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D e s différences particulières des- ali me ns tirés
des animaux. •( P,. • 3 . )
« L e s a n im a u x q u i r e n t r e n t d ans l à m a t iè r e n u -
» t r i t i v e , f e r a p p o r t e n t à t r o i s g e n r e s 'p r in c ip a u x :
» l e s u n s fo n t l e s q u a d ru p è d e s ; l e s a u t r e s fo n t l e s
a v o l a t i l e s $ l e s d e r n ie r s ' e n fin fo n t l e s a n im a u x
» a q u a t i q u e s . S i T o n v o u l o i t c h e r c h e r d e s fu b d i-
» v i f io n s r a t i o n n e l l e s à c h a c u n e d e c e s c l a f f e s ', - o n
» n’ a u r o i l q u ’ à c o n fu lt e r l e s n a t u r a l i s e s j m a is c e s
» d iv if ip h s f e r o i e n t im m è n f e s , p e u t - ê t r e m êm e in u -
» t i l e s . L ’ o b j e t de n o t r e t r a v a i l fe b o r n e d o n c à c o n f i -
» d é r e r , i ° * l è s d if f é r e n c e s d e ' l a m a t iè r e n u t r i t iv e
» d ans c h a c u n e d e c e s e l à f f e s , ôc %°. l e s d if f é r e n c e s
» d e l a m a t iè r e n u t r i t i v e d ans c h a q u e e fp è c e d’ a n i -
» m a u x q u i l e s c om p o f e r i t » .
Quadrupèdes. (P . ibid. )
« L e s q u a d r u p è d e s fo n t d e d e u x e lp è ç e s ; l e s u ns
» p a r t i c ip e n t à l a v a r ié t é d e l a v ie d e s h o m m e s ,
» 8c p a r t a g e n t l e s fo in s q u e c e u x - c i d o n n e n t à l e u r
» p r o p r e v i e ; i l s o n t a c h e t é c e s fo in s p a r l a p e r t e
» d e l e u r l ib e r t é . L e s a u t r e s v iv e n t l ib r em e n t d an s
» l e s fo r ê t s , d an s l e s p r é s , & d ans l é s m o n t a g n e s ,
» s’ e n fu y a n t to u s à l ’ a î p e é t d e s h o m m e s , 8c n e p o u -
» v a n t ê t r e a p p r o c h é s q u e p a r in d u f t r ie . C e t t e d i -
» v i f io n d ié t é e , p a r l a n a tu r e , e f t c e l l e q u e n o u s
» d e v o n s , a d m e t t r e p r in c ip a l em e n t p o u r l a m a t iè r e
» n u t r i t i v e ; c ’ e f t c e l l e q u i d i f f é r e n c ie f e s p r o p r ié t é s » .
Animaux domejliques. ( P . $96.)
o L ’oifiveté dans laquelle vivent les animaux
» domeftiques (83) , & la protection que les hommes
» leur accordent, font qu’ils n ont d’autre foin que
» de fe remplir daliniens ; ils fentent moins les
» viçiflitudés des faifons, & fur-tout cellés qu’elles
» apportent aux alitnens par rapport à leur quan-
» tité : de là ils acquièrent, une graiffe cônfidérable,
» fur-tout s’ils ne peuvent pas fentir les feux de
» l’amou». Leur chair , qui ne s’endurcit point par
» un exercice fatigant , doit être extrêmement
» tendre ; & leurs humeurs doivent être d’autant
» plus douces & d’autant plus égales, que l ’acri-
» monie produite par le mouvement eft moindre.
» Aüfli remarque-t-on que plus les animaux font
» gras , plus leur bile eft douce, & moins elle a
» d’activité : cette hümeïir , qui eft la - plus âcre
» de’ toutes, s’épanche d’autant plus, qu’il y a
» dans les humeurs plus de principes âcres & atté-
» nués (84). L ’oifiveté de ces animaux qui vivent
» concentrés dans leurs étables pendant l ’hiver , fait
» & que la tranfpiration eft moindre, & que le
(83) Hippocrate fait encore dans les animaux domeftiques
une diftinéfcion entre ceux qu’on mène paître au loin
- dans Les forêts, & ceux qu'on garde dans les étables ; 6c
cette diftinâion eft très-bonne.
