiées fur la poitrine, la
■ .tête pointue & parfemée de quelques cheveux.
Un jour'qu’il faifoit le plus fanglant reproche à
Agamemnon fur le mauvais fuccès du fiègè de
T ro y e , . Ülyffe ,. qui étoit préfent , le menaça ,
îS’ il continuait, de le déchirer à coups de verges,
comme un vil efclave ; en même temps il le frappa
de fon fceptre fur'le dqs 8c fur les épaules. La
douleur du coup fit faire à Therfite une grimace
fi hideufe , que lés grecs, -quelqu’affligés qu’ils
fuffent, ne purent s’empêcher d’en rire. Cela
contint le railleur pour quelque temps ; mais ayant
ofé s’ attaquer de même a Achille, ce héros n’eut
pas tant de patience., 8c le tua d’un coup de
.poing/
THÉSÉE* fut le dixième roi d’A thènes. Il naquit
a Troëzene, 8c y fut élévé par les foins de fa
mère Éthra, à la cour dp fage Pithéus fon grand
père maternel. Voye% Égée, Et h r a , Pithée.
.Les poètes défîgnent fouvent Théfêe par le, nom
À’Erecihide, parce qü*on le regardoit comme un
des plus illuftres defcendans d’Éreéthée, ou du
moins de fes fiicceffeurs ; car il eft douteux que
Théfêe defcendît d’Éreéthée. Quoi qu’ il en foit,
voici l’hiftoire de fa naiffance. Égée roi d’Athènes ,
alla confulter l’oracle de Delphes, pour favoir
s’il auroit des .enfans. 11. n’eut de la prêtreffe
qu’une réponfe ambiguë : pour fêla faire expliquer,
il paffa par Troëzene cnez lé fage Pithée', qui
crut ne pouvoir mieux faire qüe de s’ allier avec le
lo i d’Athènes, 8c fa prudence lui infpna que. le
T H E
moyen le plus fûr,,pour réuffir dans fon projet,
étoit d’ unir fa fille Éthra avec Égée5 mais, comme
celui-ci pouvoit afpirer à une alliance plus avan-
tageufe, ou ufa d’artifice, 8c l’on ne fit point
çonnoître au jeune prince quelle étoit la perfonae
ui alloit partager fon lit. Lorfqu’il fçut le len-
emain qui elle étoit, il cacha, en fa prêfence,
une épée 8c des fouliers fous une grotte pierre,
8c lui dit : que fi l’enfant, qu’elle avoit conçu la
nuit, étoit un fils, elle lui fît lever la pierre,
quand il feroit en âge d’en avoir la force , 8c
l’ envoyât à Athènes avec ces preuves de fa naiffance,
que jufque-là elle ne feroit epnnoître
à perfonne. Égée retourna auffi-tôt dans fes états,
biffa Éthra enceinte d’un fils, auquel elle donna
le nom de Théfêe, à caufe des marques de recon-
noiffance que fon père avoit poféeS fous la pierre
( De t lèyi'veu, pofer ). Cependant Pithée ne voulant
pas que l’aventure de fa fille fût connuë, déclara,
quand elle fut enceinte * qu’elle avoit été -vifitée
par Neptune, la grande divinité des troezeniens»
Dans la fuite Théfêe fe vanta-de cette nailfance ,
8c la prouva par des effets ; car Paufanias rapporte
que Théfêe étant allé en Crète, Minos l’outragea
de paroles, 8c lui dit qu’il n’étoit pas fils de
Neptune , comme il ofoit s’en vanter ; que, pour
marque de cela, il jetteroit fa bague' dans la mer,
. 8c qu’il étoit bien fur que Théfêe ne la lui rappor-
teroit pas : en même temps il ietta fa bague dans
jj la mer. Théfêe s’y jetta auffî-tot après, 8c i f retrouva,
difoit-on, la bague qu’ il rapporta avec
une couronne qu’Amphitritelui avoit mife fur la
tête. Il eft confiant par l’hiftoire, qué Théfêe te
porta par-tout pour le fils d’Égée, 8c que le titre
de fils de Neptune ne lui a été attribué que par
quelques poètes, fans égard à la fuite de fon
hiftoire.
