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fait une grande confommation de v in , de cidre,
-de bière , & d’eau-de-vie.
L a même obfervation n*a pas lieu cependant
dans le nouveau monde , aux Antilles, dans la
Guyane , & dans quelques autres contrées très-
meridionalesdans lefquelles, à la vérité , on conféra
me peu de vin , à caufe de la difficulté de le
jConferver dans let ranfport ; mais ou,, en récompense,
on fait un ufoge ou plutôt un abus exceffif de
leau-de-vie-( & des liqueurs : mais il faut obfer-
ver que ces pays font'humides , marécageux, &
inondes dans.'la foifon des pluies.
Ainfî , l ’on peut dire qii’èn général dans les
pays froids , mais fur-tout dans ceux qui font'humides
& marécageux , on fait un grand ufagfe du vin
& des " liqueurs .fermentées , & que dans les contrées
chaudes , mais fùrtout fèches, on s’en abftient &
plus aifément & plus •gëneralem'ent. En effet, dans les
pays humides, les liqueurs fortes peuvent être utiles
pour pouffer avec plus d’aétivîté les fluides du centre
a - la circonférence & pour fermer l ’entrée '■ du
corps à des- vapeurs '8c à des exhalaifons, fouvent
mal-rfailantes-v qui l ’environnent de toutes., parts,
& -que.'les.cpoi;es ne font que trop difpofés à absorber.
Au contraire , dans les pays où la féchereffe
eft jointe a la chaleur, les corps déjà doués d’une
grande activité", & perdant beaucoup par de grandes '
tranfpirationsfe deffécheroient & Ce .brûleraient
P^r l ’ufage dès* liqueurs échauffantes. Ce font des
ventes, de fentiment auxquelles l’homme n’â pas
befoin d’être conduit par-la réflexion , & vers, lef- ;
quelles la nature le guide par le befoin1 & pa'r le
•plaifîr; ■
^ L.homme, en naiffanf, eff néceflairement a l terne
: fa première' nourriture ne comporteroit
pas le mélange du vin. Dans le fécond- âge , fon
corps, encore perméable dans toutes, fes parties,. !
prefque, tout formé- d’humeurs- encore muqueufes
& coagulables, diipofe à, fe laiffer pénétrer- par
tohs les liquides ,. fufceptible par conféquent de
toutes les impreffions & de tous les changement ,
ne peut que s’altérer par l ’üfage du vin & dés i
liqueurs fortes» Elles feroienî prendre aux fibres
une faufle folidité.. , au lieu de la fermeté que
l ’exercice feul peut leur donner y & , en leur
ôtant leur- foupleffé elles- arrêteroient leur déve.-
loppement. Nous-pourrions aifement appuyer ce
fentiment fur dès exemples : & cette pratique populaire
, qui- confifte'd arrêter Taeeroiffemenfrde certains
animaux en leur faifant. avaler de l ’eau-de-
vie & en les en frottant ,,fèmble fondée fur ce principe..
Dans la jeunefle fi l ’homme peut-, fans inconvénient,
{apporter un ufage modéré du vin
au moins e f f - il vrai- que généralement parlant
i l peut s’en paffer. Le corps eff- tout de feu, &
la nature n’a pas-befoin , pour foutenir fon aétion ,
de fecours étrangers. Dans l ’âge viril. , l’homme
eft encore .aflèz fort par lui-même , pour que 1&
vin ne lui foit pas d’une abfolue néceffite. Ce. [
a èû donc que dans la vieilleffe que le vin peut! J
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paroître un fecours néceffaire à l ’homme confidéré
dans l’état de pure nature.
Cependant les lieux, les faifons , les eireonf-
tances , les conftitutions peuvent rendrè le vin
utile ou néceffaire aux autres âges j mais pref-
q.ue jamais à l ’enfance. J’ai déjà parlé des climats.
Les faifons humides & froides , l ’été même, lorf-
qu’une chaleur humide & lourde énerve les forces ,
peuvent par elles-mêmes rendre néceffaire l’ufage
du vin. I l eff des profeflions où le corps, épuifé par
des travaux violens, a befoin d’un ftimulant vif &
Prompt,. le remonte fur un ton qu’il perdroit bientôt
s’il n étoit foutenu. On remarque que chez les
ouvriers qui. doivent reffer expofés à toute la chaleur
du jour , une petite quantité d’eau - de - vie
empêche les fueurs exceffives, & même que, finalement
" agitée dans la bouche , elle préferve-de
i altération & de la fbif, qui les incommoderoient
fans cela. Il eff des tempéramens , tels que le
phlegraatique , qui ne fe paffent dé vin que très-»
difficilement..„L’eftomae a quelquefois befoin de
vin, comme d’un affaifonnement qui foutient la
digeftion: mais de toutes les néceflités, la plus
imperieufè eft celle de l ’habitude ,. trop fouvent
amenee par la fenfualité plutôt que par le Befoin.
