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de l ’oe il,. le malade fut guéri dans l ’efpace de feize
jours. M. Weber multiplia dans la fuite fes épreuves
dans les maladies des yeux , & il recueillit fes
obfervations dans un ouvrage qu’il publia dans le
cours de la même année.
Ces exemples de l’efficacité dé 1* aimant dans
différentes maladies , ne tardèrent pas à fe multiplier.
Dans.un pethffjournal publié par AI. Gefner,
i l fut fait mention d’une douleur très-forte , fur-
venue 'à un .doigt à la fuite d’une inflammation, &
q u i, après la troifième application de Y aimant,
fut entièrement dilfipée. En 1768 , la galette littéraire
de Berlin annonça que l ’on avoit conftaté
par des obfervations , que Y aimant porté fur la
poitrine foulageoit beaucoup les perfonnes dont
fes nerfs étoient affoiblis. L’année fuivante on y
rendit compte d’une obfervation fur un rhumatifme
du genou, foulagé par l ’application de 1 aimant,
& guéri complètement par ce remède adminiftré
pendant deux mois. En 1770 , on vit paraître également
à Berlin un mémoire fur les effets de l ’tfi-
mant artificiel, où l ’auteur , après avoir donné
un dénombrement des ouvrages écrits fur cette matière
, rapporte le précis de l’obfervatjQtr précé-*
dente fur le rhumatifme. Enfin, dans l ’année 177s ,
M. Ludwig foutint, fous la préfîdence de M. Rei-
çfrel à L ipn c , une thèfe où l’on trouve un grand
nombre d’obfervations fur les effets falutaires de
Y aimant dans des cas de goutte , de rhumatifme,
<& dexmaladies de nerfs.
Cependant, après tant de faits, l ’émulation s’é-
toit refroidie fur cet objet, & l’on ne s’occupoit
plus des vertus de Yaimant contre les maladies
nerveufes , lorfquen 1774 ce genre d’effais prit
une nouvelle faveur. Cette année nous offre en
Allemagne une des époques les .plus remarquables
dans l’hiftoire du magnétifme. Ce fut au moins
vers ce temps que la méthode d’adminiftrer Y ai-?
mant y fut plus fpécialement perfectionnée. Depuis
qu’on avoit fabftitué les aimans artificiels aux
pierres naturelles, on s’étoit borné, pour l’ordinaire
, à ne les employer que pour des applications
momentanées plus ou moins longues, & que
l ’on répétoit chaque jour à différentes reprifes.
On crut devoir préférer à cette méthode des pièces
aimantées , qui feraient d’un ufage confiant, en les
fixant à nu fur la peau. On en avoit déjà tenté
depuis deux- an# l ’application fur la poitrine , en
France, contre les palpitations & les maladies de
nerfs ; en Angleterre, contre les douleurs d?efto-
mac & la cardialgié. Ce premier exemple avoit
même été fuivi pour quelques autres parties du
corps ; ,mais l’emploi des. armures magnétiques
n’étoit pas encore devenu d’un ufage général.
C ’eft au père H e l l , célèbre aftronome à Vienne,
qu’il paroît que l ’on eft principalement redevable
de ce 'nouveau degré de - perfection dans la méthode
magnétique! Frappé dé l ’effet fingulier que
Yaimant avoit produit fous fes yeux fur une personne
attaquée de violentes crampes d’eftomac, il
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réfblut de le conftater. I l prépara avec de l ’acier
fortement aimanté différentes pièces auxquelles il
fit donner la forme la plus' convenable pour les
appliquer fur le cou, le ventre, les cuiffes, les
bras, & les pieds, & les porter le jour & la nuit
fur la peau nue. Plufieurs malades, dont quelques-
uns étoient privés de l ’ufage de leurs membres ,
furent guéris, dit-on, en préfence de témoins
éclairés.
En fe livrant à ces effais, le père Hell ne pref-
fentit pas feulement les avantages que l’on devoit
attendre! de la converfion des aimans artificiels en
armures; il préfuma auffi que leur efficacité, dans
cette manière de les employer , pouvant dépendre
en quelques points de leur forme, il falloit s’occuper
à rechercher quelle ferait la plus avanta-
geufe. Dans le choix des différentes formes, il
penfa qu’on devoit s’attacher à leur conformité avec
le tourbillon magnétique ; & fur ce principe , les
aimans de figure circulaire lui parurent mériter
la préférence fur les croix aimantées dont on avoit
déjà fait ufage en 'France .& en Angleterre, en
les appliquant fur la poitrine. Le père Hell re-
gardoit cette attention comme très-effentielle, &
ne balancoit pas d’affurer que c’étoit à ce défaut
de perfection qu’on devoit attribuer le peu de fuccès
que les épreuves de Yaimant avoient eu dans les
p^ys étrangers.
