
Ainfi , que la caufe foit externe, comme l ’action
des vapeurs qui s’élèvent des marais ; qu’elle
foit interne , comme celle qui fe développe dans
.l’intérieur du corps attaqué d’une fièvre vraiment
putride , les nerfs, dans toutes ces fuppofitions ,
font affeétés de manière a diminuer les forces
vitales : l ’irritabilité des fibres diminue en même
raifon, & l ’accablement en eft toujours la fuite.
En général, l’accablement nerveux fuppofo une
diminution notable dans les rapports & la liai-?
fon que la fenfibilité & l ’irritabilité ont entre
elleç , & qui conftituent l’état de fanté j il eft
très-important d’y remédier efficacement. Les fai-
gnées ou les évacuans , s’il eft dû à la pléthore
ianguine ou à la furabondance des humeurs} les
acides , les toniques , les irritans , les antifeptiques
en générai, s’il eft produit par quelques-unes des
caufos qui agi fient fur les nerfs , font les. remèdes
les plus propres à le combattre.
Boerhaave , dans fes aphorifmes , n°. 660 , traite
de la débilité fébrile , débilitas febrilis , dont
quelques-unes des nuances fe rapportent à ce
que j’appelle abattement, quoique fous plufieurs
autres afpeéts il en diffère. \Jabattement eft en
quelque forte le premier degré de Y accablement,
( V - D : y
A c c a b l e m e n t . A r t vétérinaire. U a c -
cablement eft , comme l ’abattement , plutôt
un fymptôme maladif qu’une maladie réelle :
on le confond fouvent- avec ce dernier , & nous
croyons qu’il eft efientiel d’en faire remarquer
les différences.
L ’accablement n’eft prefque jamais la fuite du'
travail comme l’abattement ; il accompagne plus
ordinairement les maladies aiguës, les accidens
extérieurs , les grandes opérations, & l’efpèce de
fièvre que les médecins nomment fièvre d’ irritation;
il eft beaucoup plus à redouter que l’abattement
, qui ne vient que fucceflivëment, tandis que
l ’autre attaque fubitemenf & avec une violence
toujours proportionnée à la force de l ’animal. Dans
cet état , outre les fymptômes particuliers à la
maladie, il eft toujours couché , il fe débat , &
fe plaint beaucoup ; fes yeux font ternes & morts,
fa langue pendante , fes crins fans adhérence , fa
queue, molle & craquant comme fi elle alloit
s’arracher, lorfqu’on la foulève pour aider l ?animal
à fe relever ; l ’appétit & la foif font perdus ; les
fecrétions & les excrétions font fufpendues ou presque
null.es j il eft couvert d’une fueur froide , le
flanc fe retroufle , & fes mouvemens s7accélèrent 5
i l n’y a cependant quelquefois que peu ou point
de changement dans le pouls, qui eft petit & pro-r
fond , Sc l ’air expiré n’annonce pas l ’inflammation
du poumon ; les fons paroiflent en partie anéantis,
fur - tout ceux de l ’ouie & de la vue. Si on ex-?
cite l ’animal a fe relever, il retrouve des forces,
mais ce n’eft quavec de grands efforts & après
l ’être laiffé retomber plufieurs foisi II ne refte
pas long - temps debout. Il eft alors efloufiîé,
bat violemment du flanc , a le pouls accéJéré ,
les yeux hagards j les jambes plient fous le poids
du corps , & il ne tarde pas à fe précipiter de
nouveau par terre. Sur la fin de cet état, qui ne
dure que quelques jours, il ne fent plus de douleur
à la partie malade ; fi c’eft une extrémité ,
il n’en boite plus , & nous en avons vu qui ,
malgré une fraéture de l ’os de la couronne, la
chute du fabot, Ou du javart tendineux d’une très-
mauvaife efpèce , s’appuyoient parfaitement bien.
Cette faufle fécurité , qui quelquefois peut faire
prendre le change fur la véritable fituation du ma-*
^lade , annonce toujours une gangrène prochaine
wou exiftante , & la perte totale du reffort des fo-
lides. Il -eft rare que le pronoftic des maladies
que cet açcidçnt accompagne , ne foit pas fâcheux.