(84) M, Lorry dit que la bile s’ épanche d’autant plut
» cours des humeurs dans le bas-ventre eft moins
» précipité j ainfl les changémens que-le mouvez
» ment opère font moindres. Le foie fubit de le-
»;gers engorgemens , que les .plantes fraîches 6c
» lavonneufes du printemps diffipent aifément, fui-
» vant la remarque de Boerhaave. On peut appli-
» quer à ces animaux toutes les différences qu’Hip-
» pocrate a obfervéès' dans l’efpèce humaine, fui-
»vant la variété des faifons. Toutes ces variations
» font communes à tous les animaux'domeftiques :
w niais1 quels font les caradtères par le moyen defi-
» quels nous pourrons parvenir à connoître la dif-
» férence dé l ’un à11’autre, ou plutôt quels font
» les fignes des différences propres de leur nature 2
» Hippocrate nous a laiffé des fignes allurés, par
» lefquels nous pouvons reconnoitre la qualité Ôc
» la quantité de leur mucilage ».
Analogie du lait & du fang avec la fubjlance
nutritive de la chair. ( P . $9 7 >)
« En effet , par rapport à la quantité' de cette
» partie nutritive, il prononce en général que, plus
qu’ il y a dans les humeurs plus de principes âcres & atténués.
On ne peut pas dire rigoureufement que dans 1 état
naturel la bile s’épanche. Mais il faut dire de cette p o-
politipn ; comme de celles d’Hipppçrate., qu’elle pofe-fur
une ôbferyatipn vraie 6c importance, expliquée d’une manière
fnexaéle. I1‘ eft vrai, 8c c’eft içïfeé que veut dire M.
Lorry, que dans les animaux très-exercés, où la bile eft
plïis'âcire, les chairs ont auffi un goût plus relevé , qui a.
quelque chofe d'âcre, & même peut-être yn certain degré
d’amertume. Elles font en même temps plus colorées autant
que le comporte la nature phyfique de l’animal. Cette
analogie entre les principes qui parodient pénétrer tout le
corps de l’animal, &• l’état de là bile n’annonce; pas un
épanchement de cette liqueur j mais il confirme ce que nous
avons dir, article I , §. 3 ,.queft. xg de la partie extraftive
des corps animaux, & de . la liaifon qui exifte entre la
partie rouge du fang, la parcie extra&ive des mufdes, &
la partie extraéHve de l'iirine 6c de la bile. La bafe en eft
la même , c’eft une efp/ce de rèfine qui pafle fùcoefïïve-
ment dans un état de plus en plus' favonneux , au moyen
des fels alkalins qui s’y unilfent. Elle n’.eft qu’imparfaite-
ment combinée à ce fel dans le fangi/dle l'eft davantage
dans les mufcles dont la partie exyraéHve eft un vrai favon,
plus favonneufe encore ^par'là ' combinaifon répétée des
mêmes félsj elle devient plus folüble, en même temps
qu’elle devient plus excrémentitiellê, Alors, - emportée dans
le foie , dont elle colore 6c abreuve toute la fubftance, elle
y dépofe encore une partie analogue au blanc de baleine,
qui, jointe à la partie colorante excédante , pàroît former
la . bafe du parenchyme du 'foie; le refte, très - liquide' 6c
très-foluble, forme la bile qui contient réellement aulfi une
rêfine colorante 6c une fubftance analogue au blanc de
baleine, combinée à la foude j en même temps un autre
favon , compote d’un excès de fels 6c d’une partie colorante
réfineufe, va colorer l’urine. Ainfi, dans tous les animaux
fort exercés, la partie colorante du fang, la partie extractive
des mufcles, le favon de la bile , 6c celui de l’urine
ayant également une intenfîté beaucoup plus grande que
dans les animaux oififs, il eft clair que c’eft à la bafe
commune de toutes ces. fubftances qu'il faut attribuer le
goût 6c la faveur que contrarient leurs chairs, 6c non a
l'épanchement de la bile. *■ un
A L I
1» ua «aimai à de fang, plus il contient de parties
