
122 AC O ont été fort vantées par les médecins des pays
froids , mont point eu le même fuccès en France.
Nous ferons fpécialement .celte remarque à l'article
de la ciguë, dont Storck a fait un fi grand
éloge. Reinhoid a réuni, dans- une differtation particulière
, toutes les obfervations relatives aux propriétés
du napel ; mais elles n’ont point encore
été confirmées par l ’expérience dans nos climats,
& nous croyons pouvoir avancer que cette plante
n’y réuflïra pas mieux que la ciguë, la coque-
lourde, &c. ( M. D E F O U R C R O Y .)
Aconit , Napel , Thora. Il y a plufieurs
efpèces d'aconit ou napel j elles font toutes dan-
gereufes pour les beftiaux. I l y en a néanmoins
une qu’on regarde comme leur antidote , & qu’on
appelle pour cette raifon ahthitdra ; mais la vérité
eft qu’elle remédie bien foiblement aux effets des
autres efpèces, & que fes' vertus auroient befoin
d’être conftatées par des expériences. La plus
commune & la plus dahgerëufe , eft celle qu’on
appelle proprement napel ou aconit. ( Aconi-
tum coeruleum, feu napellus, G. B . ; aconi-
tum napellus , JL. ) On le trouve, en ‘Suède, en
Allemagne , en Suiffe , en France , &c. Il porte
ordinairement des fleurs bleues , & reffemble, au
premier 9coup-d’oeiL, au pied d’alouette , dont il
diffère néanmoins a plufieurs égards , fur - tout par
les feuilles , qui ne font pas tout à fait découpées
comme celles du pied d’alouette ; par fa racine,
qui eft napiforme ou en forme de fufeau, jetant
de petites branches de côté & d’autre ; 8c d’ailleurs
ces deux plantes forment deux genres diffère
ns.
L e napel eft très-commun dans la Suède. On
a grand foin de le détruire dans les haies, lorf-
que les foins font coupés. Si on néglige cette
précaution, les chèvres le mangent , & meurent
toujours de fes effets. Les autres beftiaux n y touchent
pas ordinairement : il réfulte cependant des
expériences faites par Linneus, que les chevaux
peuvent en manger fans danger. Le même auteur
dit avoir vu , avec fiirprife , des peuples en mettre
les jeunes pouffes dans leur potage j ce fait
pourroit fervir à expliquer le phénomène obfervé
fur les chevaux : on n’ignore pas d’ailleurs que
fouvent telle plante eft nuifible à un animal , &
peut fervir de nourriture a un autre. Les acides
îesvent de contrepoifon au napel.
E x trait des recherches de M . Paulet fu r les
épizooties.
A C O N T I A S , f. m. efpèce de fêrpent venimeux;
Ce nom eft tout grec,' axov0«« ; il fîgnifie
proprement javelot , parce que le ferpent auquel
on l ’a donné, s’élance ,. dit - on , fur les hommes
avec la vîteffe d’un dard. Les latins, par la même
raifon , l’ont nommé jaculus.
Selon Lucien & Marcellin , Yacontias eft très-
commun dans l ’Egypte & la Libye. Belon en a
A C O vu dans les îles de Rhodes & de Lemnos. Quelques
naturalites affurent qu’on le rencontre auJli
dans plufieurs autres contrées , fur- tout dans les
climats chauds de l’Afie & dans • la nouvelle Ef-
pagne ; mais il paroît que ce font des efpèces
fort différentes, quoique tous ces ferpens fe ref-
femblent d’ailleurs: généralement par la faculté
qu’ils ont de fe jeter de très-loin fiir les paffaris ,
& par le danger _ imminent qui réfulte de leur
morfure.
L ’acontias a le ventre blanc , le dos écaillé ,,
la tête noire , deux lignes blanches qui commencent
à la tète & finiffent à la queue, & des yeux
féparés par des taches noires de la groffeur d’une
lentille.
Suivant Ambrofin, on voit dans le cabinet du
fénat de Boulogne-un acontias de la groffeur d’un
bâton , & long d’environ trois pieds. La tête eft
groffe & de couleur cendrée , le refte du corps
brun , le ventre un peu plus clair.
La morfure de Yacontias eft plus dangereufe
que celle de la vipère ; les chairs qu’il mord
tombent en pourriture.