En général , l’homme naturellement abflème
continue de l ’être ,s ou par néceffité \ ou par habitude
, & dèvroit , toutes' les fois qu’il n’eft pas
maîtrife par le befoin-, conférver cette heureufe abstinence.
Voye^ V in , L iqueurs, fermentées*,
SFIRITUEUS.ES.. ’( M. H ALLÉ. ).
A B S T E R G EN T A B S T E R S I F S-,
A B S T E R S I O N , Matière médicale. Ces trois
mots- ont été pris par quelques auteurs pour exprimer
l ’aftion de plnfîeurs médicamens qui nettoyent.,;
pourainfi dire, les premières voies y en raifon de l ’eau
qui.les. cooftitue^ ils font Synonymes.-da-délayans. .
On a- aufft donné“ ces noms- aux remèdes
qui nettoyent les ulcères* , ou qui- en corrigent
la pourriture & toutes les mauvaifos qualités.
Ce font en général dés fubftances aromatiques ,
balfâmiques ou bien- des corps qui jouiffent
d’une caufticàté plus ou moins forte. La déco
éti on: forte des plantes labiées auxquelles on-.
affocie le camphre & quelques Tels amers, appas-
tiennent à- la.-première clafie , comme de puiflans
antifeptiques. Les huiles effentielles, le vert-de-
gris , les vitriols-, les teintures fpi-ritueufes desréfines
, &c. , conftituem la fécondé. Aujourd’hui on
donne toutes ces propriétés , aux. déterfifs. ( Hoyesr
oe mot. (M . de Fourcroy. )
A B S T ER S I F. Voyei A e s. ^ e & g.e k t-
( ; r . D . )
A B S T E R S I O N , f. f. aijlerfio. Patho-
logie. Terme qui exprime l ’a&ion des abffergens,
fur le corps humain ; l ’aélion d’abfterger. T^oye^
A bstergeut.. {JT. M. )
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A B S T I N E N C E , f. f. Hygïènt.
Partie III. Règles de l ’hygiène.
Divifion I. Hygiène publique.
Seétion IV. Moeurs & eaummes. Coutumes
religieufes.
Divifion II. Hygiène privée. ,
Se dion I. Principes généraux de Régime.
Ordre II. Mefure. Privations. ,
Abfiinence fignifie , ou privation totale d’ali-
mens pendant un certain efpace de temps, ou privation
de certains alimens & de certaines boiffons,
ou toute privation quelconque. U abfiinence eft
ou didée par la prudence , ou preferite par la
religion , & doit être foumife à différentes modifications,
fuivant les tempéramens & les âges.
On trouvera diverfes obfervations à ce fujet aux
•mots Jeune, C areme , C ontinence , R égime ,
;&c. J’en ai déjà inféré quelques- unes dans l’ar-
-ticlè abfième.
Dans l ’ufage ordinaire, le mot abfiinence s’applique
fpécialement à l ’exclufiou, religieufe de
certains alimens. Les juifs s’abftenoiént en tout
temps cfes animaux déclarés immondes par la. loi.
I l eff difficile de juger des raifons qui avoient
piroferir la plupart de ces alimens. H abfiinence
des alimens animaux & de quelques végétaux,
recommandée par Pythagore, liée avec le dogme
de la métempfycofe , établie, ainfi que ce dogme ,
dans les Indes orientales , peut avoir un but utile
’fous fe point de vue de l ’hygîène : mais les principes
de cette efpèce de régime font au moins
trop généraux. La Genèfe cependant femble nous
faire entendre que ce régime étoit celui des premiers
hommes , & que l’ufage des alimens tirés
du règne animal, introduit enfuitc avec la dépravation
des moeurs & la licence , eft' devenu enfin
néceffaire à l’efpèce humaine , affoiblie & détériorée.
