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tous les ateliers , eft par cela même une.' 4p$
matières qui empoifonnent le plus fouvent , par les
meprifes funeftes auxquelles elle donne lieu. Ce
pojfon eft terrible à çaufe de la promptitude de
fon effet. Il enflamme & corrode i ’oefophage &
1 eftomac. On d oit, dans le moment même de
1 empoifonnement, employer les matières alka-
lines qu’on peut fe procurer fur le champ , comme
la cendre, la potafle, la foude , la magnéfïe , la
craye , le favon. Mais tous ces moyens font inutiles
, & même nuifibles , lorfque l ’eau - forte a
été avalee depuis quelques temps : alors on ne
doit les employer qu’en petite quantité, & pour
neutralifer le refte d’ac'uie qui peut encore exif-
terv dans les premières voies. Les adouçiffans , les
gommes , le lait , le bouillon , &c. , font les
remedes dont il faut faire ufage , quoiqu’il ,y
ait tout à craindre pour les fuites de cet accident.
On a remarque, qu’outre les douleurs ex-
ceflîves , les vomiffemens, les douleurs violentes,
&c. , que produit ce terrible poifon , i l occafîonne
prefque toujours1 une éruption de gros boutons
femblables à ceux de la petite vérole. Les cadavres
préfentent des érofîons , des plaques enflammées
, gangreneufes, des trous à l ’eftomac, &c.
Acide vitriolique.
"L’acide vitriolique a été ainfî nommé , parce
qu’on le retiroit autrefois du vitriol vert par la
diftillation. Aujourd’hui on le prépare , en Angleterre
& en^ France, par la combuftion de foufre
dans des chambres garnies de plomb.
Cet acide eft un dès plus puiffans de ceux que
fournit le règne minéral ; lorfqu’il eft pur, c’eft
un fluide blanc , de la confîftance huileufe ; ce
^ui lui a fait donner les nom d’huile de vitriol ;
pefant le double de l ’eau , d’une caufticité telle
qu’U brille & réduit à l ’état charbonneux les
matières végétales & animales : il attire fortement
l ’humidité de l ’a ir, il s’unit à l ’eau avec beaucoup
de chaleur. Combiné avec l ’argile, la magnéfïe,
la chaux , l ’alkali fixe végétal, i ’alkali fixe minéral,
l ’alkali volatil ; il conftitue l ’alun, le Tel d’Epfom,
la félénite , le tartre vitriolé, le felde Glauber, le
vitriol ammoniacal. La plupart de ces fels inté-
reffent la Médecine , & font des médicaniens fort
utiles , dont nous traiterons à leurs articles. Il
calcine les métaux-; & s’unit d leurs chaux , avec
lefquelles il forme les vitriols. Ceux dé zinc,
de fer , & de cuivre, font fpécialement employés
en Medecine , comme on peut, le voir aux articles
qui portent leurs noms. Enfin l ’acide vitriolique
traité au feu avec toutes les matières comhufti-
bles végétales & animales, donne du foufre ; &
i l paroît , d’après les découvertes modernes, être
un compofé de foufre & de la bafe de l ’air vital.
L ’ acide vitriolique,concentré dans l ’état d’huile ;
de vitriol , eft un cauftique très-puiflfant : d l ’intérieur
, c’eft un poifon aufti terrible que Y acide
A C I nitreux, & qui exigeroit le même traitement*; a l ’extérieur
, il brûle & corrode la peau : on peut l’employer
pour détruire quelques excroiffances indolentes
; mais on préfère ordinairement l’eau-forte
pour cet ufàge.
L ’acide vitriolique , étendu d’eau , porte le nom
d’efprit de vitriol ; & c»eft dans cet état qu’on
l ’adminiftre à l ’intérieur. Prefcric en très - petite
quantité , 1 & mêlé à la dofe de quelques gouttes
dans un véhicule approprié, comme lés tifanes,
les infuiions , les décodions , le petit-lait, &c. ,
édulcorés avec le fucre ou quelque firop , il leur
communique une acidité agréable, & il agit comme
rafraîchiflant, antiphlogiftique , antifeptique , diurétique
; on l ’empioye de cette manière & avec
beaucoup de fuccès dans les fièvres ardentes St bi-
lieufes , dans les fièvres putrides, dans le fcorbut ;
on en a fouvent obtenu de bons effets dans quelques
efpèces d’hydropifie & de phthifie pulmonaire.
