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( 3°. Etat de l'air atmofphérique épuifé par
la refpiration. ) Enfin Vair qui a tellement lervi
à la refpiration, qu’il p’eft plus du tout refpira-
l»le, efl uû mélange formé prefque uniquement
de mofette & d’acide aérien ou carbonique. Je dis
prefque uniquement » parce que l ’air qui n’eft plus
lufceptible d’étre refpiré , celui qui tue les animaux,
celui-là même, après avoir été dépouillé de
fout fon acide carbonique par l’eau de chaux, eft
encore fufceptibje d’éprouver quelque abforption
par le mélange avec le gaz nitreux. On fait auflî
que Vair qui n’eft plus rèfpirable pour 1 animal
qui l’a gâté, l ’eft encore uu p eu, ainfi que 1 a
obfervé M. Prieftley, pour un animal qui y eft
plongé avant d’avoir été déjà épuifé par cette expérience,
foit que cela vienne d*un< refte de bon
air encore contenu dans fes poumons , foit que le
nouvel animal a i t , pour extraire le peu d'air vital
qui refte dans Vair gâté , un pouvoir que n’a-
voit pas le premier animal. Quoiqu’il en foit, 1 air
vital n’exifte plus comme air vital dans le fluide
épuifé par la refpiration , & la mofette ainfi que
l ’acide çarbonique y font dans une proportion
beaucoup plus grande (n ) que dans Vair atmofphérique.
Mais, comme il a été dit, 1 acide carbonique
ne s’accroît pas dans les dernières inspirations
en même proportion que daus la première,
ni en même proportion que la mofette.
( 40. E ta t de Vair .atmofphérique épuifé parla
combaflion du charbon. ) Une chofe bien remarquable
& qui à jôüé un grand rôle dans lés
théories modernes , ç eft l’analogie qu’on obferve
entre les réfuitats de la combuftion. du charbon &
ceux de la refpiration, quoique d’ailleurs les phénomènes
vifibles, qui produifent ces réfuitats, fdient
certainement très-différen?. I l q’y a qu’une portion
de Va[r atmofphérique qui .puiflg lervir a Getce
combuftion comme à la refpiration , c’eft Vair vita
l; & Vair épuifé par la combuftion fe trouve
être un mélange de mofette & d’acide çarbonique,
dans les expériences de M. Jurine,gaz nitreux qu’il a employé, & de cl’ae ftm laa ncioènren odifofnant ciel dl’ua
préparé.'
(i2) Qn die qu’il fèroit poflïble. d?épuifer totalement f u i r
atraqfphérique ,• de manière qu'il n'y reftât plus aucune
portion' d’air vital j. que pouf cela ilTuffit d’abforber tput
l’acide çarbonique par l’eau de chaux, de donner l’air réf-
tant à refpirer de nouveau, & de répéter cette opération
jufqu’à çe que l’air ne foie plus du tout rèfpirable'. Cependant
M. Jurine ayant pris la précaution'd’expirer à travers
l’eau de chaux , a- obfervé que l'air ainfi refpîré juf-
qu’à fix fçis, c'eftTà-dirc , jufqu'à ce qu’il' liii ftiif impof-
jible de continuer , n’a point donné , par ^épreuve avec
le gaz nitreux » P^us de 1,40 ; & pour11 *air lôhg-temps
retenu dans la poitrine,' en fufpendant la refpiration, il n’à
point vu I4 même épreuve donner au delà de i, ji. Il eft
vrai que certains animaux peuvent être plus propres àépuifer
(’air que l’homme , 8c que la refpiration non- interrompue
même air eft peut être moins propre à l’épuifec qu’une
refpiration reprife 4 plqiiéurs fois , avec des' intervalles do
A I R'
de même que le fluide qui a été épuifé par la
refpiration. Cependant il faut remarquer que pendant
la combuftion du charbon, la quantité de
mofette contenue dans Vair atmofphérique n’augmenté
point ; elle eft la même après qu’avant
la combuftion ; le feul changement confifte dans
la diminution & la difparition prefque totale de
Vair vital » qui fç trouve remplacé en entier par
l ’açide carbonique. Mais ici cet acide eft en bien
plus grande quantité que dans Vair épuifé parla
refpiration, çe qui fe voit par la comparaifon des
quantités que 1 eau dç chaux abforbe tant de l ’un
que de l ’autre (13).
