
7 C A C C
de fondement à toutes les indications ; la fatigue
que produifent les efforts douloureux du travail ,'
la fenfibilité nerveufe augmentée , & le nouvel ordre
de fondions qui s’établit pour produire des fecré-
tions nouvelles ou des évacuations qui les remplacent.
( M. H a l l é . )
A C C O U C H E M E N T . Médecine. Quand
le foetus eft arrivé au dernier terme de la groffeffe,
fa naiffance eft accompagnée de. phénomènes dont
Texamen eft important à fa confervation & à celle
de fa mère. Quelles que foient les caufes qui déterminent
la matrice à l ’expulfer , cette fonction
s’annonce par des douleurs qui font l ’ effet des contrarions
du vifcère dans lequel il étoit contenu :
elles font d’abord légères , & s’augmentent graduellement
; pendant ce temps l'orifice de l ’utérus fe
dilate ordinairement. Le mécanifmê de cette fonction
fera expliqué plus amplement dans la partie
phyfîologique de ce Dictionnaire.
J’ai dit que l ’utérus fe dilatoit ordinairement
pendant les douleurs , parce qu’il en eft d’une efpèce
qui n’accélèrent point fa dilatation, les premières
lont appelées vraies par les accoucheurs , & ils
donnent aux dernières, le nom de fauffes douleurs.
Dans le premier cas , on laiffe agir la matrice,
parce qu’elle fe débarraffe elle-même du foetus &
de fes enveloppes, fans qu’il foit néceffaire de l ’aider
dans cette opération , à moins qu’une pofition
vicieufe de l ’enfant, fon défaut de conformation, ou
celui de la mère, n’apportent des obftacles à la facilité
du travail.
Dans le fécond cas, l ’ouverture de l ’orifice de
la matrice ne paroît pas augmenter: les femmes
s’épuifent en efforts impuiffans ; elles perdent leurs
forces ; la matrice s’irrite davantage ; elle s’enflamme
quelquefois, ou elle devient atone, & ne
fe contrade plus; & fi la perte qui précède Y accouchement
s’eft déjà manireftée, elle devient violente
, elle perfîfte, & caufe fouvent la mort. Il eft
donc bien effentiel de diftiiiguer les fauffes douleurs
d’avec celles qu’on nomme vraies, pour di-
xiger convenablement la méthode curative de cet
jé-tat.
On les reconnoît par les fignes rationnels & par
les fignes fenfibles. Les premiers confiftent dans le
caraCtère des douleurs; elles font plus vives, plus
difficiles à fupporter, & ne ceffent pas parfaitement
de le faire fentit comme les vraies. L ’inftant
qui s’écoule entre les fauffes douleurs , n’eft pas
fans fouffranees delà part des femmes. Il paroît que
la contraction ne s’opère alors que dans le fond de
la matrice, & que l ’orifice irrité ne cède pas au
vifcère qui tend à le dilater. I l y a donc une double
aCtion dans différens points de l ’utérus, dont
les effets fe détruifent réciproquement, puifque Y accouchement
en eft retardé. Ces douleurs ( les fauffes)
occupent le même fiège que les vraies , c’eft-à-
dire, la région des reins, les lombes, & fe pro-^
A C C
pagent auffi jufqu’au pubis ; mais elles ne ceffent
pas complètement. Les parties que j’ai nommées
reftent douloureufes ; les douleurs ne fuivent pas
non plus exactement ia même marche que les vraies;
elles fe font fouvent fentir , tantôt en un lieu, tantôt
en un autre, & ne paroiffent pas commencer
régulièrement par les reins 8c les lombes comme
les vraies , pour continuer leur trajet jufqu’à la
région du pubis.
Si on touche les femmes pendant les fauffes douleurs,/
on ne s’apperçoit pas que l ’orifice de la
matrice fe dilate; il refte dans le même état que
celui où il étoit avant que la douleur ait été tres-
vive. Les eaux (pour parler le langage des accoucheurs
) ne fe forment pas ; on ne s’apperçoit pas
que les membranes faffent, hors de la matrice , une
faillie plus confidérable, fi elle èxiftoit déjà. Plufieurs
douleurs fe fuccèdent, fans que l ’orifice change de
manière d’être ; ce qui annonce que le travail n’eft
pas prochain. Les chofes fe paffent d’une façon
toute contraire dans le temps des véritables douleurs
; par conféquent les caractères qui leur appartiennent
font très-faciles à faifir.