11 paroît fufceptible de s’oppofer à cette
dégénérefcence des humeurs , que l ’on connoîtfous
je nom de diathèfe purulente ; i l dénature & corrige
la bile altérée dans les premières voies, &
il en procure l ’évacuation ; il ftimule les reins,
la vefne , & excite l ’écoulement de l ’urine ; il
augmente la confîftance , & change la nature putride
des fucs inteftinaux ; il contribue à arrêter les
évacutions fanguines immodérées. C’eft par ces
propriétés qu’il eft employé utilement dans quelques
efpèces de diarrhées & de dyffenteries, dans
les ardeurs d’urine qui accompagnent les fièvres
bilieufes , dans les pertes , &c.
On peut auffi le prefcrire comme préfervatif
de l ’inflammation & de la putridité, dans les pays,
les lieux , & les faifons qui favorifent ces accidens.
L ’eau , & toutes les boiffons aiguifées par cet
acide, peuvent avoir de grands avantages dans les
voyages fur mer , dans les marches des armées y
& en général dans toutes les circonftances dont
la réunion expofe les hommes aux maladies inflammatoires
& putrides.
On l ’adminiftre à une dofe plus forte & plus
concentrée dans le cas oii il s’agit de corriger
' promptement & efficacement l ’alteration feptique
très-avancée des humeurs. C ’eft ainfî que, dans les
fièvres putrides très-fortes, dans les fièvres exanthématiques
accompagnées de beaucoup de putridité,
comme la petite vérole ,& c .; dans les périp-
neumonies & les maux de gorge , qui font craindre
la dégénérefcence gangreneufe, on le mêle a
la dofe d’un gros ou deux aux déco étions anti-
feptiques de quinquina & des autres végétaux
amers , ainfî qu’aux potions concentrées qu’on
preferit pour remplir les mêmes indications.
La propriété dont jouit Y acide vitriolique , de
coaguler fortement le fang , l’a fait employer
avec fuccès à l’extérieur, comme aftringent , dans
les hémorragies : on imbibe des linges ou de la
charpie d’efprit de vitriol , & on les applique fur
les parties dont les vaiffeaux font ouverts & laiflent
A C I fbrtk le fang ‘avec trop d’abondance ; c’eft ainfî
qu’on l ’employe dans les hémorragies des dents &
du nez, &c. Lorfqu’on le preferit à l ’intérieur , pour
remplir la même indication , on le. donne ordinairement
adouci par l ’efprit de vin ; alors il prend
le nom d’eau de Rabel, ( fé"oye\ ce mot. )
Acide fidfureux.
L ’acide fulfureux eft celui que donne le foufre
flans fa combuftion lente ou foible; tout le monde
connoît Fodeur piquante & forte du foufre qui
brûle, c’eft celle qui diftingue l ’acide dont nous
nous occupons. •
Autrefois on le préparoit, pour l’ufàge de la
Médecine , par un procédé très-difpendieux : on
fai foi t brûler du foufre foùs une cloche de verre
dont on enduifoit les parois d’ûnf peu d’eau : la
vapeur acide du foufre fe diffolvoic dans cette
eau , a laquelle on' donnoit le nom d’efprit de
foufre par la cloche, fpiritus fulphuris per cam -
panam. Aujourd’hui l’on employé un procédé
beaucoup plus fimple, 6c qui réunit les avantages
de ne pas perdre, la plus grande partie du produit,
comme cela a lieu dans l ’opération précédente
, & de coûter beaucoup moins. On met dans
une cornue de l ’huile de vitriol, avec le quart de
fon poids de paille , ou de toute autre matière
végétale en petits fragmens ; on adapte à la cornue
un ballon à deux beCs & l ’on joint à ce
.vaiffeau un tube recourbé donc l ’extrémité plonge
dans une bouteille à moitié remplie d’eau pure ,
comme cela fe pratique dans tous les appareils
auxquels M. Woulfe a donné fon nom. La chaleur
, appliquée à la cornue , dégage Y acide fulfureux
fous la forme élaftique ; bientôt cet acide
remplit le ballon , & paffe de là dans la bouteille ,
dont l’eau le diffout. C e lle -c i, une fois faturée ,
conftitue de l ’ efprit de foufre ou de Y acide fulfureux
très-fort.
