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on défigne le feu appliqué fous différentes formes
aux diverfes parties du corps humain. Voyez
A dust ion & C a u t è r e , ( V . D . )
A C T U E L L E ( Chaleur). Voyez A dust io n .
( f * D . )
A C U P U N C T U R E , A CU PU N C TU R A . f. f.
Opération médico - chirurgicale, confiftant dans
une efpèce de piqûre qui fe fait avec des aiguilles,
dont on fe fert pour percer les parties fouffrantes, dans
la vue de guérir un grand nombre de maladies.
L ’acupuncture paroît avoir été entièrement inconnue
à tous les médecins grecs , latins, & arabes
: ce n’ eft que depuis environ la fin du dernier
fiècle que des voyageurs nous en ont tranf-
mis Thiftoire. Les chinois paffent pour être les
inventeurs de cette opération ( t ) ; ils en font
remonter la découverte à la plus haute antiquité :
les habitans de Pile de Gorée & les japonais
ont emprunté d’eux ce moyen de guérifon. C’eft
fur - tout au Japon ( z } qu’on en fait le plus
fouvent ufage •, & c’eft à Kæmpfer & à Ten-
Rhyne que nous devons des renfeignemens fur
ce fujet.
Suivant Kæmpfer , les habitans du Japon ont
recours à Y acupuncture dans plufîeurs maladies ,
mais principalement dans une forte de colique qui
leur eft particulière , & qu’ils nommeut fenk i \
c’eft-à-dire , fpafme du bas ventre & des intif-
tins. C ’eft une maladie convulfive du conduit in-
teftinal > dans laquelle, à une violente irritation
dans les entrailles , font jointes des douleurs
poignantes dans tous les vifcères abdominaux.
Cette maladie eft endémique à la Chine & au
Japon 3 elle eft fur-tout fi commune dans ce dernier
empire, que fur dix adultes , à peine en
compte-t-on un , fuivant Kæmpfer, qui ne l ’ait
point éprouvée. Une des eaufes les plus ordinaires
de cette affection , eft principaleSnent , a
l ’égard des étrangers , l ’abus qu’on y fait d’une
efpèce de bière extrêmement forte , tirée du riz ,
& qui ne peut être bue fans danger , même par ,
les naturels du pays , fi on n’a foin de la faire
un peu chauffer auparavant de la boire.
Ten-Rhyne a publié des détails beaucoup plus
étendus ( 3 ) que ceux de Kæmpfer fur les
effets de l ’acupuncture. Suivant Ten-Rhyne, ce
n’eft pas feulement dans l ’efpèce de colique dont
nous venons de parler , que les japonois & les
autres nations voifiaes ont recours 2 cette opérail)
V^Qye l dans Ten-Rhyne, d e A r t h r i t i d e . L o n d in i ,
1 6 9 3 , c a p . d e A c u p u n â u r â ; if . dans Tfoift* de la Chirurg.,
par M, Dujardin , t. 1 , p. 89.
(a) V o y e \ Kæmpfer, am oe n it , e x o t . , p. 58 z & fuir.
-(2) C o r o l l . d e ç ç u p u n c tu râ . Hilf, de la -Chirurg. tr 1 ,
Sv, 1 » p»
tlonj ils s’en fervent avec fuccês dans le traitement
de toutes fortes de coliques.
« Un garde de l ’empereur du Japon , dit ce
voyageur ( 1 ) , qui nous fervoit de conducteur en
cette cour, ayant exceflivement chaud, but beaucoup
d’eau à la glace pour fe rafraîchir. I l fut
bientôt faifi d’une grande douleur d’eftomac. Cette
douleur lui occafionna de fréquentes naufées
& des vomiffemens. Pour fe guérir, il but d’abord
du vin du Japon, dans lequel on avoit fait infufer
du gingembre ; mais la douleur augmentant, il
fe détermina à. l ’opération de l’a&ipunclure ,
qu’i l fe pratiqua lui-même , fur le champ, dans
la région épigaftrique ; il fe fentit aufli - tôt fou-
lagé , & il rut bientôt entièrement guéri ».