On rapporte plufieurs traits ;du courage 8c de
la force que Thcfée fit paroître dans fes premières
années. Les troezeniens racontaient qu’Hercule
étant venu voir Pithée , quitta fa peau de lion
pour fe'mettre à table. Plufieurs enfans de la ville.,
entr’ autres Théfêe qui pour lors n’avôit que fept
1 ans , attirés par la curiofité , étoient accourus
chez Pithée ; îpais tous eurent peur de la peau de
lion , à la réferve du petit Théfêe, qui arrachant
une haçhe d’entre .les; mains- d’un efclave , &
croyant voir un lion, vint pour l’attaquer. A
pèine Théfêe eut-il atteint l’agé-dé feizë ans, eue
fa mère lui découvrit le fecret de fa haiflaiice,
le mena à l’endroit où fon père , en- avoit caché
les gages. Il remua cette roché, 8c prit l’efpèce
de dépôt qui étoit deffous, avec lequel il devoit
fe faire reconnoître pour fils d’Egée. Étant arrivé
fecrettement.à A.thènes, il parut, tout-d’un coup
au milieu de la ville avec une robe traînante, 8c
de beaux cheveux bien frifés qui flottoient fur fes
épaules j 8c; s’approchant dû temple. d’Apollon
! Delphinien qu’on achevoit de bâtir, & donjt il
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ne reftoit plus que le comble à faire -, il entendit
les ouvriers qui fe demandoient, en riant : où va
donc cette belle grande fille aisfî feule ? A cette
plailanterie il ne répondit rien, mais ayant dételé ^
deux boeufs qui étoient près de-là à un chariot !
couvert, il prit le chariot, 8c le jetta plus haut que
n’étoient les ouvriers qui travailloient a la couverture
du temple.
Théfêe, avant de fe faire reconnoître pour
héritier du trône d’Athènes, réfolut de travailler
auparavant à s’ en rendre digne : la. gloire 8c la
vertu d’Herculô l’aiguillonnoient vivement, il
n’eftimoit rien au'prix de ce héros : il aimoit à en
entendre parler; il queftionnoit fans ceffe ceux j
qui l ’avoient vu, 8c de qui il pouvoit apprendre j
quelques particularités de ’fa vie. L’admiration j
que lui donnoit la yie d’Hercule, dit Plutarque, ;
faifoit que fes actions lui revenoient la nuit en |
fonge, 8c qu’elles le piquoient le jour d’une j
noble émulation, 8c excitoient en lui un violent
defir de l’imiter. La parenté qui étoit extr’eux, i
augmenta encore cette émulation j car Pithéë,
père d’Éthra , étoit frère de Lyfidice , mère
d’Alcmèfie. Théfêe fe propofa donc d’aller cher- !
cher des aventures, 8c cbmmença par purger ;
l’Attique des brigands qui l’infeftoient. ( Voyeç ■
CERCYON , PÉRIGONE, PëRIPHÉTES , PHAYE,
Procruste, Sciron, Sinius, Demérus. Après .
ces expéditions, il fe pofta fur les bords du fleuve ;
Çéphife, 8c fe fit purifier par les defeeridans de :
Phytalus à l’autel de Jupiter-Mélichius, pour avoir
fouillé fes mains dans le fang de tant de brigands ;
8c entr’ autrês de Sinius, fon propre parent, qui
defeendoit comme lui de Pithée.