Cet acide n’eft que Yacide vitriolique modifié
par l ’a&ion. des corps combuftibles qui lui ont
enlevé une partie de fon air pur, comme l ’ont
prouvé les chimiftes modernes. Il eft devenu très-
odorant, très-volatil, 6c fufceptible de détruire les
couleurs bleues végétales ^ il forme , avec les
bafes alkalines , des fels différens de ceux que forme
Yacide vitriolique.
Quant à fes propriétés médicales , on le croit
en général plus incifîf & plus pénétrant que Yacide
vitriolique. On le preferit dans les maladies de
la poitrine, lorfqu’il faut divifer quelque humeur
épaiffe qui féjoume dans les bronches, comme
dans i’afthme humoral , le catarrhe. Sa faveur eft
extrêmement défagréable ; il donne à la faiive
& il laiffe dans la bouche un goût particulier
qui tieTnt à l'aftridtion -, & qu’il eft tres-difficile
ae décrire. On ne doit jamais l’adminiftrer qu*à
très-petite dofe & dans un véhicule très-étendu.
Comme i l a une odeur & une volatilité très—
A C I remarquables ; & comme il excite avec beaucoup
d’énergie l ’adtion vitale , lorlqu’on le fait infpirer
aux perfonnes attaquées de foibleffe ou de fyri-
cope, on croit qu il réunit la propriété ftimu-
lante 6c cordiale à la qualité antifeptique : c eft
pour cela que plufieurs grands médecins l’ont recommandé
au lieu de Yacide vitriolique dans les
maladies' putrides accompagnées de foibleffe 6c
d’inertie dans les fonctions vitales.
Dans une fuite d’expériences fur l ’adfion des
fluides aériformes fur les animaux , j’ai eu occa-
fion d’obferver , avec feu M. Bucquet, que le
gas fulfureux ou la vapeur qui fe dégage du foufre
qui brûle, eft unftimulant très-adtif, 6c ranime très-
promptement l’adlion vitale afloupie par 1 afphyxi^
Je crois en conféquence que cet acide odorant peut
être employé avec avantage dans les fyncopes 6c
les alphyxies des hommes , en le faifant refpiren
aux malades , comme toutes les autres matières
odorantes & âcres : ce moyen eft d’autant plus
utile, qu’on trouve par-tout des allumettes , &
que leur combuftion commençante laiflant dégager
du gas fulfureux très - pénétrant , il fuffit de
les préfenter fous le nez des perfonnes tombées
en afphyxie , pour les rappeler promptement a
la vie. Nous avons employé avec le même fuccès
l ’efprit de fel marin ; mais cet acide n’étant
pas fi facile à fe procurer que le premier , i l
eft évident qu’on doit donner la préférence à*
celui-ci.
Acide fé d a t if ou Acide du Borax. Voyez Seic
Sédatif.
Acides végétaux & animaux•/
Les acides végétaux font très-multipliés; tout
le monde connoît l ’ofeille , l ’alléluia , l ’épine-
vinette , les grofeilles , les cerifes aigres , le
verjus, le citron , l’orange , &c. ; il s en développe
au flî , par la fermentation, des matières végétales.
L e règne animal fournit le lait aigri, Yacide
des fourmis , celui des abeilles , Yacide phof-
phorique, &c.
Mais la plupart de ces acides n’étant pas purs \
ils ne jouiffent des propriétés de ces fubftances fa-
lines que dans un degré beaucoup moins fort que
ceux dont nous nous fommes occupés jufqu’ici.
Prefque toujours un acide végétal ou animal eft
altéré & mafqué par quelque corps qui lui eft
combiné. Tantôt.c’eft une matière extraétive , tantôt
une fubftance fucrée , fouvent un principe huileux
, quelquefois un corps glutineux : dans le
vinaigre , c’eft de i’cfprit ardent qui modifie les
propriétés acides. La même remarque eft applicable
aux acides animaux.
11 arrive de là que chacun de ces acides a quelques
vertus particulières, outre celles qui dépendent
de fon acidité ; c’eft ainfî que U caffe, les