
de l ’extrémité méridionale de Y Afrique ; on en
tracera une autre à peu près parallèle au mé-
ridien, quiconforme aux différences tirées, des
traits du vifage, divifera ces mêmes hommes en
noirs occidentaux & noirs orientaux ; & en
olivâtres occidentaux 8c olivâtres, orientaux.
Si maintenant on veut appliquer des noms aux
diftinétions phyfîques, il faudra, oa retrancher; du
nombre des caffres les peuples 'de l’extrémité occidentale
& méridionale: de l’Afrique \ ou ôter
de cette claffe les noirs. orientaux de Sofala ,.du
Mo no mo tapa , de Mozambique r & de tout le
Zanguebar. Dans la première fuppofition y on
nommera nègresles peuples occidentaux noirs ,
& hottentots , les occidentaux olivâtres ; pour les
peuples, orientaux, on les divifera en caffres. olivâtres
& en. caffres noirs. Dans la fécondé bip-
pofition , que je préférerois de tout point., on ref-
ireindroîtla dénomination de caffres aux peuples
olivâtres de? toute l ’extrémité méridionale de YAt-
frique , .qui réellement paroiflent appartenir à une
même race.- Car les hottentots n’ont le nez: épaté
que par le foin qivon prend de lui donner cette
forme. Alors on diftingueroit les noirs en noirs
occidentaux ou nègres•,.&■ en noirs orientaux ; &
les olivâtres en caffres.occidentaux ou caffres hot*
tentots, 8c en caffres :orientaux; Cette double
divifion des habita as de Y Afrique méridionale par
roît d’autant plus vraie , qu’elle femble répondre
à celle qui a déjà- été faite , relativement aux
températures & au ventd’eft-,.& quidiftingue très-
fenfiblement la. gordon- orientale de Y Afrique qui-
Regarde la mer des Indes, de. la portion occidentale
baignée par l’Océan,
II. Après ces. preinières.drfférences relatives à-la
couleur , & qui ' femblent correfpondre avec les
grandes divisons phyfiqu.es du continent de Y A fr ique
, il eftdes caraétères moins généraux »«mais non
moins réels qui peuvent-, encore; former entre les
hommes des foudivifîonS & des. différences nationales
qu’on ne doit pas négliger d’obferver. Ainfi*,
l ’on, voit dans; les'traits. la eoupè du vifage,
dans- la mâture -dés .poils ,& des- cheveux-,.. dans là
force , la forme., 8c la ftature du- corps., ; dans
Codeur fpéeifique de la tranfpiration , dans les
conftitutions , les difformités, & les maladies mêmes,
& jufques- dans le langage , les inclinations 8c les
goûts des caractères; qui: diftinguent les peuples
8c les nations , & .qui: paroiffeut,. ainfi que laxou-
le u r , affeétés: à 'dé. certains: climats.
. Quant à la ftaéure &>'à la jebtffbhi&ion phy-
fique, les .arabes: ^.qui forment .une nation à part
idans tous les paysqu Ils.habitent ep Afrique-, .font
plus petits que les-égyptiens & .les maures; ils
font-auffi pliis. maigres., plus mufelés, mais en
même temps, plus, r-9buft.es ; leur oeil eft vif. &
fpirituel, leur figure laide & bafanée, mais pleine
de physionomie ;,ils font phlegmatiques (i) , mais
i .(i) J’cntends ici-'gar phlegmapque cette conftitutioa moleur
colère éft terrible. Lés égyptiens lbnt encore
plus phi égmatiques ; ils font grands , 80 leurs>
femmes petites; &• cependant la plupart des-femmes
barloarefques font grandes , 8c celles de-Tripoli
ont une taille très-avantageufe. Les femmes*
d’Abiflinie font de même grandes d’une beauté
rare, 8c malgré leur-teint un p.eu olivâtre , elles-
font les reines dès hatems du Caire.- Pourquoi v
au milieu de tous ces peuples dont lès femmes
font bien proportionnées aux hommes, les feules
égyptiennes font-elles d’une difproportibn- fi particulière
? Attribuer cette différence aux travaux
auxquels elles fe livrent, & aux fardeaux qu’elles
portent fur leur tête, ce feroit dire que chez les
peuples voifins lçs .femmes reftent oifives ou ne
font livrées qu’aux occupations tranquilles de l ’intérieur
des maifons-.: cependant Shaw nous apprend'
que les femmes maures font accablées-des-travaux
les plus pénibles-, tandis que les hommes vivent
dans la nonchalance la plus tranquille. La - com-
paraifon. des arabes du défert r avec les nègres du
Sénégal,-. préfente les- mêmes- différences1 qu’avec
les maures & les égyptiens. Les arabes ou le§*
maures du Sabra , dit M. Adanfon » font plus maigres,.