Ce fut après ces' exploits que Théfêe vint à
Athènes pour s'y faire reconnoître : il trouva cette
ville dans une étrange confufion. Médée, que fes
crimes avoient chafie de Corinthe,s’étoit réfugiée
à Athènes, où elle s’étoit emparée du coeur 8c
1 de la confiance du roi. La vue 8c la réputation de
Théfêe firent preffentir à cette femme qu’il met- :
troit obftacle" au projet qu’elle avoit formé de
devenir- femme du roi ; elle fit naître des foupçons
dans l’efprit de fon amant, fur les deffeins 8c la
bravoure de Théfêe, 8c le détermina à le faire em-
poifonner dans un feftin que le roi devoit lui
donner par honneur. Mais au moment où Théfêe
alloit avaler le poifon, Égée reconnut fon fils à la
garde de fon épée , 8c chaffa Médée, dont il
découvrit les mauvais deffeins. Égée ne fe contenta
pas de reconnoître Théfêe pour fon.fils, ille déclara
fon fuçceffeur. Pallas frère d’Égée, qui avoit juf-.
qu’alors( compté fur cette fucceffion , confpira
contre Égée avec les Pallantides fes fils. La conf-
piration fut découverte 8c diffipée par la mort de
Pallas 8c de fes enfans qui tombèrent fous les
coups de Théfêe i mais ces meurtres, quoique
juges néceffaires, obligèrent le héros à fe bannir
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d’Athènes polir un an , 8c après ce^ temps il- fut
abfous âu tribunal des juges qui s’affembloient
dans le temple d’Apollon Delphinien.
Quelque temps après, Théfêe fe propofa de délivrer
fa patrie du honteux tribut qu elle payoit a
Minos; 8c pour cela il s’offrit d’ aller en- Crète
avec les autres athéniens, fans tenter même la
faveur du fort. Avant de partir, il tâcha de
fe rendre lés dieux propices, dit Plutarque, par
un grand nombre de facrifices. Il confulta auffi
l’oracle de Delphes, qui lui promit un heureux
fuccès dans fon expédition fi l’amour lui fervoit
de guide. En effet, ce fut l’amour qu’il infpira
à Ariane, fille de Minos, qui le délivra de tous
les dangers de cette entreprife. Voye[ A riane
MlNOTAURE , P É R IB É E .
A fon retour de Crète, il trouva que fon père
Égée s’étoit fait mourir de chagrin ( Voye%
Égée ). Ses premiers foins furent de, lui rendre
les derniers devoirs. En fuite , pour remercier.les
dieux de l’heureux fuccès de fon voyage, il établit
, en leur honneur, plufieurs fê te s , dont la
depenfe devoit être fournie par les fàmilles de.
ceux -qu’il avoit ramenés de l’île de Crète. Ma»
fur-tout il fit exécuter le voeu qu’il avoit fait à
Apollon en partant, d’envoyer tous les ans à
Délos offrir des facrifices en actions de grâces. En
effet on ne manqua jamais d’envoyer des députés
couronnés de branches d’olivier. On fe fervoit
même , pour ce voyage, du même vaiffeau qu’a-
voit monté Théfêe, 8c qu’ on avoit fi grand foin
d’entretenir, qu’il étoit toujours en état; ce qui
a fait dire aux poètes qu’il étoit immortel. Au
temps de. Ptolémée Philadelphe , c’ eft-à-dire ,
près de mille ans après la mort de Théfêe, ce vaiffeau
duroit encore, ainfi que la coutume d’envoyer
à Délos.
Théfêe0 paifible pofiefifeur du trône des
athéniens, travailla à réformer le gouvernement
de l’Attique ; ilraffembia en une feule ville tous
les habitans de ce pays , qui jufque'là aveient-
été difperfés dans différentes bourgades, 8c leur
propofa le plan d’une république, où ne fe ré fer-
vaut que le commandement des armées 8c la
défenfe des loix , ils partageroient entr eux le refte
de l’adminiftration, 8c toute l’ autorité feroit entre
les mains du peuple. Cette forme de gouvernement,
toute nouvelle alors dans la Grèce, attira
dans Athènes beaucoup d’étrangers , qui rendirent
fon nouveau peuple très-nombreux. Comme
la religion a été de tout temps le lien qui unit le
plus fortement les peuples , féparés d’ailleurs
par leurs intérêts particuliers , Théfêe inftitua
plufieurs fèves religieufes ; il renouvella , en
. l’honneur de Neptune , les jeux ifthmiques ,
■ comme Hercule ayoit renô.uyellé les jeux olym-
[ piques.
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