
» les confeils que les médecins ont à donner fur
» les u lime ns. . . . ».
( P . i 3 . ) « C ’eft donc une comparaifon nécef-
» faire pour les médecins-, que celle des forces
» avec la réfiftance des alimens ».
Après avoir démontré la nécelfité d’une matière
nutritive , M. Lorry pafle à l ’expofition de fes principaux
caractères diftinétifs.
D e VeJJejj.ce &\ des propriétés de la matière
nutritive*
( P . 14. ) On connoît les caractères de la matière
nutritive , foit en examinant fes propriétés
eflentielles & fenfibles , foit en confidérar.t fes
effets fur nos organes ; telle eft la divifion de ce
chapitre dans l ’ouvrage de M. Lorry-.
<1 La première propriété effentielle des-alimens
» eft de pouv.oir fe changer en notre fubltance. Cette
» propriété fuppofe . . . . une ftruâure fufceptible
t> d’être altérée par les agens naturels dont l ’ac -
» t io n doit opérer ce changement dans le corps-
» animal. . . . »;
« Hippocrate di flingue dans l ’aliment trois de-
u grés. A liu d ej2 quod niitrît, aliud quod eft-
* quaji nutriens y aliud quod nutriturum eft (14).
« L ’aliment qui eft au point de nourrir , eft
t> au point d’altération qui lui convient^ il n’a
» plus befoin que de l ’application- Le fécond a
» encore befoin d’une • dernière élaboration. Pour
» le troifième, r l peut'être à une diftance infinie
» des deux autres; c’eft- proprement l ’état de la
» matière nutritive dans -les corps nutritifs , tels
7> que les produit la nature ».
.( On a déjà vu plus haut une explication plus
étendue de ces degrés. )
( P . i'S-) * Plus un corps a reçu de degrés
» d’altératioqs dans la nature , plusileftarfé à al-
» térer dans le corps animal, . . • plus i l approche
» du fécond état que nous décrit Hippocrate , quod
» quaji nutriens eft ( 15 ) , plus par conféquent
(14) Le mot aliud-n’eft point dans le grec, & , comme
on l’a déjà vu , je crois devoir entendre ce paffage un peu
différemment de. M, Lorry, D’abord en l’examinant bien
on y trouve quatre degrés diffécens dans, l’état de la matière
nutritive, indépendamment des alimens confidérés en
général. Voici ees degrés dans leur ordre naturel, inverfe
de celui du texte. Le premier eft la matière nutritive encore
contenue dans l’aliment., -§<4« tc rptot, alimehti nu-
■ trimentum. Le fécond eft cette matière extraite de Ÿaliment
ôc expofée aux agens qui. doivent I’aifimiler j elle ne nourrit
yas, elle n’eft pas même encore préparée pour cela j mais
eîle doit nourrir, rè iA a^ i, Quod futurum eft nutrimentum.
Le troifième eft cette matière aflîmilée & devenue
telle qu’elle doit être pour nourrir, sjor-tç®?», quod ejt
quale nutrimentum ou quaji nutriens. L». quatrième éit la
matière appliquée & dans l’aétion de nourrir,, rslire tjoî»,
hoc e j l , quod nvtrït. "
(i j ) Il eft plus'exa£t;de traduire ,. quod eft quale ji.utri-
uneptum. ; quaji déligne une r^fiembi.mce imparlaite 3 il eft
» il a»de facilité à céder aux organes animaas»^
« . . . . D ’après ce fe-.nl principe . . . . nous en-'
» avons affez pour prononcer , • i° . que tous les
» corps qui ont befoin ,. pour être altérés., d’une-
» caufe. . . . au deffus de la puiffanee des organes*
»* des animaux- , ne font pas nutritifs, & ‘que ceux
» qui' ne peuvent pas acquérir ce degré d’altéça-
»• tion,-ne peuvent pas le devenir. z°. Que les
0 fubftances , . . qui font plus altérées que les-ani-
» maux qu’il--s’agit de nourrit, ne peuvent pas être--
» regardées comme- aliment-} puifqu’élles font in-
» capables de devenir moins altérées qu’elles ne-
» l ’éi oient;»<>
( /a. 16.) Tons les ahimaux , - quelque différens?-
»• qu ils foient d’ailleurs dans leurs propriétés ac-
» cidentellés , ont cela de commun que leur der-~
»• nière altération fe fait par la putréfaction ( t6)0-
» Ainfi, pour qu’un corps puifle acquérir la na-
» ture animale, il faut qu’i l puifle enrin fe défunir-
» de même par la putréfaction ».
« Cette feule réflexion retranche abfolument de-
» la clafle des corps qui contiennent la matière
» nutritive , tous ceux q u i, comme les animaux,
» font inaltérables par leur nature ».
