
avaat quelles ( égyptyennes ) les fecouiruffent dans
l'enfantement.
La même coutume étoit obfervée chez les grecs.
On peut fe convaincre de cette vérité par ce qu’en
dit Platon dans un dialogue intitulé de là fcience.
On remarque que l ’ufage étoit de hé permettre
l ’exercice de Part des accouchemens .qu’aux femmes
qui avoient eu des enfans , mais qui en même
temps étoient parvenues à l ’âge où l’on ceffe d’être
mère. Il paroît, par les réflexions du philofophe
grec , que cette précaution avoit pour objet de
n’avoir que des accoucheurs qui eufTent en même
temps de la commifération, par le fouvenir des dangers
auxquels elles avoient été expofées * & des
douleurs quelles avoient éprouvées , & la prudence
jtqu’on n’acquiert que par une longue expérience.
Cependant les hommes partagèrent enfuite cette
fonction avec les femmes. On peut croire que ces
dernières , qui n’avoient pas toute l’inftru&ion né-
ceffaire, avoient commis des fautes graves dans
l ’exercice de leur profeffion ; & l ’aréopage d’A thènes
décida que cette partie de l ’art de guérir
feroit réfervée aux médecins. Un événement flngu-
lier fit revivre l ’ancienne coutume. Une jeune fille
d’Athènes, nommée Agnocide , qui avoit étudié les
belles lettres , défira avec paffion favoir la Médecine.
Pour fatisfaire ce défîr , elle s’habilla en
homme, & fréquenta l’école d’Hierophile, fous le quel
elle apprit cette fcience. Elle étoit connue
de quelques perlonnes de Ion fexe , qui la choifi-
rent enfuite pour les accoucher ; car les dames
d’Athènes ne fouffroient qu’avec la plus grande
répugnance les fecours'que les hommes leur don-
noient dans l ’enfantement. L a jeune Agnocide acquit
une telle réputation., qu’on la foupçonna de
leduire les femmes , & de n’exercer fon art que
pour les corrompre. Cette accufàtioh fut portée
•au tribunal de l’aréopage, où l ’accufée fe juftifia
de cette calomnie en déclarant fon fexe aux juges.
Ceux-ci convaincus, par les fuccès d’Agnocide , que
les femmes étoient capables d’ exercer cette importante
fonction, les remirent pleinement dans le
droit qu’elles avoient eu de s’y livrer dans les temps
précédens. A
Quelque avantageufe que puille paroitre aux
femmes une décifion de ce fénat refpeftable, nous
ne pous-ons pas pafler fous filence quelques in-
convéniens qui réfultentde permettre l ’art des ac-
couchemens aux fages-femmes. Les perfonnes inimités
lavent qu’il eft des circonftances où l’accouchement
, qui préfeutoit un travail facile dans Ibn
commencement, devient très-dangereux, 8c ne peut
être terminé que par des opérations délicates, qui
exigent toute la capacité d’un habile chirurgien.
On fait -encore qu’un retard d’un temps très-limité
expofe aufli quelquefois la mère & l ’enfant au
danger de perdre la vie. Dans ces das, où il fau-
droit a<nr avec promptitude, on eft obligé d’attendre
l’arrivée d’un chirurgien, dont la ptéfence tardive
„devient fouvent inutile, par la mort de ceux
qu’il auroit pu fecourir.
C’eftd’après des exemples nombreux de ces trilles
événemens que la répugnance des femmes à être
accouchées par les hommes, a été en partie difli-
pée ; & nous voyons tous les jours cette heureufe
révolution s’accroître jufques dans les campagnes.
Si cette révolution a été lente , c’eft qu’elle avoit
pour caufe une piété mai entendue , qui faifoic
croire aux âmes fojbles, que l ’attouchement d’un
homme étoit en même temps fcandaleux & criminel.
Ces craintes ont été & font encore quelquefois
portées fi loin , qu’on a vu des femmes
préférer la mort aux fecours qu’elles auroient obtenus
des accoucheurs.
