
<jui nous change & altère notre état prêtent, & du
poifon qui détruit nos fondtions 8c nos organes»
D e s différences de la matière nutritive.
M. Lo r ry , en prenant la matière nutritive depuis,
fon origine dans les principes qui fervent au
développement des plantes , jufqu’aux derniers degrés
d'altération dans iefquels elle peut encore
iervir à la nourriture des animaux les plus atténués
, finit par dire: (p . 31.) « C ’eft donc de-
» puis le degré d’altération propre à chaque efpèce
» d animal jufqu’au premier principe du mucilage,
» que l ’on doit fixer les bornes de la matière
» nutritive , & c’eft aulfi dans cette étendue que
» nous établirons fes différences. . _. »,
P remière différence. Mucilage p arfait, imparfait.
(P . 3.2.) «En premier lie u , ou elle eft dans fon
» état de perfedtion, c’eft-â-dire, pourvue; de tous
» les cara&ères de mucilage parfait dont nous
» avons parlé précédemment, ou elle eft mêlée
» avec des principes étrangers ».
« . Le mucilage imparfait s’éloigne cTau-
» tant plus de l ’état d’aliment, qu'il a plus de
» parties prédominantes. Mais on doit regarder la
» plupart de ces parties éminentes dans les fubf-
» tances nutritives qui ne font pas parvenues à
» leur maturité, non- pas tout à fait comme des
» parties étrangères , mais comme des parties qui
» font effentiellement néceffaires pour perfeéBon-
j» ner le mucilage , & qui, pour parvenir à ce but
» dans le corps des animaux, auroient befoin de
» recevoir, durant le petit efpace de temps que
» la nature a accordé a la digeftion , la prépa-
5» ration qu’elle fait par des progrès impercepti-
» blés dans la maturation des fruits ».
Seconde différence. Mucilage liquide, folide.
{ 'P » 33* ) « Quand le mucilage eft parvenu
» à là dernière perfection, il peut fe préfenter
» fous une infinité de formes differentes. Quoi-
» qu’il foit au même point d’altération . . . . quel-
» quefois fa forme eft folide , quelquefois elle
» eft liquide. Celui qui eft fous forme folide,
» femble être d’une digeftion plus difficile (zo) 5
» cependant i l ne l’eft pas davantage que celui
f2o) Ici M. Lorry mer le mot de digeftion i la place
de celui de coâion ; car pour la digeftion, qui eft la préparation
que les alimens reçoivent dans l’eftomac par le
mélange des fucs- qui en font l’extrait, il eft vrai que les
alimens folides font, toutes ch0fes égales, de plus pénible
digeftion que les fluides , parce qu'ils font plus difficiles
à pénétrer par les fucs qui doivent les difloudre. Hippo-
«ctate a dit dans fes apborifmcs quon étçit pim aifément
» qui eft fous une forme liquide , fi nous Tes fiip-
» pofons tous deux au même degré d’atténua-
» tion ».
® L ’eau eft un des élémens du mucilage, mais
» c’eft celui qu’on lui enlève & qu’on lui reftitue
» le plus ailé ment. . . , ( P . 34.) L a plus otL moins
» grande quantité d’eau qui délaie le mucilage ,
» eft la feule caufe de ce qu’une fubftance muci-
» lagineufe,. fous forme liquide , fe pourrira très-
» promptement , fous forme folide | peut
» lubfifter des fié clés entiers.. . . ».
Troisième différence. Mucilage atténué. plus ou moins
( P . 3f.) «. . . . On peut avoir plulïeurs mar~
» ques certaines pour reconnoître l ’union plus ou
» moins grande des parties d’ un mucilage nourrira
cier (z i) ».
« La première & la plus univoque eft la faci-
» lité à s’altérer dans l ’eau. . . . . »-.
« La fécondé eft le plus ou le moins d’intu-
» mefcence dans l’eau ; car plus- un mucilage eft
» atténué, moins il fe gonfle (22). Les mucilages
» non fermentés fe gonflent bien plus que les mu-
» cilages fermentés.. . . ».
