
ginois, des arabes & des maures ,• alors je ne nie
point qu’il ne foit forti des pays chauds des peuples
belliqueux 8c conquérans ; mais il eft vrai aufli que
les expéditions de ces peuples-là fe font terminées
fous des climats tempérés , & que , quand ils les
entreprirent 3 ils n’avoient rien, ou ne croyoient
rien avoir à craindre chez eux. Mais il n en eft
pas ainfî de Sêfojlris qui ne paroît pas avoir été trop
en fureté dans fon propre pays , puifque pour contenir
quelques troupes de fcénites, ou ae pafteurs
arabes 3 qui dévaftoient le Delta par leurs inva-
fions , il fit fermer toute la baffe-Egypte par une
grande muraille, comme les chinois en ont bâti
une pour arrêter les tartares 3 qu’on n’ arrête pas
de cette façon-là. 11 y a encore beaucoup de peuples
qui ont eu la folie de conftruire d’épouvantables
remparts en .plufieùrs endroits de l’ ancien con-:
tinent, parce qu’ils fe font imaginés qu’ on pouvoir
fortifier un pays comme on fortifie les villes.»
Voye% Murailles.
« Les phéniciens ou plutôt les marchands de]
Tyr & de Sidon ayant fenti de quelle importance
il étoit pour eux d’avoir des entrepôts de commerce
dans la Colchide où venaient refluer beaucoup
de denrées de l’Inde, firent des établiffe-
mens fur les bords du Phafe, ( Ce font des entrepôts
des phéniciens fur le Phafe , qui ont donné
lieu aux traditions touchant les colonies des hébreux,
des philiftins dans la Colchide , parce que
toutes ces nations voifines fe reffembloient par de
certains ufages. On peut confulter là-deffus les
obfervations critiques fur les anciens peuples .»«par M.
Fourmont, torri. II. pag. 2 y y. )~ où ils fe ren-
doient fans difficulté par la Méditerranée , tandis
u’il eut été prefque impoffible à un peuple venu
’Afrique d’y pénétrer par le chemin du continent.
Ce font ces etabliffemens des phéniciens. qu’Héro-
dote a pris pour une colonie égyptienne , fondée
dans la Colchide par Séfoftris ; & cette méprife eft
d’autant plusgroftière, qu’il avoue lui-même qu’en
-Egypte on n’avoit pas la moindre connoifiance
touchant cette colorîie-Jà. C ’eft comme fi l’ on
difoit qu’on ne fait pas en Efpagne qu’il y a des
établiflëmens efpagnols au Pérou. »
«e I I eft f i vrai qn’Hérodote a le premier imaginé
toutes ces fables, qu’Onomacnte qui yivoit
long-temps avant Hérodote, & qui entre dans de
grands détails fur la Colchide , ne dit pas un mot
de quelque peuplade égyptienne tranfplantée cbns
cette contree-la, tandis qu’il fait mention' des
phéniciens fous le nom de lblymes & d’affyriens,
dans fes argonautiqu: s attribuées ordinairement à
Orphée. ( M. Cerner a bien obfervë .dans fes lavantes
notes fur les orphiques, que les folymes &
les aftyriens de la Colchide, font des phéniciens. )
Les^poêtes qui ont écrit depuis fur l’expéditioh
des argonautes comme Apollonius de Rhodes &
Yakrius Flaccus, ont mieux arboré fuivre le fenti-
ment d’Hérodote , parce que le merveilleux qu’ il
renferme s’accorde avec les loix d’un poenie
épique. »
« Il ne faut pas foutenir opiniâtrement, comme
on a fait, que le nom de Séfoftris fe trouve dans
le canon des rois d’Affyrie, ni en conclure fur-
tout que l’Aifyrie étoit au nombre des pays qu’il
avoit conquis, car il eft certain que Caftor a copié
en cela Çtéfias , celui de tous les grecs qui a ofé
mentir dans l’hiftoire avec le plus d’impudence :
auffi Eufebe, Moïfe de Chorène, 8c Caffiodore
ont-ils rejetté du canon des rois d’Affyrie, le Sé-
thos de Ctéfias, pour y placer un prince nommé
Altadas, ou A^atag^ 8c cela eft, fans comparaifon ,
plus raifonnable. »
cc Ce qu’il y a de bien étrange encore, c’eft
cette^ flotte de fix cents vaiffeaux longs que Séfofi
tris fit bâtir fur la mer Rouge. On place de tels
prodiges dans un temps ou l’ignorance des égyptiens
, par rapport à la marine, étoit extrême,
parce que leur averfion pour la mer étoit encore
alors invincible, & l’on fait que cette averfion étoit
une chofe très-naturelle dans les principes de leur
religion & dans des principes de leur politique.
