
» blance que nous pourrions examiner ; mais ce
» qui nous intéreffe plus particulièrement, çe font
» les différences qui fé trouvent entre ces deux efpèees
i» de corps. Ces différences peuvent feules nous
» donner des lumières- fur les différens effets que
v nous devons en attendre pour la nutrition ».
Différences qui fe'pdrent les animaux des végétaux:
( P . 370.)
» La pourriture que tirent les plantes du fein de
» la terré eft plus groffière & plus uniforme (74)
fe que celle que les animaux tirent des plantes.
» La raifon en eft évidente , . . . puïfquè i’atté^x,
» nuation donnée à la matière nutritive des plantes,
*> dans ces plantes mêmes, eft autant de fait pour
#> les animaux ».
« La différence des produits nutritifs ne peut
» pas être déterminée en général ; & quoique
» la plupart , des auteurs de ce fiècle l ’aient fait
» confifter dans la tendance à l ’acidité qu’on trouve
» dans les plantes, & qu’ils l ’aient oppofée à la
» tendance à l’alcalicité dans les animaux , je croîs
» cette différence beaucoup trop générale 3 & tout
» ce qu’on; peut dire a cet égard, c’ eft qu’il y a
» une. approximation plus confidérable vers les der-
» niers degrés d’alteration dans les animaux, que
» dans les Végétaux ; ce qui ne peut être vrai qu en
» fuppofant toutes les circonftances égales : car ,
» fi nous nous repréfentons un animal dans (a pre-
» mi ère enfoncé, nourri des végétaux les plus
» tendres & que nous le comparions à cés. végé-
» taux dont- l ’acreté volatile les fait regarder
» comme autant d’alcalis volatils, ou même aux
» pLus’ âcres,’d’entre les aromatiques . . ...' nous
» pourrions retrouver plus d’atténuation dans de
» pareils végétaux, que dans les animaux les plus
» tendres ; mais il eft nécêffaiie quequelque
» jeune que nous fuppofions un animal , s’il fe
» nourrir des végétaux qui ont le -mucilage le plus
» atténué , ces plantes prennent encore dans fôn
». corps un nouveau degré d’atténuation.. . . »?
a Le mucilage des animaux eft plus huileux &
» moins terreux que celui que nous trouvons dans
» les végétaux (75) c’eft l ’effet -de l ’atténuation
( 7 4 ) P lu s groffière "& p lu s uniforme, t’eft-à-dire, plus
élémentaire, & différemment combinée. Encore l'influence
• qu’ont les engrais fur la nutrition & le développement des
/végétaux, fem.ble-t-elle démontrer que même une nourriture
fort anjmalirée , & , qui plus eft ,.putrefcente , peut être ra-
. -menée (aux combinaifons végétales par le mécanifme de la
végétation.' La vraie'différence entre la nourriture des animaux
Sc celle ctés- végétaux , Conlifte fur-rout en ce que la bafe de
ï ’acide oxalique que les végétaux forment de toutes pièc e s,
pour me fervir des termes des chimiftçs, eft coure formée
dans- les végétaux pour les'animaux«,
(751 P lu s h uileu x & moins terreux. Ces deux èxpreliions
font inexaéles. Ni le mucilage végétal, ni le mucilage
animal ne gréfentenç d’huile développée k ni' de Véritable
» plus confidérable des parties : on doit meme le
» trouver moins fa lin que celui des végétaux ;; car
» tout ce qui fo-trouve'de fois furabondans dans
» les liqueurs du corps animal, eft lavé, détrempé,
» & emporté , par des tuyaux particuliers, hors- du
» corps j c’eft à quoi fervent les réfervoirs des reins
» & de la veflie, ainfi que tous les tuyaux exha-
» lans qui font à la fur face du Corps ».