La fa g elfe du gouvernement a voulu que les
accoucheufes fufïent foumifes â des examens qui
fe fpnt aux écoles du collége de Chirurgie ;
on ne les admet à l ’examen qu’à vingt ans accomplis
, & après trois mois d’apprentiffage chez
un maître en chirurgie ou une fage-femme de Paris
ou des faubourgs , ou trois mois à l ’hôtel-dieu
de cette ville. Elles ne font admifes à la maîtrife
qu’en donnant des atteftatiôns de bonnes vie ,
moeurs & religion , & le certificat d’un cours d’accouchement.
Les afpirantes qui ont été jugées
capables par la voie du ferutin , prêtent le ferment
ordinaire pardevant le premier chirurgien
ou fon lieutenant. Aucune ne peut exercer fon
art, fi elle n’a été reçue au collége de Chirurgie.
Ces régie mens ne s’obfervent point dans les campagnes.
Les accoucheufes ne font point d’appren-
tifîage" & ne fubiffent point d’examen. C ’eft ordinairement
la femme qui a eu le plus d’enfans
qu’on appelle pour accoucher , parce qu’on fup-
pofe qu’elle connoît mieux cette,fonction. Si elle
devient infirme ou qu’elle meure, on fait, un choix
femblable au précédent. Quelques-unes cependant
s’inftruifent fous leur mère, qui eft 1’accoucheufe
du village. Mais quelle inftru&ion peut donner
une femme qui n’en a point reçu elle-même?
S’il fe trouve un cas embarraflant, on appelle un
chirurgien , qui fouvent ne connoît pas mieux les
manoeuvres de l’accouchement. Ce que dès perfonnes
fi ignorantes appellent accouchement difficile
ou laborieux , eft quelquefois fort fimple.
Mais alors on facrifie l’enfant, qu’on déchire avec
des crochets ; & la mère eft fouvent la viétime
de cette ignorance & de cette barbarie.
Les intendans des provinces ont reçu , il y a
quelques années , dans les villes principales de
leur reffort, une femme qui prétendoit avoir été
accoucheufe à l ’hôtel-dieu de Paris , pour y en-
feigner l ’art des accouchemens. Les fubdélégués
étoient chargés de faire venir, de chaque village,
un fujet pour être inftruit par un cours d’accou-
chesnens : je n’ai pas remarqué que les accouchemens
en fuffent mieux pratiqués dans les campa-?
gnes : j’en donnerois un grand nombre de rai-
ft>ns , fi elles pouvoient trouver place -dans cet
article. | | ^ J gL -, V ..
On vo it, par ce qui . vient d’être dit.,-qu’il y
a encore une grande, réforme à faire dans cette
partie de l ’art de guérir ; mais il ne paroît pas
quelle puiffe être exécutée aifément : cependant
on ne peut pas en- méconnoître la nécelïîté, puif-
que d’elle dépend, à beaucoup d’égards , la population
des ^provinces. ( M, Ch A MB on. )
A ccoucheuses. Jurlfpr. de Méd. & de Chir.
Vojyei Sage-F emme. ( M. V er d je r . )
A C C O U P L E M E N T , A C C O U P L E ,
A C C O U P L E R , A P P A R E I L L E R , A P P A R
I E R , A S S O R T I R , C O U P L E R .
Ces différens mots fe prennent fouvent pour une
même lignification , comme quelquefois auifi ils
expriment différentes chofes.
i° . Accouplement eft, dans les haras, l ’union du
mâle avec la femelle. Cette opération eft d’autant
plus délicate, qu’elle exige la connoiffance
des rapports intimes qui doivent exifter entre l ’étalon
& la cavalle , pour donner les plus belles ; productions.
Voye-^ Haras. On dit auftîdans le même
fens appareiller & affortir. Appareiller fe dit plus
ordinairement relativement aux oifeaux.
2°. Accoupler , coupler , eft la manière d’arranger
, les uns derrière les autres , les^ chevaux
que l ’on veut conduire en route , fur-tout lorfque
Fon en a une certaine- quantité , comfne dans line
remonte de régiment. Cette méthode les empêche
de fe nuire mutuellement, ne les fatigue point ;
prévient les atteintes , les coups, les morfures j.
épargne le nombre des conducteurs , par conféquent
les frais : & un féal homme à pied , ou monté
fur le premier cheval, fuffit pour en conduire
cinq ou fix.