Dans le même temps , M. Mefmèr, médecin
de Vienne, publia plufieurs lettres dans lefquelles
il rendit compte de quelques fuccès qu’il avoit
obtenus dans le traitement des affeétions nerveufes,
en faifant ufage de cette méthode d’appliquer Yaimant
fous forme d’armure ; mais il dirigeoit fes
effais fuivant une théorie qui lui étoit particulière.
Imbu des erreurs de l ’afirologis ancienne ,
il admettoit que les corps céleftes exercent fur
l ’homme, & en général fur toutes les parties conf-
titutives des corps animés, la même aétion qu’ils
ont entre eux & fur les corps fublunaires. Le fluide
magnétique lui parut être l ’agent de ces influences
fupérieures, & il le regarda comme excitant dans
l ’économie animale une forte de f lu x & de reflas?
ou de marée, fuivant les lois générales de l ’at-r
traéfcion.
Pour tirer parti de cet agent fi puiffant, M. Mefi-
mer employoit des aimans ordinaires. La feule
Commodité de l’application faifoit, félon lu i, tout
le mérite de leur figure. Il .n’avoit obfervé aucune
différence dans leur ufage , relativement à leurs
pôles ; les aimans de Vienne ne lui paroiffoient
mériter aucune préférence fur ceux de France ,
d’Angleterre, ou de tout autre endroit ; mais il
fuivoit dans leur application des procédés partir-
culiers, auxquels il attribuoit la même importance
que le père Hell attachoit à la forme des aimans ,
& fans lefquels on- ne devoit pas être étonné ,
félon lu i , de voir que la cure magnétique fut au
moins très-incertaine.
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Î1 rappeloit ces procédés à quelques maximes
fondamentales qui formoient la bafe ,de ce qu’il
appeloit fa méthode ordinaire , par communication
& augmentation ou renforcement. Regardant
la matière magnétique comme peu différente du
fluide éleéfriq.ue , & perfuadé qu’elle pouvoit de
la même manière fe concentrer, fe propager par
l ’Intermède d’un grand nombre de corps, principalement
par le verre & par l ’eau , par l’approche
& le toucher d’une perfonne qui en eft imprégnée
, qu’elle pouvoit être auffi fingulièrement
excitée par l ’électricité , il employoit Ces divers
moyens , principalement les .bains , pour opérer
ce qu’il appeloit le renforcement du magnétifme.
Avec le fecours de ces divers procédés , & de
fr théorie qu’il préfentoit comme une importante
découverte, M. Mefmer annonçoit non feulement
qu’il avoit traité avec fuccès toutes les affe étions-
hypocondriaques , hyftériques , & convulfîves ;
mais qu’il croyoit encore le magnétifme propre
à combattre la manie , le s . fièvres intermittentes ;
que l ’épilepfie devenoit curable par fes procédés ,
&. qu’ils étoient applicables, en fonffrant toutefois
quelques exceptions, aux divers états de pa-
ralyfte. Àinfi, Paracelfe , en fuppofa.nt à Yaimant
des propriétés imaginaires ,. lui avoit attribué une
efficacité fans bornes , 8c en avo.it étendu l ’application
aux maladies, nerveufes & humorales les plus
rebelles.-
Vienne devint, à cette époque, un foyer d’où la
méthode magnétique, nouvellement perfectionnée..,
fe répandit dans toute -l’Allemagne', & même au
dehors. On s’emprelfa de s’y pourvoir des aimans
néceffaires-pour répéter les épreuves ; & le plan
d’expériences qu’on y avoit fuivi devint la méthode
’générale.
M . l/n^er y célèbre médecin A lto n a , fe livra
des premiers à ces effais. Il publia, en 1775 un
4 journal très-détaillé des effets de Yaimant obfervés
fur une femme de vingt-fix ans , affligée , à la
fuite de plufieurs couches fâcheufes , de mou-
vernens fpafmodiques , compliqués de crampes
& de convulfions. L a malade en fut beaucoup
foulagée. M. Un\er s’étoit encore fervi du
même remède fur différentes perfonnes épileptiques
; mais ces malades n’en avoient retiré-aucun
fruit.