Les caufes des fauffes douleurs font toutes celles:
qui peuvent déterminer une //irritation vive dans
le tiffu de l ’utérus, mais une irritation accompagnée
d’un trouble manifefte ; c eft pourquoi les
affedions vives de l ’ame , les accès d'impatience
ou de colère, les chagrins, les inquiétudes, la
furprife, la frayeur , & c. , font des modifications
morales très-dangereufes pour les femmes au temps
de Y accouchement.
La pléthore eft auffi une caufe d’irritation , parce
qu’elle détermine un engorgement dans les vaifieaux
de l ’utérus , qui ne permet point à de vifcère de
fe contracter librement ; c’eftquela réfîftance qu’op-
pofe l’abondance des liquides diftribués dans l’ étendue
de fes parois , détruit en quelque forte l ’action
mufculàire qui tend à expuller le foetus.
Quand les inteftins ont été agacés par des matières
acrimonieufes , ils communiquent leur irritation
à la matrice , & fes contractions deviennent
irrégulières. Or la diarrhée étant une maladie très-
fréquente chez les femmes groffes , & les matières
excrémentielles étant dans ce cas altérées, putrides,
irritantes , elles font paffer jufqu’à l ’utérus l ’im-
preffion qu’elles ont faite d’abord fur les inteftins.
Cet effet a lieu d’autant plus facilement, que, dans
le temps de Y accouchement & quelquefois un
jour entier avant le moment qui précède la naiffance
du foetus, un trouble univerfel fe fait fentir
dans toute la machine ; circonftance qui rend encore
les digeftions plus vicieufes , 8c procure par
conféquent des matières plus âcres ., & par cela
même plus difpofées à porter juf^u’à la matrice
l ’irritation quelles ont occaûonnée dans les autres
vifcères de l ’abdomen.
On voit des femmes avoir , au temps de Yac-
; couchement , de vives douleurs d’entrailles avec un
tenefme fatigant; d’autres n’éprouvent que le te-^
A C C
nefme. Mais dans l ’un & l ’aulie cas,,..le trouble fe
communique bientôt des organes de la djgeftjon
à l ’utérus', & devient la caule des fauffes douleurs.
Quand Mauriceau a foutenu que le fiége de ces
dernières réfidoit dans les inteftins, il s eft évidemment
trompé; il n’a pas conçu la queftion , & ce
qu’il dit à cet égard n’eft point conforme a la bonne
doCtrine. , ,
Quand la veflie a été trop long-temps diftendue
par une quantité exceffive d’urine , elle s irrite , &
fon trouble fe propage à la matrice , 8c donne lieu
aux fauffes douleurs. .
Les femmes fujettes à la paffion hiftérique font
le plus ordinairement tourmentées par les fauffes
douleurs ; la raifon en eft, que leurs nerfs ayant
une très-grande mobilité , l£s contractions de 1 u-
térus s’ exécutent d’une maniéré irrég^uliere, & oc-
càfionneut un défordre général dans i économie animale.
Les engorgemens du col de l’utérus , & ceux .qui
ont leur fiége dans les parties environnantes ,
donnent naiffance aux fauffes douleurs, parce quils
gênent les mouvemens de la matrice dans fes contractions.
, ; ,
Les irritations que ‘ caufent les accoucheurs par
des pincemens douloureux & des manoeuvres incon-
fidérées, déterminent, auffi les fauffes douleurs. Il
en eft de même des injeCtions âcres dont quelques
praticiens fe fervent dans certaines c'rconftances ;
elles ne , rempliffent point le but qu ils s etoient
propofé, quand elles font une impreflion trop forte
lur l’utérus.
Rien ne contribue davantage à rappeler les fauffes
douleurs*, ou aies faire naître, que la coutume des
accoucheurs qui rompent trop tôt les membranes,
parce que , quand les eaux le font ecoulees avant
que l’orifice de la matrice ait acquis un développement
fuffifant, le corps du. vifcere fe contracte
fur le foetus, fa force eft employée tout entière
dans ce refferrement to ta l, & 1 orifice ne fe dilate
qu’avec la plus grande peine. Je rendrai compte
des fuites de cet accident en parlant de la rupture
précipitée des membranes. Voye\ le mot Membrane.