« La troifième eft le moins de vifeofité ou de
» ténacité dans un pareil volume d’eau-. C’eft un
» caractère d’atténuation dans Yaliment indiqué
» par Hippocrate , & que Galien a fait valoir
» comme i l le mé ri toit. L e peu de défunion desnourri
par les alimens liquides ou par les boijfons, que
par les alimens folides. Mais une fois l’extra ftion faite,,
& Yaliment folide réduit en liquide par les- Aies digeftifs,,
il n’eft pas plus difficile à atténuer qu’un aliment fluide
d’égale atténuation... Ain fi, en mettant ici ajjimilation ou-
coction à la place de digeftion, on. a le véritable fens de
l’auteur. .
( 2 j ) C’eft-i-dire, fon degré plus ou moins1 grand d’at-
ténuarion. Plus l’atténuation eft grande, moins l’union ,
l'adhéfion , la vifeofité du mucilage eft forte,
( 22 ) Ceci tient alitant à la concentration; q.u’à l’atténuation;
d’ailleurs- il y a au fil d’ans, ce phénomène un fair
analogue à celui des criftallifarions. Les gelées mucilagi-
rreufes abforbent plus ou moins d’eau. On pourroit comparer
cette eau- à celle- qui entre d'ans la criftallifation
des fets , ôc q.ui y entre plus ou moins abondamment félon
leur nature Ôc leurs propriétés,. La gomme adragant eft
un mucilage végétal., 8c la colle de poifîon ou ichthyo-
colj’e , qui eft la- membrane de l’eftomac de l’efturgeon ,
contient un mucilage anima!» L’une & l’autre fe gonflent
prodigieulément daus l’eau, indépendamment de toute atténuation
& de toute concentration. L’atténuation animale
n’empêche pas l’ichthyocolle de fe gonfler beaucoup , &"
la légèreté fpécifique de la gomme adragant, qui annonce
peu de concentration , ne l’empèche pas de fe gonfler auffi
de manière à occuper peut être d’eux cents fois le volume
qu’elle avoit dans l’état de fccherefTe. Néanmoins la gomme
arabique la plus sèche, aufti pefante que la gomme adra-
g^nc, fe gonfle très-peu pat l’humidité.
D parties fait que dans un pareil volume d’eau elles
» adhèrent plus fortement entre elles. Mn «fia«-?r»-
» pim : die Galien , ita ut indivulfi trahàntur....
» Une graine qui n’eft pas fermentée , expofée
» à la faiive , eft pâteufe & tenace . . . . une graine
» qui a été, fermentée fe diffout aifément ( 23 ) ;
» donne un goût doux , favonneux-, ainfi que la
» plupart des mucilages animaux.. . . ».
Diffère ns ordres de mucilages félon leur degré
dl atténuation.
Mucilages animaux,
( P . 37. ) « Les mucilages les plus proches de
» notre nature . . • . font ceux qui des végétaux
» ont parte chez les animaux . . . » cependant ,
» pour nourrir, ces mucilages animaux doivent
» avoir moins d’aiténuàtiori que les animaux qui
v s’en nourriffent.».. S’il fe trouve des animaux car-
» nivores qui fe mangent réciproquement . . . .
» ils rem pli fient leur ertomac, 8c cette plénitude
» produit la fatiété , mais iis ne fe nourriffent
» point. . IY (24) ».
( P . 38. ) « Ce mucilage varie infiniment dans
» les 'différentes eipèces d animaux. . . . , 8c dans
v chaque efpèce, fuivant l'exercice, l ’âge , la nour-
» ri ture. . . . ».
(L a i t .) ( P . 38.) « Le mucilage qui tient
» le premier rang d’approximation à la nature
» animale de l’homme, après celui des animaux ,
» eft celui qui a paffé , de même que les animaux ,
» les bornes de la fermentation, quoiqu’i l ait en-
» core des parties . . . . capables d’entrer en fer-
» mentation . . . . C ’eft le lait . . . . capable’ de
» former un mucilage intermédiaire entre l'état
v animal & l ’état végétal ».
Mucilages à demi fermentés»
( P . 3$. ) « L'animal a plus d’effort à faire pour
» le nourrir des mucilages à demi fermentés, dont
(23) Ceci tient aufli à une autre caufe dans les graines
cercéales, c’eft que la partie glutineufe, nacurellemen in-
foluble , fi ce n’eft dans les acides, fe trouve diffoute dans
l’acide de f amidon qui a fermente à f’air, & qui eft devenu
véritablement le m en fl rue ou le diffolvant du gluten.
