
un gtand nombre de maladies differentes. Depuis
les caultiques jüfqu’aux raffraîchiffans , diftance
énorme dans l ’adtion médicamenteufe,, ils remplirent
beaucoup d’indications diverfes , 8c les médecins
en tirent le plus grand parti dans la plupart
des maladies fébriles , inflammatoires , bi-
lieufes, putrides , vermineufes , &c. Leur ufage
extérieur , quoique moins multiplié , eft fouverit
utile : on s’en fert pour diffoudre les excroiffances
infenflbles, pour dilcuter qnelques humeurs , pour
corriger la putréfaction ; iis produifent de mauvais
.effets dans les ulcères, les bleüures, &c . , toutes les
fois que la peau eft entamée : il n’y aperfonne qui
ne fâche que leur application empêche de guérir
les coupures les plus légères , &c.
On croit, avec beaucoup de vraifemblance , que
les acides reçus dans les premières voies n’agïlïent
que fur ies vifcères qui les conftituent, & furies
humeurs quelles contiennent ; qu’en conféquence
iis n’entrent point dans les vaiffeaux chileux, &
qu’ils ne parviennent point dans le tiifu cellulaire,
ni dans les voies de la circulation. En effet, un
acide to'ùAç, injeété dans les veines immédiatement,
coagule le fang , & donne la mort à ranimai
far qui l’on fait cette expérience. Ainfi , il eft
certain qu’un acide libre ne^peut point paffer
dans le fàng : mais comme ces Tels trouvent
toujours quelques fubftances alkalines dans le&ore-
mièrcs voies * ils s’y unifient , & forment des tels
neutres qui agiffent alors prefque toujours comme
-jncififs , apéritifs , ou purgatifs.
Tout ce que nous avons expofé jufqu’ici'fur les
propriétés médicamenteufes des acides en génér
a l , n’appartient qu’aux fubftances qui ont cette
faveur pure .& fans mélange, comme les acides
.minéraux ; fouvent la qualité acide eft réunie avec
plufieurs autres propriétés, qu’une faveur mixte
Indiqué toujours , comme cela a lieu pour les
acides qui appartiennent aux végétaux & aux animaux
: alors ces médicamens lont d’autant plus
foibles & 910ins énergiques comme acides , que
leur mélange avec quelques autres fubftances , rau-
queufe , exlraétive , fucree, colorante , glutineufe,
fpiritüeufe, & c ., eft plus fort. On traitera de
l ’influence de ces combinaifons diverfes faites par
la nature , de Y acide avec quelque autre matière
végétale , dans l ’hiftoire particulière de chacune
de ces fubftances , comme on pourra le voir aux
articles C it r o n , C rème de t a r t r e , O s e il l e ,
T am a r in , V in a ig r e , & c.
Après avoir confidéré l ’a&ion des acides purs
en général, nous allons nous occuper en particulier
des principaux acides employés comme médicamens.
Acides minéraux.^
Les acides minéraux font les fèuis que l ’art
puifTe amener au degré de pureté convenable' pour
qu’ils aient les propriétés de ces fels dans un degré
^ïÇS’-éminento Ç’eft pour cela que, nous qe traiterons
en détail que de ceux-ci , comme médicamens;
& nous ferons voir , à l’article Acid e s végétaux
Y animaux, pourquoi iis n’ont point les propriétés
de ces fels purs, & pourquoi, elles y font
affaiblies par d’autres propriétés,
On donne le nom a acides minéraux à ceux que
l ’on retire des fubftances falines ou combuftibles
du règne minéral. Quelquefois on ne fait que. les
extraire de quelques compofés dont ils faifoieqt
partie, comme cela a lieu pour Yacide crayeux ,
Y acide marin , Y acide nitreux , & Y acide fédacif ;
d autres fois on les forme par de nouvelles combinaifons
, comme Y acide vitriolique eft compofé
de toutes pièces en brûlant le foufre , ou en le
combinant avec l ’air vital contenu dans l’atmof-
phère. Au refte, nous ne nous étendrons pas fur
g et objet , qui regarde plus particulièrement la
Chimie.
Autrefois on regardoit les acides minéraux
comme beaucoup plus forts que tous les autres ;
mais quoique ce règne fourniffe à la vérité les
acides les plus énergiques , on connoît deux autres
fels de cette nature , qui font plus foibles qu’un
grand nombre d[acides végétaux & animaux.