(P . 1 7 .) « On en retranchera encore toutes les
» parties-des-végétaux & des animaux mêmes qui'
» ne peuvent pas fe difloudre ou devenir enfin lo -
» lubies dans Te au
« Nous n’aurons- donc pour matière nutritive
» que les fubftances qui font fujettes au mouvement;
» fpontané que' TaCtion de l ’çau, aidée de la cha-
»-• leur, peut exciter dans leurs parties.*
( P . 18. ) « Cette facilité à être altérée fùp--
» pofe , 1 la liaifon & l ’union des parties ,>
» union foible & capable de céder à l ’impulfioiv
» des agens extérieurs. z°. La compofition d'ans*
» ces parties - (17$ . . . . Car plus les corps fontà
peu près' fy non-y me der ferè qui figuîfie prefque, & fè'
rendroie en grec par o&foty au lieu que ois» de ligne une'
reffémblance entière, quale, tel que, tel que l’aliment
doifetre. En forte qu’il n’y a de différence entre ce degré
& celui de la fubftance qui nourrit, que celle qui eft entre-'
une matière difioute-& coulante encore dans nos vailfeaux
& la matière appliquée & folidifiée, & qui a pris fa place.-
Cette diftimffion eft bien plus précife que celle. d’un état'
indéterminé-, comme celui qui' feroit défigné par prefqueùu
quafi^
(16) La: putréfa&ion eft'une altération fpontanéé parle
1 contait de l’air, qui n’a-jamais Heu dans les animaux vivans,
fains & entiers 5 mais il eft vrai que les matières ani-
malifées fe corrompent plus;promptement que les..--matières-
végétales- peu atténuées.
(17) Il eft à; peu ptès démontré que ce qu’on dêfigne'
fous le nom de cochon d’alteration , d’atténuation , n’eft
autre chofé- qu’une eonibinaifon variée & proportionnée'
aux organes de eKaque plante 6c'de-chaque animal. Les
phénomènes de là végétation nous démontrent:que la manière
qui nourrit leÿ corps organiques*, commencé par de'
l’ çau,; de -l’air , 6c de »rou, fi- l'on yeut, par cee
„ fimples.«.. plus ils font immuables & inalté-
» râbles..— ».
( P . 19>) « Toute partie fimple a une propriété
» éminente.; & pour la perfe&ion de l ’altération,
i l faut un covnpofé qui n’ait rien éminemment,
.» mais dont les parties puiffent fe teroperef mu-
» tueilement. . . . ». ’ -
( P . 10. ) a Ces propriétés caraéiérifent affez la
matière nutritive, 5c nous damnent aifez de iy ar_
,» qües extérieutes pour la reconnoître. Puifquil y
,» a union de parties dans cette matière (18 )... elle
,» doit rendre l ’eau plus vifqueufe , plus tenace ,
.» & , fuivant S tahl, même un peu trouble, ou.
» moins limpide qu’elle ne devroit être naturelle-
4) ment».
« Dès p a r t ie s .... qui fe tempèrent mutuelle-
.» ment l ’une l’autre ne doivent avoir ni odeur ni
n faveur éminente , du moins fi elles font dans
-» leur perfection. Elles s’en éloignent d autant
» plus qu’elles ont ou plus de faveur ou plus d o-
» deur. La dernière de ces qualités eft une mar-
» que certaine du mélange de quelque chofe de-
» tranger. La première démontre que les prin-
» cipes ne font pas exactement mêles entre eux...
» ex‘ dulciims nutrimur , dit Galien. ( P . 2-1. )
» Hippocrate , en louant . . . • fa farneufe titane
,» d’orge, croit en faire l’eipge en lui attribuant
» toutes lès' propriétés que nous reconnoiffons dans
» la matière nutritive . . . . Stahl lui donne pour
trois gaz, le gaz vital ou gaz oxygène , le gaz inflammable
ou gaz hydrogène , & la mofette ou ga\ azotique
joints avec la lumière 3 qu’avec leurs combinaifons variées la
nature forme dans.les végétaux des parties folides, des^refines,
des mucilages, du charbon , &c. On fait quel accroiflement
eertains.'végctaux prennent dans l’eau feule avec le contact
de l’air & le concours de la lumière. Le volume qu ils acquièrent
par le moyen de ces feuls agens furpafle fi pro-
digieufement la petite fcmence qui contient le germe de
ces végétaux , qu’il eft impoffible de fe refufer à l’évidence ,'
8c de ne pas confefler que c’eft à ces principes- feuls que
fe réduifent tous les corps végétaux & yivatis , folides 8c
fluides, 6c que notre nourriture, en dernière analyfe, leur
doit toute fon origine. Les combmSfons qui forment nos
corpsv font plus ou moins avancées dans les fubftances qui
nous fetvent de nourriture. C’eft a quoi fe réduit tout ce
qu’on a défigné, fanslebien entendre, par les mots de coétion,
d’aflimilation, d’atténuation, dont le véritable fens eft une
■ combinaifonplus ou moins complète , plus ou moins fembla-
ble à celle qui nous eft propre. Ceci manque encore d’un,
degré de précifion, qui eft celui où on détermineroic quelle
eft exadement cetce combinaifon. Mais ,un jour peut - erre
y parviendrons-nous. ( Voy. le §. I I I e de cet article.)