L’amidon eft véritablement une gelée sèche ; toutes les gelées^
végétales 8c animales font fufee pci blés de s’aigrir, & ,
devenues acides , elles di(loivent la partie fibreufe ou glutineufe
, qui, dam les végétaux comme dans les animaux ,
eft également foluble dans les acides , Ôc infoluble dans
l’eau,
( 2tj. ) Il eft quelques exemples d’antropophages, oui fem-
Ment prouver que ces hommès atroces fe fiourriffoient réellement
de leurs fcmblables , & qu’ils acqucroient une forcé
de corps extraordinaire, à laquelle ont dû contribuer leurs
exercices & leur manière de vivre, mais d laquelle n’a pas
ftui l’horrible nourriture dont ils fe raffalioienc.
» les parties ne font plus liées que par une union
» lâche 8c capable de céder à l ’action de la fa - .
» live , comme . . . . dans l ’orge fermenté , & dans
» le moût & le lue dés plantes fermentantes j . . . .
» leurs principes, fans changer de nature ,"font
» devenus plus atténués . . . . & plus ils change-
» ront dorénavant, plus ils perdront de leur liai—
» fon . . . . alors les parties homogènes (25) fe
,» liant ernre elles , on verra différentes unions.. . .
» mais le mucilage fera en beaucoup moindre
» quantité , i l fera très-atténué.. . . ».
-Mucilage des fucs favonneux.
( P . 40. ) et Immédiatement après ce mucilage ,
» vient le fuc favonneùx des plantes (26) , ainfi
» nommé par le grand Boerhaayé pour fes effets ,
~û & que nous appelons mucilage par fa cooepo-
» fition «. . . Comaid il ne manquolt au dernier
» mucilage , confidéré dans l’état de fermentation,
» qu’un degré de mouvement pour fe défunir,, ïl
» ne manque à celui-ci qu’un degré pont entre*
» en fermentation. . . . ».
Mucilages fucrés extractifs, &C.
( P , 4T.) t« Une claffe de mucilages qui dé»
» génèrent un peu moins promptement, com-
» prend les fucs mielleux , les robtf, les extraits
» des plantes ( 17)* chargés à la vérité de Tels
( 25 ) Ici M. Lorry veut donner une idée de la fer-
mCntaiion. L’idée du mucilâge qui fe déco’mpofe , 6c dent-
les parties homogènes fe recherchent ôc fe féparent defc
hétérogènes, entroit pour beaucoup de fon temps dans la
théorie de la fermeutarion ; théorie vague, 6c remplacée
avantageufement & d’une manière plus précife de nos jours
par la théorie des -combinaifons de l’air & du gaz hydro--
gène par la décompofition de l’eau. En forte que la fermentation
n’eft plus qu’une combinaifon des différentes
parties du mucilage ôc du corps fucré avec la bafè du gaz
inflammable, êc avec la bife de l’air vital ou l’oxygène ,
pour former d’une part l’efprit-de-vin , de l'autre l’acide
carbonique. Quoi qu’il en fort , il eft toujours vrai que
le mucilage ou le corps fucré diminue dans les fubftances
fermentées, 6c que ces fubftances deviennent par-là beaucoup
moins nourridantes. En forte qu’ici il paroît que M.
Lorry ne met point les fubftances abfolumcnt fermentées
au nombre des mucilages nutritifs , mais feulement les
fubftances à demi fermentées, 8c dans iefquelles ce premier
mouvement n’a fait que donner un degré d’atténua-»
tion de plus, fans détruire le mucilage.
(26) M. Lorry entendoit par fuc favonneux le Aie ferme
rrtefci b le des fruits ; car c’eft ce fuc que BoerhaaVe A
appelé favonneux §c fondant.
(27 ) Les extraits ( ou , fuivant la nouvelle nomenclature
chimique » l ’extradif) font réellement compofés effentiel—
lement d’une rébne 6c d’un fel fouvent alca in , auquel
cette réfine eft unie dans l’état de favon. Que ce favori
foit mêlé d’une partie mucide 8c fermentefcible , il n’eii
faut pas douter. Mais ce qu’on nomme proprement extrait
n’eft point un mucilage , 6c eft loin de fermenter auflî
facilement que les fucs mielleux , ôc doit formes un amte
ordre dans la claffe des corps nutritifs,