
« a lg u e s , lequel , infinué dans la peau ,/allait
for lit plus loin. Il èmployoit aiifli le fé ton dans
les tumeurs de la rate' , & recommande d’entretenir
l ’ulcère fort long-temps.
En parlant de la même luxation ( de l’humérus
) , François -de Piémont , médecin de Robert
, roi de Sicile , en 13 10 , copie Albu-
Êafis.
f II e|t* prouvé , par toutes ces autorités ,' que le
féton étoit alors lconhiî' on ' -voit même clairement
, en lifant ce que' Rhkzis' a écrit fur les
cautères , que de fon temps on faifoit un ufage
fréquent du féton. 11 indique les diverfes parties dii
corps où il convient de le placer 3 favoir, le cou, l ’intervalle
des côtes , le ventre , &c. . . . Il énonce
en même temps les maladies dans lefquelles il eff
utile. Le traducteur de' Rhazis exprime le féton
par le mot feclorium 3 il recommande de tenir
les ulcères long r temps ouverts , cüm tentis &
pet iis : le féton ne pouvoit être mieux énoncé
que par ces paroles. Contre les douleurs des
•oreilles; des yeux , & des dents, il veut qu’on
l ’établifle à la partie molle de l ’orèille (au lobe) ,
’& exhorte de favorifer très-long-temps l ’écoulement
de l ’humeur. Je crois devoir obfervèr ici
qu’i l me par’oît allez - probable que cette efpèce
de fecôurs a été imaginé à l ’inftar d’une opération
fréquemment mife en ufage par les médecins vétérinaires.
Columelle , qui vivoit du temps de
Claude ( & de Néron) \ en donne une défeription
ample & élégante èn ces termes : P'nxfens etiam!
remediitm cognovimus tadicidæ quam paftores
cônfiliginem vocant. E a in Matais montibus plu-
rima nafcitür, omnique pec'ori maxirné eft fâ -
lutaris. Lee va manu effodiiur ante fo lis orium ;
fie enim le cl a majorem vim creditur habefe.
17fu s ejus traditur t'alis. Æneâ fubulâ pars
, auriculce latijfima circumfcribitur , ita ivt mariante
fa n gui ne tanquam O litteroe duclus ap-
pareat orbicùlus. Hoc & intrinfecus , & ex fu -
perïore parte aùriculce cüm faélum ejl , media
pars defcripti orbiculi eâdem fubulâ tranfuitur,
& fa c lo fàramini prce dicta radicula inferitur ;
quam cîim recens plaga comprehendit, ita con-
tin e t, ut elabi non poffit : in éam 'denique au-
jic u lam omnis vis fnorbi pejlilenfque virus eli-
£itur, dojiec pars quce fubulâ circumfcripta e j l ,
demoriua excidat : & minimes partis jaclurâ ,
caput confervatür. [ Columell. de re rufticâ ,
lib. vj , cap. 5 , in quo agitur de pefiilentiâ
boum. ]
C ’eft-à-dire :
« Nous connoiffons encore un autre remède
9 (contre la pefte des boeufs ) , fait avec la racine
» d’une plante que lespaftèurs ( d’Italie) nomment
» confiligo ( 1 ). E lle croît abondamment fur les
» môntaghes 'du pays'des' rnàrfes 3 elle eft très»
» falutaire a tous’ les beftiaux. On la tire- de la
» terre avec la main gauche , avant le lever du
» foleilj car on croit que * cueillie avec ces atte
n t io n s ,' elle a plus de vertu. Voici la maniéré
» d’en faire' ufage : avec une pointe ou alêne de
» cuivre , - on ‘décrit une ligne danse la partie la
» plus-large1 de l ’oreille, de manière que quand
» lé fàng' fort7L1 ôn aperçoit un petit cercle qui
»•refTembleia la lettré O. Lo'rfqu’on a fait cette
» opération à " l ’inférieur & à l ’extérieur de ! o -
» reille , on percé le milieu du petit cercle avec
» la même pointe, & l ’on infère dans le trou la
» racine. Comme elle eft embraffée par la plaie
» récente , elle éft fi bien maintenue , qu elle^ ne
» peut s’échapper! C ’eft fur cette partie de 1 oreille
»qu e fe^portént & la violence de la maladie/«
» le virus peftilentiel, jufqu’à ce que la portion
» ciicônfcrite par la pointe, ayant perdu fa vita-
» lité , fe détache -d’elle -- même & tombe. Aiufi ?
» par la perte d’une très-petite partie. 3 le corps
» de ranimai eft confervé ».
