
«Taétion de la part des nerfs, & dont la caufe
exige manifeftement des médicamens irritans, pour
les combattre avec fuccès , ne doit-on pas remarquer
que plufieurs des affections qui femblent pré-
fenter ce caraCtère, dépendent quelquefois au contraire
d’un état oppolè ? L ’aétion nerveufe, lo il-
qu’elle eft portée trop lo in , nuit aux differentes
fonctions des nerfs, dont elle fulpend l ’exercice ,
commé fi leur aCtion étoit entièrement abolie*
N V a—t - i l pas un état de contraction nerveufe
qui anéantit le mouvement , & détruit le fenti-
ment dans certains organes , comme l ’état de pa-
ralyfte réelle * & , pour cette raifon , ne diflingue-
t-on pas deux fortes d e . paralyfie $ l ’uhe accompagnée
de contraction, & l’autre de relâchements
Or dans la première dé ces deux efpèces eft-ce
par une autre vertu que celle des anti-lpafmodi-
qiies , que l ’on, parvient à rétablir les parties lé-
fées dans l ’état naturel Ces réflexions iè trouvent
confirmées par plufieurs réfultats de nos obferva-
îi-ons. Ainfi , la paralyfie dont une de nos malades
paroiffoit ' affeCtée , étoit évidemment un état de
contraction , un excès de fgafme ,■ -tandis , que dans
uae autre, c étoit une paralyfie -réelle. Ainfi, plu-
fieucs autres affeétions - analogues , telles que le
vertige, & toutes celles qui étoient accompagnées,
d’étourdiffemens , d’évanouiffemens * de fréquentes
fbibleffes , de l ’affoibliffement de la vue ,. -ffe la.
difficulté de parler , dépendoient d’un état hyf-
îériqpe , au moins véritablement fpafmodique.
Ainff, les friffons irréguliers, les imprefiions de
froid habituel fe préfentoient dans dès attaques de
nerfs violentes , dans dés -convulfions hyftêriques.
'Enfin les exemples de tremblement que nous
avons rapportés , loin de tenir de la- paralyfie g
étoient plutôt des mouvemens ffjafmodiques & eon-
vuififs y qui-, -de-même que le treflailiement â un
bruit inopiné , annonçoient moins un défaut d’action
dans le- genre nerveux, qu’un état de tenfîon
& activité augmentée.
Mais ne doit-on pas au moins rapporter a l ’af-
foîbliffement des n e r f s à cet état qu’on nomme
foîbieffe du genre nerveux- , plufieurs' affections ,
notamment celles qu’en dernier lieu nous venons
de citer , dans lefquelles l 'aimant ayant paru
montrer une efficacité marquée, il n’a pu produire
des- effets heureux qu’en participant de la- nature
des médicamens toniques & fortifians ? On ne peut
révoquer en doute cette vérité. Mais ne fait-on pas
auffi que comme i l y a deux efpèces principales
cf affeétions des nerfs, l ’une avec éréthifme ou ten-
fion , & l ’autreavec atonie ou affâiffement nerveux,
on reconnoît auffi deux efpèces diftinétes- d’anti-
fpafmotliques, les uns fortifians & toniques , & les
autres refôchans ? Lors même qu’èn attribuant à
Y aimant une aCtion du premier genre ,, on le
elafferoit parmi les anti-fpafmodiques, on ne fe
tromperoit donc pas en tout point ; i l n’y auroit
erreur au- plus que fur l ’efpèce , & noa fur le
genre .Mais on peut ajouter que ce font prkcipaiement
le's anti-fpafmodiques fortifians & toniques
qui forment la claffe des anti-fpafmodiques proprement
dits, les relâchans a ayant de rapport avec
les a'ffeétions nerveufes, qu’en ce qu’elles pré-
fentent de commun avec un grand nombre de maladies
d’un genre différent, & nullement en ce
qu’elles ont de nerveux, c’e f t -à -d ir e , de propre
&> de particulier. On doit encore remarquer
que c’efi cet état qu’on défigne fous le nom
d’affoibiiflernent dii genre nerveux,- qui donne plus
fpécialement naiffance aux affeétions particulière-
ment appelées maladies ou maux de nerfs, de
quelque efpèce qu’elles forent, fort douloureufes
fort- lpafmodiques, fort epnvuifiyes. La plus- faine
pratique & l ’obfervation font.d’accord fur ce point,
comme le prouve le genre de traitement le plus
généralement employé, contre les affeCtions de
cette nature, qui confifté dans- l ’ufàge des bains-
froids , de la glace, du quinquina-, du mars, des eaux,
minérales feuugineufès , & la nature même des
fi|bffances reconnues pour plus particulièrement
efficaces, en pareils cas, & auxquelles on a donné-
le titre de remèdes nervins ou auti-fpafmodiques...