( t°. Etat de l'air vital p ur , épuifé par la com-
büß ion & la refpiration. ) Lorfque Vair qui a
Cervi, foit à la refpiration, foit à la combuftion, eft:
de Vair vital pur, ces deux phénomènes font accompagnés
de beaucoup de chaleur ; chaleur vitale
dans l ’animal, chaleur & lumière ou déflagration
dans le charbon. Le charbon fe détruit avec une
grande rapidité , & le réfullat de la combuftion eft
du gaz acide çarbonique pur,fans rnélange de mofette,
tandis que celui de la refpiration eft cornpofé d’une
portion confidérable de mofette & de gaz acide
carbonique. C ’eft ce que l ’épreuve de l’eau de chaux
ou de l ’éaü chargée d’alkali volatil démontre évidemment
lorfque l’expérience a été faite dans l ’appareil
à mercure. Cçtte eau, introduite dans le récipient
où le charbon a brillé ,~ abforbe tout ou
prefque tout Vair r'eftant de la combuftion , au
lieu que cette même eau agitée avec Vair v ita l,
épuifé par la refpiration, laifle un réfidu confidérablç
(13) Il y a ici une nouvelle remarque à faire, c’eft çelte
qui réfulté d’une, observation de M. Jurine. Il a remarqué
que lorfque Vair atmofphérique, mêlé aveç égale partie de
gaz nitreux, donnôit 1,00 , fi pour lors Voir rendu par l’expiration
do.nnoit 1,19 où 1,20, & à plus forte raifon 1,21 9
1,22 , &c. ’ une bougie allumée s’y éteignoit. Cependant il
a refpiré de l’air jufqù’à ce qu’il donnât 1,40 , & l’a retenu
dans fa poitrine jufqu’à ce qu’il donnât 1,51. Ce qui
prouve q'uè l’air altéré par la refpiration ceffe d’être propre
à la 'combuftion long-temps ‘ ivanc d’être impropre à
la refpiration, 8c qu’en conlequençe le mélange dé la mofette
'ou du gaz azotique dans l^air eft plus huifible à la
combuftion qu’à la refpiratibn. Jè ne fais s’il ne feroit pas
poflïble de prouver, par l’expérience, que dans l’-air dans
lequel les charbons brûlent, Tes animaux s’âfphyxient avant
que les charbons eeflent de brûler , ce qui prouveroit une
autre ehofe / c’eft que le mélange du gaz acide carbonique
dans Pair eft plus nuifible à la récitation qu’à la combuftion,
& par conséquent que la refpiration eft plutôt
léfée parle mélange de l’acide carbonique que- par celui de
la mofette, 6c réciproquement que la combuftion eft plutôt
arrêtée par le mélange de la mofette que yaï celui de l'acide’
carbonique. On fenc parfaitement ici cjue pouc ces expériences^
Pexrinftion ou l’afphyxie cauféc fubicçment en
plongeant les animaux ou les corps embrafes dans des mers
dé m'ofette ou de gaz acide carbonique, ne prouvent rien,
parce qii’alors les nuances difparoiflent jamais qu’il faut
confervec cette gradation infenfible, qui laifle voir ie terme
précis où s'arrêtent, foit la combuftion , foit la refpiration
, dans le mélange gradué dç c« deux gaz avec l’air
atmofphérique, qu eue
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quelle n’abforbe pas ; & ce réfidu eft de là mofette
ou gaz azotique (14)- H eft donc bien
démontré que dans la combuftion Vair vital dif-
paroît, & fa place eft occupée en entier par du
gas acide carbonique ; que- dans la refpiration
Vair vital difparoît de même , mais qu’i l eft remplacé
d’abord par l ’acide carbonique, enfuite par
de la mofette : ce phénomène, comme-nous l’avons
vu, a également lieu dans Vair atmofphérique,
avec cette différence que dans Vair atmofphérique
il n’y a que la portion à'air vital qu’il contient qui
(14) Le produit d’une mefure d’air vital avec deux me-
fures de gaz nitreux donnant 0,40, cet air vital refpiré •
50 fois donna 0,56, 8c étant bien purgé de fon acide carbonique
, 6c refpiré de nouveau ' $0 autres fois, il donna
1,42, 6c a même été une fois jufqu’à 2,00; différence de
proportion bien remarquable entre la quantité de mofette
ou gaz azotique produite dans les premières 6c les dernières
infpirations. Mais ce qui eft fingulier , c'eft que pour le
gaz acide carbonique la proportion eft inverfe, ôc après
les jo premières refpirations l’air expiré, lavé dans l'eau,
perdit au moins les deux cinquièmes de fon. volume de
cet acide , au lieu qu'après les 50 refpirations fuivantes il
ne perdit qu’un dixième. Dans une autre expérience, Vair
vital donnant, avec le double de gaz nitreux , 0,38 , après
70 premières refpirations il ne donna par la même épreuve
que 0,77 , 6c perdit par le lavage un tiers1 de fon volume
de gaz acide carbonique ; 6c après 4J autres refpirations,
il donna avec le gaz nitreux 1 ,4 8 ,6c ne donna
plus à l’eau qu’un douzième de fon volume d’acide carbonique.
M. Jurine obfervé que fon pouls, durant la
première expérience , qui dura deux minutes 6c demie
augmenta de 19 battemens pat minute. M. Jurine , relativement
à la différente progreflîon qu’on remarque ici
dans la proportion dans laquelle fe forme l’acide carbonique
, 6c enfuite la mofette dans la refpiration, annonce
qu’il efpère trouver le ternie où l’un celle de fe former,
6c où l’autre commence à paroitre. Il y a ici une quef-
tiôn, à faire -, eft-ce du fang 8c du poumon que vient cette
différence dans les effets de la refpiration , eft-ce de l’air?