Les acides minéraux dont on fait ufage en
Médecine , & qu’il eft important de connoître ,
font les fuivans : Y acide crayeux, Y acide marin ,
Y acide nitreux , Y acide vitriolique , & Y acide
fulfureux.
Acide crayeux.
On donne aujourd’hui le nom d'acide crayeux
a un fluide élaftique , aériforme , invifible, que
les premiers médecins, qui en ont connu quelques
effets , avoient appelé gas fylvejlre , efprit fau-
vage, que Haies & Prieftley ont défîgnë par le
nom d’air fixe , & qui eft Y acide aérien , Y acide
méphytique, Yaçide charbonneux de plufieurs autres
chimiftes. Cette fubftance a d’abord -été connue
par fes effets délétères fur., les animaux ; ç’eft
elle qui fe dégage de la fermentation fpiritueufe
qui remplit les fouterrains méphitjfés , la grotte
du chien, le s 'puits, les caves, les tombeaux , ou
les animaux périffent ; c’eft elle qui forme le
méphitifme produit par les charbons embra-fés ,
&c. Black eft le premier, qui l?a reconnu <$c indiqué
comme un acide particulier ; & perfonne
ne doute plus aujourd’ hui de fa nature.
Sans entrer dans de grands détails fur cet objet,
qui eft entièrement du reffort de la Chimie il
faut faire connoître cependant les moyens de fe
procurer cet acide, pour l ’uiage de la Médecine;
on peut le prendre au-defïus des çuvçs de bière en
fermentatjon, en plongeant de? cruches dans la
portion de ces cuves dans laquelle les bougies s’éteignent
& les animaux font fuffqqués ; on peut
aum le dégager de la craie, du marbre, du fpath
calcaire > des alkalis fixes ordinaires , en verfànt,
fur ces fubftances en poudre , des acides vitriolique
, nitreux ou marin , étendus d’eau f §ç çi*
recevant le fluide élaftique qui fe dégage pendant
l ’effervefcence dans des bouteilles pleines d’eau &
renverfées.
Les principaux caractères de cet acide font d’être
invifible & élaftique , de pefer à peu près le double
de l’air atmofphérique , d’éteindre les bougies., de
tuer les animaux qui y font plongés , de s’unir
à l ’eau froide, & de perdre alors fon état aériforme,
d’avoir une faveur acidulé & comme ’vi—
neufe , de colorer en rouge la teinture, de tour-
nefol , de précipiter l’eau de chaux en craie,
d’être abforbé promptement par les alkalis cauf-
tiques , 8c de lest rendre effervefcens: & criftallifa-
bles ; de faire diffoudre la craie & la magnéfîe
dans l ’eau ; de précipiter le foie de foufre, &c.
C ’ eft d’après les expériences dé Màcbride & de
Prieftley qu’on a imaginé de fè fervir de cet
acide pur en Médecine. Ces deux là vans ont les
premiers connu fa propriété àntifeptique fur les
chairs pourries , & bientôt les médecins anglois
l ’ont employé dans beaucoup de maladies. ‘ ! :
On a cherché à rendre fon ufage avantageux
‘dans lés cancers;; quelques hommes de l ’arc ont
inêmë avancé què ce fluide appliqué immédiatement
, àT’aide des veflîes , fur les ulcères cancéreux^
en avoit guéri plufieurs' : cette expérience
répétée n’a point fouténu fes premiers fuccès; il
eft vrai qu’après les -premières applications , l ’ulcère
prend un - meilleur • ’caractère , les chairs
s’animent, la fan]e prend de la confiftance ; mais
ce bien ne fe - fou tient • pas ; & malgré l ’ufage
intérieur extérieur dt Yaçide crayeux , l’ulcère
-reprend bientôt fon p'reniiër càraétère, & devient
aufli terrible qu’il étoit auparavant. J’ai été malheure
ufe ment témoin de ce peu de réuflite chez
‘trois malades qui n’en ont éprouvé aucun heureux
effet au Bout d’une quinzaine de jours.