M. Deiman, doéîeur en médecine à Amffer-
dam , donna cette même année une trâduélion
en langue hollàndoife, de l ’ouvrage de M. Unzer.
Dans la préface donc il l ’avoit enrichie , l ’auteur
rapporte qu’il avoit guéri parfaitement, dans Te f-
pace de onze jours , au moyen dé Yaimant artificiel,
une femme âgée de cinquante -fept ans,
attaquée de paralyfie aux deuxjyras, & d’une furdité
complète, l ’orçille gauche. A ;cette époque ,
M. Deiman taupônçpi^ aaus1 une lettre , qu’il trai-
ioit deux autres perfonnes avec Yaiitiani ; l ’une
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incommodée depuis deux ans d’un tremblement
exceffif de tout le corps; l ’autre affligée, à la fuite
d’une fièvre tierce, d’une violente rétraélion de
la jambe^ avec fièvre heélique. Ces malades , aù
rapport de M. Deiman , éprouvoient de bons effets1
de l’application de Yaimant.
La même année ( 1775 ) M. Bauer, profeffeue
de mathémathiques a Vienne, rendit compte des1
bons effets qu’il avoit éprouvés contre un état
habituel d’inquiétude & de convulfions qui trou-
bloient fon fommeil, & de grandes douleurs qu’il
reffentoit aux yeux. Dans le même temps, M.
B o lten , médecin penfionné de la ville de Hambourg
, publia fes Recherches fu r l ’ufage de l’aimant
dans les maladies nerveufes. Il ne lui parut
pas produire des- effets auffi hpureux qu’on l ’avoit
annoncé; L ’année' 1777 , le doéteur Heinjius p
médecin penfionné à Sorau , rapporta fept obferva—
vations fur différentes maladies, dans lefquelles i l
affuroit que Yaimant avoit toujours été employé
avec' fuccès. En 1778 , M. Hemman, chirurgieiï
royal penfionné des armées pruffiennes , publia des
Additions aux cures opérées au moyen de l’ aimants
L ’année fuivante , on vit paroître une bro-*
chute anonyme , dans laquelle l ’auteur rertdoit
compte des effets de Yaimant dans une affeétion-
mélancolique très-fîngulière. Enfin M. de Harfu ,
de Genève', après’ s’etre occupé plus.que tout autre
de ces ' effais pendant pl-ufîeurS années1, donna , eri
17 8 2, , fou Recueil des effets falutaires de Vaimant
dans lès maladies.
On s’empteffa , en France ÿ de prendre part a des
travaux aufli utiles. Les effais de M. Klarich pour
la guérifon des maux de dents, y avoient été annoncés;
dans les mois de juin & d’août 1765 -, 8c
fur cette fimple annonce , Al. d’Arquier , de l ’académie
des fciences de Touloufe, entreprit, dès le
mois de feptembre, une fuite «^expériences, dont i l
rendit Compte l ’année- fuivante. Le phyficien de
Gottingoe n’avoit employé dans: fes épreuves que la
pierre d:'aimant. Les> aimans, artificiels ne lui
étoient; pas connus , ou il nfavoit pas- cru dévoie
les préférer pour le genre de recherches auxquelles
il s’étpit livré. Plufieurs' des médecins qui marchèrent
immédiatement fur fes traces , tels que
M Al., Stromer, von A k en , K.cejlner, Hollmann
Hejfe, & Boefnier de la Touche, n’avoient pas
négligé de s’en fervir. M. d’Arquier ; à l ’exemple
de M. Klarich, employa, dans fes premiers effais ,
la pierre d’aimant. Il fit enfuite fabriquer des
barreaux d’acier commun d’Allemagne , qu’il aimanta
par la méthode1 de là double touche * 8C
dont i l forma des aimans artificiels avec .lefquels1
il continua d’opérer un grand- nombre de guéri
fo ns.
L ’année fuivàntei( 1767 ) , M. de la Condamine ,
médecin à Romans, en Dauphiné, confirma, par
fes pbfervations , l’ efficacité de cette méthode. 11
l’employa avec avantage dans les douleurs de dents.'