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digèrent fortement le lard rance , qui, avec le
fromage & le gros pain, forme la baie de prelque
tous leurs repas. Nous nous plaignons de la nature
! la nature a vigoureufement organifé l ’homme,
& l ’homme , pour fatisfaire fa fenfualité, a fait le
facrifice de fes- forces. ' ( M. H ALLÉ,. )
A L C O H O L . ( Mat. méd. ) \J alcohol ou ef-
prit-de- vin reCtifié, eft un liquide d’une faveur âcre
& chaude , d’une odeur piquante aromatique ,
qui s’enflamme facilement, & qu’on extrait de
l ’eau-de-vie par la diftillation. Quoiqu’il ne doive
pas être queltion ici ni de la fermentation vineufe
qui le produit, ni des procédés pour l ’extraire,
ni de toutes fes propriétés chimiques , parce que
ces différens objets, entièrement du reffort de la
Chimie , font d’ailleurs traités dans le dictionnaire
de cette fcience , il eft cependant néceffaire
de rappeler les principaux faits qu’un médecin
doit avoir préfens à l’elprit toutes les fois qu’il
.adminiftre cette, lubftance , dont l ’énergie médica-
menteufe dépend en grande partie de fes propriétés
& de fa nature chimiques.
i° . On fait qu’il n’y a que la fubftance végétale
fucrée , qui, délayée dans une certaine quantité
d’eau, 8c divifée ou agitée par un ferment ou
par un corps quelconque qui puiffe lui en fervir,
foit fufceptible d’éprouver i’efpèce. de mouvement
inteftin qui produit Yalcohol, & qu’on a nommée
fermentation vineufe. Il paroît par les recherches
de M. Lavoifier, que dans ce mouvement,
les principes du fucre fe féparent en deux ; une
partie de fon oxigène s’unit à la plus grande partie
du charbon, & forme l’acide carbonique qui fe dégage
pendant cette fermentation. Alors la proportion
de l ’hydrogène ou bafe du gaz inflammable
, qui eft un des principes du fucre, devenant
beaucoup plus 'grande , relativement à la quantité
de charbon & d oxygène, il réfulte de cette com-
binaifon des mêmes principes, en proportion différente
, un nouveau corps beaucoup plus léger,
qui eft l’alcohol ou l’ efprit ardent. L ’eau qu’on
ajoute au fucre Ou à la matière fucrée, ne fait
que divifer cette fubûance & faciliter le changement
d’attraeïion de fes principes. Elle fe retrouve
tout entière, foit en vapeur dans l ’acide carbonique
, foit dans le liquide fpiritueux qui forme le
produit;
i° . U alcohol pur eft retiré des vins par trois
diftillations fucceflîves 3 l’une que l ’on fait à feu nu
fur les vins eux-mêmes, 8c qui donne l’eau-de-vie $
les deux autres que l’on pratique fur l ’eau-de-vie
& fur fon produit, par la chaleur du bain-marie.
Par ces rétifications, on obtient une liqueur très-
claire, d’une odeur forte & aromatique, d’une fa veur
chaude & piquante, beaucoup plus légère que
l ’eau, qui le réduit en vapeurs à 64 degrés du
thermomètre de Réaumur ; qui fe tient fous forme
d’air à cette température , & à la preflion atmof
phérique de 18 pouces du mercure dans le baromètre
»
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30. Ualcohol brille facilement avec une flamme
bleue 3 il donne, en recueillant le produit de
cette combuftiony comme l’a fait M. Lavoifier
dans un appareil ingénieux, de l ’eau pure plus
pefante à. peu près d’un douzième que le total de
Y alcohol, 8c de l ’acide carbonique : on voit bien
que l’augmentation de poids dépend de la fixation
de la bafe de l ’air v ita l, ou de l ’oxigène atmof
phérique.
4°. L ’alcohol eft très-difloluble dans l ’air, qui,
pour peu qu’il foit élçvé au delfus de 12. dégrés,
l ’enlève , 8c en facilite fingulièrement l’évaporation.
Comme cette liqueur abforbe de la chaleur
à inefure qu’elle s’évapore dansJL’air, elle refroidit
celui-ci, ainfi que la peau fur laquelle on l ’a verfée.
Ce refroidilfement produit par l ’évaporation de
l ’alcohol, la chaleur enlevée à la peau par cette
évaporation, méritent fpécialement l ’attention des
médecins.