» nutritive« ; car , indépendamment de ce que la
» plus grande partie du fang eft compofée d’un
» mucilage nutritif, on peut juger de la quantité
»> des humeurs par celle du fang. Auflï toutes les-
v* diftinétions que fait cet auteur fur chacun des
» auimaux domeftiques , dépendent de cette obfer-
» vation ; il regardoit le boeuf comme extrême^
» ment nutritif, par J a raifon qu’i l contenoit beau-
1» coup de fang (85); & la quantité de ce liquide
»» précieux vdéugne non feulement qu’il y a beau-
» coup de mucilage , mais que ce mucilage même
» eft porté au point de perfection qui convient à
» la nature de l ’animal, puifque la génération du
» fang & fa grande quantité font le produit de la
» parfaite fanté. Pour diftinguer exactement la té-
» nuité ou la denfité du mucilage de ces mêmes
» animaux , Hippocrate donne un ligne infailli—
•> ble ; c’eft de faire attention à la ténuité du lait :
» Quorum enim animalium lac tenue e j l , Jimi-
» liter & fanguis , & cames. On en juge aifé-
» ment par le peu de fédiment groflïer qu’il dé-
0 pofe , & qui conftitue fa partie cafééufe. C’eft
»par cette quantité de parties caféeufes que con-
» tient le lait de vache , plus que tous les autres
la its , que l ’on peut conclure qïïé le mucilage
» de ces animaux , & de ceux de leur etpèce, eft
t> d’une nature fort denfe. Toutes ces' remarques
<» d’Hippocrate fuivent néceflairement des principes
» que nous avons démontrés. Les anciens regarni
doient la viande du boeuf comme celle qui con-
» tenoitle mucilage le plus denfe & Je plus nutritif;
» & la quantité du fang de ces animaux les avoit
»déjà fait regarder comme étant du .nombre de
» ceux qui en coritenoient le plus. Au refte, ce
0 principe d’Hippocrate eft non feulement très-
» vrai , mais même très-capable de marquer l ’é-
» tendue de fes connoiflances ; car il eft conforme
» à ce que la phyfiologie la plus épurée a dé-
» montré aux modernes. Suivant ces lumières , tout
» animai fo nourrit foi-même de fon lait. C ’eft
» un changement eflentiel à l’aliment, que celui
» par lequel il tourne en lait (86) , avant que
(85 ) Hippocrate ne die pas exaâement cela, car il ne
fe fert pas du mot r§o(p/^à, mais du mot qui lignifie
fore, réfiftant, comme nous l’avons vu ci-devant ; 6c la
fuite prouve bien que c’eft dans ce fens qu’ il prend ce mot.
Il eft bien vrai que les alimens déftgnés par ce mot font
en général ceux où une grande quantité de fubftance
nutritive fe trouve très-condenfée, 6c unie par une cohérence
forte ; mais ce qui prouve que ce n’eft pas feulement
par le fang qu’Hippocrace juge de la faculté nutritive
des chairs, c’eft qu’il dit de l'a chair de porc qu’elle
nourrit beaucoup, après avoir dit que cet animal a peu de
fang, 6c a les veines très-petites. L’abondance du fang 6c
la manière dont les chairs en font pénétrées eft donc pour
Hippocrate un ligne de la denfité 6c de la réfiftance des
Chairs plutôt que de leur faculté nutritive.
v (86) Cependant on n'a droit d’appeler proprement lait,
que la liqueur qui a été préparée dans l’organe des mamelles,
»fais ce qu’il y de vrai, c’eft que les élémeiis çucritifs de
M é d e c i n e . T o m . l ,
A L I 7 13
» d’acquérit les qualités de la matière nutritive
» proprement dite. Il eft évident que le lait de
» chaque efpèce d’animaux a les mêmes propriétés,
»non feulement dans les femelles, mais même
» dans les mâles; car le lait des femelles eft la
» première nourriture des mâles. C’eft un aliment
» approprié à leur nature, & fur lequel te moule
» évidemment le changement du mucilage qui doit
» les nourrir pendant le refte de leur vie ».