Comme c’eff plus fpécialement à cette claffe que
Y aimant femb-le appartenir,, ainfi que le prouvent,
les principaux caractères que nous avons fait remarquer
dans la manière d’agir de cette fubftance,,
on voit ainfi que la.nature des différehs effets qu’i l
paroît produire, des différentes affeCtions dans lefquelles
iLparoît convenir, loin de forcer à reconnaître
en. lui une autre aCtion que l ’aètion anti-
fpafmodique , peut ^conduire au contraire a lui- confirmer
exclufivement cette vertu ; d’où il fuit qu’om
ne. doit pas, au moins fans avoir égard à ces différentes.
réflexions , lu i attribuer d’autres propriétés*.
Ce. que nous venons de dire dans la vue de déterminer
la manière d’agir du magpétifme , ne doit-
être admis qu’après avoir été confirmé par dé. nouveaux
faits-. Mais fi nos obfervations ne nous ont,
pas mis- en état d'approfondir un point auffi important
, nous les regardons au moins comme
fuffifantes pour établir d’une, manière incontefta-
b le , dans l’aimant r l ’exiftence d’une - aCtion falu—
taire , véritablement magnétique & direéte , fur nos.
nerfs. Cette aCtion- fe démontre, fur-tout par trois;
réfultats principaux.
Le premier eft celui que préfèntent celles de-
nos obfervations dans lefquelles les malades n’ayant
employé que des aimons ifolés , ils- ont cou flamme
nt éprouvé que les accidens ceffoient invariablement
lorfqu’ils préfentoient Y aimant aux parties;
affedées , cet effet fé renouvelant auffi fouvent
que les accidens eux-mêmes fe répétaient, s’ils
n’étoient pas portés au plus haut degré, le foula-
gement qui en réfultoit paroiffant proportionné à
la force des aimans que l ’on employoit, le eontaCfc
ne-paroiffant pas néceffaire pour qu’il eut lieu ,
Y aimant d'ailleurs, même à- une certaine diftance ,
paroiffant exercer fur le principe de la doufeur
Une action marquée. Nous ne connoiffons aucun
exemple auffi frappant, auffi démonftiatif de
l ’aCtion de Y aimant ; les auteurs , au moins dans
le grand nombre de -ceux qui nous font connus ,
ne nous en ont point préfenté,
Une fécondé preuve de l ’aétion de Yaimant ,
plus remarquable encore , & qui fe trouve confirmée
par un grand nombre d’obfervations , eft le
retour fubit des accidens qu’on a vu ff fouvent fe
renouveler quand on enlevoit trop tôt les plaques
aimantées , & leur nouvelle difparition fucçéaant
auffi-tôt, & fur-tout auffi conftamment, quand on
repla-çoit les garnitures. Quoiqu’on trouve quelques
exemples de cette circonflance dans les obfervations
qui ont été publiées (i)-, cependant elle
n’a jamais fait l ’impreffion qu’elle devoit produire ,
parce qufelle n’avoit pas été fuffifamment confirmée
'( i ) Obf. dit Mercure de France, &c. L’effet de Vaimant,
quoique, n’étant pas àbfolumenc paflagec ou momentané ,
ne s’écendoit pas au delà de trois jours.
Obf. de Venife, Pour s’âfFure-r. de -la réalité de fon action
, on retira Y aimant, & tout à coup les convulfions
r^conjmençèrent avec des fyrnptômes dangereux., mais l’aimant ayant.été appliqué de nouveau, elles fe calmèrent
fubitement.
Obf, de M . \Jn\er. Les accidens revenoîent auflî-tôt
qu'on ôtoit Yaimant, & fe diiîipoient ' quand” on le re-
metcoit. On s’affura de ce fait par plufieurs épreuves. , Obf. de M . Bauer, Le malade ayant ceffé en deux
circonftances l’.ufage de Yaimant ^ fe croyant guéri, fut repris
quelques jours' après de fes accidens, qu’une nouvelle
application des aimans fit chaque fois difparoître. Obf. 4.' de M , Heinjius. La malade ayant ôté les plaques
qu’elle trouvoitincommodes, la douleur revint auffi-
tôt , & fe diffipa infenfiblenvent.
Obf, ■$ .j pag* 89 , M , De Harfu. Après quarante Jours
"de foula gement, les douleurs rhumatifmales revinrent par
l’abfence des aimans, & difparurent de nouveau par une fe-
conde'-appplication„ Obferv, 22 , pag. 118. La malade ayant
éprouvé des chagrins qui avoient fait reparoître une partie
de fes maux, eut recours à Yaimant, qu’elle avoit Entièrement
abandonné , contre l'avis de fon médecin, U aimant
les fit de nouveau difparoître en peu de jours.
