
contre les fabius. Tous ’ es peuples étrangers
Qui avoient été fournis par les romains furent
incorporés dans cette dernière tribu , & cet
arrangement fublifta jufqu’à la nouvelle divifion
des tribus par Tullus Hoftilius. Comme le peuple
romain s’ augmentoit tous les jours, Tar-
quin Y ancien y cinquième roi de Rome , doubla
le nombre des tribus-, fans en changer le nom,
de forte qu’on difoit, la première & la fécondé
tribu des Ramnes, & ainfi des autres. Mais
Servius Tullius, fon fucceffeur, voyant que la
tribu des Ramnes qui avoit pour quartier le
Palatium , & celle des Taticns , laquelle habi-
toit le Capitole, étaient bien inférieures à la
tribu des Luceres qui occupoit l’entre-deux des
collines, & à laquelle fe joignoient tous les
étrangers qui venoient habiter dans la ville ,
changea l’ ordre de cette divifion. Il partagea
la ville en quatre quartiers , Sc divifa tous les
habitans en quatre tribus, auxquelles il donna
le nom du quartier quelles habitoient. Ces quatre
tribus que l’on appella Urbans. , étoient Su-
urbana , Ratatina. , Efquilina , Coltina. La pre-
mière*occuooit le moiat Célien & les vallées
d’alentour au côté de l’Orient > la fécondé,
prefque toute l’ ancienne villè, lavoir le Palatin
& le Capitole, avec le Forum $ la troifième
toute la montagne des Efquilies 5 & la quatrième
, tout le Quirinal & le Viminal. Denys
d’Halycarnaffe, qui attribue cette divifion à
Servius, ajoute que ce prince partagea auffi le
territoire de Rome en quinze , ou dix-fept parties
> car il avoue que les auteurs ne s’accordent
pas fur ce point, & qu’ il rangea les habitans
de la campagne fous autant de'tribus qu’on
appella Rufiica. Les quatre tribus de la ville
furent d’abord compofées des tribus lés plus distinguées
; mais quelque temps après, elles préférèrent
de palier dans les tribus de la campagne ,
& il n’y eut plus que les gens du commun qui
compofaffent les tribus de la ville. Les: raifons
de ce changement furent d’abord le cas que
les romains firent de l’agriculture, dont le foin
avoit été donné par Romulus aux citoyens libres ,
à l’exclufion des efclaves & des artifans 5 enfuite
ce que fit en quatre cent cinquante, le cenfeur
Fabius , qui enrôla tous les gens du forum dans
les quatre tribus de la ville : Omntm forenfem
turmam cxcrctam , in quatuor tribus conjecit :
puis l’entrée que l’on donna aux. affranchis l’an
de Rome 584. Le nom des tribus de la campagne
fut pris du lieu qu’elles habitoient * ou
du nom de certaines grandes maifons. Aux
quinze ou dix-fept que le roi Servius avoit
établies, on en ajouta dans la fuite, & en dif-
férens temps, plufieurs autresqufqu’au nombre
de trente cinq, & elles demeurèrent en cet
état pendant tout l’efpace qui précéda la guerre
des alliés. Alors toute l’ Italie ayant obtenu le
droit de bourgeoifie , on augmenta le nombre
des tribus de huit ou dix > mais ces dernières
peu de temps après, furent incorporées dans
les anciennes par les cenfeurs L. Manlius Philip
pus, & M. Perpenna. Telles étoient les
trente-cinq tribus où tout romain, foit du dedans
, foit du dehors de la ville , devoit être
înfcrit5 tous les cinq ans, le cenfeur qui en
faifoit la revue confirmoit chacun dans fa tribu-,
ou l’ en excluoit, en le mettant dans une autre
inférieure, fi c’étoit pour le punir j ou en 'l’incorporant
dans une tribu fupérieure , s’il avoit
fait quelqu’aélion qui méritât récompenfe.
,Les noms des tribus, comme nous l’avons
déjà d it, furent pris des lieux qu’elles habi-
toiêiit, ou du nom de certaines grandes maifons
qui y étoient incorporées. Tribus Allia
prit fon nom, à ’ce que l’on croit, d’ une
famille plébéienne. Æmelia Rufiica quitta Ië nom
^e.u. avoit, pour prendre celui
d Æmilius , chef d’une famille diftinguée.
