
■ pour ce qui regarde les (hbftances fermêntefcibles
ëc putrefcibies, la transformation des fubftances végétales
en animales le fait fans altération dans la
bafe principale & commune de toutes ces fubftances.
Elle préfente trois genres de combinaifons pofli-
bles ; i". la fubftance végétale muqueufe s'animalife
par la feule combinaifon de la bafe de la mofette
ou de l’azote-, commelorfqu’elle fa change en gelée
animale. z°. L a fubftance végétale muqueufe s'animalife
, non feulement par la combinaifon de la
mofette , mais encore par la formation des autres
principes propres à l’analyfe animale, comme
lorfquelle fe change par degrés en matière ca-
féeufe, albumineufe , & fibreufe; & nous ayons démontré
dans la réponfe à la fécondé queftion, qu'il
étoit des cas où la fubftance muqueufe végétale
devoit fûffire à toutes ces métamorphofes, 3°. La
fubftânce- végéto - animale ou glutineufe végétale
s’animalife par la feule augmentation de- proportion
dans les principes qui lui font communs avec
les fubftances animalifées.
L'analogie de ces dernières fubftances appelées’
végéto-animales , qui paroiffent ne s’ani-
malifer qu’en recevant une augmentation dans Jes
principes qu’elles.contiennent déjà, nous fait préfumer
que l'aflimilatioii des alimens animaux le fait
de même par une augmention de proportion dans les
principes qui diftinguent les fubftances propres au
règne animal. La preuve de ce fait fe trouve dans
les différées progrès que paroît fuivre dans le corps
animal même Laiiimalilàtion des humeurs nutritives.
Car leurs nuances fuccelfiv.es femblent tracées
par les proportions relpéffives de la fubftance ca-
féeufe, albumineufe & fibreufe, qui paroiffent être
la matière l'une de l ’autre 8c fe fuivre par la feule
augmentation progrelîive des combinaifons qui ca-
rafiérifent les fubftances. animales.
8°. De cés ôbfervations , il refulte q u il y a des
nuancés multipliées .-non-feulement dans le paffage
dés‘ fub'ftancel’ végétales aux fubftances animales,
mais encore dans les. différences qui diftinguent
& les fubftances animales entre elles & les fubftances
Végétales. Cés’mnaftces-poçrroient jufqn’à un certain
point être -'détertainées par les propomon’s ,
1% de bafe de l ’acide oxalique; i° . de principe
du charbon ( ou carbone )-, 30. de bafe de la mofette
( ou d’a\ote)\ 4°. d’huile animale concrète;
de Tels phofphbriqu’ës, 1 &c. Je dis jufqu a un
Certain point, à caufe du peu de connoiflance que
nous avons encore deffubftances huiléufes , grades ,'
éxtraélives, favonrieufés , aromatiques, &c. , qui
fe rencontrent dans l ’-un 8c «autre régné.
9°. M. Berthollet croit que plus une lubftance
végétale eft nutritive, & pins elle contient de la
bafe de l’acide oxalique en proportion de les autres
principes. Cependant il ferait faux de conclure
de cette obfervation que toutes les fubftances qui
contiennent beaucoup de cette bafe ont toujours
une propriété nutritive proportionnelle. 11 ne fuftit
,pas qu’elles aient-beaucoup de cette fubftance, il
faut eneôfe qu’elle y foit difpofée de maniéré â
fubir facilement ' d’autres combinaifons. Ainfi, la
combinaifon de la bafe de l'acide oxalique dans les
gommes, le facre, les gelées, & tous les mucilages
végétaux, eft plus nutritive que la combi-
! binaifon de cette mênie bafe dans 1 acide oxalique
pur ou dans l ’acidule oxalique j parce
q ü en général les combinaifons. acides font plus
durables & moins altérables que toutes les autres.
Les analyfes de M. Berthollet démontrent aufti
que dans les animaux , une des fubftances qui contient
le plus de bafe de l ’acide oxalique , eft la
Jaine , & certainement ce n’eft pas la fubftance animale
la plus nutritive que l’on connoifle.
io°. Néanmoins ce feroit toujours un travail qui
fans doute ne manqueroit pas d’utilité, que de fane
l ’analyfe comparative de toutes les fubftances alimentaires
fous ce point de vue. On fait déjà qu eU.es
présentent à cet égard beaucoup de nuances differentes
, il ne s’agit plus que de les déterminer par
l ’expérience. Mais s’i l étoit raifonnable de prélu-
mer les réfultaîs , on pourroit croire que les mucilages
j les gommes, lés fécules, les gelees acides,
les anatières fucrées, & les tels oxaliques lorpe-
roient dans les végétaux , abftraétion. faite de 1 eau
de diffolution étrangère à leur effence, une fuite
de nuances progreflives pour les proportions de la
bâte de l ’acide oxalique, combinée, foit avec le
principe du charbon, foit avec la bafe de 1 air vital.