Quadrupèdes fauvages. ( P . 400. )
« P o u r le s a n im a u x q u a d r u p è d e s f a u v a g e s , in d é -
» p e n d am m e n t d e s d if f é r e n c e s fp é c i f iq u e s d e l a na -
» tu r e d e c h a q u e a n im a l e n p a r t i c u l i e r , c e s a n i -
» m a u x s’ a p p r iv o i f e u t d i f f i c i l e m e n t , & p r é f è r e n t
» u n e v ie l ib r e & in d é p e n d a n te , a u c om m e r c e d e s
» h o m m e s & à l ’ a b o n d a n c e q u i y e f t a t t a c h é e .
» L ’ e x e r c i c e , l a fa ç o n d e v i v r e in q u iè t e , s’i l e ft
» p e rm is d e m e fe r v i r d e c e t e rm e , & a l t é r é e p a r
» l e s f r a y e u r s c o n t in u e l l e s q u ’ i l s r e f f e n t e n t , l a
» v i c i f f i tu d è d e s f a i f o n s & l ' in t em p é r i e d e l ’ a i r
» e n d u r c i f f e n t le u r s f i b r e s , l e u r o c c a f io n n e n t u n e
» p lu s g r a n d e f o r c e d ans l e s m em b r e s , q u i r en d
» l e u r c h a i r p lu s d u r e , l e u r m u c i l a g e p lu s d e n f e
» 8c e n b e a u c o u p .m o in s g r a n d e a b o n d a n c e q u e . c e -
» l u i d e s a n im a u x d o m e f t i q u e s , m a is e n r r iêm e
» t em p s p lu s â c r e , p lu s ir r i t a n t . G a l i e n r em a r q u e
» a v e c r a i fo n q u e c e s a n im a u x parûm aut nihil
» pinguedinis habent ; & e n e f f e t , l a g r a i l l e
» n’ e f t g u è r e l e p r o d u i t q u e d e l a t r a n q u i l l i t é &
» d e l ’ o i f i v e t é . L e t i f fu c e l l u l a i r e n ’ e ft p o u r t a n t
» n i m o in s é te n d u d an s c e s a n im a u x , n i m o in s
» c a p a b l e d e r e c e v o i r d e i<r g r a i f l e q u e d an s l e s
» a u t r e s a n im a u x ; c ’ e f t u n iq u em e n t l a d i f f é r e n c e
» d e l e u r v i e q u i l à d im in u e . A u r e f t e , G a l i e n
» n o u s a d o n n é p lu f ie u r s d i f t in & io n s fu r c e s a n i -
» m a u x ; i l n o u s d i t , p a r e x e m p l e , q u e c e u x q u i
» v iv e n t fu r l e s m o n t a g n e s f o n t p lu s fo c s ôc o n t
» l a c h a i r p lu s d u r e q u e c e u x q u i h a b i t e n t d e s
» v a l l é e s , ôc i l a c e r t a im e n t r a i f o n ; i l s fo n t m o in s
» fu je t s a u x in c o n v é n ie n s q u i r é f u l t e n t d e l 'h u m i -
» d i t é d an s d e s a n im a u x q u i o n t d’ a i l l e u r s p a r
» e u x -m êm e s l e s h um e u r s fo r t â c r e s : a u f f i l e s p r e -
» m ie r s f o n t - i l s m o in s fu je t s à l a p o u r r i tu r e (87)
» q u e l e s a u t r e s ; c a r l a f é c h e r e f f e e n em p ê c h e l a
» f o rm a t io n , ôc e n a r r ê t e l e s p r o g r è s ; m a is l a
» g r a n d e d i f f é r e n c e q u i f e t r o u v e e n t r e c e s a n i -
» m a u x , d é p e n d d e l a n o u r r i tu r e q u ’i l s e m p l o i e n t » .
Différence des quadrupèdes fauvages , déduite de
leur nourriture. ( P . 401.)
« Ce n eft pas qu’entre les quadrupèdes fauvages,
cette liqueur exiftent néceflairement dans le mâle comme dans
la femelle; .
(87) Il femble qu’ici M. Lorry entende par pourriture
une- maladie à laquelle font fujets les beftiaux dans les
temps 6c les lieufc humides fort connue fous ce nom.
Cependant cette maladie, ne doit guère exifter dans les
Quadrupèdes fauvages dont ü eft ici queftion. C e c ce