
: Noiis avons une troifième preuve non moins
importante à rapporter, & qui dépend en quelque
forte de celle que nous venons d’expofer. C ’eft le
bien-être & le nouveau degré de foulagement que plufieurs
malades affurent avoir conftamment éprouvés
au renouvelle'ment des garnitures, & la diminution
dans l’un & l ’autre, qui fe faifoit remarquer
quand la vertu des a im o n s commençoit à s’affoi-
biir. Nos obfervations nous en ont offert la preuve,
notamment une dans. laquelle la malade fentit fes
anciens maux de nerfs fe renouveler , & les vit
ceffer fubitement en changeant le bandeau d’a i-
m a n t dont elle faifoit ufage , & qu’elle portoit
depuis fix mois j dans deux autres cas, cet effet de
V a im a n t s’eit encore plus fenfiblement manifefté,
& l’une de nos obfervations nous a paru feule en
offrir à la fois plufieurs exemples (i).
Ces faits méritent une grande attention ; ifs paroif
fent offrir une preuve inconteftable & fenfible de
l ’adion de Y a im a n t ,. & cette adion eft véritablement
magnétique*.Car à quelle autre caufe pourroit-
on attribuer des effets qui, étant, comme nous l’avons
v u , aufli indépendans dés autres manières d’agir
qu’on peut reconnoître dans l’a im a n t > paroiffent
au contraire fi évidemment liés à l ’adion qu’il peut
avoir fous ce rapport j q u i, comme ceux du premier
genre, femblent non feulement proportionnés
au degré de force magnétique des pièces aimantées
mais encore avoir lieu dans des circonftances oà
ce fluide , tel qu’il exifte dans le tourbillon qui
fe répand autour des a im a n s , eft feul appliqué
aux parties affectées j qui, comme ceux du troifième
genre, paroiffent s’ affoiblir ou s’accroître dans la
même proportion que le fluide dont les plaques
font pénétrées ; qui enfin , comme ceux du fécond
genre, ceffent d’avoir lieu, recommencent ou per-
Sftent, fuivant que ce même fluide continue, ceffe
on recommence d’être appliqué â la furface du
corps ? Pourroit-on , après ces faits ,-"Contefter à
V a im a n t , confidéré comme fubftance magnétique,
une adion , au moins fur nos nerfs, réelle & falu-
taire , fi toutefois on ne peut encore déterminer
avec précifion quelle en eft la nature ?
Cette action de V a im a n t n’a guère été que palliative.
L e retour des accidens, qui s’eft. annoncé
dans plufieurs malades, comme nous venons de le
(i) O bf dè M. Un\er. Lorfque la vertu de 1yaimant éroic
affaiblie ou devenue inégale, la maladie revenoit aufli-tôc. Obf. 17 , pag, 10S de M . de Harfu. Les aimans placés
fous les'matelas ayant perdu de leur vertu , les crampes
reparurent, & fe dilfipèrent, les pièces-ayant été aimantées
de nouveau. Obf. ze. de M . F illiet, pag. 152, 1 S4, ibid. Le malade
annônçoit que quand les pièces avoient été nouvellement
aimantées, il en réffentoit plus d'effet. — Les accidens ayant
augmenté dans une circonftance pendant le traitement, on
eut lieu de l’attribuer à ce que les pièces avoient perdu
roulement leur vertu. — O b f 3'. pag. 15p. En aimantant
de nouveau les pièces & augmentant leur force, le malade
recouvra çous ce qu’il avoit perdu.
rapporter, après avoir quitté trop tôt les aimans r
prouve que leur ufage n’avoit fait qu’affoupir le
mal & l ’enchaîner. Parmi les perfonnes qui ont
fait le fujet de nos obfervations le plus grand
nombre a continué , après plufieurs mois , plufieurs
années même , de porter les armures , les unes
averties, par des rechutes, du befoin qu’elles avoient
de le faire ,. & d’autres déterminées feulement par
l ’exemple des premières & par nos confeils , ignorant
dès-lors s’il leur feroit permis de renoncer
aux aimans. Quelques-unes ,, feulement en petit
nombre, ont ceffé den faire ufage y encore doit-on
remarquer que dans ce nombre un malade a continué
de porter une plaque aimantée fur la. région*
de l ’eftomac, & que dans un autre c’eft par 1 extraction
des dents gâtées que la guérifon radicale
fut obtenue.
