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fièvres inflammatoires & putrides, les peripneumo-
nies, les crachemens de fang, qui , lorfqu’on les
néglige , dégénèrent en phthifie, maladie fi commune
à cet â g e , qu’on ne penfoit pas autrefois
que l ’on y fût lu jet lorfque l ’on avoit atteint
l'âgé viril, qui devient lui-même le règne de maladies
très-confidérables- L ’homme étant alors dans
toute fa force & fa vigueur , les fibres ayant obtenu
toute leur élafticité , les fluides fe trouvent
preffés avec plus d’impétuofité : de la naiffent les
efforts qu’ils font pour fe fouftraire à la violence
de la preflion $ de là l'origine d’une plus grande
diflipation par la transpiration, des inflammations',
des dyffenteries, des pleuréfies , des flux hémorroïdaux
, des engorgemens de fang dans les vail-
feaux- du cerveau , qui prodüifent la phrénéfie , la
léthargie , & autres accidéns de cetteefpèce , auxquels
fe joignent les maladies qu’entraînent après
elles la trop grande. application au travail, la
débauche dans la première jeunefle , les veilles ,
l ’ambition démefurée , enfin les pâmons violentes
& l ’abus des chofes non naturelles ; telles
font l ’affeétion hypocondriaque , les vapeurs ,
la confomption, la catalepfte , & plufieurs autres.
La vieilleffe devient à fon tour la fource d'un
nombre de maladies fâcheufes ; les fibres fe defsè-
chent & fe racorniffent, elles perdent leur é lat
ticité, les vaiffeaux s’obftruent , les pores de la
peau fe-refferrent, la tranfpiration devient mains
abondante } il fe fait un reflux de cette matière
for les autres parties : de là naiffent les apoplexies
, les catarrhes , l'évacuation abondante des
férofités par le nez & par la voie des crachats ,
que l’on nomme vulgairement pituite \ l'épaif-
fiffement de l'humeur contenue dans les articulations
, les fhumatifmes, les diarrhées & les ftran-
guries habituelles. De l ’affaiffement des vaiffeaux
& du racorniffement des fibres , proviennent' les
dyfories , la paralyfie, la furdité , 'l e glaucome,
maladies fi ordinaires aux vieillards , & dont la
fin eft le terme de la vie.
-L'on a vu jufqu’ici la différence des maladies
félon les âges : les remèdes varient auffi félon
f ’état des fluides & des folides, auxquels on doit
les proportionner. Les remèdes doux , & ceux qui
forit légèrement toniques, conviennent aux enfans}
les délayans & les aqueux doivent être employés
pour ceux qui ont atteint l ’âge de puberté, en
qui l'on- doit modérer l'aftivite du fang. Dans ceux
qui font parvenus à l'adolefcence & à l ’âge viril, la
fobriété , l'exercice modéré , le bon nfàge des
chofes non naturelles , deviennent autant de pré-
fervatifs contre les maladies auxquelles on eft
ftijet. Alors les remèdes délayans & incififs font
d’un grand focôurs,fi, malgré le régime ci-deffus,
Ton tombe dans quelque maladie.
Une diète aromatique & atténuante foutiendra
les vieillards. On peut, avec foccès , leur accorder
l ’ufage modéré du Via : les'diurétiques', Si les
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purgatifs légers & réitérés foppléeront an défaut
de transpiration. Toutes ees règles-font tirées.
d’Hoffmann & des plus fameux praticiens en- Médecine.
Ane. Encyclop. , article dè‘ M.. f randenejje+
( V- D.)
A g e s , (maladies des) Il femble , au premier
afpeét, qu’i l ne devroit point être queftion. de
maladies des âges. Les ehangemens qui arrivent
à différentes époques de la vie, ne font point,. dans;
l ’ordre naturel, des caufes de maladies ; car la plupart
des animaux & plufieurs individus de l ’ef-
pèce humaine jouiffent d’une bonne fanté dans-
tous les temps de leur vie. L ’enfant , l ’homme’
adulte , le vieillard , ont chacun leur faute,
comme ils ont chacun leur vifage particulier.