Il eft des races & des efpèces de chevaux beaucoup
plutôt accablés que les autres. vN,ous avons
obfervé â cet égard que les danois , les hollan-
dois,, les flamands , jéfîftoient moins que ceux
des autres pays aux diverfes maladies qui les affectent
: il en eft de même de tous ceux qui font
d’un tempérament lâche & mou , qui font gras
& peu exercés. L’accablement eft aufii rare parmi
les chevaux de fiacre , de. remife , & de charrette ,
qu’il eft commun parmi ceux qu’on appelle à
Paris chevaux bourgeois , c’eft-à-dire , ceux qui,
appartenant aux particuliers, font mieux foignés,
mieux nourris , travaillent moins que les pré-
cédens , & font prefque toujours dans un état
d’obéfîté. Nous avons vu fouvent des accidens
dont un cheval de remife auroit à peine boité ,
comme des javarts, des coups, & c ., exciter dans
les autres une fièvre violente, une vive douleur ,
Y accablement i quelquefois même la perte du
malade : aufii la manière de traiter les maladies
, dans les uns & dans les autres , dpit - elle;
prefque toujours être différente. Les médecins font
fouvent de femblables o^fervations dans l ’efpècç
humaine.
Lopfque Y accablement a lieu dans les maladies
chroniques , comme le farcin , la morve, la
gale , les dartres, &c. , i l annonce prefque toujours
un effort de la nature j & fi le malade y
réfifte, on voit bientôt paroître des tumeurs &r
des abcès , q u i, le plus fouvent, décident avan-
tageufement la maladie.
On peut prévenir ou remédier â l ’accablement,
en mettant en ufage les remède? généraux propres
à combattre ou à prévenir l ’irritation & la douleur
qui en font les premières caufes $ mais il
faut prendre garde d’en abufer. Il ne nous eft pas ,
poflible de fixer ici les limites où l’on doit s’ar-?
rêter ; l’habitude de voir peut feule les indiquer?
au praticien , & il feroit à craindre que leur emploi
trop précipité ou trop long-temps continué
ne plongeât l ’animal dans l ’abîme que l ’on j veut
lui faire éviter. Il-ne refte alors d’autre reffourcç
A c c
que dand l'aétion , trop fouvent infuffifante ou abu-
five , des remèdes aétifs propres à réveiller la nature
affaiffée , & à lui redonner les forces qui lui
manquent.
Parmi les premiers , la faignée eft un de ceux
,<iue l ’on doit employer avec prudence, fon omif-
fion pourroit être aufii à craindre que fon exces.
On doit la faire petite & la répéter félon que
les cir.conftances paroîtront l ’exiger.: fes effets feront
aidés par les délayans , les tempérons , & les adouciffans , adminiftrés fous toutes les formes
convenables. Quant au fécond , l ’application des
véficatoires, s’il s’agit d’une maladie interne ; celle
du cautère a&uel, des fcarifications, de l ’amputation, %
fi elle eft praticable, lorfqu’i l s’agit d’accidens extérieurs
j , l ’admini fixation des cordiaux , de l ’alkali
volatil , du quinquinna , & c ., font des armes dont
on peut quelquefois, dans l ’un & l’autre cas, efpérer
des fuccès ,' & dont l ’inefficacité préfage toujours
une mort prochaine. ( M. Hï/ZARD.)
A C C É L É R A T I O N , f. f. Pathologie, fe
dit particulièrement de l ’augmentation de vitefie du
pouls dans les différentes fortes de fièvres.
On applique encore le mot accélération au
retour atlticipé des accès qui ont lieu périodiquement,
les rémittentes. ( V, JD. )■
A C C É L É R É , pouls accéléré , accès
accéléré , voye\ Accélération. ( V . JD. )
A C C È S , - f. m. Pathologie, fe dit du retour'
foit dans les fièvres intermittentes, foit dans
périodique de certaines maladies qui laiffent
de temps en temps des intervalles de relâche au
malade.