« Le mucilage des animaux, fi vous en exceptez
» le blanc d’oeuf, fe gonfle moins dans l ’eau que
» celui des végétaux ; fes parties très - atténuées ,
» ou fe quittent aifément , ou ne fe quittent
» qu’avec les derniers efforts du fou. L ’air que con-’
» tient ce mucilage , n’eft uni que foiblement aux
» liquides ; mais dans les parties folides , uni 8ç
» combiné de façon à ne fe démontrer que par le
» feu le plus outré , n’eft-il pas un des prin-
» cipes de la fblidiî é (76) ? » '
a Les différences que nous préfente l ’ànalyfo
» entre ces deux genres de corps , ne font pas aufïi
» générales qu’on l ’a prétendu ^ on retire commu-
» nément des plantes, des huiles plus ou moins
» abondantes, des acides ; & par la combuftion de
» l ’alcali fixe des’ animaux , au contraire , beau-
» coup d’huile, “peu d’acide, plus ou moins d?al-
» cali volatil; mais il ne refte dans la combuftion
■ terre. La partie qui refte après l’incinération des charbons
de la plupart des fubftançes animales ,, eft plus confidérable,,
proportion gardée , que celle qui refte après l’incinération
des charbons végétaux 5 & cette fubftance n’eft point-une
terre. L’huile qui fe produit dans la diftillation des fubf-
tances animales., ne diffère, de celle qui paffe dans l’ana-
lyfe, à feu nu, des- fubftançes végétales , que par l’altération
qu’y occafionne l’alcali volatil qui fe forme'en meme
temps, & n’eft pas, je crois, plus abondante'.- Cependant
la féparation de la fubftance gràfle qui eft danis l’analyfé
des fubftançes animales , par- l’ acide nitrique■ fembieroit
autorifer. ce que, die ici M. Lorry du eara&ère- huileux du
mucilage animal ; mais- ce q’eft: pas dans l’anaiyfe du vrai
mucilage ou de la gelée que cette matière fe fépare-len-
fiblement, c’eft dans celle du gluten & de la partie'fibreuft*.
A l’égard des fels, il eft fur que ta combinaifon des feJs
acides & fticres eft^fréquente dans' les mucilages végétaux-;;
& qu’en général, la bafè oxalique fe montre moins, foiv-
vent dans 'les animaux Fous la forme faliné..
- £76). Tout cet alinéa contient rexpreflion d’ une doéirine
reçue du temps de M.-Lorry. Maintenant- nous-favons-que
l’air n’exifte pas fixé au dedans dés corps,; mais que quand
il s’en dégage un fluide éïàftiqu;e , ce fluide n’eft pas de
l’air, & de glûs, n’éroit pas bout formé/défis le corps
duquel il fort, mais fe forme au moment de la déconi-
polition de ce corps. D’où il fuit que quaiid, relativement
aux liquides, M. Lorry dît que leurs parties le quittent
aifément, & que l’air n’y tient'que foiblement; cela; veut
dire q,ue les fubftançes animales liquides font très-aifées à
décompofer à la chaleur & au contaét de l’air libre ;' çe
qu’on peut dire de même dès parties molles ; & quant
aux parties folides, dire que leurs parties ne fe quittent
qu’avec les derniers efforts du fou , 8c que l’air y eft combiné
de façon à ne fe montrer que par le feu le plus outre,
c’eft dire que ces parties font formêés/dé combinaifons fà-
liries très-difficiles à' dccOrnpofer par. cet ageut, comme l e
phofphate calcaire dans les os , 8c la combinaifon de l’a-
cidç liçhique dans le calcul»
n aucun veftige de fol fixe. Les principes de ces
» derniers font donc plus difpofés à la volati-
» lité .. ..... (77) ».
« Cependant, malgré l'atténuation que le mu-
» cilage des animaux a acquife , on peut deman-
» ,der pourquoi on y trouve moins de parties vo-
» latiles aromatiques que dans les végétaux.. . .
» L a réponfe eft ai fée ; ces parties ne peuvent
» fervir en aucune façon à la nutrition de Tabi-
» mal : ainfi , quand elles font admifes dans le
» -corps , elles doivent être chaffées par les con-
» duits deftinés aux parties excrémentitielles , ou
» bien, s’i l s’en engendre dans le corps , c’eft pour
» fe dépofer dans quelque partie , comme nous
» le voyons dans les caftors, la civette, & c ., qui
» contiennent des aromates précieux dans quel-
» que partie de leurs corps. On doit cependant
» remarquer que les aromatiques tirés des ani-
» niaux font plus; vifs, & ont• des parties plus
» fubtiles, plus efficaces que tous les aromatiques
» tirés des végétaux ».
Différences générales qui dijlinguent les animaux
entré eux. ( P . 375. )
« Tous ces changemens cependant dépendent du
» mouvement qu’a éprouvé le mucilage, & qu’il
» a éffuyi dans les prganes des animaux j mais.
» çé mouvement varie , fui vaut les différentes cir-
» confiances j & ces effets font différens , fuivant
» le genre de vie auquel les animaux font livrés ».
« Les caufes de ces différences fe tirent de l ’âge ,
» du fexe, des alimens, de l’exercice , de la façon
»> de vivre des animaux , & du lieu où ils vivent j
» & l ’on peut dire en général, que les lignes &
» les effets ordinaires qui accompagnent les difté-
» rens tempéramens des animaux , peuvent
» nous guider affez fur e ment fur la nature des
» principes qui conftituent leurs humeurs, & qui
» compofent leurs folides ».