Anienfs fut ainfi nommé du fleuve Anio qui
coule dans la campagne de Tivoli. Ami en fis Ruf-
tica, ou Namienfis, de l’Arno fleuve ëe T o s cane
, & c’étoit la plus éloignée de Rome.
Claudia Rufiica tira fon nom d’Appius Claudius
fabin qui fe retira à Rome, & à qui Ton
donna des terres près Fidènes, où il établit fa
famille & forma k tribu Claudienne , comme
nous l’apprend Denys d’Halycarriàffe : Â qui b us
tribus facta efi Claudia vocata , qua ufque ad tnea
tempora manet. Tribus Coltina fut ainfi appellée
des deux collines Quirinalis & Viminalis qu’elle
occupoit. Cluentia que Virgile fait defcendre.
de Cloanthe, capitaine d’Enée, fut ajoutée
pendant la guerre fociale ; de même que la
tribu Cluvia , laquelle pouvoir tirer fon nom de
Glu via,- ville a es fabins. Cornelia Rufiica fut
ainfi nommée de l’illuftre famille Cornelia.
Crufiumina , d’une ville, des fabins appellée
Crufiuminum. Efquilma , tribu de la ville , com-
.prenoit la montagne des Efquilies, d’ eû elle
prit fon nom. Fabia Rufiica , de la famille des
Fabiens. Falerina, de Falère, ville de Campanie,
devint tribu l’an 45J. Galtria Rufiica,
d’une origine inconnue, à moins qu’on ne prétende
qu’elle fut ainfi nommée du fleuve Ga^-
léfus. Horacia Rufiica, de la famille des Hora-
ces ; elle ne fe trouve plus que dans les anciennes
infcripuions. Lemonia Rufiica, fut ainfi appellée du
bourg Lemonius, où on ailoit par la porte Ca-
pène , le long du grand chemin latin. M&tià
R u f iic a d’un château nommé Maetium. M&nenîa
Rufiica , de l’ ancienne famille dés Meneniys ,
dont il n’ étoit plus queftion vers l’an 400 de
Rome, non plus que de celles des Horace s. Minu-
cia , ainfi appellée de la famille des Minutius,
qui fleuriffoit encore du temps de la guerre dés
marfes. Tribus Ocriculana ,* ce nom ne fe trouve
que. dans les marbres anciens ; il pouvoir être
celui dhine tribu qui en avoit un autre fous
lequel elle eft plus connue. Palatina, tribu de la
ville , qui comprenoit le6 monts Palatin & Capitolin
, avec la place romaine. Papia fut créée
après la guerre fociale , & portpit le nom
d’une famille. Papyria Rufiica , du fameux Papy-
rius. Pollia Rufiica a une origine inconnue.
Pomptina Rufiica , du territoire Pomptin , à
troisv lieues de Terracine, & à huit milles de
Rome , fur le chemin de Naples : A Pontiâ
urbe tfi dicta , a qua & ager Pomptinus appellaïus
eft ( Feftus ). Popilia , tribu de la campagne,
ainfi nommée , à ce qu’on croit, d’un endroit
du pays des Volfques j elle fut une des quatorze
ajoutées aux vingt-une tribus, & ces quatorze
reçurent toutes leur nom de quelque lieu , &
non d’ une famille. Pupinia, tribu de la eam-
. pagne : Pupinia. tribus ab agro Pupino, dit Feftus.
Quirina Rufiica, de la ville des Cures,
comme le croit Feftus : A curenfibus fabinis
videtur appellationem traxijfe. Romilia Rufiica ,
la première des tribus champêtres , comprenoit
tout l’ ancien territoire de Romulus. Sabatina,
tribu Ruftique , a lacu Sabate didta , qui étoit en
Tofcane. Suppinia, dont parle Tite-Live, eft hors
du nombre & on ignore fi elle étoit tribu romaine.
Scaptia Rufiica , de la ville de Scaptia ,
ainfi que le dit Féûus : Â nomine urbis Scaptia
appellata. Strgia Rufiica , ainfi nommée de la famille
des Sergius, Stellatina Rufiica tire fon nom
du territoire de Stellaté en Tofcane , d’où partirent,
pour venir à Rome, ceux qui compofoient
cette tribu, félon la coutume de donner au
nouveau pays que l’on habitoît, le nom de
celui qu’on venoit de quitter. Tribus Suburana ,
ui étoit la première de la v ille , dans la divi-
©n du roi Servius, comprenoit le mont Coelius
& les vallées d’alentour, & fut ainfi nommée,
dit Varron , à pago fuccufano, ou bien, qubd
fubefi ei loto qui terreus murus vocatur. Terentinà,
une .des tribus champêtres , tire fon nom d’un
lieu appellë Ter.entum , au champ de Mars.