Albert le grand admet deux fortes d}acontias ;
l*ün dont la morfure fait mourir fans caufer de
mal ; l ’autre dont la morfure excite des douleurs
longues & cruelles. Mais ces affertions , comme
l ’obferve judiçieufement l ’auteur du dictionnaire
raifonné univerfel des animaux , font fort incertaines
, n’étant point appuyées d’une autorité fuf-
fifante:
On prétend que le fiel de Yacontias fert en
Médecine. On attribue d’ailleurs à ce ferpent les
mêmes vertus médicinales que celles de la vipère.
(E x ir . du diclionn, ra if univ. des a him.)[V. D .)
A C O R U S , f. m. Matière médicale. JJacorus
eft une racine aromatique , dont on faifoit autrefois
beaucoup plus d’ufagë en Médecine qu’au -
jourd’hui, & dont on diftingue trois efpèces , le
vrai acorus ou acorus d’Europe , Yacorus des
Indes , & le faux acorus. .
I. Le premier, appelé acorus vrai , acorus
verus, calamus aromaticus, offic. de G. Bau-
hin , ■’eft une racine traçante , cylindrique , un peu
applatie, de la groffeur du doigt , noueufe ,,
garnie de chevelu , couverte d’une écorce brune
& écailleufe ; fon intérieur eft blanc , percé de
beaucoup de petits trous , ayant un centre médullaire
, marqué de points couleur- de rouille.
Cette racine fechée & coupée par tranches , eft
blanchâtre , chargée de points élevés en dehors,
d’un tiffu farineux & folide , & remplie de pores
â l’intérieur. Fraîche ou fèche, fon odeur eft forte
aromatique , mars un peu nauféeufej fa faveur âcre ,
un peu amère défagréable : elle irrite & échauffe
la bouche quand on la mâche.
La plante qui fournit cette racine , croît dans
les marais en Tartarie , en Pologne, en Angleterre
, en Flandre, en Hollande , en Suiffe , en
Aiface. On l ’appelle en françois jonc odorant,
ou rofeau aromatique. Tournefort la range dans
la quatrième feéfion des liliacées j Linneus l ’appelle
acorus calamus, & l ’a placée dans l ’hexan-
drîe monogynie.
Cartheufer remarque que la vertu de cette racine
confifte plus dans fon principe odorant & dans
fon extrait, que dans fon huile effentielle ; car
une livre ne donne qu’une drachme ou deux fcru-
puies de cette dernière.L’infufion, de couleur jaune
doré, exhale une odeur fragrante, & jouit d’une faveur
âcre & amère ; lorfqu’on l’épaiflit en confîftance
d’extrait, elle prend1 une couleur jaune brune , qui
retient la faveur âcre & amère, mais qui n’a p.ref-
que plus. rien d’aromatique j l ’efprit de vin enlève
facilement fon extrait âcre , mais n’en prend point
l ’odeur. La teinture,; fpiritupufe évaporée fournit
un extrait dans lequel on reconnoît facilement la
faveur de la racine entière. Une once, de calamus
a donné à Cartheufer près de trois gros d’extrait
par l ’eau , & deux feulement par l ’efprit de vin.
Le calamus agit fur -l’économie, animale , en
ranimant la vie 8c les forces , en agitant, irritant,
& fortifiant les folides. Il faut donc le donner
avec précaution chez les fujets fecs j bilieux , pléthoriques
j & i l convient mieux en général -aux
tempéramens humides , pituiteux , lents. Ce premier
apperçu indiqué que ce médicament peut
nuire dans les maladies ardentes & inflammatoires,
8c qu’il doit être d’un grand fecours dans toutes
celles qui dépendent du peu d’aétion des folides ,
de l ’abondance. & de la lenteur des humeurs lymphatiques.
Ce réfultat s’accorde avec les propriétés
que les anciens & les modernes ont reconnues dans
le calamus aromaticus. On a fort recommandé
cette racine comme ftomachique , carminative, inci-
five, diurétique, emménagogue, céphalique, hyftéri-
que, alexitère, cordiale, &e. Galien penfoit qu’on
pouvoit la fubftituer à l ’amomum , en raifon de
les vertus. Les arabes en faifoier-t beaucoup de
cas, & la mêloient dans prefque toutes leurs com-
pofitions alexipharmaques. Méfué l ’eftimoit tant,
qu’il en avoit fait la bafe d’un éleétuaire,, auquel il
oonnoit le nom de diacorum.
