
» paities caféeufes, que l ’on juge de la ténuité du
» la it , & du plus ou du moins $ aliment qu’il 'offre ,
» ainfi que de fa difficulté a fe digérer $ car on
V peut dire que plus le lait a de parties caféeufes,
i* plus* i l contient de mucilage concentré & con-
» denfé. L ’expérience même fait voir que dans
» l’eftomac des jeunes animaux, ces parties caféeufes
» fe féparent des autres qui font plus ténues , &
» qui paffent plus promptement dans les fécondés
» voies, au lieu que celles-ci relient & même
w fequièrent les fecours de la. bile, pour fe digé-
r* rer dans les inteftins. La partie calëeufe du lait
» eft en plus ou moins grande quantité, fuivant
» la nature de l’animal duquel ii a été tiré. Le
» lait de vache, ainfi que tous les anciens en font.
» convenus, eft de tous les laits, le lait le plus
» épais ; & , fuivant les expériences de Frédéric
» Hoffman, c’eft auffi , de tous les laits , celui
» qui a le plus de parties caféeufes. La providence
» proportionne la force & la difficulté de concoc
» tion qu’offre un aliment, à la nature de l ’ani-
»> mal pour lequel il eft fait ; car c’eft une pro-
» pofîtion qui dépend des premiers principes de
» phyfiologie, que la raifon d iâ e , & que chacun
» peut fe démontrer à foi-même, que le lait de
» la mère eft le plus propre à l ’enfant ».
« Toute efpèce de lait diffère auffi fuivant la
» faifon ; ainfi Galien remarque avec raifon que
» vere liquidifjimum ,fpijfatur progrejju tempo ri s,
» ut media oejldte crajfius ac ficcius f i t ; ce qui
» eft conforme à la faine phyfique, & aux expé-
» riences qui prouvent l ’évaporation plus copieufe
s> des corps liquides dans l’été. Ceux qui s’écou-
» lent dans les corps animés ne font pas exempts
r> de cette loi. La nature _des àlimens change fur-
0 tout celle du lait Galien nous d it, viridis
» herba & ad aquas nafeens liquidius & mont
dicum lac fuggerit. Duri'or 0 montana ,, apta
» ejl ad boni & multi laclis generationem ;
» omnia pabula adjlringentia açerbum & alvum
*> jiftens lac proebent. Moins il y a de parties
0 caféeiifes dans le la it , plus lés autres parties s’y
t> trouvent à proportion. La partie b.utireufe qu’He-
» catus dans Athénée appelle * A am drl yd\a.K\»e,
to eft celle qui eft la plus épaiffe après la partie
» caféeufe.
« Mais ce qui conftitue la plus grande partie
t> du la it, comme de toutes les humeurs animales,
» c’eft , fans contredit, la partie aqueufe; c’eft elle
fr qui fert de véhicule univerfel , non feulement
*> aux alimens , comme Hippocrate l ’avoit remar-
t> que , mais à toutes les humeurs du corps, &
s> celles-ci font s leur tour la plus grande portion des
» parties du corps humain; cependant il s’en faut
0 de beaucoup que l’eau que l ’on retire du lait ,
» quand on en a féparé la partie caféeufe & le
» beurre, foit un eau fimple & pure ; elle con-
i> ferve encore des parties falines & huileufes ,
fi fortement unies entre elles , ayant par confé-
» quent les vertus faponacées des végétaux, def*
»» quels le lait a été formé principalement».
« Outre les parties aqueufes , il en eft encore
» une qui doit entrer eu ligne de compte , qui
» paroîc occuper peu d’efpace, mais q u i, fuivant
» ce que l’expérience a démontré aux anciens mé-
» decins, a une grande efficacité , & détermine
» même les vertus du lait. C’eft une partie a&ive
» tirée de l ’animal même , & formée dans fon
» corps , '8c comparable, au ga^ de Van-Helmont.
» Un auteur moderne croit quelle peut tirer fon
» origine des efprits animaux qui fe mêlent avec
» le lait. Quoi qu’i l en fo it, il paroît que ces parties
>> fubtiles font des atomes capables d’agir fur les
» nerfs, & de faire une prompte réparation, ca-
» pables même d’animer & de procurer à la na-
» turc une efpèce de fentiment gracieux , que 1q
» poète Lucrèce exprime en difant :
. . . . La3 e mero mentes perculfa novellas.
« Un obfervateur rapporte qu’une nourrice, eà
» allaitant fon enfant dans le temps qu’elle étoit
» en fureur, lui procura des convulfions ; c’eft pour
» cette partie fubtile qu’Euriphon , Hérodote, Pro-
» dicus, fameux médecins de l’antiquité f ont re~
» commandé qu’on prît le lait dans les mamelles ;
» & Galien confirme ce fentiment, en comparant
» le lait à la femence , qui n’a plus aucune, a&i-
» vite, quand elle n’eft pas tranfmife d’un organe
» dans 1 autre ».