Cette opération eft encore aujourd’hui, pratiqueè
par lés pâtres 5 niais Columelle la propofe contre
la pefte dés boeufs , ' ou contre la contagion , épizootique.
Ainfi , l ’on voit que dans la pefte qui
attaqua ■ les hommes on employa dans la fuite
le même moyen , fous la dénomination de fon-
ticules : ce fut d’abord par Jean Arculanus, qui
vécut au- quinzième fiècle 5 dans le fuivant, plu-
fieurs1 médecins fuivirent fon exemple , & vante-
rént ;ce fécours comme un excellent prefervatif de
la pefte. - , .d.-js-. •.
Quant .au-féton , je vois que du; temps d’Albu-
cafis, & quatre cents ans après lu i, l’ufege.constant
étoit de l’établir avec le cautère ( aftuel).
Houllier ( médecin de la faculté de Paris ) eft
le premier, ou du moins un des premiers, qui ,
pour cette opération, fé foit fervi d’une aiguille,
fans qu’elle ait été rougie au feu ; on doit donc
être furpris que Fabrice de Hilden , quelque temps
"après , ait annoncé cette méthode comme étant
de fon invention. Mais-la manière de pratiquer
le féton par l ’inftrument tranchant, eft peut-être
plus anciennej car Séverini fart une obfervation
critique qui n’eft point dénuée de quelque fondement
3 il penfe que le mot feclorium , employé
dans la veïfion de Rhafis , indique afTez clairement
qu’on n’avoit pas,recours a l ’uftion ou cautère
aftuel. Il eft très - certain que Rhafis diftin-
gue deux manières d’ouvrir le féton , l ’une en
incifant, l’autre en brillant 3 quelquefois même il
fait mention des deux en même temps. En effet,
dans l’endroit od il preferit contre l’afthme , la
phthifie & la pleuréfie , d’ouvrir par incifio* le
féton entre l ’ombilic & la clavicule , il ajoute
{1.) Selon quelques auteurs , c’eft Vhelleborus niger
hortenfis flore yirïdi, C, B. 5 & , félon d’autres, l’helleborus
niger tenuifolius buphthalmi flore , C. B. 3 ou Vhcl*.
leborus albus flore fubyiyidi.
que , pour les mêmes raifons [ou dans les mêmes
vues ] on peut appliquer le cautère aûuel fur la
même partie. J’obferverai de plus fur ce fujer, que
quiconque lira ce court article de Rhafis , & considérera
pour quelles'fortes';de- maladies ces diffé-
fens genres de fontanelles font ordonnés 3;fera facilement
convaincu que leurs effets n’étoient pas
moins connus des ’ancienst qu’ils le font des modernes.
Je terminerai cette difeuflibn par une remarque
de Séverini fur-ces paroles de Rhafis :
« Nota hoc generale ejfe ; in omnv loco fontium
» cauteri^anaum ejl , per quem flu xu s humorum
» tranfire videtur ad membrum aliquod ,■ five
» deorfum , five furfum ad intercipiendum
» fluxum ». Il conjeéïure que c’eft de cet endroit
(de Rhafis que le terme fonticulus , employé par
les médecins , a pris fon origine. Cette remarque
eft ingénieufe & probable 3 & comme on ne'faü-
roit douter que cette expreffion eft récente , on
peut très-bien admettre qu’elle tire de là fon
origine.
; Aé tius eft le premier qui , d’après Léonide ,
nous a donné la connoiflance. des- dragonneaux.
C ’eft une efpèce de ver , tantôt petit, tantôt
.d’une longueur très confîdérable , qui le plus fou-
yent. s’engendre dans les. jambes , & quelquefois
dans les mufcles des bras 3 il s’établit aufïi , obferve
Paul d’Egine, dans les côtes chez les, enfans. Cette
maladie attaque même particulièrement les en-
fans 3 elle eft fur-tout très-commune en Ethiopie
& dans l ’Indb. Galien avoit çntendu dire qu’une
maladie femblable étoit endémique en Arabie 3
mais il déclare qu’il ne l’a jamais vue 3 c’eft
.pourquoi il n’en fait aucune défeription..