Il eft probable cependant que de toutes ces fubftances
, les plus nutritives font les fécules, quoi-
quelles ne paroiffent pas être, de toutes , celles qui
contiennent abfolument le plus de bafe de 1 acide
oxalique. Mais de toutes celles qui en co ntiennent
beaucoup, elles font les plus promptement altérables
quand elles , font diffontes, & les plus fufceptibles
des combinaifons nouvelles qui fe font dans nos
organes.
i i ° . Parmi les matières animales ou végéto-
animales', les ■ proportions de la bafè de 1 acide
oxalique, combinée non fe^eprent avec le principe
du charbon, mais avec .k bafe de la molette , &
outre cela avec les autres produits qui appartiennent
à l'analyfe animale , nous donneraient une fuite
dont les premiers termes feraient formés par les
fubftances gélatineufes depuis les plus légères juf-
qu’aux plus denfes; les derniers, dapres les expériences
de M. Berthollet, par les poils , la lame ,
& les autres produûions de l ’épiderme , & les
termes intermédiaires par la matière çaféeufe , al-
bûmiheufe , la matière glutineufe du froment, la
partie fibreufe du fang, & la fubftance fibreufe mul-
culaire. Parmi ces (ubftances, les. parties géiati-
neufes denfes, la matière çaféeufe & -albummeuie ,
enfin les parties glutineufes ou fibreufes mélangées
des premières, font les plus nutritives ; & quoique
les parties fibreufes & glutineufes rfolees &
dépouillées de toute-fubftance gélatmeufe , la lame
& les pmk ,'éoWcàt contenir une plus grande pio-
r ' ‘ portion
A L I A L I
portion 4e bafe de l ’acide oxalique 3 elles font.ee- -
pendant moins nutritives que les autres, ou même
ne le font pas du. tout. En général, il paroît que
la matière glutineufe oufibreiife , fnife^à nu -& fans
mélange, n’eft prgfque pas nutritive , parce qu’e lle
eft moins attaquable par nos organes, mais que ~
les mélanges formés de parties gélatineufes ou fu-
crées avec les parties giutineufes ou fibreufes, le
font plus que toutes les autres fubftances , parce .
qu’alors la partie glutineufe^’ qui contient une grande
proportion de bafe d’acide oxalique, devient fufcep-
tible de céder à nos organes , de fe diffoudre complètement
dans nos humeurs , & de fe prêter à
toutes les combinaifons de l’âflimilation nutritive.
• iz ° . Après qu’on aura déterminé les proportions
de la bafe de l’acide oxalique , à laquelle
paroît liée en grande partie la propriété nutritive ~
de nos alimens , celles des autres parties qui entrent
dans la combinaifon des fubftances atîmen-
teufes, mériteront aulfi une attention particulière.
Les proportions du principe du charbon ( du carbone
) peuvent fe déterminer par la quantité du
gaz acide carbonique qui fe dégage pendant l ’action
dé l ’acide nitrique , de même que la quantité
de bafe d’acide oxalique fe peut déterminer
par la quantité de gaz nitreux qu’on obtient par
la même opération. Ces proportions riè font point
eiîfcore fi-xées par un. nombre fuffifont d’expériences
comparatives , faites fuivant le plan & dans les vues
que nous propofons ici. On a feulement obfervé
que les fubftances animales donnent en général à
l ’analyfe par l’acide nitrique , moins dy acide carbonique
que les fubftances végétales. En donnent-
elles d’autant moins qu’ elles fe chargent d’une
plus grande proportion de bafe de la mofette ( cf<2-
%ote) , & des autres principes de l ’analyfe animale?
C ’eft ce qui n’eft pas encore démontré. L’analyfe
au feu confirme celle de l ’acide nitrique , puifque
le charbon des matières animales, quoique fouvent
allez volumineux, doit une grande partie de fon
volume plutôt aux fels phofphoriques qu’il contient
, qu’au véritable principe du charbon ou carbone.