plus fecs, plus mufelés , & plus- petits que-
les nègres, qui», en général, ont des formes plus
molles & plus arrondies,. & parmi5 iefquels il y.
y. en a. de parfaitement proportionnési Les femmes
de ceux-ci font de même belles,-à la couleur
& à la figure près : cependant tous les- nègres ne;
font pas d’une ftature égale , & les bambaras , dit-
on , font les plus grands ; les angolas 8c les gui-«-
néens les plus forts ;- les congos les plus petitSï
Les hottentots ne font pas petits comme1 on l ’a-
dit ;• cepèndant leur tête eft greffe , & leurs extrémités
menues , 8c les femmes font fort petites en -
comparaifon des hommes. L ’agilité de cespeuples j .
8c leur vîteffe à la courfe, eft fingulière. La figure &,
les traits-'ànvifage des nègres font des plus remarquables
ÿla prominence delà-moitié inférieure-du vifage
fur-la moitié, fupérîèure , e eft-à-dire ,.de la portion
alvéolaire de l ’os, maxillaire fupérieur fur fk
portion nafale t& orbitaire , l’épatement du-nez||,
-la greffeur des- lèvres , le bombement des finus
frontaux., font «les différences- caraétériftiques qui'
diftingûent le vifage.nègre du; vifage européen. Ces
traits font plus«, durs 8c plus groffiers chez les nè- fres. du Cap-Verd, moins chez les angolas & les
énégalois. L e nez; dés- noirs- orientaux; n’eft pas
épaté de;, même-, celui des hottentots- ne T ’èffcpas
naturellement , & chez .eux c’eft la lèvre fepé-
rieur -fur-tout qui eft remarquable par fa groffeun..
raler qui appartient fôuvent plus« à une- conftitution mé«-
lâncolique qu'à toute autre difpofition. du. corps , & dans
laquelle l’homme, qui femble s'émouvoir difficilement,
eft cependant fufceptiblé. des affrétions les plus violentes &
lés plus durables : cette difpofition eft très-ordinaire aux
! ; peuplés des pays chauds,-
Les caffres de Natal ont le nez encore mieux,
& la ftature beaucoup plus belle,. Après la figure
& les traits , la nature des cheveux eft - un des
caractères les plus fenfibles qui diftinguent les nègres
des autres peuples à?Afrique. Les cheveux des
africains en général font ou noirs ou roux ; & cette
dernière couleur eft même un agrément parmi les
femmes égyptiennes & barbarefques. Les cheveux
des hommes font tous plus ou. moins frifés. Ceux
des maures font affez longs , épais, 8c crépus;
ceux des femmes barbarefques font - très-longs 8c
très-beaux , ceux des habitans des montagnes de
l ’Atlas font aulfi fort longs ; & il a déjà été dit
que ceux des habitans .du mont Aurefs étoient
blonds, couleur affez rare & affez extraordinaire
en Afrique. Ceux des nègres font , comme on
la it , courts , fins, 8c laineux ; 8c ceux des noirs
orientaux ne font pas fi laineux , mais font fort
épais & crépus. Quant aux cheveux des hottentots
& ceux des habitans de Natal , il eft difficile de
dire de quelle nature ils font , étant pétris de
graiffe & de fuie. Pour la barbe, la plupart des
africains l ’ont peu fournie. La puberté en général
, dans les climats chauds , eft fort avancée ;
cependant l ’époque la plus précoce de la puberté
des femmes eft à l’âg e de neuf ans ; & la plus ordinaire
en Afrique eft à celui de onze. Shaw dit
que les femmes barbarefques font communément
mères à onze ans , & cenent de pouvoir l ’être à
trèiîte, quoique d’ailleurs elles vivent auffi longtemps
que les européennes. I l paroît que c’eft à peu
près là la mefure ordinaire de toutes les nations africaines
& de toutes celles fituées entre les 30 ou 35
degrés de latitude tant de nord que de fud. Les égyp-
tiènnès font très-fécondes : mais M. Ramel affure
que les Barbarefques le font très-peu , 8c que la
population ne fe foutient que par la polygamie.