Ces vers fe meuvent fous la peau , fans caufer
aucune doûieurj cependant, après un certain temps,
il s’établit fuppuration à l ’endroit ou eft placée l’extrémité
du ver 3 la peau s’ouvr-e, & la tête de l’infedte
paroît. Un point très-important, .c’eft que le ver
forte entier , foit qu’il le faffe de lui-même, ou
qu’on le tire ,dehors avec un f i l , un cordon , ou
après avoir fait une incifion : car s’il fe rompt,
& qu’il en reftè une portion, il furvient des douleurs
atroces. Paul propofe une autre manière de
l ’extraire 3 c’eft d’attacher à l ’infeéte un petit plomb
par lequel il eft peu à peu entraîné , quoique
d’autres, dit-il , craignent que ce moyen ne le
faffe rompre. Sa longueur eft quelquefois très-
confidérable j elle eft ordinairement de .dix à quinze
palmes. ( c’eft-à-dire trente-cinq à quarante pouces) :
Albucafis en a vu un . qui avoit au moins vingt
palmes ( foixante pouces) 3 & Rhafis parle d’un
homme qui avoit eu fur le corps quarante vers
de cette efpèce, & qui recouvra fa lanté. On trouve,
dans les écrivains modernes, des obfervations relatives
à cette maladie.
. Comme elle étoit. très-commune à Médine ", les
.arabes l’ont appelée vena medinehfis 3 ils lui ont
donné le nom de vena (veine ) , parce qu’ils dou-
toient ,comme avoit douté Soranus avant eux , fi
c’étoit un animal vivant , ou fi ce n’étoit point
plutôt quelque matière concrète reffemblante à un
nerf. De là vient qu’Avicène traite de cette maladie
dans la. élaffe des abcès , au lieu que Paul
en fait mention en parlant des vers. Mais_ les
arabes fe font certainement trompés 3 Léonide ,
comme on v o it , dit pofitivement que c’eft un ani-
mal. . . . .
Vellchius, pour montrer qu’il étoit inftruit de
la langue arabe (. & je vois qu’il la poffédoit très-
bien ) , a compofé un livre entier fur ce fujet, pour
fervir de commentaire à un chapitre d’Avicène :
mais Avicène n’ajoute prefque rien à la-defcrip-
tioq donnée par Aëtius : u donc Velfchius n’eut
voulu que. commenter un écrivain arabe, il pouvoit
à jufte titre préférer Rhafis à Avicène, puif-
que Rhafis, plufieurs années avant Avicène , avoit
traité ce fujet d’une manière aufli étendue. Plu-
fieurs auteurs , & Daniel le Clerc lui - même
( append. hiflor. nàtur. lator. lumbric.) penfent
que la veine de Médine eft la même qu’une autre
maladie décrite par les arabes , laquelle eft appelée
ajfeclio bovina , & dans laquelle on doit
fouvent trouver chez les vaches un petit ver. Mais
Aétius diftingue très-expreffément deux efpèces
de vers, l ’une qui eft longue, & l ’autre petite :
& Albucafis a parlé, dans deux chapitres féparés,
de ces deux maladies, dont les delcriptions font
très-différentes. * , ' . '• •'
Souvent une fièvre qui fubfifté pendant deux ou
trois jours , fe joint à cette maladie , laquelle eft
quelquefois accompagnée de .fymptômes affreux ,
& fe termine en abcès , dont la guérifon eft 3
peine achevée dans l’efpace de plufieurs mois. Ce
mal eft fort commun, en Guinée ; i l attaque
fur-tout ceux qui y font nés. Kæmpfer a remarqué
qu’il étoit fréquent à Ormuz, fur le golfe
perfique , c’eft pourquoi i l le nomme dragonneau
des perfans >('. dracunculum perfanun ) 3 i l dit
auffi qu’il eft commun dans la Tartarie. Il obferve
que ce mal exerce particulièrement fa fureur
dans les climats très - brûlans & dans les faifons
les plus chaudes 3 il attribue la génération de
ces vers à l’eau de pluie ftagnante, dont on fait
ordinairement ufage dans ces contrées. I l ajoute ,
que ce mal fe guérit plus aifément dans le pays
où il prend naiffance. I l a eu deux fois occafion
de voir ce ver en vie , « décrit fort au long
la manière d’en faire l ’extraftion 3 manière à peu
près femblable à celle que les chirurgiens emploient
aujourd’hui dans l ’Amérique à l ’égard des
nègres.
Aétius eft rempli de remèdes externes 5 il y
a même un de fes livres qui ne contient prefque
que des emplâtres 3 il y a raflemblé non feulement
ceux qui fe trouvent dans l ’ouvrage de Galien
, intitulé de medicamentorum compofitione,
mais encore tous ceux qu’il a pu recueillir dans
les livres des modernes, foit grecs, loit perfansx
foit égyptiens. Il les a claffés fuivant les vertus