La racine d'acorus convient très-bien dans les
fbibleffes "d’eftomac dépendantes de l’inertie de ce
vifcère , de celle de la bile , & de l ’abondance
des fucs blancs ; dans les ' affe étions vermineufes
accompagnées de la même difpofition-,, dans les
humeurs , dans les maladies venteufes, les fièvres,
quartes, la cachexie pituiteufe , l ’oedème | la leu-
cophlegmatie qui en font les fuites, l ’afthme humoral,
les fleurs blanches , la ftérilité , les en-
gorgemens^ lymphatiques des glandes. Quelques
médecins l’ont même cru fpécinque dans le fcor-
but , l ’hydropifîe , les fièvres malignes & pefti-
lentielles , les catharres , la paralyfie , le tremblement
produit par le mercure. Fallope dit avoir
guéri beaucoup de rétentions d’urine par fon ufàge.
Marcellus la recommandoit en décoétion dans les
douleurs de dents j plufieurs auteurs l ’ont confeillée
comme fpécifique dans le vertige. Turquet en faifoit
beaucoup d’ufage dans cette maladie.
On l’adminiftroit autrefois toute feule en poudre
à la dofe de quelques grains ; on la donnoit
auflî confite avec le fucre dans les maux d’efto -
mac j quelques praticiens en faifoient mâcher de
petits morceaux dans les mêmes affe étions ; on la
prefcrivoit auffi en.décoétion à la dofe de quelques
gros, mais alors elle avoit perdu fon principe
odorant & la plus grande partie de fes vertus.
La meilleure manière de l’adminiftrer eft , de
l ’aveu de tous les auteurs, de la délayer à la dofe
d’un forupule ou d’un demi-gros dans du vin. On
n’en fait prefque point ufage aujourd’hui j elle
entre feulement dans plufieurs compofitions officinales
, telles que le vinaigre des quatre voleurs ,
l ’eau impériale , l ’eau générale , l ’éleétuaire de
baies de laurier , la thériaque, l ’orviétan , le mi-
thridate, l’opiat de Salomon , la poudre d’arum
compofée , l ’élixir de vitriol , l ’effence carminative
de Wedelius,, 6t .
II. JJ acorus des Indes ou d’A fie ., calamüs
verus , acorus verus , feu calamus aromaticus
radice tenuiore dlHerman. Cette plante, appelée
la baffoucle:, n’eft, fuivant les botaniftes, qu’une
variété de la précédente ; elle croît dans diverfes
parties des Indes orientales , au Malabar , â. Am-
boine, à Ceylan , â l’ile de Bourbon , d’où on
l ’apporte à Marfeille en petites; bottes ; fa racine
eft un peu plus menue que la précédente , ,8c d’une
odeur plus agréable ; fa faveur eft piquante ,
amère, aromatique , & agréable; elle jouit abfo-
lument des mêmes vertus . que celle d'Europe :
beaucoup d’auteurs la préfèrent fur-tout pour les
compofitions alexipharmaques. Qn croit que c’eft
cette racine qui donné, à l ’ondatra, ou rat mufqué
du Canada, l ’odeur forte que répand ce quadrupède,
qui s’en nourrit fur-tout pendant l ’hiver..
III. Le faux acorus , Yacorus des marais. La
racine appelée faux acorus' e(k fort différente des
deux premières. C ’eft celle d’une efpèce d’iris ou
de glàyeul , que G . Bauhin nomme acorus adul-
terinus -, gladiolus luteus , & que Linneus défi
o-ne par la phrafe, Iris pfeudo acorus , cqrollis
imberbibus , petalis interioribus fligmate mino-
ribus , fo liis enfiformibus. Cette racine, qui croît
dans beaucoup de marais en Europe , eft prefque
inodore ; elle a une faveur aftringente. Schulze
affure que des tranches de faux acorus tenues fur
la langue , arrêtent les hémorrhagies chez les
perfonnes dont les nerfs font très - fenfibles. On
la dit auffi très - propre aux foibleffes d’eftomac,
au fcorbut. On n’en fait prefque point d’ufage en
pratique. ( M. d e F o&RCROY. )
A corus v e r u s , Cm . Calamus aromaticus
y jonc odorant. Dans les provinces où cette