5°. L ’alcohol s’unit en toutes proportions à l’eau,
il eft décompofé par plusieurs acides , & paft'e à
l ’état d’éther ; il diffout les fels neutres déliquef-
cens, le foufre, un grand nombre de fels neutres
métalliques. I l fe combine mal avec lo* bitumes
Sc les huiles bitumeufes ; il diffout bien les ex-^
traits favonneux, les huiles volatiles, l ’aro me, beaucoup
de parties cou rantes végétales , les réfines,
& il forme la bafe des eaux dîftillées ’fimples 8c
compofées , des teintures, des élixirs, des liqueürs
de table ; il épaiffit & coagule le la it , la b ile , 5c
les fluides albumineux.
La connoiffance de ces principales propriétés
de Y alcohol éclaire fur les vertus médicinales 5c
l ’adminiftration de ce liquide. Dabord fon âcreté }
fa faveur chaude 5c forte annoncent qu’on ne peut
pas donner Y alcohol à l ’intérieur, au moins dans,
fon état de rectification ; il produiroit une irrita«
tion fi puiffante , qu’elle feroit fuivie d’un fenti—
ment de chaleur 8c d’une inflammation dangereufe £
on peut, dans cet état , le regarder comme une
elpèce de poifon, dont les effets ne font pas durables,
puifqu’ils peuvent être détruits, ou au moins
très-affoiblis par la boiffon aqueufe. Cette aétion ,
quoique fort diminuée par l’eau , devient fouvent
fenfibie , 5c même dangereufe chez les hommes
qui font abus d’eau-de-vie 5c des liqueurs fpiri-
tueufes fortes en général,’ ces hommes éprouvent
d’abord une chaleur 8c une foif confidérables , un
fentiment d’ardeur tout le long de l ’éfophage 5c
jufques dans l’eftomac ; leur appétit diminue 8c fe
perd tout à fait par l’épaiflîffement 8c la dégéné-
refcencè du fuc gaftrique 3 les digeftions s’altèrent
5c fe font avec peine ; les canaux abforbans s’engouent
8c s’obftruent3 les glandes du méfentère
s’endurciffent ; le cours du clxile 5c de* la lymphe
s’arrête dans toute la cavité abdominale ; telle eft
la fource des obftru&ions des vifeères 8c des hy-
dropifies, qui naiffent de l ’abus des liqueurs fermentées
, 5c que les médecins ont trop fouvent a
traiter.. La c^ufe qui les a produites a une énergie
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fi forte 8c fi durable, qu’il eft rare que les armes
les plus puiffantes de la Médecine puiffent les
combattre avec fuccès 3 ou que fi l’on obtient une
diminution apparente des fÿmptômes alarmans qui
accompagnent ces affeétions , le mal , qui n’eft
qu’affoupi, reparoj.t bientôt après avec plus ^de
violence. On conçoit, d’après cet expofé , qu’on
ne peut jamais fe permettre d’employer habituellement
Y alcohol comme remède, 5c que fon u(age
même comme excipient, qu’il a le plus fréquemment
enA Médecine , demande la plus grande prudence
dans fon adminiftratiqn. Le luxe des remèdes
que la trop grande crédulité , 5c plus fouvent encore
l'impatience des malades a fait naître p.eu à peu,
a tellement accru la matière médicale . que l ’objet
ëffentiel de l ’art confifte prefque autant aujourd’hui
dans la connoiffance des moyens propres d s’en paffer,
ou au moins à en diminuer beaucoup le nombre
8c l’ufage, que dans celle de leur adminiftra-
lion.
Il eft encore un effet très-remarquable de Yal-
cohol dans l’économie animale 3 c’eft fon aCtion
fur les. nçrfs 8c fur le cerveau : l’ivreffe, le dérangement
dés idées qui l’accompagnent, le tremblement
des membres , les mouvemens irréguliers des
mufcles , la foibleffe générale, annoncent que
celte liqueur produit une irrégularité fingulière
dans l ’aétion des nerfs. Cet effet eft analogue à
celui que l ’opium produit chez les Orientaux.
D ’a.près ces réflexions, il eft aifé de concevoir
que l’ ufage médicinal de Y alcohol eft très-rare à
l ’intérieur 3 on ne le donne jamais ainfi que comme
un excipient ou un diffol.vant des huiles volatiles
ou effentielles, des réfiues , 8c fous la forme d’élixirs
, de teintures 3 alors comme on n’adminiftre
ces médicamèns qu’à la dofe de quelques gouttes,
on conçoit que Yalcohol n’eft jamais donné à l ’intérieur
qu’en très-petite quantité 3 encore djins ce
cas il eft communément étendu dans des boiffons
aqueufes, ou dans des potions dont les principaux
ingrédiëns font des liqueurs également aqueufes ,
qui en émouffent fingulièrement l ’aélivité. C’eft
donc fpécialement pour les opérations de Pharmacie
que Yalcohol eft réfervé, 8c fon hiftoire eft
plus pharmaceutique que médicale.