Mais cette adion de Vaimant ne pourra-t-elle
pas devenir véritablement curative y & loin d’être
uniquement anti-fpafmodique & nerveufe , ne
pourra-t-on pas en étendre également l ’application
au traitement des affedions nerveufes paralytiques,
& des maladies humorales & matérielles?
C’eft ce que le temps feul & une connoiffance
plus approfondie des effets du magnétifme, jointe
a de nouveaux degrés de perfection dans la méthode
de l ’adminiftrer, peuvent nous apprendre.
Car il eft à préfumer que de nouvelles obferva-
tions nous in ftiu irô n t Çur ces différens points , ff p lu fleurs moyens annoncés par quelques auteurs ,t
& differens de ceux dont nous nous lommes plus
particulièrement fervis , tels font fur-tout l ’ufage,
de l’eau aimantée, employée en boiffon, en bains ,
demi-bains , & fomentations , & celui des forts*
aimans ou pièces ifolées , ont eu véritablement
tous les fuccès que les obfervations qui s’y rapportent
paroiffent annoncer. Au moins, en fe bornant
à la méthode aduelle , on peut fe promettre
des avantages réels de fon ufage bien dirigé dans
les affed ion s fi rebelles & fi multipliées , connues
fous le nom de maladies de nerfs.
Maintenant rapprochons & préfentons les divers
réfultats qui naiffent des réffexibns & des obfervations
que nous venons d’expôfer. -
i °ü- - On ne peut méconnoître dans Y aimant
appliqué en amulette une aétion réelle & falu-
•taire. . - . ■
a0. Cette adion eft indépendante, dans Y aimant >
des qualités ou propriétés qui lui font communes
avec les autres corps, & par lefquelles l ’application
des pièces aimantées peut avoir une adion
générale ou commune fur l’économie animale : telles
font l ’impreflioh de froid , la preffion, le conta# ,
le frottement y les plaques étant appliquées à nu
& ferrées étroitement fur la peau.
30. Cette a dion de Y aimant eft également
diftinde de celle qu’il peut avoir fur le corps
humain, comme fubftance ferrugineufe , & de celle
qu’il exerce fur le fer, comme fubftance attradive,
quoiqu’elle paroiffe dépendre cependant du même
principe , cette adion paroiffant s’aftoiblir évidemment.
& fe rétablir en même proportion que les
plaques aimantées acquièrent ou perdent de leur
vertu attradive ou de leur adion fur le fer*
40. Cette adion de Y a im a n t paroît être une
adion immédiate & direde du fluide magnétique
fur nos nerfs, fur lefquels il paroît avoir une influence
non moins réelle que fur le fer : il femble
n’en avoir aucune direde. & particulière fur les
fibres, far les humeurs, fur les vifcères.
50. Par cette adion, Y a im a n t n t paroît pas devoir
convenir dans le traitement des affedions décidément
humorales, organiques & matérielles , mais
dans les affedions purement ou plus particulièrement
nerveufes.
6°. Les affedions de ce genre, auxquelles Y a i m
a n t convient préférablement, ne font pas les
affedions dépendantes du défaut d’adion des nerfs,
mais celles qui recônnoiffent pour caufe principale
l ’adion des nerfs augmentée : telles- font les Ipaf-
’ mes, les convulfions, les vives douleurs.
7°. Sous ce rapport, Y-aimant fe range naturellement
dans la claffe des anti-fpafmodiques,
claffe qu’il femble ainfi enrichir , comme l ’électricité
a enrichi celle des fubftance’s irritantes, apé-
ritives ou ftimulantes y & c’ eft plus fpécialement â
l ’efpèce des anti-fpafmodiques , toniques, ou proprement
dits, qu’il femble fe rapporter.
8°. Cette adion anti - fpafmodique & nerveufe
de Y a im a n t ne paroît être que palliative 5 mais
rien n’annonçant qu’elle ne puiffe pas devenir curative
, l ’efficacité même qu’on reconnoît dans Y a im
a n t pouvant 11’être pas purement nerveufe , &
feulement anti-fpafmodique , la nullité de toute
autre adion dans cette fubftance, fpécialement
d’une vertu ftimulante apéritive 5 d’une adion humorale
& 'matérielle, nétant pas entièrement démontrée
, il fuit de ces différens points, qu’il eft
important de continuer le4s recherches & de multiplier
les épreuves fur cet objet.