On a encore vanté en Angleterre l ’ufage de
l ’air fixe dans les calculs de la veflie. On a dit
que cet acide pris dans l ’eftomac avoit diffous la
pierre : on l ’adiiiiniftioit en le dégageant dans
leftomac même , par le mélange de fel détartré
& d’acide vitriolique très-affoibli. Au refte , ce
mélange, n’étoit point nouveau, & il avoit mani-
feftement lieu dans la fameufe potion de Rivière.
Malheureufement fa propriété lithontriptique a
plutôt difparu encore que fa qualité anti-cance-
leufe.
Quelques médecins ont annocé Y acide crayeux
comme _un aniiphtifique. On a affuré l ’avoir ad-
miniftre par la refpiration à plufieurs phtifiques
qui en ont été guéris. .Comme ce fluide élaftique
ne peut point fervir à la refpiration, & qu’il tue
les animaux qui y font plongés quelques inftans,
on vouloit le faire refpirér, mêlé, avec de l ’air
atmofphérique, à la aofe d’un douzième- de. fon
volume environ. Cette expérience n’a pas été répétée
en France , & les médecins paroiffent n’a-
voir aucune confiance dans ce moyen.
L a feule propriété qui foit généralement reconnue
aujourd’hui dans Yacide crayeux , eft celle
de s’oppofer à la putréfaction, fur-tout d’en arrêter
les progrès, 8c d’en corriger les effets fur les
fluides. On l’adminiftre avec fuccès dans les fièvres
putrides bilieufes ; on le recommande aufli avec
raîfon dans toutes le.s maladies inflammatoires &
ardentes , comme antiphlogiftique , tempérant.
On le donne ou en fubftance en l ’injedtant par
l ’anus, ou diffous dans l ’eau & en boiffon. Sous
cette dernière forme,, il imite les eaux aérées ou
fpintuenfes naturelles , comme celle de Seltz ,
de Pyrmont, -&c. Voye-^ le mot A ér é , A cidulé.;
1
On a remarqué aufli, depuis qu’on en a fait
ufage de cette manière, qu’il eft diurétique froid,
qu’il excite la fecrétiori des urines ,] & qu’il porte
le calme' dans les irritations des voies urinaires.
Quant a fon application extérieure, quoique
Jlf propriété anti-cancereufe foit démontrée nulle,
i l peut avoir de bons effets pour corriger les ulcères
de mauvaife nature. Pour l ’adminiftrer ainfi
on remplit des veflies de ce fluide gafeux, dégagé
par l ’effervefcence , comme nous l ’avons dit
plus haut ; on adapte , à l ’aide d’un tuyau de pipe,
une veflie coupée dans fon milieu , à celle qui
eft remplie $ acide crayeux; on applique les bords
flottans de cette efpèce de. calotte fur la peau qui
environne l ’ulcère ; & en preffant la veflie entière
& pleine d’air fixe , on injeéte , pour ainfi
dire, celui-ci fur le mal, de manière qu’il forme
une efpece de bain. On repète ce procédé une
;ou deux fois par jour. Dans l ’intervalle on applique
fur l’ulcère des. compreffes imbibées d’eau
gafeufe.
Nous croyons devoir ajouter à ces details quel-
ques. obfervations fur les deux autres manières
d’admibitlrer Yaçide crayeux , Tune par l ’effer-
vefcence dans . l ’eftomac , l ’autre par la refpi-
ration. *
, Loifqu’on veut dégager Yaçide, crayeux dans
leftomac, on fait boire, aux malades une diffolu-
tion de fel de tartre ou de fel de foude, à la dofe
de quelques grains, & fur le champ une certaine
quantité, d’efprit de vitriol. L ’effervefcence a lieu
dans le moment même dans l ’eftomac ; ce vifcère
fe diftend, & il eft bientôt rempli d'acide crayeux
élaftique. Peu à peu cet acide eft abforbé par les
fucs qui fe rencontrent dans les premières voies :
mais avant que cet effet ait lieu , il arrive fou-
vent que les malades, fur-tout ceux dont l ’ello-
mac eft affoibli, éprouvent, des naufées, des douleurs
plus ou moins vives, un mal-aife vénérai.
Celui-ci , lorfqu’il dure quelque temps , ou lorsqu'il
eft très-fort , fe termine ordinairement par
le vomiffement. Mais en fuppofant que les per-
fonnes à qui l ’on prefcrit ce remède foient ro-
.bulles , quelles n’en éprouvent aucun mauvais
effet, & que lWorption.de Yaçide crayeux fe