« De toutes ces fubftances réunies enfemble,
» réfulte le la i t , qui eft une matière nutritive dans
» toutes fes parties, dans lefquelles on retrouve le
» mucilage a tous fes différens degrés, moins con-
» denfé dans fa férofilé & dans fa partie butireufe,
» laquelle , quoique peu nutritive pour les folides,
» eft cependant capable de former des globules
» rouges par la partie huileufe qui y domine,
» plus condenfée enfin par la partie caféeufe qui fe
» digère en effet la dernière, & qui prend dans
» l’eftomae des jeunes animaux un caractère de fe-
» lidité que la bile feule peut atténuer , comme
» on le démontre par la diffeélion. Outre cette
» faculté nutritive , le lait ne fournit, quand il eft
» digéré , aucune efpèce d’acrimonie , & prend ai-
» fément le çara&ère animal ; ce qui fait que non
» feulement on peut le regarder comme alimentt
» mais fouvent même comme médicament ».
Des oeufs. ( P . 4 3 1 .)
« Une fubftance plus merveilleufe encore , s’il
»eft poffible, & qui eft du même genre (100),
(100) C’eft une idée très - philofophique que celle par
laquelle M. Lorry fait fuccéder immédiatement à l’expo-
fition de la nature du lait, celle de l’oeuf des volatiles
» c’eft
d c*eft l'oeuf des volatiles. Les feuls oeufs dont les
» hommes fa fient ufage , font les oeufs de poule.
Nous avons feulement quelques remarques à ajouter aux
réflexions qu’il fait fur les différentes parties de l’oeuf. 1 .
M. Lorry dit que -le blanc d’oeuf eft un mucilage moins,
atténué, moins animalité que la partie caféeufe du laie. Cette
proposition èft-ellè bien démontrée? i°. Le blanc d’oeuf
eft. une fiibftaneé coagulable à un certain degré de chaleur,
& fufceptible de prendre alors même dans l’eau de la dureté
, ôc une dureté coriace» 11 y a très-peu de fubftances.
végétales qui préfentenc une propriété pareille , & il n’-éft
pas un liquide dans le corps qui ne contienne une fubf-
t» ace coagulable par la chaleur, abfolument femblable au.
blanc d’oeuf. Ainfi le blanc d'oeuf eft une fubftanee bien
enimalifée. z \ L’analyfe, foie au feu, foit à l’aide de l’a-
-dde nitrique , y démontre le caraftère animal au moins-
jutant que dans la partie caféeufe du lait, ôc je crois même
davantage. Car il donne, ce mefemble, plus d’alcali volatil
par la diftillation , ôc plus de ga\ a^ote par l’analyfe ,
moyen de l’acide nitrique, que n’en donne la partie
•aftiule. 3 Plus les -animaux font près de leur origine ,
plus'leur aliment eft animalifé , i caufe de la foiblefle de
leurs organes. La liqueur de l'aoinios, qui contient un .ve-
r.table albumen , ôc qui, quoique plus liquide , eft à l’oeuf
ƒ jimaîn -» ce que le blanc d’oeuf eft à l’oeuf dés difeaux,
tfit certainement pour le foetus un aliment plus aniraalife
que le lait .dont il ufe quand il eft plus fort Sc'pîus développé
; il .eft vrai que le foetus humain reçoit auffi en
même temps le fang même de la mere. 4.0. Enfin le liquide
qui fert de véhicule au faag, préfente, même-'quand le lait
a difparu Ôc que fes traces font effacées par une anima-
lifation complète, une partie coagulable albumineufe que
l’animalifation n’a pas fait difpardîcte, ôc qui par conséquent
doit être plus animaiifée que la partie caféeufe du
lait. Ainfi M. Lorry fe trompe , • en regardant le blanc
d’oeuf comme une fubftance moins attenuee que le laie,
ôc que la portion .caféeufe du lait.