5>°. La méthode magnétique paroiffant être elle-
même fufceptible de plufieurs degrés de perfediqn ,
e’eft une nouvelle raifon de s’appliquer à la modifier
, à l’obferver dans tous fes effets & fous tous
fes rapports.
io°. Au moins , en fe bornant â la méthode
ad ue lle , les avantages du magnétifme en médecine
ne peuvent être méconnus & conteftés.
n 0. \ J a im a n t a donc fur le corps humain un
autre principe d’adion que celui qui réfulte de fa
nature ferrugineufe , de fon adion attradive fur le
fer , ainfi que des autres propriétés fi nombreufes
que l’empyrifme lui avoit attribuées ; & il paroît
devoir un jour devenir en médecine d’une utilité,
finon aufli grande, au moins aufli réelle qu’il l ’eft
maintenant en phyfîque, quoiqu’on ne doive pas
fans doute admettre toutes les merveilles qu’on en
raconte, & qu’il y ait beaucoup à rabattre des
éloges qu’on lui prodigue.
D e f c r ip t io n d es p iè c e s a im a n t é e s , a v e c la méth
od e à fu iv r e d a n s leu r a p p li c a t io n .
Dans les eflais que nous venons de rapporter i
Y a im a n t a été employé de deux manières principales
; car nous négligeons ici la boiffon d’eau
aimantée ,- dont un feul de nos malades a fait ufage.
L ’application la plus ordinaire que nous avons fake
de Y a im a n t , a été en armure. Dans cette méthode,
on emploie des pièces aimantées de deux formes
particulières. Les unes font de petits barreaux détachés
, pour l ’ordinaire d’un pouce de long , de
quatre lignes de largeur, & d’une ligne & demie
d’épaiffeur, chacun du poids environ d’un demi-
gros. On les emploie fpécialement pour former
les bracelets, les jarretières, les colliers, & les
ferre-têtes ou bandeaux magnétiques. Les bracelets
-( pl. i ere. fig. 1 .) font formés de cinq de ces pièces.,
les jarretières de douze ( fig. 2. ) , le collier de dix
(fig. 3 .) . Le tout eft récouvert d’une toile ou
d’un velours noir. On maintient Ces pièces, en fitua-
tion en les attachant avec des rubans.
Au lieu de ces barreaux, on fe fert aufli de plaques
aimantées de forme ovale , droites ou courbées.
Ces plaques fe pofent à nu fur la peau , circonftance
qui rend leur adion plus marquée. On
les emploie le plus ordinairement pour les différentes
parties du corps auxquelles on veut appliquer
des a im a n s fimples, notamment pour la
nuque, la région du coeur, les bras, les jambes,
& la plante des pieds. On varie leur volume fuivant
le befoin qu’on a d’augmenter la force des
a im a n s , & leur forme fuivant les parties auxquelles
on doit les appliquer. Les plaques pouf
la région du coeur font plates ou droites ( pl. i ere. ,
fig. 5 , elles portent trois trous \ le fupérieuf
eft deftiné à recevoir un ruban avec lequel on
fuipend la pièce au cou j les deux inférieurs, qui
fe trouvent fur la même ligne , fervent à fixer uii
autre ruban qui doit tenir lieu de ceinture, pouf
empêcher la pièce de fe porter â droite ou à gauche
dans les mouvemens du corps. On couche lé
milieu de ce ruban en travers fur la face de la
plaque qui ne doit point toucher la peau, & on
l ’arrête dans cette diredion avec quelques points
d’aiguille : on en noue les deux extrémités en arrière
ou. fur le côté. La pièce doit être affez def-
cendue pour toucher. de la pointe ou partie inférieure
le creux de l ’eftomac , ou l ’extrémité dix
cartilage xiphoïde. Les plaques pour les autres
parties font prefque toutes plus ou moins courbées.
On les applique une à une en certains endroits,
fous la plante des pieds , au bas de la jambe, fuf
le milieu du bras , à la nuque, &c. ; foiîvent ou
les réunit pour former differentes pièces-, telles
q.u*une ceinture pour placer fur les reins , une fuite
à’a im a n s pour appliquer le long de la colonae