Différence des âges. ( P . 376.)
« L ’âge imprime une grande différence aux
» principes des différentes efpèees d’animaux. . .-.
« Les végétaux, comme nous l’avons dit, diffèrent
» beaucoup moins dans leur enfance les uns des
» autres , que quand ils font parvenus à la per-
» foftion de leur âge. L a différence des j'eunes
» animaux entre eux eft plus marquée, parce qu’ils
» tiennent leurs propriétés effentielles, non a une
( 77 ) Quand M. Lorry die qu’il ne refte dans la combuftion
des animaux aucun vèftige de fel fixe , il ne faut
entendre cela que de la potafle ou de la foude ce qui
encore n’eft pas exaft. Mais nous avons vu que le phofphate
calcaire faifoit une grande partie de leur charbon,
•8c en rendoic l’incinération difficile. Ce n’eft donc pas de là gu’il faut conclure la volatilité des principes dés animaux*
» mère commune, telle qu’eft la terre pour les
» végétaux, mais des individus de leurs différentes
» efpèees j cependant on peut prononcer que la
» différence entre leurs principes eft d autant moins
» grande, que les animaux font plus près de leur
» origine. La raifon le démontre j car, quoiqu il y
» ait beaucoup de différence entre le lait des meres
» de différente efpèce, cependant la,nourriture qu il
» donhe , & fes propriétés fe rapprochent beau-,
» coup plus des propriétés des autres laits que
» les alimens divers dont chaque efpèce d ani-
p maux'ufe enfui te j & le lait des mères ne fa it,
» pour /ainfi dire, que difpofér le corps, par les
» principes^ des alimens dont la mère fe nourrit,
» a s’accoutumer à la nourriture propre a 1 efpeçe.
» De plus, la vie des animaux eft toute différente
» dans la fuite de leur âg e , & fort à confirmer &
» à produire de plus en plus de nouvelles diffe—
» rences.. . . »
« Mais ce que tous les .animaux ont de cora-
» mun chacun dans leur jeuneffe , c’cft , en premier
» lieu, d’avoir les fibres plus tendres , plus Toupies,
» plus aifées à fe fléchir & à fe rompre; ?-°. da-
» voir ces fibres abreuvées de mucilage (78) ; '3°.
» d’avoir ce mucilage moins atténué. Il eft évident que
» les forces digeftives font moins grandes & moins
» efficaces dans les j’eunes animaux. C ’eft par égard _
» pour cette foibleffe , que le créateur leur a domjé
» un aliment proportionné à la foibleffe de leurs
» vifeères. Les vaiffeaux ont de même moins de
» force, réagiffent moins fur les humeurs ; celles-
» ci reçoivent moins d’atténuation , & conforment
» davantage la qualité plaftique (79) ? qui leur
» eft effentielle dans ce bas âge. Les humeurs plaf-
» tiques 6c glaireufes font le fruit d’une médiocre
» atténuation; elles font en plus grande abon—
» dance que le fang & les autres humeurs , «qui
» ont aufli moins d’âcreté à cet âge. T e l eft l’état
<78) Le mot mucilage peut être pris dans un fens général
, & alors il feroit fynonyme de corps muqueux ou de
muqueux, mot adopté par nos nouveaux nomenclaccurs.
Mais dans une acception, plus particulière , il peut être attaché
à cet état du torps muqueux, dans lequel ce corps- -
gluant, filant, extrêmement fade au goût, a , dans fes parties
, beaucoup de cohérence , & n’a pas cependant cette;
cohérence qui' le porte à prendre la forme de ge.ee. C eft
dans cet état que le mucilage eft "dans les chairs des animaux
trop jeunes, & dans les extrémités mêmes des animaux
adultes, ainfi que dans l’ intetvalle des mnfcles quî-
avoilînent ces parties. Il eft néanmoins remarquaole que le-
mucilage, dans cet état, eftttès-voifin du point ou il peuc-
devenir gelée. Faires-le diffoudre dans l’eau par la décoction
, faites évaporer l’eau, Sc 'à la. place de ce mucilage
filant vous trouverez, de la gelée. Cette double acception
du mot mucilage eft également convenable ici. 1 . La
partie muqueufe, foit proprement, en mucilage, foit rcel-,
lement gélatineufe , eft dans lés jeunes animaux dans une-,
proportion confidérable , relativement à la partie hbreufe.
20. Une grande partie de cette fubftance muqueufe y eft
dans J’état de mucilage gluant. -
.(79 ) V lafiique indique ici l'adhérence 8c la viicofice uc$
mucilage« non, atténué«.
B b b b b 1