Voyeç ce ’mot. Tromentina , auffi ruftique, a
campe tromento dicta., du territoire Tromentum,
félon Feftus. Cé pays étoit en Tofcane, &
ceux qui le quittèrent pour venir à Rome ,
donnèrent à leur nouvelle demeure le- nom de
l ’ancienne. Vejentina , tribu de.', la campagne,
-comprenoit une portion du territoire des Véjen-
tins, dans la Tofcane. Vetina Rufiica,, ainfi
nommée du lac Velinus, au pays des fabins ,
ou de V e lie , ville de Lucanie. Veturia Rufiica,
prit fon nom de la famille Veturia. Ufentina,
stuffi champêtre , du fleuve Aafens ( Feftus ) ,
■ quod eft in ag>o Pri-vernate inter mare & terra-
cinam. La dernière tribu de la campagne eft
Voltinia , du nom de laquelle on ne connoît
pas l’origine.
On en trouve encore quelques autres dans
les anciennes in&riptions & les auteurs, favoir,
la tribu Pinaria , la tribu Sappinîa , la tribu Ca-
milla ou Camillîa , la tribu Ceftia , & la Cluentia ,
la tribu Cluvia , la tribu Dumid. , la tribu Minucia ,
la tribu Papia , la tribu Turia , la tribu Veturia,
la tribu Ælia, la tribu Julia, la tribu Flavia,
la tribu Ulpia.
TRIBUS d’Athènes. Athènes, dans fa fplen-
deur, étoit divifée en dix tribus, qui avoient emprunté
leurs noms de dix héros du pays ( appelles
a caufe de cela éponymes ), Elles occupoient chacune
une partie d’Athènes , & contenoient en-
dehors quelques ahitres villes , bourgs & villages.
Les noms de ces dix tribus paroiffent fou vent dans
les harangues de Démofthène $ mais je n’en puis
rappeller à ma mémoire que les huit fuivantes j
la tribu acama.i>tide , ainfi nommée d‘Acamas, fils
de Télamon } l’antiochide, d‘Antiochus , fils
d’Hercule 5 la cécropide, de Cécrops , fondateur
& premier roi d’Athènes j' l’hippotoontide ,
à3Hippotoon, fils de Neptune 5 la léontide, de
Lions, qui voua fes filles pour le falut de fa patrie
; & l’oenéide , à! (Encus, fils de Pandion', cinquième
roi d’Athènes.
Il faut obferver que le nombre des tribus ne fut
pas le même dans tous les temps, & qu’il varia
félon les accroiffemens d’Athènes. Il n’y en avoit
eu d’abord que quatre ; il y en eut fix peu après ,
puis d ix , & enfin treize ; car aux dix nommées
par Démofthène , la flatterie des athéniens en
ajouta trois autres daas la fuite, favoir , la tribu
ptolémaïde , en l’honneur de Ptolémée, fils de
Lagus} l’attalide , en faveur d’Attalus , roi de
Pergame 5 & l’adrianide , en faveur dvHadrien.
Pour établir ces nouvelles tribus , on démembra
quelques portions des anciennes. Au refte , les
peuples ou bourgades qui compofoient toutes ces
tribus, , étoient au nombre de cent foixante &
quatorze.
TRIBULIS ; qui eft de la même tribu. Du
temps de Servius roi des romains, on appelloit
urbani les citoyens qui demeuroient dans l’enceinte
des murs de la v ille, quelques biens quils
euffent, & qui jouiffoient du droit de tuffrage dans
les quatre feules tribus de la ville ; & 1 on appelloit
rufiici ceux qui demeuroient. dans la campagne
& qui cultivoient les champs. Dans la fuite les
chofes changèrent, & le nom de tribulis n’eut
plus le même fondement 5 cardon le donna , non à
tous ceux qui habitoient la ville , mais feulement
à ceux qui jouiffoient du droit de fuffrage dans les
quatre tribus. ; de même qu’ on nomma rufiici
ceux qui poffédoient des domaines à la campagne
foit qu’ils y demeuraffent ou non. Ainfi les citoyens
les plus diftingués par la nobiefle & les
charges , comme les Cornéliens , les Emiliens
les Jules , les Marcellus, les Catons, étoient
!