Cependant il n’èn eft pas moins vrai qu’il y
a des maladies propres à chaque âge, en confé->
quenée d’une difpofition particulière de l'économie
animale. Cette difpofition , rendant le corps humain
plus fufceptible de certaines imprefiions externes
, fait qu’il éprouve plutôt une maladie qu’une
autre. Sous ce dernier point de vue , qui forme le
véritable état de la queftion , nous allons confî—
dérer les ehangemens principaux qui ont lieu à
différentes époques de la vie ; nous ferons enfuite
l ’énumération & l’hiftoire fuccinéàe des maladies-
qui répondent à ces ehangemens 5. enfin nous ex—
poferons les principes généraux d’après lefquels.
le médecin doit fe conduire , foit pour en pré—
ferver l ’individu confié à fes foins, foit • pour les
traiter lorfque des circonftances particulières le s
font naître. Avant que d’entrer dans ces détails , i l
eft important de dire un mot des principaux ouvrages
des médecins fur ce fujet.
Hippocrate eft le premier qui a écrit for les
maladies des âges } il nous a laiffe, dans un très-
petit nombre daphorifmes, l’hiftoiré complète de
ces maladies ; & il faut avouer que les médecin»
poftérieurs n'ont prefque rien ajouté aux; grands,
réfultats du premier de tous les obfervateurs. Chaque
commentateur de ce grand homme a enfuite
donné une théorie de ces maladies, d’après celle
qui étoit reçue de fon temps , travail très-inutile , en;
ce que l ’expérience & l ’obfèrvation ont détruit fo&-
ceflîvement toutes ces théories, fondées la plupart
fur des opinions fyftémaiiques | ou fur des faits trop
généralités.
Nous en excepterons cependant le célèbre Stahl„
qui, dans fa belle differtation fur les maladies des;
âges, a préfenté une doctrine plus conforme à>
Pobfervation , mais qui malheureufement fe re fient
encore un peu trop du fameux fyftême que ce lavant
profeffeur avoit adopté. L'article qu on trouve1
dans le premier volume de l’ancienne Encyclopédie
, n’eft qu'une tradu&iondesaphorifmes d’Hippocrate
, à laquelle on a ajouté une explicationi
tirée de la phyfiologie de Boerrhaave. Depuis,
cette époque, les médecinsrappelés â lobferva^
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ffon par utte meilleure manière de philofopher,
en perfectionnant la fcience de l’économie animale
, ont fourni des matériaux intéreffans pour
la réda&ion de cet article.
On divife communément la vie ordinaire de
l ’homme en quatre âges j l ’enfance, la jeunefle ,
T âge mur , & la vieilleffe. Beaucoup de médecins
font correfpondre ces quatre âges à trois
états principaux dans lefquels le corps humain, fe
trouve fiiccelfivement, l ’état d’acccroiffement, celui
de confiftance, & l ’état de déclin. Cette confédération,
n’étant relative qu’au volume du corps, a
le défaut de trop refferrer ce fujet, & de le cir-
eonferire dans des limites trop étroites. La division
la plus médicale eft celle qui répond aux chan-
gemens les plus fenfibles de l ’économie animale
dans le cours de la vie. Le moment de la nail-
fance , le temps de la première dentition , celui
de la fécondé, l ’âge de puberté , l ’époque de la
vie où l ’homme, ayant pris tout fon accroiffe-
ment , fé conferve à peu près dans la même, fitua-
tion , & qu’on appelle l ’âge viril j l ’éruption des
règles chez les femmes, & leur ceffation } l ’âge
ou les forces , venant à diminuer , l ’homme eft
moins propre à la reprpdu&ion de fon efpèqe j
enfin l ’état de décrépitude. T elle eft la fuite-des
ehangemens qui ont lieu dans le progrès de la
vie, fans qu’on puiffe leur aflîgner un temps fixe
& déterminé. Ils arrivent plutôt ou plus tard ,,
félon le tempérament & la conftitulion des individus
, félon les climats , 8c plufieurs autres
circonftances qu’il eft fouvent impoffible de faifîr.
On peut rapporter tous ces ehangemens, i° . à
l ’état des folides qui font plus ou moins durs ou
plus ou moins fermes} 2,0. à l ’état du genre nerveux
ou de l ’organe du fentiment & au mouvement,
qui eft plus ou moins. fenfîble , plus ou
moins mobile , plus ou moins foible ; , & plus
ou moins fort } 30. à l ’état du mouvement du
fang , libre ou gêné , lent ou vif, égal ou inégal}
4°. à l ’état des fecrétions & excrétions , qui font
ou abondantes , ou diminuées , ou fupprimées} 50.