Mais fi l’iifage intérieur de Yalcohol eft très-
peu fréquent, Ion ufage extérieur eft au contraire
très-multiplié 8c très-utile. L ’impreffion de chaleur
qu’il fait fur. les organes lenfibies le range
parmi les fortifians 8c les toniques externes. On
1 employé avec avantage pour donner aux fibres
inufeu la-ires plus de ton ou d’énergie , pour augmenter
leurs forces dans les maladies des membres,
accompagnées de foibleffe, d’engourdiffement', de
froid, d atonie. Il jouit aufli des propriétés dif-
eufiive 8c antifeptique ; cette dernière y eft même
dans un très-haut degré. Il eft rare qu’on l ’em-
ploye feul 8c fans addition 3 on l ’affocie communément
au camphre, à l ’arome ou efprit reCteur
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des plantes, aux huiles volatiles 8c odorantes,
aux huiles bitumineufes, 8cc, C ’eft le plus fouvent
Yalcohol camphré, ou ce qu’on appelle en Pharmacie
l ’efprit-de-vin camphré , qu’on adminiftre
dans ces çirconftances. Comme il facilite le dégorgement
des plaies, le deffechement, 8c la ci-
catnfation des ulcères, on en fait.un -grand ulage
en Chirurgie dans ces maladies.
D ’après ce que nous avons dit, on conçoit qu’il
entre dans beaucoup de préparations pharmaceutiques.
I l eft l ’excipienf des eaux diftillées fpiri-
tueufes ou compofées, comme l ’eau de Méliffe, de
la reine d’Hongrie, de Cologne , 8cc. 3 des élixirs
8c des teintures fi multipliées dàns quelques pharmacopées
3 de la teinture âcre de tartre 8c d-. Li~
lium de Paracelfe 3 8cc. C’eft avec ce liquide qu’on
prépare l’eau de Rabel, les éthers , 8c les liqueurs
minérales anodines , fulfuriques ou vitrioliques, 8c '
nïtreufes. { M. D E F o üRCROY. )
A lcohol , e t A lcoholtser. ( Mat. méd. ) Ces
mots expriment aufli dans la Pharmacie 8c la Chimie
ancienne , l’état pulvérulent, le plus fin des
fubftances qu’on a pôrphyrifées ; mais ils ont tellement
vieilli , 8c ils font fufceptibles de faire
naître tant d’équivoques , qu’on les a prçfque entièrement
abandonnés. ( M. DE FOÜRCROY. )
A L C O L A . ( Médecine Vètér. ) « Lorfque les
» chevaux mangent l ’herbe nouvelle, il leur vient
» à la bouche un mal qui quelquefois eft juf- •
» ques dans la gorge, qu’on appelle alcola, 8c
» eft de deux efpèces', un qui eft fans ulcères , 8c
»’ l ’autre avec ulcères, failant fortir de l ’écume
» puante , 8c quelquefois des eaux fanguinolentes ».
T elle eft la defeription de Y alcola dans les
différentes éditions de l ’ouvrage de Tourdain , intitulé
, La Vraie Connoiffance du cheval, fe s maladies
& remèdes, 8c dans celles de la Connoiffance
parfaite des chevaux, de Liger. I l feroit
affez difficile d’affurer au jufte le caractère particulier
de cette maladie , d’après des détails auflî
vagues 8c aufli généraux 3 mais aufli on retrouve
ailleurs dans le premier auteur cité, ainfi qué dans
les hippiatres grecs dont il n’eft que le traducteur,
dans Vanatomia del cavallo infermita & fuûi
rimedii de '!Recini , & dans Y Hippiatrique de
Francini , une defeription fémblable des aphthes
ou ulcères à la bouche , 8c le traitement eft le
même dans tous ces auteurs, copiftes les uns des
autres. Voye\ A phthes. (ikf. H u z a r d .,)
A L C O N . ( Aàxmv J
On fait très-peu de chofe fur cet Alcon. ï l en
eft fait mention par Pline le naturalifte ( lib xxjx.
cap, 1. pofl. méd.) y qui s’exprime ainfi : Notum
] e jl.. . . Alconti vulnerum medico H -S . C. dam-
nato ademijffe-Claudium pnr.cipem. FÀdemque in
G allia exulanti, & deindè refiituto adquijitum