Ce fait démontre donc que ce n’eft pas dans
la feule efpèce de colique rapportée par Kæmpfer
, que les Japonois ont recours à Y acupuncture
y ou bien il faut que cette maladie, à raifon
de quelque difpofition particulière, parmi ces peuples
, puiffe être produite par des eaufes differentes ;
car ici c’eft à l ’ufage inconfidéré d’une fimple
boiflon d’eau à la glace, prife dans un temps très-
chaud & au moment où le corps étoit excédé de
chaleur, qu’on doit attribuer la caufe de la colique
dont on vient de lire la relation ; tandis
que le fe n k i , ou la colique dont Kæmpfer nous
a laiffé l ’hiftoire, e ft, fuivant cet auteur , l ’effet
ordinaire d’une efpèce de bière très - fpiritùeufe,
dont il eft dangereux de boire , fi on ne prend pas
la précaution de la faire chauffer.
Non feulement les japonois emploient Y acupuncture
dans les coliques de toute efpèce ; mais ils s’en
ferventpour remédier à un grand nombre d’affeétions
très-differentes. C’eft fur-tout dans les maladies de la
tête & de l ’abdomen qu’on la met en ufage.
On la fait à la tête dans le traitement de la
plupart des affrétions dépendantes du vice des
organes fitués dans cette région , telles que
les maux de tête , (oit réeens , fojt invétérés j
les maladies foporeufes , l ’épilepfiè , l ’ophtalmie
, le vertige, & plufîeurs autres léfions ana^
logues.
Nous avons déjà dit qu’on piquoit le bas ventre
dans prefque toutes les efpèces de coliques ; on le
pique également dans la diarrhée , dans la dyf-
fenterie, dans le choiera morbus , & fur - tout
dans la paffion iliaque , dans les affrétions ven-
teufes proprement dites. On le pique encore, dit-
on , dans l ’anorexie , dans les derangemens de fanté
provenans d’un excès de boiffon , dans les accès
b y ftériques ou hypocondriaques, 8c même dans les
douleurs vagues. . ,
I l ne faut pas croire , fi l’on ajoute foi au récit
de Ten-Rhyne , que l ’aiguille dont on fe fert
dans çette opération n’intéreffe jamais que les
(1) Ten-Rhyne. I b id em •
parties
parties contenantes de l ’abdomen", il afliire que. I
l'on perce l ’utérus des femmes enceintes, lorfquê
le foetus , par des mouvemens défordonnés , lait
éprouver à la mère des douleurs violentes qui
mettent la vie de celle - ci en danger : alors ,
ajoute cet auteur, on porte quelquefois la témérité
jufqu’à percer l ’enfant lui-mêmp.
Enfin, continue Ten-Rhyne ( 1 ) , les orientaux
font, ufage de Y acupuncture dans le traitement de
la lippitude, de la cataraéfce commençante , même
du coryza j dans celui des fièvres intermittentes
8c continues, des maladies vermineufes , du tétanos ,
du fpafme cynique , 8c généralement de toutes les
maladies conviilfives. Ils ont encore recours à ce
moyen dans la tuméfaélion des tefticules , accident
qui eft très-commun, au Japon ; dans la gonorrhée ;
dans les affrétions rhumatifinales, vagues & erratiques
j & dans le rhumatifme proprement dit.
Dans toutes ces maladies , on perce , dit-on , l ’endroit
même où eft lefiége du mal, ou celui dans lequel
le mal a pris naiffance.
T e l eft le dénombrement général des differentes
affeétions pour lefquëlles, félon le témoignage de
Ten-Rhyne , les peuples de la Chine , de la Go- I
rée , & fur-tout du Japon, ont recours à Yçicit-
puncîure. Ces maladies peuvent être réduites ' à
quatre grandes claffes , qui comprennent, i°. les
affrétions foporeufes (comata) ; a-°. les maladies
convulfîves (fpafmi ) j 3°. celles qu’on a coutume
d’appeler proprement douleurs { dolores ) ; 40. les
maladies fluxionnaires ( f lu x u s ).
L ’expérience a appris aux peuples de l ’Orient,
que, dans tous ces cas, des ponétions multipliées,
8c plus ou moins profondes , faites avec des aiguilles
dont nous allons donner la defeription ,
deviennent un fecours très -efficace, & que fouvent
les douleurs les plus aiguës s’appaifent auffi - tôt
après qu’on a fait cette opération.