Les prêtresse pouvoient approuver le commerce
extérieur * & ce qu’il y a de bien fingulier, ils
avoient raifon dans, leur fens, car quand toutes
les mftitutions d’un peuple font relatives à fon
climat, comme l’étoient les inftitutions des égyptiens,
il convient de gêner le commerce extérieur,
& d’encourager l’agriculture, -maxime . dont les
prêtres1 ne s’éloignèrent que quand ils y furent
forcés par des princes qui ébranlèrent l’état.. »
«e D’un autre côté, le bois de conftruéfion manquent
tellement en Egypte, qu’on y fut d’abord
fort embarraffé pour corapletter le nombre des
barques employées fur le Isil & fur les canaux j 8c
ce ne fut qu’après beaucoup d’ effais fans doute
qu’on parvint a en faire de.terre cuite, ce qu’aucun
peuple du monde, que:je fâche,, n’a* imité.
Auffi la méthode de cuire ces vaiffeaux au feu , de
leur donner une certaine foHdité par des proportions
exaétes , de les bien vermlfer, 8c der les
revêtir de joncs, eft-clle aujourd hui au nombre
des chofes inconnues , & peut-être par rapport à
nous , au nombre des chofes, inutiles. Quand les
Ptolémées voulurent faire le commerce des-Indes
par la mer Rouge , le défaut de bois les obligea
auffi à fe fervir de mauvaifes barques coufues de
jonc & de papyrus, qui ne pouvant porter que
de petites voiles, & des équipagestrès-foiblès
marchoient mal, & fe défendoient mal contré les
pirates } encore paroît-il qu’elles étoient toujours
conduites par des pilotes grecs : car les égyptiens
n'emendoient pas la manoeuvre, quoi qu’en dife
M. Ameilhon , qui s’imagine qu’ils étoient. fore
habiles dans la marine , parce qu’ ils defeendoient
dit-il, la catarante du JNuen canot. ( ïliftoire de la
navigation & du commerce des égyptiens fous les
Ptolémées. Pag. 129.). Mais la defeentede la plus
forte cataraéte, dont la chute n’efi pendant les
crues que de fept ou huit pieds, comme M. Po-
coke l’a vu , n’a pas le moindre rapport avec les
connoiffances qu’ il faut pofféder pour bien naviguer
en mer. »
«< Ce qu’il y a de certain , c’eft que Séfoftris fit
beaucoup de bien à fon peuple, auquel il reftitua
la propriété des terres qui lui &voit été ôtée pendant
l ’ufurpation des rois pafteurs, les plus impitoyables
tyrans, dont il foit parlé dans' l’hiftoire.
Ainfi les égyptiens ont eu raifon de faire éclater
leur reconnoiffance envers Séfoftris 3 pour foutenir
la réputation qu’ils ont eue dans l’antiquité, d’être
les plus reconnoijfans des hommes : ils ont eu raifon,
dis-je, de célébrer fans ceffe la mémoire de ce
prince, de l ’appeller le fécond Ofiris , 8c de comparer
fes bienfaits à ceux du foleil. Mais il ne
falloit cependant pas lui faire conquérir toute la terre
habitable. » '
SES Q.UIPLARIS, Y
SES Q UIPLARIUS, > Soldat romain qui rece- $e$qvjpiex3 )
voit par jour une paye 8c demie en récompenfe
de fes fer vices.
SESSIA. Tertullien daes fon livre des fpectacles
( C. VIII. ) , appelle ainfi la déeffe que
d’autres nomment Séia ou Séja. Voyez ce m°t.
■ Voyez&uftiRodigikus3 Antiq. Lctl. L .l. C .X X X .
Turnebe, adverfarior. L. XX. C. XXXVI. P etrus
Crinitus de honeft. difeiplin. L. XXV . C . X I , 8c
Pamelius fur l’endroit de Tertullien que nous avons
cité. Turnebe dit que dans des manuferits de Pline
cette deefle eft appellée Seriam, d’où Pamelius
conclut qu’il faut probablement lire Setia, plutôt
que Sejfta , ou Séria. I ly avoit autour de Sefftc , ou
Setie, autant de déefïes qu’il y avoit de familles
différentes. Setia viendroit de Jerere , fero , fevi ,
fatum , femer.
SESTERCE. Le grand fefterce n’étoit point une
monnoie réelle, comme l’ont penfé quelques modernes
, mais une monnoie de compte qui valoit
dix aureus ou mille petits fefterces. Ainfi, quoique
les anciens ne fe ferviffent jamais du mot feftertium
au fingulier du genre neutre , ils difoient fouvent
dteem ou dena feftertia pour deeem millia nummûm.
vel feftertium , parce qu’au pluriel le mot feftertia
exprimoit la valeur de mille petits fefterces. Un paf-
fage: de Cicéron fournit un exemple décifif à cet
pgard } ôn y voit une. fomme évaluée à feftertium
(lucenta quinquaginta millia, qu’il énonce auffi-tôt
en grands fefterces , en difant : Numerantur ilia fe ftertia
ducenta quinquaginta fyracufqnis f In Verresp.
ail. IV . ),
G g g ij