I l eft rare que les douleurs de Y accouchement
ne foient pas annoncées par des phénomènes fenfibles
: ce n’eft que par accident, comme après les
chûtes, les coups violens , les grandes afteétions
de l ’ame , l ’ufage des, boiffons échauffantes , & c .,
que les contractions de l’urérus font précipitées ,
fans être précédées des fignes fuivans. Les femmes
éprouvent des douleurs de reins dont la fenfation
eft différente de celle que des douleurs à peu près
femblables faifoient reffentir pendant la groffeffe
chez quelques fujets ; les envies d’uriner & de rendre
les matières fécales font plus fréquentes- : il
femble que l ’irritation de l ’utérus fe propage alors
â tous les vifcères. On peut croire que dans ces
premières douleurs , dont quelques femmes ne fe
plaignent pas, parce quelles ne font pas violentes,
A C C 77
le décollement du placenta s’opère déjà d’une manière
infenfible ; c’eft fans doute de fa féparation
d’avec la matrice que naiffent ces humidités glai-
reufes qui fortent par la vulve. Ces glaires font
d’abord fans^couleur ou légèrement colorées en rouge
; elles prennent enfuite une teinte plus foncée,
& font vifiblement mêlées de fang. Leur quantité
s’augmente pendant que les douleurs s’accroiffent,
& deviennent plus rapprochées.
Dans ce temps, l ’ouverture de l ’orifice de l ’utérus
acquiert plus d’étendue. Il ne faut pas croire
toutefois , avec des praticiens célèbres , que la dilatation
du même orifice foit toujours un figne d’un
accouchement prochain ; car on a vu des femmes
avoir cette partie ainfi difpofée plufieurs femaines
avant Y accouchement, d’autres feulement quelques
jours avant le terme de l’enfantement. Ce fymp-
tôme n’annonce donc la proximité du travail que
quand il eft joint aux douleurs & à l ’écoulement
dont j’ai parlé ci-deffus.
Les fignes que j ’ai détaillés ne feroient pas encore
une preuve d’un travail inftant , fi la tumeur du
ventre , qui étoit élevée pendant les derniers temps
de la groffeffe, ne paroiffoit pas affaiffée , & à
quelques égards portée en en bas ; ils ne manifef-
teroie'nt qu’une irritation accidentelle, dont la caufe
auroit pu dépendre d’un agent étranger aux vraies
caufes de Y accouchement. Tels font les effets des
chocs violens qui décollent quelquefois une partie
du placenta , mais peu étendue, & dont il eft
poffible de modérer l ’aftion pour prévenir un accouchement
prématuré. Au refte , - quand cet état
dure un certain temps, l’abaiffement du ventre fe
joint à lui , & l ’enfantement eft très - prochain ,
pourvu toutefois que l ’orifice de la 1 matrice fe
dilate ; autrement l’irritation ceffe d’elle - même ,
ou on la calme par les moyens convenables, & les
douleurs fe diffipent, ainfi que l ’écoulement dont
j’ai parlé précédemment.
Quand les douleurs fe multiplient, quand elles
fe rapprochent & font plus violentes, le pouls
eft plus accéléré ; il s’élève , il acquiert plus de
force , mais a auffi un caractère de dureté , caractère
qui paroît inféparable de tous les grands troubles
qui ont leur fiége dans le bas-veritre. L e vifage
des femmes eft auffi plus coloré , les yeux deviennent
étincelans ; ils font errâns , le regard eft inquiet,
la refpiration difficile ; la femme en travail fent de
roppreffion ; elle eft obligée de faire effort pour
refpirer , ou au moins de faire de temps en temps
de grandes infpirations.
Que faut-il faire alors ? S’il y a pléthore ( ce
qu’on connoîtra aifément par fes fignes ) verfer du
faner ; car, j’ai dit précédemment que la furabon-
dance du fang étoit, dans quelques fujets , la caufe
de laquelle procédoient les fauffes douleurs : l ’effet
qui réfulte de la faignée prouve la vérité de cette
théorie : c’eft pourquoi , après la faignée , la dilatation
de l'orifice de la matrice fe fait plus facilement
, & le travail s’accélère. On eft quelque