Dans la religion chrétienne , l ’abfiinence
■ des viandes, & le régime réduit en certains temps
'à l ’ufage des végétaux , du lait, & des. poiffons ,
en donnant au corps des alimens qui fourniffent
peu de fubftance , ou au moins une fubftance
douce & légère, a pour but de modérer le feu des
paffions-, qu’entretient & qu’excite une nourriture
trop fucculente & trop animalrfée ; & fi l ’art de
la cuifine , pour flatter le goût & exciter l ’appétit,
n’avoit pas cherché à relever ces mets Amples &
doux , mais peu appétiffans,, par tout l ’appareil
des affaifonnemens les plus échauffans & fos- plus
acres, ce régime eut été plus fouvent conforme aux
lois de l ’hygiène. C’étoit en partie dans les mêmes
vues que-les Pythagoriciens adoptoient un régime
encore plus févère y & les philofophes anciens
fe préparoient à- la contemplation par Yabfii-
■ nence. G’eft auffi pour donner à l ’étude & â la
méditation une perfe&ion plus grande , que plu-
.fièùrs de n:o.s: ordres religjeux oüt adopté la même
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févérité dans le régime : & dans les premiers temps
de l’égi-ife quelques ordres s’étoient même réduits
à l ’ufage feul des fruits fecs. ( Hojye\ X éro-
fhagte. ) Mais fans nous occuper de ce qu’une
pieufe auftérité a pu infpirer à des hommes qui
fe font dévoués „volontairement aux privations &
aux fouffrances , confidérons les effets de Yabfii-
nence relativement à la fonte.
L 5abfiinence des alimens doit être confîdérée
relativement à leur quantité' & à leur variété.
A l ’égard de leur quantité , Y abfiinence eft
le retranchement d’une partie des alimens dont
on fait habituellement ufage. Car fi Y abfiinence
devenoit elle-même habituelle, elle ne feroit plus-
abfiinence y elle' feroit régime. Son effet phyfique
& immédiat eft de diminuer la charge de l ’efo
tomac & le travail de la digeftion. Son-utilité eff
de rendre la digeftion plus prompte , plus facile ,
& plus complète 5 de procurer la liberté des autres
fondions, & fur-tout dé celles de la tête ; enfin
de confommer les crudités qu’aurort pu laiffer dans
l ’eftomac une fuite d’e, digeftions laborieufes. 11
eft. ailé de juger par-là dans quel cas Y abfiinence
peut devenir utile : mais auffi, quand elle
eft pouffée trop loin & trop long-temps continuée,
elle a fes inconvéniens. Le corps, accoutumé
à un travail plus.confidérable que celui qui
lui eft offert, fait les mêmes efforts, finis avoir'
les mêmes obftacles à vaincre; il di/fipe plus qu’i l
ne répare, & n’ayant plus dé matière nutritive
à atténuer, i l atténue fes^ propres liquides : it
s’affoiblrt les humeurs prennent dé l ’âcfeté ; enfin'
réchauffement , rëpuifement, & leurs fuites fuexcèdent,
quoique moins promptement, â une ab-
fiïnence trop prolongée ,, comme à une inanition'
compléter.
Si l ’orî'veut détermiitèr Te point o u Y abfiinence
peut être utile, & jufqu’à quel degré on peut
fagement la pouffer ; on: pourra dire en général’
que fon effet doit être de faire renaître aux heures"
des repas le fêntripent du" befoin ; mais elle ne*
dbit pas aller Beaucoup au delà de ce terme..-
Quant, à la qualité & à la variété des alimens
Yabfliney.ee eft le retranchement de quelques espèces
d’alimens dont on a coutume d?ufer. I l
y a deux chofes à confidérer dans ce genre ^abfiinence.
Les alimens dont on s’interdit , & ceux,
dont on fe réferve L’ufage. Les régies à cet éo-arff
dépendent de la nature dé ces alimens &c du tempérament'
de ceux pour lesquels eff fait ce retranchement.
Mais cet objet 'contient des détails qui
feront traités dans différens articles.' Hoye^ A limens
, A nimaux, V égétaux , Régime v é gétal
, Régime animal , îc r th yo fh a g ie a,
X érophagie , Régime de P yt-hagore , &c.
A l ’égard des effets>que- doit produire ce changement
de vie , il- eft-rare que le paflage,.même.
rapide, à une vie plus, fobre & à un régime pins?:
firnple 3, ait quelques inconvéniens & fi les ali—