â l’état de certaines parties qui ont leur développement
dans un temps déterminé , & dont les
fondions , après avoir été en adivité pendant un
certain temps, ceffent tout à fait ; 6°. enfin à
l ’ état des humeurs, qui n’eft pas le même dans
l ’enfance que dans la jeunefle , & dans l ’âge v ir il,
que dans la vieilleffe.
Ainfi, les enfans , dont toutes les parties folides
font très-molles & très - foibles , & .dont le genre
nerveux eft très - irritable, le mouvement du iang
très-libre , les fecrétions & excrétions très-abondantes,
font fujets aux difformités , aux defeentes,
aux écrouelles, & au rachitifme. Ils.ont facilement
des convulfions , & les caufes les plus légères
leur donnent la fièvre. Il eft très-rare qu’ils
aient une fièvre de mauvais genre , ou une violente
inflammation } qu’ils* foient attaqués d’hé-
morràgies, de phthifie, de paralyfie, de la goutte,
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du rhumatifme , de l ’hydropifie , fi ce n’eft d&
la tête , eu égard aux congeftions écrouelleufes qui
fe forment dans cette partie , & à la trop grande
abondance de fang qui *’y porte. La dentition eft
fouvent accompagnée d’accidens graves , tels que
des convulfions , de la fièvre , de l ’inflammation
<fe la bouche, &c. Les enfans font facilement ma-
lades , mais iis fe rétabliffent promptement. La
reaétion des forces de la nature Tuffit le plus
fouvent à leur guérifon, fans qu’il foit befoin d’employer
des médicamens, qui , de quelque genre
qu ils foient, agiffent avec plus de violence fur
eux que fur les adultes. Cette dernière réflexion
eft très-importante, en ce qu’elle réduit la Médecine
des enfans à une prudente expe&ation, 8c
qu elle circonfcrit l ’art dans des limites que le»
jeunes médecins font toujours trop portés à fratt-*
chir.
Une autre confédération non moins effentielle*
c’eft que le fyftème des vaiffeaux lymphatiques
eft proportionnellement plus étendu & plus grand
chez les enfans que chez les adultes, & qu’ei*
conféquence les focs muqueux & lymphatique»
font beaucoup plus abondans chez eux. De 1£
les congeftions de ces humeurs font plus fréquentes
: c’eft à ces congeftions que nous penfons qu’o»
doit tout naturellement rapporter l’origine de»
écrouelles, du rachitifme, des humeurs de gourmes,
& c ., fur-tout lorfqu’en même temps les?
folides font plus mous & plus relâchés qu’ils ne
devroient être. Si ces difpofîtions morbifiques font
très-marquées dans l ’enfance, il eft rare qu’ellea
n’étendent pas leur influence fur les autres époque#
de la vie , & qu’elles ne deviennent pas le germe
de maladies très - graves , telles que la phthifie
tuberculeufe dans la jeunefle , les obftru&ions 8c
les skirrhçs, dans un- âge plus avancé.
Dans*Tadolefcence & la jeunefle , les folidea'
ayant aquis plus de fermeté & plus de force , n’ont
plus la même irritabilité que dans l'enfance j auflî
les maladies ne font-elles plus les mêmes. L ’ac-
croiffement â peu près fini, les focs nourriciers 8c
le fang qui en réfulte , font plus abondans : c’eft
alors que la nature détourne une partie de ces
fucs, pour les faire fervir à la propagation de l ’el»
pèce. L ’époque où cette révolution arrive s’appelle
l ’âge de pubetté chez l ’un & l’autre fexe.
Mais indépendamment de la déviation des fucs
nourriciers vers les parties génitales , un autre
changement non moins frappant a lieu dans le
fyftême des vaiffeaux fanguins artériels & veineux.
Pendant tout le temps de l'accroiffqment, i f
y a néceffairement une pléthore fanguine qui ne
conftitue point un état morbifique } car les vaifo
féaux, cédant facilement à l’impulfion des humeurs,
fe dilatent & s’allongent jufqu’à ce que le corps
ait atteint l’ étendue que fa nature comporte : le
moment où les vaiffeaux, par trop 'de rigidité ,
oppofent une réfiftance à leur alongement & à
leur dilatation, eft celui qui détermine les limites
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