(18) Cette expreffioo n’eft pas précife ni claire.5 car
tous les compofés ont une union de parties, fans avoir pour
cela de vifeofité. La vifcqfiié eft une qualicé propre au mucilage,
à la gelée , ôc au gluten , par laquelle leurs parties,
même lorfquelles font difloutes, confervenc une adhérence,
une ténacité qui fait que quand on les fépare elles filent,
8c que fi elles font plus rapprochées , moins délaÿees, eiles
collent 6c font adhérer les corps les uns aux autres. Cette
qualité eft une des .refTemblances de la matière nutritive
avec celle qui compofe no.s fibres 6c la plus grande partie
de nos organes.
» caraftère . une douce lubricité de parties•
» lenem lubricitacem . . . . Juncker . . . . corn-
» p a re___la mitière fujette à la fermentation,
» avec la matière nutritive ; i l fait voir 1 analogie
» de la lymphe qui nous nourrit, avec le niuci-
o lage qu’on retire des animaux & des végétaux,
n & prononce que c’ eft uniquement la partie mu7
» eide qui eft capable de nous nourrir (ip) »*
( P . u . ) « Mais . . . . n u l l e autre partie qu une
» partie actuellement mucilagineufe ne peut-elle
» nous nourrir? Si nous prenons ici le terme dez-
» liment dans -la première fignification que lui a
» donnée Hippocrate , quod jam nutrit, on peut
» l’affurer.......... ( P . 2.3 .) Pour les autres degres
» à’alimens, il fuffit que- les corps foientde ftruc-
» ture à pouvoir devenir mucilage; Or qu un
» corps qui n’eft pas mucilage puilfé le devenir,
c’eft une chofe néceflaire dans 1 accroiflement
»' ordinaire des plantes.. . . . Il faut donc que la
» terre , qui ne çontient certainement pas de mu-
» cilagé tout formé, fournifle des principes, pour
» en produire. Il faut qu’il puifle s’en former dans
» la foible prganifation des végétaux. A combien
» plus forte raifon -pouvons-nous croire que dans
» un corps aufli artiftément co.mpofé que celui
»' des animaux.. . . i l puifle de meme , .^rlïiec
w une lymphe & un mucilage qui nexiftoient
» pas ».
( P . z 4. ) « Pour les effets eflentiels dé cette'
» matière . . . . je crois qu’il eft inutile d en re-
| » chercher d’autres que ceux que la nature avoit
» jadis révélés au grand Hippocrate; c eft de n éx-
» citer aucun changement dans le corps, & au con-
» traire d’v être altéré foi-même. . {'De locis
' » in hom. ) Cum corpus cibos fuperaverit, tum
» neque morbus , ne que ex Ki S quoe offerehtur
» contrarieras oritur................. ... è quibus • • • •
» turbaûo . . . . minimè contingit , Jed rqbur
» incrementum & alimentum . . . . <Sv-
Voicidonc, fuivant M. Lorry , le réfumé des ca-
raâères' & des propriétés de la fubftance. -propre--
ment nutritive. 11 faut qu’elle foit foluble dans
l’eau , altérable , putrefciblé , mais moins à'îtérée
que l’animal qu elle doit nourrir ; il faut que fes
parties aient un certain degre d adhefion, qu eiles
foient douces , n’aient ni faveur forte, ni odeur
prédominante ; quelles foient mucilaçineufes , ou
fi elles ne font pas tout à fait dans 1 état de mucilage
, qu’elles foient fufceptibles d’en prendre le
caractère par l ’a&ion de ces organes;, enfin qü’elies
n’altèrent point les qualités & l ’état de notre
corps, mais qu’elles y foient au contraire changées
8c aflimilées à la fubftance qui conftitue nos parties,
pour fervir à nous nourrit:, nous fortifier , & fournir
à Taccroiffement de notre corps. Cet effet eflen-.
tiel eft ce qui diftingue Taliment du médicament
(19) On, verra dans un autre lieu jufqu’à quel poinç
eeçce aflertion exciufiye peut être vrai* (Voy. §. I I I .)
Rf i - t 1