’ Pour le jaune d’oeuf. M. Lorry le regardé comme,fai-
fa nt avec le blanc, comme le complément des parties qui
font réunies dans'le lait-des animaux. Je croirois au contraire
que le jaune eft À lui feul le lait des oifeaux. Tandis
que le blanc d’oeuf eft la liqueur de l’amnios. i°. Il -eft-
£ur que le blanc eft la partie que le petit poulet çonfomme
pendant qu’il eft-enfermé dans l’oeuf. Il eft fur auffi que '
le jaune, beaucoup moins, diminué de volume , eft renfermé
dans le ventre de l ’animal au moment où il fort
de l’oeuf; que c'eft fur-tout depuis fa forcie de l'oeuf qu’il
diminue Ôc eft abforbé peu à.peu, fans doute pour contribuer
à nourrir le poulet éclos. En forte que dans le temps
de l’incubation , c'eft le blanc dvoeuf qui nourrit le poulet,,
comme le fang ôc la liqueur de l’amnios nourriffent-le
foetus pendant le temps de la groffeflè. Le poulet éclos fe
nourrit du jaune, comme l'enfant mis au monde fe nourrit
du lait de fa mère ; fi ce n’eft que le poulet prend en
même temps d’autres alimens ; mais on fait qu au bouc
de quelques femaines un enfant fort peut ufet d autres
alimens que du lait de fa mère, Ôc que quelquefois ce
mélange devient abfolument néceflaire. zQ. Si vous étendez
le jaune dans l’eau chaude, en l’y mêlant exactement, il
forme une liqueur laiteufe, ôc n’eft par conféquent point
une huile feule. C'eft une huile grade, mêlée à une partie
albumineufe coagulable , ôc fufceptible de fe durcir -comme
le blanc d’oeuf, ôc de donner à l’analyfe les mêmes produits
que le blanc ôc que la partie caféeufe du lait. Ainfi
le jaune d’oeuf contient dans un véhicule moins féreux
que le lait, une partie analogue à la partie caféeufe, c’eft
la partie albumineufe ; ôc une autre analogue à la partie
butireufe, c’eft l’huile d’oeuf. On peut encore remarquer
tei que ce qu’Hippocrate a obfervé du peu de liquide dons
Mé d e c in e . Tom. Z.
» Je ne ïn'altachcrai pas ici à faire Lhiftoire de la
» formation des oeufs; c’eft une_matière^dont tant
» d’auteurs ont t r a i té q u ’il eft inutile d en parler
» plus au long. Pour le fujet que nous avons a
» préfent en vue , il n’y a que deux fubftances a
» confidérer dans l ’oeuf; le blanc qui en eft la
» partie la plus confidérable , & le jaune qui en
» occupe à peu près -le centre. Le blanc d oeuf
» eft un vrai mucilage dans toutes fes parties, qui
» peut fe durcit quand on lui enlève fa partie
» aqueufe , q u i, quand on le brûle dans les vaif-
» féaux -, prend la confiûance de corne ; i l devient
» au feu nu , comfne toute efpèce de mucilage,
» une maffe rarèfcible, légère , & charbonneufe ;
» il donne dans l’analyfe tous les principes des mu-
» cilages. Ainfi , l’on peut comparer le blanc d’oeuf
» à la férofité du la it , qui ferait jointe avec la partie
» caféeufe de cette liqueur, avec cette différence çe-
» pendant que la partie caféeufe eft plus condenfee ,
» & contient un mucilage plus animal. & dont les
» parties font plus atténuées que celles^ du blanc
» d’oeuf. ( V. note 100. ) Le jaune d’oeuf n eft quune
» fubftance huileufe ; elle a toutes les propriétés
» des huiles ( Voye-{ note 100 ) , & contient beau-
» coup de ces mêmes parties tres-atténuées. On re-
» trouve donc , pour ainfi dire , dans les oeufs une
» efpèce de la it, avec cette différence que le mu-
» cilage eft moins atténué; On y retrouve une
» partie butireufe, avec cette différence que 1 huile
» en eft plus atténuée, qu’ elle eft par confequent
» plus échauffante & plus cordiale. On peut donc
» comparer, jufqu’à un certain point, l ’un à 1 autre,
» & donner au blanc d’oeuf,les qualités d’un mù-
» cilage peu atténué, en proportion des* autres
» humeurs animales , capable de beaucoup d’atte-
» nsation, qui lui eft en effet fournie par la cha-
» leur de l ’incubation. Le jaune d’oeuf , reçu
» ou contenu dans les inteftins de l ’animal , a«
>» moment de fon exclufion hors de la coque , doit
» être au contraire regardé comme une matière peu
» capable de fournir proprement de la nourri-
» ture ( voye\ note 160 ) •; mais on doit lui ac-*
» corder la vertu cordiale & un peu échauffante
» des huiles qui ont paffé le degré d’atténuation
» des huiles* végétales. Au refte , telle eft à peu
ufent en général les oifeaux pou<Jeur nourriture, en com-
pa.rai.fon des hommes & des quadrupèdes, a lieu dès -les
premiers temps de leur exiftence, puifque le blanc d oeuf
eft infiniment plus épais que la liqueur de l’amnios', Ôc l/e_
jaune d’oeuf infiniment plus rapproché que le lait»
On ne peut .donc pas dire que le jaune d’oeuf doive
être regardé comme une matière peu capable de fournir'
proprement de la nourriture , . . . que fa fubjlonce même,
ne foit pas proprement nutritive, comme le dit M. Lorry ,
qui, à cet égard, à été entraîné par la théorie bien loin de
la vérité ôc de l’expérience ; car le jaune eft tout autant
que le blanc d’oeuf un aliment fort, concentré, renfermant
beaucoup de matière en peu de volume , 5c fufceptiijie, de
fe gonfler , comme le démontre, le fentiment de plénitude
qu’éprouve l’eftomac après qu’on a mange des oeufs, même
Ipsfqu’o© n’êQ ? W g é que \s jaune.
, P odei«