Chaque cheval que Ton veut accoupler doit
avoir une couverture garnie de fon furfaix & d’un
eouffinet, & un bon lico l de cuir garni de fon
anneau de fer. On doit aufïi lui treffer la queue :
pour cet effet, on tortille de la filaffe en forme
de corde ; on paffe Je milieu de cette efpèce dé
corde fous le haut de la queue, d’où , la ramenant
par deffus de chaque côté , on en treffe les
deux bouts avec une partie des crins jùfqu’aux trois
• quarts de fa longueur , où on les fixe. On laifle
cette treffe jufqu’à ce que le cheval foit arrivé au
lieu de fa- deftination. Elle conferve ces crins , &
les empêche .d’être arrachés.
Quand on veut accoupler , on met â chaque
cheval, excepté au premier mené par le conducteur
, un bridon garni d’un billot pu - mors dé bois ,
ou d’un mors creux dé fer , qu’on entoure de filaffe
ou de linge afin de ne point bleffer les barres
pendant la route ; a chaque extrémité de cette
‘efpèce de mors font attachées , ati lieu' de rênes,
deux cordes qui fe croifènt en fautoir entre la tête
Sc l ’encolure j elles fe portent enfuite de chaque
côté de cette même encolure , & vont fe. fixer 'au
eouffinet du furfaix fur le garot. La tête du cheval
a non feulement alors plus de grâce , mais elle
fe trouve fixée d’une manière folide , & Ta.nimal
ne peut s’en défendre.
On paffe dans l ’anneau du licol deux anneaux
de corde d’environ un pied ; ils font deftinés à
fupporfer les barres dont nous parlerons plus loin 5.
on place également de chaque côté du furfaix ,
près le eouffinet deux pareils anneaux appelés
porte- barres. On met Yejlroffe à la queue.
Uejtrojfe eft une corde courte , dont les deux
extrémités fe terminent chacune par line anfe ou
anneau ; 011 place cette eftroffe fous le tronçon
de la queue au-deffus de la treffe dont nous avons
parlé j on fait plufieurs tours en paflant & reparlant
une des anfes dans Tautre, de façon que „des
deux il n’en paroiffe plus qu’une en deffus ,. après
quoi on forme , avec la treffe , une efpèce de bouton
ou d’entortillement qui fixe folide ment l ’ef-
troffe à fa place, & l ’empêche de defeendre. On a
l ’attention de ne pas trop'ferrer tous fes liens/, s
dans la crainte d’occafionne.r Tengorgement l’inflammation
de cette partie.
On paffe enfuite Y accouple au cou. 'L’accoup
le eft un collier de corde auquel eft attaché une-
autre corde , affez longue pour atteindre le cheval
de derrière. L ’accouple doit être affez large pour
defeendre antérieurement au bas de T encolure , à
l ’endroit où répond la bricole , & fe trouver pofté-
'rieurement fur lè garot, afin de ne point gêner la
refpiration, dans le cas où le cheval de derrière
tireroit deffus ; ce qui arriver oit néceffairement
s’il étoit placé plus haut. On fait paffer la corcfe
• qui y eft jointe , au travers du porte - barre du
j furfaix, toujours du côté du montoir: elle che- I mine de là jufqu’à l ’eftroffe , dans Tarife de laquelle
elle paffe également, pour aller être nouée à la
longe du licol du cheval de derrière.
Refte enfin à placer les barres. Ce font-des
morceaux de bois , ou plutôt des bâtons de fix
pieds de long , ronds , unis , & d’à peu près cinq
à fix pouces de circonférence ; ils font encochés
ou entaillés près de chacune de leurs extrémités,
afin d’y fixer une petité corde qu’on attache d’une
autre part antérieurement, avec un noeud‘à rofette
aux porte-barres du furfaix , & poftérieurement
aux anneaux de cordes du licol du cheval qui fuit.
Une fouventrière'y fixée à chaque barre par une
boucle , les maintient plus folidement encore : elles
.. fervent à ertrpêcber le cheval de derrière d’avancer
fur celui de devant , & celui -ci de reculer
fur le premier; retenu d’ailleurs par cette efpèce
dè barrière , il chemine plus droit, ne fe jette
point de côté & d’autre , & fe fatigue beaucoup
moins.
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