L ’abfence des évacuations périodiques du fexe dans
les pays très-chauds, de même que dans les contrées
glaciales, eft un fait qui n’eft pas affez conftaté pour
être préfenté ici comme une différence nationale.
Mais il eft très-vrai que dans les pays oû la tranfpiration
eft très-a&ive, l,es évacuations fanguines,
mit menftruelles, foit celles des couches, font pro-
portionnément moins abondantes que dans lès pays
froids , & les femmes fe relèvent beaucoup plus tôt
après leurs couches'; ce qui a lieu non feulement
chez les femmes du pays , mais même chez les
européennes qui y font établies, fur-tout les créoles.
1 ’odeur de la tranfpiration eft encore chez les
nèyjres un cara&ère national ; les angolas font de
tous , ceux dont l’odeur eft la plus înfefte ; & quand
ils font échauffés , on les fent à une diftance confidé-
rable: cette odeur, dit-on, n’a point lieu, ou au
moins n’eft pas fi fenfible chez les noirs orientaux ;
pour les hottentots enduits de graiffe confolidée
avec la poudre de buchu , elpèce de fpiraea , il
eft impoffible , au milieu de l ’odeur infeéle de
cet enduit & de celle que leur donneroit leur malpropreté
naturelle, de difeerner quelle eft Todeur
ïpécifîque de leur peau. En général, il femble qu’on
foit porté à croire que pàr-tout où il exifte une couleur
de race dépendante de la fecrétion d’une partie
colorante fous l ’épiderme, il doit auffi exifter une
odeur (pécifique ; 8c chez nous même , la peau d’une,
perfonne rouffe , qui , fur-tout au cuir chevelu,
donne une partie colorante bien remarquable, 8c
fufceptible même de teindre des corps étrangers , eft
toujours plus ou moins imprégnée d’une odeur
fpécifîque défàgréable. La peau des nègres eft auffi
enduite d’une efpèce^dë fuintement qui paroît hui-'
leux, & qui eft remarquable , fur-tout dans le
pays même. Et chez nous certaines perfômies très-
brunes ont auffi cet e/nduit, fur-tout dans le voi-
fînage du cuir chevelu. Les excroiffances charnues
qui couvrent les parties fexuelles des femmes
hottentotes , 8c qui ont été attribuées à un prolongement
de la peau qui eft au deffus du pubis, ont,
dit on , été reconnues depuis n’appartenir qu’à un
prolongement particulier des nymphes , qui exifte
réellement chez ce peuple. Ce prolongement peut
être général chez cette nation ; mais il eft très-vrai
qu’il eft connu chez d’autres peuples. Et fi ce que
Thevenot rapporte du tablier hottentot comme existant
auffi chez les égyptiennes 8c les négreffes ,
eft regardé comme une fable avec raifon , on ne
le regardera pas de même , fi l’on ne confidère
cette excroiffance que comme un prolongement des
nymphes. Car ce prolongeaient des nymphes n’eft
pas rare ; l ’opération qui l ’enlève eft connue : feulement
il eft probable qu’il n’eft qu’accidentel
chez les autres peuples, tandis que chez les hottentots
il eft national. On peut mettre au même
rang certains prolongemens du prépuce chez les
hommes, qui néceffitent chez plufîeurs peuples l ’opération
de la circoncifîon , indépendamment de
toute tradition religieufe. On dit que cette opération
a lieu chez un peuple fauvage 8c fans culte
connu, dont au moins le culte eft très-étranger au
mahométifme , & qui habite les environs de la
baie de Saint-Auguftin à Madagafcar : quelques
auteurs affurent que , fans cette opération , ces parties
feroient fujettes à des maladies vermineufès
très-incommodes. Mais i l paroît que tous les habitans
de Madagafcar en font une pratique religieufe.
La longueur & la foupleffe des mamelles
chez les hottentotes eft , ainfi que le prolongement
des nymphes , un caraftère natiotfal connu ;
& l’on fait que leurs enfans , portés continuellement
fur leur dos , reçoivent le fein de leurs mères
par-deffus l ’épaule. La brièveté de la vie des habitans
de la Guinée orientale eft encore une différence
phyfîque qu’on pourroit regarder corQme un
caractère propre à ces nations ; mais les maladies ,
quoique fôuvent nationales, ne paroiflent pas dévoie
être comptées parmi les différences conftitutionnel-
les,'& doivent être plutôt regardées comme des pro«
duits de l’influence des climats &des chofes environnantes.
La douceur ou la rudeffe de la v o ix , la
différeacc des langages , 'le caj^étère des chants &
* R r \