Quoiqu’il n’entre point dans notre plan de nous
étendre fiir la defeription de l ’inftrument deftiné 2
cette opération , ni fur le manuel qu’elle exige j
nous pouvons d’autant moins nous difpenfer d’en
donner ici un précis, que toutes les maladies
pour lefquelles ce moyen de guérir eft recommandé
, font entièrement du renort de la Médecine.
On peut, en quelque forte, comparer l ’aiguille
deftinée au procédé de l’acupuncture , à un poinçon
t r è s d é l ié , ou plutôt à une efpèce d’alêne ,
dont la pointe ne feroit point recourbée : cette
aiguille doit être droite & bien affilée. On la
fait toujours d’or ou d’argent , fans alliage de
cuivré , jamais d’autre métal $ & comme il eft
effentiel qu’elle ne ploie point lorfqu’on .veut
la faire pénétrer dans les parties, les peuples du
Japon ont l'art de la durcir par une efpèce de
trempe qui n’eft connue ,que d’un petit nombre
de perfonnes : cet art eft réputé fi important ,
que ceux même qui en font inftruits ne peuvent
1 exercer , s’ils n’y ont été autorifés par des lettres
patentes de l ’empereur.
La longueur de ces aiguilles doit être de quatre
pouces ; il faut que celles qui font en or
aient une groffeur moyenne ; les autres , (Su celles
d’argent, fon t, dit Kæmpfer ( 1 ) , fines comme
une corde 2 violon.
Le manche que les japonois font dans l ’ufage
d’adapter à ces aiguilles, a deux fortes de formes,
dont on ne s écarté point ; ce qui néanmoins
paroît afTez indifférent pour le fuccès de l’opération.
Tantôt on le tourne en manière de vis, pour que l’opérateur
puiffe faire pirouèter plus facilement l’aiguille
entre fes doigts, quand le cas le requiert, comme
j’aurai bientôt occafion de le remarquer \ tantôt ,
au contraire , il règne fur fa. longueur un certain
nombre de cannelures. s Les manches fabriqués
fuivant cette dernière forme font plus courts 8c
plus ramaffés que les précédais *r c’eft fur ceux-là
qu’on monte les aiguilles d’argent. Les autres ,
ou ceux dont le contour eft difpofé en fpirale ,
fervent uniquement , s’il faut en croire Kæmpfer
, pour les aiguilles d’or.
Ces détails ne font pas tout à fait d’accord avec
ceux de Ten-Rhyne. Ce voyageur, en décrivant
les differentes aiguilles à acupuncture , ne les
diftingue que par le métal dont elles font com-
pofées ; il en a décrit également 8c repréfenté
le manche comme étant le même pour toutes;
c’eft-à-dire , toujours en fpirale. Enfin , ce même
auteur paroît être encore en contradi&ion av ec.
Kæmpfer , tant fur l ’ufage du maillet deftiné 2 faire
entrer l ’aiguille dans les chairs , que fur celui du
manche de ce même maillet. Il di,t , i°. que ce.
marteau fert indiftinéfement pour les aiguilles d’argent
comme pour les aiguilles d’or ; z°. que le
manche eft creufé dans le milieu de fa longueur, pour
fervir d’étui à l ’a iguille, qui y eft en quelque
forte reçue comme une lame d’épée dans fa
gaîne. Kæmpfer affure au contraire que le maillet
, dont il eft ici queftion , n’eft employé que
pour introduire les aiguilles d’or ; qu’i l règne des
deux côtés du manche une gouttière ; & que chacune
de ces deux gouttières fert à loger une aiguille
qui eft retenue en place par le moyen
d’un cordon de foie. Telles font les contrariétés
dont' on eft frappé , quand on compare
les relations de ces déux voyageurs célèbres.
Au refte, la feule -conféquence qu’il foit permis
d’en tirer , c’ eft que la manière d’emmancher
les aiguilles, & celle de les plonger dans
les chairs, quoique fondées fur les mêmes règles
A t
(t) D e acup u n c fu râ .
M é d e c i n e * Tome I,
(x) Kæmpfer, I b id em .