Obf, de M. Defcemet. Des douleurs occafîonnées par une
fluxion fur les dents a fe calmoienc par l'application de Yaimant, & revenoient quand Yaimant étoit ôté. — Une
douleur aiguë- à l’extrémité fternale de la clavicule droite,
diflipée par l’application d'une croix aimantée fur la partie
douloureufe, revint plus forte , & perfifla même , le malade
ayant repris la croix & la tenant de la main droite;
en la tenant de la main gauche, elle diminua & cefla en-,
fièrement.
Obf. de M . Miffa. Pour peu que Yaimant fût ôté , les
-tremblemens fe faifoient fendf de nouveau , comme avant
fon application,,^
. Obf. de M. Buch’o\ , Nat. conjid. tom. $ , 1771. Le
malade n’a voit pas plutôt quitté fes bracelets , qu’à l’inftant
le tremblement très-.confiaérable qu’il éprouvoit dans les
mains & dans tout le corps, recomm,ençôit. Obf. de Co/n^er. Auffi-tot que les plaques étoient dérangées
& ne tou choient plus la plante des pieds, la chaleur
redevenoic infupportahle , & ne fe diffipoit que par le
renouvellement du remède. Le fait fut conftaté pjjifieurs
fois.
par des faits ftombreux. Pour la préfenter ici dans
toute fa force, nous allons rapprocher ceux que
nous ont offerts nos obfervations.
Nous en avons eu deux exemples dans les douleurs
rhumatifmales ; un malade ayant quitté trop
tôt les plaques aimantées, fe croyant guéri , fut
repris ;de fes douleurs, que l ’application des mêmes
plaques fit ceffer de nouveau : une dame éproa-
yoit quelquefois , pendant la nuit, que fes. douleurs
la reprenoient ; la plaque qu’elle portoit
fur la région de l ’eftomac fe trouvoit dérangée,
& il fumfoit de la remettre en place pour les
calmer. La même précaution fuffit dans une
autre obfervation , pour, faire ceffer - le hoquet ,
dont la malade éprouvoit quelquefois le retour.
Les palpitations nous, ont offert auffi de pareils exemples.
Une malade fentoit fes palpitations renaître
dans les intervalles où elle reftoit privée de fa
croix magnétique, lerfqu’ellè la faifoit aimanter.
Une autre s’étant de même privée de celle qu’elle
portoit, éprouva dès lé foir même & pendant la
nuit , une violente attaque de palpitation. Une
troifième en éprouva aufli un violent accès pendant
la nuit, pour avoir ôté le foir la plaque aimantée
qu’elle portoit fur la région du coeur. La
même malade, ayant tenté de quitter les aimans
qu’elle portoit fur la tête pour des douleurs qu’elle
y fouffroit, fentit peu de jours après les douleurs fe
renouveler. Dans tous ces cas, Yaimant appliqué
de nouveau fit difparoître les accidens. Dans une
autre obfervation', le malade ayant négligé un foir
de replacer une des pièces aimantées dont il .faifoit
ufage pour des crampes de poitrine , fe réveilla
la nuit, en affurant qu’i l n’avoit jamais éprouvé
une pareille fuffocation.
De violentes convulfions , calmées depuis longtemps
par l ’aétion de Yaimant, fe font de même
réveillées & diffipées , les plaques étant ôtées 8c
remifes en fituation. Une malade en eut une violente
attaque en dînant, ayant oublié, en s’habillant
, de fufpendre à fon cou la plaquç/qu’elle
portoit fur la région de l ’eftomac. Une autre en
éprouva auffi de beaucoup plus violentes qu’à
l ’ordinaiie, après avoir quitté une partie de fes
aimans , dans l ’intention de s’affurer fi elle de-*
voit à leur aétion le foulagemerit dont elle jouiffoit.
Un épileptique ayant penfé, dans fon premier traitement
, qu’il ne devoit fa guérifon qu’aux remèdes
dont il faifoit ufage en portant Yaimant, prit le
parti de le quitter; & , peu de temps après , il
eut un nouvel accès, ce qu’il n’avoit pas éprouvé
depuis nevif mois, & qu’il n’éprouva point encore
pendant plus de deux années enfuite , en faifanc
ufage uniquement des aimans. Enfin deux enfans
paroiffoient fufceptibles de treffaillemens à un
bruit inopiné, quand on avoit ôté Y-aimant, 8c ils
ceffoient d’y être fenfibles quànd on l ’avoit replacé.
Les épreuves auxquelles le dernier de ces deux
malades fut fournis , parurent mériter fur-tout la plus
grande attention*
K k k *