Au lieu que le charbon des fubftances végétales
contient beaucoup de- vrai charbon & moins
de parties étrangères -, ce qui fait que les charbons
animaux s’incinèrent difficilement, & laiffent beaucoup
de réfidu , & que les charbons végétaux au
contraire s’incinèrent promptement, & laiffent frès-
peu de cendres. ;
. >13°. Les proportions du principe qu’on défigne
fous le nom de bafe de 1% mofette ou d'azote,
ont été déterminées avec plus de foin , quoique
point encore avec affez de précifion. C’eft par ia
quantité de mofette ou de gaz azotique qui fe dégage
pendant l ’aélion de l ’acide nitrique , qu’on
juge de la proportion d’azote combinée dans les
fubftances analyfées. Les gelées animales ainfi que
les parties des animaux dont on retife de la gelée
, font de toutes les fubftances animales, celles
qui donnent le moins de mofette par l’effet de
Méd e cin eJ Tom. L
l ’acide nitrique. En cela , elles paroiffent fe rapprocher
plus que les autres fubftances de la nature
végétale. La matière albumineufe & la partie
çaféeufe du la it en donnent davantage , mais moins
que la fubftance glutineufe du froment. Celle-ci
en donne moins que la fibre mufculaire ; la
fubftance fibreufe coagulable du fang en donne
plus que la fibre mufculaire même, mais celle-ci
eft toujours mêlée d’un peu de lubftance gélati-
neufe & extra&ive.
L a chair des jeunes animaux donne moins de
ce gaz que celle des vieux, & cette différence va
quelquefois jufqu’au tiers. Celle des animaux carr
nivores .en donne un peu, mais très-peu plus que
celle des animaux frugivores j celle des poiffons
n’en donne pas plus que celle des animaux quadrupèdes
, mais elle le donne en général plus aifé-
ment, ce qui eft peut-être une des raifons de la
fàcilité avec laquelle les poiffons fe pourriffent.
( Voye\ Mem. de M. de Fourcroy, \er volume
'des annales de Chimie, p. 40 & fuiv. )
Les autres produits de i ’animalifation', comme
la fubftance graffe concrète & les-feis phofphoriques
, paroiffent fuivre à peu près les proportions
de la bafe du gaz azotique j mais leur détermination
demander oit auffi un travail particulier , 6c
qui n’eft pas fait. Nous n’en ferons point un article
à part.
Nous remarquerons encore ici l ’analogie que
r.analyfe par l’acide.nitrique conferve avec les analyfes
par le feu. MM. Berthollet & de Fourcroy
remarquent que les proportions d’une part de la
mofette ou du ga\ azotique dégagée par l ’aélion
de l ’acide nitrique 5 de l’autre part l ’alcali vo-r
fatil concret & criftaLlifable , ou du carbonate
ammoniacal qui paffe dans la diftillation , font
parfaitement cofrefpondantes. La ^elée ne donne
que tr,ès-peu d’alcali volatil dans fa diftillation ,
l albumen davantage . & la fubftance fibreufe en
donne le plus abondamment de toutes. Enfin toutes
les fois que par l ’analyfe avec l ’acide, nitrique
on a dégagé le gaz azotique ou la mofette d’une
fubftance.^animale , elle ne donne plus d’alcali volatil
à la diftillation ; & réciproquement, lorfque
par quelque moyen que ce foit il s’eft fornié de
l ’alcali volatil dans une matière animale , on n’en
dégage plus de-mofette. Ainfi les nuances que préfente
l ’analyfe dès fubftances animales par l ’acide
nitrique, fe retrouvent parfaitement dans l’analyfe
par le feu fous des formes différentes. ( V . Mém.
de M de Fourcroy , lieu cité pag. 43- ^
[4°, Si ce plan de travail étoit complété, fi à
la ebnnoiffance exa^e & comparée des matières
guaffes, exlrâtiives , volatiles, odorantes, & fa-.
pides, tant végétales qu’animales , on joignoit la
détermination précife des proportions de la bafe
de l ’acjde oxalique , & des principes qui lui font
combinés dans les fubftances fermentefcibles & pu-«
trefcibles des deux règnes , on auroit probablement
le complément du lyftême phyfiaue de la tran£r%
V V Y *