Jg crois qu’il eft indubitable que c’eft de ce dernier. Le
fang qui pafle dans le poumon dans les dernières infpirations
pour y, recevoir l’influence falubre de l’air, eft de
même nature que celui qui y aborde dans les premières 3
c’eft du fang veineux. Pourquoi donneroit-il d’autres principes?
Au contraire, l’air déjà refpiré n’eft plus le même.
Or il eft déjà bien démontré par la comparaifon de ces
dernières expériences avec celles qui ont été faites avec
l’air atmofphérique , que l’air vital aide bien plus que
l’air ordinaire, foit le dégagement , foit la formation de
l’acide carbonique, ôc qu’en général, plus il fera pur, plus
il formera de cet acide. Il eft auflî bien démontré que
plus il a été refpiré , plus auflî il contiênt de mofette. Il
eft donc démontré que l’air rèfpirable, toujours mélangé
avec les mêmes principes dans le poumon, fortira ou avec
de l’acide carbonique prefque feul, ou avec un mélange
d’acide carbonique Sc de mofette, ou avec de la mofette
prefque feule , fuivant les differentes dégradations de fa pureté
; & en général, on peut établir, d’après les expériences
de M. Jurine, que la quantité de mofette ou gaz azotique
que l’air tire du poumon, eft' en proportion de celle
qu’ il contient déjà quand on le refpire. Il ne refte donc
plus à connoître ici que la mofette ou gaz azotique , ôc
ce qu’elle eft relativement au principe charbonneux ou
carbone, à l’air vital ou gaz oxygène, 6c à l’acide carbonique.
Expliquez cela , 6c vous aurez tout le fyftême chimique
de la refpiration développé par rapport; à l’air.
M é d e c in e . Tom. I.
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éprouve ce changement, & que par conféquent
dans le réfidu , la -mofette formée dans la refpiration
fe trouve furajoutée à la mofette atmafphérique
; d’où Ton conclut avec raifon que la mofette
atmofphérique ne lert effentiellement ni à
la refpiration ni à la combuftion; mais que dans
Tune elle modère la chaleur vitale qui en réfulte,
dans l’aütre elle modère la rapidité & la violence
des phénomènes de la déflagration , c’eft-à-dire ,
la vivacité de la lumière, la violence de la chaleur,
& la rapidité de la décompofition.
La mofette atmofphérique eft-elle abfolument
femblable i la .mofette produite par la refpiration
? C ’eft ce que l ’expérience n’a pas encore
démontré entièrement. Mais l’infolubilité de l ’uoe
& de l’autre dans l ’eau, l ’eau de chaux, & le gaz
nitreux , leur propriété commune de n’être point
inflammables, de tuer les animaux & d’éteindre les
lumières, font de fortes prélomptions de leur identité
(i)* ;
Tels font les faits bien connus & bien conftatés
qui nous donnent l ’idée des changemens qui arrivent
à Vair dans la refpiration.
§. II. Changemens démontrés que Vair occajionne
dans Vanimal qui refpire.
Les changemens que Vair occafionne dans l’animal
qui refpire, tont moins aifés à obferver que
ceux qu’il éprouve lui-même dans fa compofition.
Si l’on confidère la diverfité d’opinions des diffé-
rens phyfiologiftes , fur l ’état du fang qui a pafle
par le poumon , comparé à celui qui a été expofé
à i’a&ion de la refpiration , on conviendra qu’il
manque encore beaucoup d’expériences précifes à
cette partie de nos obfervations. Nous fommes au
moment où ces fortes d’expériences vont être plus
curieufes & plus importantes que jamais. Il fau-
droit donc aujourd’hui qu’on recommençât fur nouveaux
frais prefque tout ce qui a été fait; il fau-
droit que du même animal, du même membre,
à la même diftance du coeur, on tirât à la fois du
fang veineux & du làng artériel; il faudroit qu’on
fît d’abord cette expérience en laiflant refpirer librement
l’animal dans Vair atmolphérique ; enfuite
(15) M. de Fourcroy, enraflemblant une certaine quantité
de mofette ou de gaz azotique tiré des veflïes de carpes, 8c la
laiflant long-temps fous des cloches , a obfervé qu’à la fin
elle dépofoit aux parois des cloches une matière noire char-
bonneufe. Il regarde cette propriété comme commune 4
routes les mofettes animales. La mofette, dans ce cas, doit-
elle être regardée comme un fimple diflolvant du charbon?
Seroit-elle feulement un des principes qui concourt à le former
par .diverfes eombinaifons dans lefquelles peut-être
entre la lumière ; M. de Fourcroi a remarqué que le charbon
, en fe diflolvant dans différents gas, augmentait leur
denfité fpécifique 8c diminuoit notablement leur volume.
Mais ces différens rapports du charbon avec les gaz ne font
pas encore étudiés, 8c méritent de l’être à beaucoup d’e