Ainfi,, l ’on dit un accès de goutte , mais plus
fpécialement un accès de fièvre, d’épilepfîe, de
folie.
On confond fouvent accès avec paroxifme ; cependant
la lignification de paroxifme répond à
celle, de redoublement. On dit , le malade eft
dans le paroxifme de fa fièvre, mais on ne dit pas
qu’il eft dans le paroxifme d’unè épilepfîe.
Quant à la caufe du retour, périodique de certaines
maladies , voye\ Maladies périodiques & Fièvres intermittentes. ( M. Ca il l e .)
Accès, f. mï Ordre nofologique. Paroxisme,
Exacerbation, Redoublement. On appelle de
ce nom, comme on vient de le li r e , les retours
périodiques des fièvres dont le commencement eft
pour l ’ordinaire marqué par du friffon , le milieu
par la chaleur , & la fin par une fueur plus ou
moins abondante. Quelquefois la foule augmentation
- de divers genres , & après cet examen , notre étonnement
de vitefie dans le pouls & la chaleur conftituent
l ’exarcerbation ou paroxifme. Ces deux dernières
dénominations font fur-tout employées pour • ■ jâéfigner les redoublemens * des fièvres continues
A C C j'y
& le mot accès ‘eft réforvé pour ceux des intermittentes.
.
En latin, le mot paroxifmtts eft employé pour
défigner toutes les exacerbations des fièvres, & le
mot accès nous forvira dans cet article pour en
expofor les combinaifons. .
La fièvre appelée Continente par les fcolantique?
, étoit fuppofée par eux avoir une marche
graduée dans fon principe & dans fa fin, fans aucuns
paroxifmes : mais l ’obfervation prouve qu’une
pareille fièvre n’exifte point ", & qu’il n’y en a
aucune dans laquelle chaque jour ne foit marqué
au moins par Une augmentation des accidens fébriles,
c’eft-à-dire , par un paroxifme. On cfoferve
même que les accès des fièvres intermittentes,quotidiennes reviennent le plus fouvent le matin ;
ceux des tierces vers le milieu de la journée, & ceux des quartes dans l ’après-midi. Dans la plupart
le foir, & quelquefois un plus léger dans la première
des continues il y a un redoublement- vers
partie du jour , foit vers la fia de la nuit,
foit vers celle de la matinée.
On ne manquera pas de demander pourquoi cet
ordre a lieu & de quelle caufe il peut dépendre : mais rien n’eft plus contraire au véritable efprit
de recherches que cette indiferète & fatigante cu-
riofîté , que tout irrite & que rien ne fatisfait.
Les réflexions fuivantes n’expliqueront pas l ’exaéte
régularité des paroxifmes fébriles, mais elles la
rendront peut-être moins étonnante aux yeux de
la raifon.
Celui qui examine attentivement l ’économie
animale , y voit les traces de la même harmonie qui
fe montre par-tout dans l’univers. Les momens
de la geftation font comptés ; i ’accroifiement & les âges ont leurs phafes particulières $ l ’écoulement
des règles a fes périodes ; non feulement
- chaque époque, mais enpore chaque jour de la
vie eft fujet aux mêmes lois j la digeftion & toutes
les fondions en général, dans les perfonnes faines ,
font gouvernées fuivant les mêmes principes : dans
les maladies., l ’ordre des crifts auquel les climats & divërfos ‘autres circonftances apportent beaucoup
moins de variations qu’on ne croit communément, ' font. une nouvelle preuve de cette efpèce d’influence
périodique, par laquelle tout eft régi. Eft-iX
donc étonnant que les accès ou paroxifmes des
fièvres fuivent entre eux une progreffion confiante , & ne feroit - il pas furprenant au contraire qu’i l
en fût autrement*
Jetons un coup d’oe il général fur. les maladies
fera moindre encore.
Dans la plupart des maladies lentes ou chroniques
,y
_ .il furvient fouvent dés aecidçns de la
nature des maladies aiguës y fouvent le mal“ r
&double pendant un nombre de jours indéterm" ces temps d’orage , qui’ font plus rF ou
longs , font fuivis par un temps de: .*e, jnoîoS-
,ços. L *